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La langue allemande
L'allemand est une langue qui appartient au groupe des langues germaniques. Par opposition au français (langue italique) et à l'anglais (autre langue germanique), qui sont des langues analytiques, l'allemand est une langue synthétique : elle l'est par sa facilité à former des diminutifs et des mots composés en nombre indéfini; elle l'est par sa déclinaison, qui permet, pour indiquer les rapports des mots entre eux, de remplacer certaines prépositions par les désinences de ses quatre cas; elle l'est surtout par la construction de sa phrase, où de fréquents déplacements et rejets obligatoires du verbe et des particules font de cette phrase entière, en ne lui donnant un sens que quand elle est achevée, comme un immense mot composé. Cela permet d'éviter les périphrases si communes dans les autres langages, mais de là aussi un certain manque de clarté et parfois de précision, mais aussi, pour qui use de cette langue, un continuel effort d'attention, qui impose à l'esprit une singulière discipline. Elle est la traduction d'un mode spécial de penser et en est aussi, en quelque façon, la créatrice.

On ne saurait donner ici un abrégé, même succint, de la grammaire allemande, qui est fort compliquée. Qu'il nous suffise de dire qu'il y a trois genres : le masculin, Ie féminin et le neutre, source continuelle d'erreurs pour les étrangers. La déclinaison, on l'a dit, comprend quatre cas : nominatif, génitif, datif et accusatif qui se distinguent par la terminaison. Les verbes sont forts (irréguliers) ou faibles (réguliers), les premiers produisant métaphonie. L'allemand est une langue fortement accentuée; il est donc de la plus grande importance, en lisant ou en parlant, de bien marquer la syllabe tonique. Tous les mots d'origine germanique, se prononcent en accentuant la syllabe radicale; les mots tirés du français ont l'accent sur la dernière syllabe effective. 

L'alphabet est le même qu'en français, si l'on excepte le b, utilisé dans certaines circonstances à la place du double s (une tentative récente pour supprimer cette lettre s'est heurtée à beaucoup de résistance). Dans le moderne haut allemand, les cinq voyelles a, e, i (y), o, u, se prononcent comme dans la langue italienne; le tréma ou umlaut modifie la prononciation des voyelles :  ä (ou ae) sonne comme e dans notre mot mère; ö (ou oe) comme eu dans feu; ü (ue) comme u dans sur; ai et ei (ou ey) comme ai ou comme ail dans paille; au se prononce aou; eu et äu, comme oï . C devant e et i (y) acquiert le son de ts; z a le même son dans tous les cas; g, toujours dur, se prononce comme notre g dans guide; il est quelquefois accompagné d'une expiration particulière aux langues germaniques; h est aspiré devant une voyelle; ch est à peu près l'équivalent du jota espagnol; j se prononce comme un i très dur ou comme y dans le mot anglais yes : on fait rouler le son de r; v est notre f; w est notre v; s peut être prononcé de trois manières: 1° comme dans le latin, dans la combinaison si à la fin d'une syllabe, ou lorsque cette lettre est double; 2° comme z, devant une voyelle au commencement d'un mot, ou entre deux voyelles; 3° comme notre ch au commencement des mots devant quelque consonne, bien qu'en plusieurs endroits de l'Allemagne on le prononce comme un s; sch a le son de notre ch.  En doublant une voyelle, on allonge le son; ie est un i allongé; h allonge également une voyelle précédente. 

Formation et histoire de la langue allemande.
Le poëte Klopstock, dans un curieux ouvrage intitulé : la République allemande des lettres, adresse un discours solennel à celui qui écrira un jour l'histoire de la langue allemande :

« Qui que tu sois, lui dit-il, remarque d'abord, et avant toute chose, que notre langue est une langue d'une merveilleuse richesse, en pleine floraison, toute chargée de fruits, sonore, rythmique, libre, souple (mais qui peut dire tout ce qu'elle est?), une langue virile et noble, une langue accomplie, à laquelle on peut à peine comparer la langue grecque, et bien supérieure à toutes les autres langues de l'Europe. Elle n'est pas née d'une souche celtique, puisque César fait honneur à notre aïeul Arioviste de la façon dont il parle l'idiome des Gaulois. Ne cherche pas à découvrir ses racines; pourquoi perdre son temps à remuer toute cette poussière? » 
La philologie moderne en Allemagne a suivi la première partie de ce programme et rejeté la seconde : l'opinion enthousiaste que Klopstock exprimait sur l'idiome de sa patrie est devenue un dogme national, et c'est précisément cet enthousiasme qui a soutenu les précurseurs de la philologie allemande (les Bopp, les Grimm, les Schmeller, les Gabelentz, les Loebe, les Massmann, et tant d'autres encore), lorsqu'ils ont cherché à découvrir les origines de la langue germanique et qu'ils ont remué laborieusement toute cette poussière.

Si nous cherchons à résumer ces investigations de cette première philologie allemande, nous trouvons un petit nombre de points très importants. Il est bien démontré par les travaux de Franz Bopp que la langue allemande, l'un des rameaux des langues germaniques, a des parentées avec de nombreuses langues de l'Asie, ce qui a permis d'identifier l'ensemble linguistique indo-européen. Mais d'autres points sont demeurés obscurs. Sait-on même d'où leur vient ce nom de peuples germaniques? Les Romains, qui, bien avant César, appelaient Germani les peuples établis au delà du Rhin, voulaient-ils indiquer par là que ces tribus, diverses et quelquefois hostiles les unes aux autres, étaient unies cependant par des liens fraternels? ou bien ce mot Germani n'était-il que la traduction d'un mot allemand, la reproduction d'une forme qui reparaît souvent dans l'ancienne langue tudesque, irrman, erman, herman, en anglo-saxon eormen, geormen? Ce qu'il y a de certain, au milieu de toutes ces difficultés, c'est que le nom que se donnaient les anciennes populations germaniques était  le mot deutsch, en ancien allemand diutisc, en anglo-saxon theodisc, en gothique thiudisks, et que la plus ancienne racine connue de ce mot est le mot gothique thiuda, qui correspond à l'eqnos (= le peuple) des Grecs. Thiudisks, theodisc, diutisc, deutsch, - la langue française a fait tudesque et teuton, teutonique -,  tous ces termes désignent, non pas telle ou telle famille (Francs, Gépides, Vandales, Saxons, etc.), mais tous les peuples germains qui gardaient dans leurs croyances et leurs idiomes l'attestation d'une commune origine.

La langue gothique est la plus anciennement constituée entre les langues germaniques; c'est elle au moins qui nous offre les plus vénérables traditions, les plus antiques textes écrits. A une époque où le grec et le latin étaient les seules langues du monde chrétien, un évêque de gothique traduisait dans sa langue nationale la plus grande partie de la Bible. Cette  préciseuse Bible d'Ulphilas (Le Manuscrit d'Argent) est du IVe siècle. Faut-il faire remonter plus haut encore les premières traces de l'antique langue allemande? Un grand philologue, Jacob Grimm, a essayé de prouver quel les Gètes et les Goths sont un seul et même peuple; il croyait que, bien avant l'apparition historique des Germains dans le nord de l'Europe, il y avait au nord de la Grèce un peuple de langue gothique, les Gètes, qui possédait une certaine culture intellectuelle et se trouvait en communication à la fois avec l'Orient et les peuples helléniques. Avant que Jacob Grimm eût proposé ces audacieuses conjectures, la langue gothique était déjà considérée par les maîtres de la philologie comme le véritable fondement de la langue allemande, comme l'idiome le plus riche, le plus complet, et, selon l'expression d'un critique éminent, Schleicher, la plus belle base d'un édifice grammatical. On a remarqué que l'allemand offre de singuliers rapports avec le grec, en même temps qu'il est allié d'une façon manifeste aux langues orientales; la découverte de Grimm expliquait ce double caractère : c'est par les Gètes que la langue germanique, issue de la haute Asie, aurait été mise en rapport avec la Grèce. II est certain que maintes formes élégantes (ainsi, le redoublement dans les verbes grecs, le prétérit employé comme présent) se retrouvent aussi dans la langue gothique, que seule elle les possède entre tous les idiomes de la vieille Germanie, et que c'est elle qui les a transmises à la langue moderne de l'Allemagne. Démontrez que les Gètes sont des Goths, et ces particularités de l'allemand s'expliqueront sans peine; on verra, pour ainsi dire, ses racines plonger dans l'Orient, et sa tige se parer des fleurs de la Grèce.

Un résultat fort curieux, et auquel Grimm n'avait pas songé, de cette assimilation des Gètes et des Goths, c'est que le poète des Métamorphoses, Ovide lui-même, serait le plus ancien des poètes en langue germanique. Exilé chez les Gètes, il avait appris leur langue, et même l'idée lui était venue de prendre rang parmi les chantres que ces naïves tribus barbares écoutaient avec transport. Un jour, il leur lut un poème sur César, composé en langue gétique, et qui sait si le brillant poète obtint jamais pareil succès à Rome? Quand il eut fini sa lecture, tous les barbares agitèrent leurs têtes, leurs carquois chargés de flèches, et un long murmure d'approbation suivit les derniers mots du poète (Pontiques, lettre XIII).

Nous ne rappellerons pas ici tous les arguments que Jacob Grimm a produits en faveur de sa thèse; disons seulement qu'Alexandre de Humboldt, dans une note de son Cosmos, considérait la conjecture de Grimm comme parfaitement acquise à la science, tandis qu'un critique distingué, Guillaume Bessel, la combattait avec beaucoup de science et de talent, dans une dissertation sur les Gètes (De Rebus Geticis, Göttingen, 1854). Le point de vue adopté aujourd'hui donne un rôle plus secondaire au gothique. Il n'est pas aux langues germaniques ce qu'est le latin aux langues romanes. Il apparaît plutôt comme une langue dérivée d'un idiome protogermanique dont il ne reste plus de trace matérielle, et dont sont dérivées les autres langues de ce groupe (1° branche du haut-allemand dont dérive l'allemand moderne, 2° branche du bas allemand dont dérivent notamment l'anglais et le néerlandais, 3° branche des langues nordiques).

Si l'on quitte le terrain des conjectures pour celui des faits, il faut se borner à reconnaître quatre périodes vraiment historiques dans le développement de la langue allemande. Les quatre formes qui représentent ces quatre périodes sont : la langue gothique, l'ancien haut allemand, le moyen haut allemand, le haut allemand moderne. En simplifiant encore, on pourrait dire qu'il n'y a là que deux formes de langage, le gothique d'une part, et de l'autre le haut allemand, subdivisé par le progrès des temps en trois périodes diverses. Entre le gothique et le haut allemand, il y a une différence de constitution et de nature; entre le haut allemand ancien, le haut allemand moyen et le haut allemand moderne, il n'y a qu'une différence de développement historique. En d'autres termes, le gothique et le haut allemand étaient deux dialectes distincts, qui ont existé simultanément, mais dont un seul, le gothique, a laissé une trace dans les premiers temps de la Germanie. Quand le gothique disparaît, c'est-à-dire vers le VIIeou le VIIIe siècle, le haut allemand commence ses destinées, dont le développement embrassera trois phases principales et durera jusqu'à nos jours. Marquons donc, avec autant de précision que possible, les limites de ces périodes.

Première période : langue gothique. 
Le grand texte  de la première période est la Bible d'Ulphilas, écrite au IVe siècle, mais dont le texte aujourd'hui connu est, selon toute apparence, postérieur de deux cents ans à la rédaction primitive.
Deuxième période : ancien haut allemand
La deuxième période s'étend de la fin du VIIe siècle au commencement du XIIe. Ses monuments sont peu nombreux, mais du plus haut intérêt pour l'histoire de la langue germanique. A la fin du VIIe siècle ou aux premières années du VIIIe appartiennent le Glossaire de Saint-Gall, les deux petites poésies païennes de Mersebourg, etc.; au VIIIe siècle, la traduction d'Isidore de Séville, la version interlinéaire de la règle de Saint-Benoît, par Kéron, etc.; au IXe, le poème d'Otfried, le serment de Strasbourg, le chant de victoire du roi Louis III, etc.; au Xe et au XIe; les traductions de Notker, celle des Psaumes, par exemple, celle de la Consolation de la philosophie de Boèce, et surtout la paraphrase du Cantique des cantiques, par Williram.

Troisième période : moyen haut allemand.
La troisième période va du XIIe siècle au XVIe. Un savant germaniste, Adolphe Régnier, en a fixé le début en 1137, à l'époque où la maison de Souabe, l'illustre famille des Hohenstaufen, monte sur le trône impérial, et l'a faite se prolonger jusqu'au moment où Luther, par sa traduction de la Bible (1527), inaugure d'une manière éclatante la période moderne. Ses textes sont innombrables; ce sont les brillants poèmes mystiques, chevaleresques, féodaux, des XIIe et XIIIe siècles, et les chants des Minnesinger.

Quatrième période : haut allemand moderne. 
La quatrième période est celle que Luther a ouverte et qui dure encore. 

Dans les trois dernières périodes que nous venons de caractériser, nous n'avons signalé qu'une seule langue, le haut allemand, c'est-à-dire le dialecte vraiment littéraire et qui a fini par remplacer tous les autres. Ce serait cependant une grave erreur de croire que le haut allemand a existé et s'est développé tout seul dans un pays qui, au XIe siècle encore, poursuivait son unité nationale. Les choses ne vont pas si simplement dans ces Allemagnes confuses; la question des dialectes allemands du Moyen âge est un des problèmes qui tourmentent la plus l'infatigable curiosité des philologues. L'Histoire de la langue allemande, par Jacob Grimm, est surtout une large ébauche de l'histoire de ces dialectes. Les disciples ou les émules de cet illustre maître continuent chaque jour leurs recherches de détail dans les grandes routes qu'il a tracées. Nous nous bornerons à indiquer quelques résultats précis de ces travaux.

La première période de l'histoire de la langue allemande, la période où apparaît le gothique, présente au philologue un avantage immense : si épineuses que soient les difficultés de la langue gothique, cette langue apparaît toute seule et n'a même pas de dialectes. Dès le début de la seconde période, ce caractère d'homogénéité disparaît tout à coup. Trois grands rameaux s'élancent du vieux tronc germanique : c'est d'abord la langue du nord, d'où naîtront le danois, le suédois et l'islandais; puis le bas allemand, langue de l'Allemagne septentrionale, dont les principaux dialectes sont le néerlandais, le frison, et qui, portée par les Saxons dans la Grande-Bretagne, a contribué à la formation de l'anglais; enfin, le haut allemand, dont nous avons indiqué les phases diverses et le développement continu. La langue du nord, issue de la souche germanique, s'en détache bien vite pour se déployer chez les peuples scandinaves : restent donc le bas allemand et le haut allemand, qui, par leurs contrastes, par leur action réciproque, ont constitué peu à peu la langue moderne de l'Allemagne. Ces termes, bas allemand, haut allemand, étaient, dans l'origine, de pures dénominations géographiques : le bas allemand était la langue de la basse Allemagne, la langue des plaines du nord; le haut allemand était la langue du midi, celle qu'on parlait du côté des montagnes et des plateaux. Peu à peu cependant cette signification s'est modifiée; le bas allemand a représenté la langue des classes populaires, un idiome moins pur, moins correct, tandis que le haut allemand, perfectionné par les classes supérieures,devenait presque synonyme de langue écrite, Schrftsprache. Le haut allemand, dans les premiers temps surtout, se divisait en nombreux dialectes, dont les philologues du XIXe siècle se sont occupés à marquer les caractères et les limites; 

« les principaux, dit Regnier, paraissent être l'alémanique, le bavarois, le franc, c'est-à-dire les langues des trois principales familles des peuples de la haute Allemagne. D'autres remplacent l'alémanique par le souabe, qu'ils regardent comme composé de la langue des Alémans et de celle des Suèves. » 
On peut dire toutefois que, grâce au travail des siècles, une certaine unité générale a fini par s'établir entre ces divers dialectes, et qu'il n'est plus resté en présence que les deux langues soeurs, le bas allemand et le haut allemand. L'histoire de leurs rapports et de l'action qu'elles exercent l'une sur l'autre est intimement liée à l'histoire de la littérature. Quand la cour brillante des Hohenstaufen suscite des poètes chevaleresques, au XIIe siècle et au XIIIe, c'est le haut allemand qui l'emporte. Dans les deux siècles suivants, la littérature devient populaire et presque démocratique; des ouvriers chanteurs, les Meistersoenger, succèdent aux chantres d'amour; la prose prend la place de la poésie; les écrivains en renom sont des moralistes, des prédicateurs populaires, des gens qui s'adressent à la foule et qui lui parlent son langage; dès lors le bas allemand prend le dessus. La grande originalité de Luther, dans sa traduction de la Bible, c'est d'avoir cherché à unir les deux idiomes, et d'avoir accompli cette tâche avec bon sens. Tantôt il empruntait au bas allemand ce qui pouvait vivifier la langue des hautes classes; tantôt il écartait du haut allemand tout ce qui ne pouvait être immédiatement compris de la foule. Il nous dit lui-même son secret dans le livre intitulé Propos de table
« Je n'ai pas, en allemand, une langue à part, une langue qui me soit propre; mais j'emploie l'allemand commun, pour que l'on me comprenne à la fois dans la haute et dans la basse Allemagne [...]. Ce n'est pas aux lettrés de la langue latine qu'il faut demander, comme font les ânes, comment on doit parler allemand : c'est à la mère de famille dans sa maison, aux enfants dans les rues, à l'homme du peuple au marché. Examinez leur bouche, le mouvement de leurs lèvres, puis écrivez et traduisez d'après cela. Alors, du moins, ils comprennent, et voient bien qu'on leur parle allemand. »
Cette langue, fixée par Luther, et perfectionnée depuis trois siècles par tant d'écrivains supérieurs, est certainement une des plus riches de l'Europe moderne. Sa syntaxe, très savamment constituée, est aussi remarquable par la souplesse que par la majesté de ses formes. Grâce à sa facilité d'inversions, à la variété de ses tours, aux règles qui lui permettent de composer des mots nouveaux, elle se prête merveilleusement à la traduction des chefs d'oeuvre étrangers; elle peut en donner, pour ainsi dire, un calque d'une fidélité absolue, sans cesser d'être conforme à son propre génie. Si elle possède certains sons rudes à l'oreille et d'une émission un peu pénible, cette rudesse même, pour qui sait en tirer parti, devient la source d'une solide harmonie. 

En un mot, la langue allemande présente d'admirables ressources, mais il faut qu'elles soient mises en oeuvre par un écrivain digne de ce nom; entre les mains d'un écrivain médiocre, ces ressources deviendraient autant de pièges. Séduit par ces formes amples et faciles, qui acceptent si aisément les propositions incidentes et prolongent la phrase à plaisir, il se laissera entraîner à des périodes sans fin, où se perdra la pensée. Trop souvent aussi, abusant des privilèges de sa langue, il créera des mots sans nécessité, et, parce qu'il aura fabriqué une expression nouvelle, il s'imaginera qu'il a trouvé une idée. La netteté, ce vernis des maîtres, voilà ce qui manque le plus au magnifique idiome allemand. Nous avons cité l'éloge enthousiaste que le poète de la Messiade fait de sa langue maternelle; nous pouvons bien rappeler aussi que l'auteur de Faust et d'Iphigénie, dans ses vers comme dans sa prose, a toujours recherché la clarté, la précision, sans renoncer aux richesses de sa langue natale,  il tâchait d'y ajouter les qualités non moins précieuses de la langue de Voltaire. (S.-R. Taillandier).

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