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![]() | Lorenzo Ghiberti est un orfèvre, architecte, sculpteur et peintre né à Florence en 1378, mort en 1455. Son père, Cione di ser Bonaccorso, mourut jeune, et le second mari de sa mère, l'orfèvre Bartoluccio, fut chargé de son éducation. Il s'en acquitta si bien que son beau-fils, le considérant comme son véritable père, garda, jusqu'à l'âge de soixante ans, le nom de Lorenzo di Bartolo; ce ne fut qu'alors, et pour pouvoir briguer des fonctions publiques, qu'il reprit son véritable nom de Lorenzo di Cione. La grande oeuvre qui résume pour la postérité la vie de Ghiberti, ce sont les deux portes de bronze du Baptistère de Florence. L'histoire en est intéressante, et Ghiberti lui-même l'a racontée en des souvenirs ou Commentaires qu'il rédigea pendant ses dernières années. En 1401, la Seigneurie et le Tribunal des marchands de Florence ayant décidé d'orner le Baptistère d'une nouvelle porte de bronze, analogue à l'unique porte alors en place, qu'avait fondue Andrea Pisano, ouvrirent un concours entre tous les artistes pour l'exécution, aux frais de l'État, d'un bas-relief proportionné à ceux de la vieille porte. Le sujet choisi était le Sacrifice d'Abraham 1 ° l'AnnonciationTous ces sujets sont traités sobrement et selon la tradition gothique, mais avec une élégance et une souplesse extrêmes; seules les figures des Docteurs et des Évangélistes laissent paraître quelque gêne dans leur attitudes maniérées. Tous les compartiments sont encadrés de cordons de feuillages et de fleurs, d'où ressortent, à chaque angle, des têtes viriles du plus gracieux effet. Enfin, sur les montants des portes, se déroule une longue frise de bouquets de fleurs ![]() ![]() ![]() Pendant la longue durée de ce travail, et malgré les clauses rigoureuses de son contrat, Ghiberti n'avait pas laissé que de produire nombre d'oeuvres intéressantes. Architecte, il s'était présenté en même temps que Brunelleschi aux divers concours pour la construction de la coupole du Dôme; il avait été nommé architecte en chef de la fabrique du Dôme, obligé à une séance d'une heure chaque jour; il s'était encore occupé de la façade, et, en 1436, avait dessiné un nouveau projet pour la lanterne du Dôme, bien inutilement d'ailleurs, car le génie de Brunelleschi devait triompher de tous les obstacles. Sculpteur, il avait fondu en bronze, pour l'oratoire d'Or San Michele, les statues de Saint Jean-Baptiste, de Saint Mathieu, de Saint Etienne et de Saint Jacques, oeuvres distinguées mais froides auprès des vivantes créations de Donatello; il avait également dessiné des dalles funéraires. Orfèvre, il avait ciselé, en 1419, une mitre d'or pour le pape Martin V, sans parler d'un grand nombre d'autres travaux de moindre importance. Ce fut le 24 avril 1425 que lui fut confiée l'exécution de la troisième porte du Baptistère, celle qui regarde la façade du Dôme. Il devait y représenter les épisodes de l'Ancien Testament, selon les indications de l'humaniste Leonardo Bruni. Ces épisodes, il les groupa en dix compartiments, en allant de haut en bas (à la différence de la porte précédente, où la série se suit de bas en haut) : 1° l'Histoire d'AdamCes bas-reliefs sont de véritables tableaux, dont certains réunissent près de cent figures, en des paysages délicats ou en de nobles architectures inspirées de l'Antiquité. « J'ai représenté, nous dit Ghiberti, tous les édifices, tels que dans leurs proportions ils paraissaient à la vue, et avec une telle vérité d'apparence, qu'en s'éloignant d'eux ils nous paraissent détachés sur le fond. Ils ont très peu de relief, et, comme dans la nature, les figures plus rapprochées de la vue paraissent plus grandes que celles qui sont éloignées.-»Il y aurait cependant à reprendre dans la perspective de Ghiberti; mais l'ensemble des bas-reliefs est d'une harmonie extrême. L'unité de composition n'est pas observée, et il faut convenir qu'elle ne pouvait l'être; seul le dernier compartiment, qui nous fait assister à l'entrevue de la reine de Saba ![]() ![]() ![]() ![]() ![]() ![]() ![]() ![]() - ![]() La Porte du Paradis, au Baptistère de Florence, par Ghiberti. Dans cette seconde période, si féconde, de son existence d'artiste, Ghiberti termina quelques moindres oeuvres de sculpture. Ce furent d'abord, en 1427, deux bas-reliefs en bronze pour les fonts baptismaux de Sienne (ils avaient été commandés en 1447) : ils représentent le Baptême du Christ, et Saint Jean conduit devant Hérode. Il faut noter dans le premier de ces morceaux la grâce exquise des figures d'anges « six petits anges qui tiennent une guirlande de feuillages de lierre, au milieu de laquelle se trouve une inscription en l'honneur du saint, en caractères antiques ».En 1434, le pape Eugène IV lui commanda une tiare d'or, « dont le métal pesait 15 livres et les pierres 5 livres et demie. Sur le devant, on voyait Notre Seigneur assis sur un trône, au milieu d'anges; sur le côté opposé la Madone dans la même attitude. Le bord de la tiare contenait les quatre Évangélistes et des anges de petite dimension. Le tout était d'une grande magnificence. »Ce rare monument fut fondu par Benvenuto Cellini, en 1527, lors du siège de Rome. Pour Jean de Médicis, frère de Cosme, Ghiberti monta en or une cornaline antique, où était gravé le supplice de Marsyas ![]() ![]() ![]() Ghiberti avait, dans sa jeunesse, étudié la peinture; et, s'il ne nous a pas laissé de tableaux, comme un autre grand sculpteur, Verrocchio, du moins nous savons qu'il fit des cartons de vitraux pour le Dôme de Florence et l'église de Santa Croce. Les vitraux exécutés d'après ces cartons sont : au Dôme, une Assomption de la Vierge, grand oculus de la façade (1423); la Présentation au Temple, le Christ au Jardin des Oliviers, et la Résurrection du Christ, trois oculi du tambour de la coupole (1442); puis quelques fenêtres des nefs latérales, avec des figures de Prophètes et l'Histoire de la génération de la Vierge, dans la chapelle de Saint-Zanobi. A Santa Croce, la Descente de Croix, oculus de la façade, d'une composition dramatique, aux couleurs vives; le rouge et le vert y dominent. Deux fenêtres de la nef ont des figures de Saints Benvenuto Cellini a finement jugé Ghiberti en déclarant que sa manière minutieuse et délicate était celle d'un orfèvre, et que, s'il lui arriva d'exécuter de grandes figures, il y laissa voir cependant que sa vocation était d'en faire de petites (Introduction au Traité d'orfèvrerie L'atelier de Ghiberti fut un des grands centres de l'activité florentine dans la première moitié du XVe, siècle. Donatello et Brunelleschi vinrent y travailler; Paolo Uccello et Masolino s'y formèrent. Parmi les élèves du maître sculpteur, il faut aussi compter ses fils, qui continuèrent sa tradition, mais en la poussant au précieux et au maniérisme; Vittorio Ghiberti encadra la porte d'Andrea Pisano, au Baptistère, de guirlandes de fruits et de fleurs, d'un relief excessif, où l'on ne reconnaît plus le charme sobre et discret des oeuvres de son père. Lorenzo Ghiberti mourut, en 1455, à l'âge de soixante-dix-sept ans. (A. Pératé). |
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