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Amboise (Vicus
Ambatiensis, Ambaciacum, Ambacia)est une ville de France ,
dans le département de l'Indre-et-Loire, au confluent de l'Amasse
et de la Loire ,
qui y est divisée en deux bras par l'île Saint-Jean.
La plus ancienne
mention d'Amboise est du VIe siècle,
mais longtemps auparavant des établissements s'étaient formés
en ce lieu. Sur le territoire de cette ville on a en effet recueilli un
très grand nombre de monnaies gauloises; des débris de tuiles,
de poteries et beaucoup de monnaies romaines appuient le témoignage
des chroniqueurs qui rapportent qu'une forteresse romaine avait été
construite sur le rocher qui dominait la rivière. Renversée
par un ouragan, démolie plus tard par les Bagaudes, la tour romaine
aurait été rétablie par l'un des gouverneurs, d'où
le nom de Motte-Anicien, longtemps conservé par les vestiges de
son emplacement. En 504, le roi des Francs, Clovis,
et le roi des Wisigoths,
Alaric,
eurent une entrevue dans l'île de la Loire située en face
d'Amboise; ils y signèrent un traité de paix qui précéda
de peu de temps l'invasion du royaume des Wisigoths par les Francs. Quelques
archéologues reconnaissent Amboise dans les deniers Mérovingiens
sur lesquels on lit : AMBACIACUM CVM, et attribuent
à cette ville un atelier monétaire.
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Amboise,
la Loire et le château, par William Callow (1836).
Tout ce qu'on sait
de certain, c'est qu'en 540 cette ville était possédée
par l'évêque de Tours. Ruinée par les Vikings,
qui renversèrent l'ancienne forteresse et démolirent les
ponts qu'on avait alors déjà jetés sur la Loire, Amboise
se trouva, au commencement du Xe siècle,
former trois seigneuries différentes. Une partie de son territoire
avait été donnée, par Charles
le Chauve, à un nommé Haimon; Louis
le Bègue avait concédé l'ancien château
au comte d'Anjou ,
Ingelger; une troisième famille occupait l'emplacement de l'ancienne
tour romaine, la Motte-Anicien. Chacune de ces seigneuries avait son château,
ses fortifications, ses défenses; les trois barons ne cessaient
d'être en guerre entre eux. A la fin du XIe
siècle, Hugues ler réunit
entre ses mains les trois seigneuries; vers 1115, il fit rebâtir
le château et construisit un pont sur la Loire; ce fut en réalité
le premier seigneur d'Amboise.
La ville, à
laquelle les guerres privées incessantes n'avaient pas permis de
se développer, commença alors à prendre quelque importance;
néanmoins son histoire n'a guère cessé de se confondre
avec celle du château. Les descendants d'Hugues Ier
furent seigneurs d'Amboise pendant près de trois siècles
et demi. En 1431, l'un deux, Louis d'Amboise , accusé d'intelligences
avec les Anglais ( La
Guerre de Cent Ans) et de conspiration contre le roi, fut condamné
à mort par le parlement, puis gracié, mais vit ses domaines
confisqués et donnés à son plus cruel ennemi, Georges
de la Trémoille, le favori du roi, à la mort duquel, survenue
en 1446, ils firent retour à la couronne.
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Le
pont du Maréchal Leclerc sur la Loire, à Amboise, entre
l'île d'Or et la rive droite.
A dater de cette
époque, le château d'Amboise
devint une résidence où les rois séjournèrent
souvent et qu'ils se plurent à embellir; Louis XI l'habita avant
de se retirer au Plessis-lez-Tours; Charles VIII,
qui y était né en 1470, en construisit la chapelle, deux
grosses tours, et appela de Naples des artistes
et des ouvriers pour établir les jardins
en terrasses. Ces constructions n'étaient pas terminées lorsqu'il
mourut en 1498. Elles furent achevées par François
Ier,
qui passa à Amboise une partie de sa jeunesse avec sa mère
Louise de Savoie. On sait qu'il y fit venir Léonard
de Vinci et qu'il y reçut Charles-Quint
en 1539. En 1560, François II, qui
s'y était réfugié, lors de la première prise
d'armes des protestants, faillit y être enlevé par eux (Conjuration
d'Amboise).
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La Conjuration
d'Amboise
Lorsque,
en 1559, la faveur des Guises à la cour ne connut plus de bornes,
lorsqu'ils eurent fait disgracier le connétable de Montmorency,
éloigner les princes du sang et persécuter les protestants,
ceux-ci décidèrent une prise d'armes pour enlever le roi
François
Il et le soustraire à l'influence des princes lorrains. Les
contemporains ont appelé cette affaire « l'entreprince d'Amboise-»,
l'histoire lui a donné le nom de conjuration. L'âme de l'entreprise
fut un prince du sang, Louis ler de Bourbon, prince de Condé, mais
aucun des conjurés ne le vit ni ne l'entendit Jamais; le chef réel
fut un gentilhomme périgourdin d'équivoque réputation,
mais actif, énergique et aventureux, La Renaudie, qui parlait au
nom du « capitaine muet ».
Au
bout de quelques mois de démarches le succès de la conspiration
semblait assuré, lorsque les Guises furent prévenus par un
avocat de Paris chez lequel logeait La Renaudie. Les Guises étaient
très inquiets, ils sentaient qu'à la cour même les
protestants avaient des sympathies qui, pour se déclarer, n'attendaient
qu'une occasion. La cour était alors à Blois,
ils jugèrent qu'elle y était peu en sûreté et
emmenèrent le roi à Amboise où, sous prétexte
de les consulter, ils mandèrent le prince de Condé
et les trois Châtillons. La Renaudie ne fut pas ébranlé
et, sans modifier ses plans, se borna à retarder de vingt-quatre
heures l'exécution du projet. Une deuxième trahison le fit
avorter : un gentilhomme affilié vint tout révéler
à la reine mère. Les conjurés se rendaient par petites
troupes aux postes qui leur avaient été assignés.
A mesure qu'ils y arrivèrent ils furent cernés, pris ou massacrés.
Une
bande s'était fortifiée dans le château de Moisay,
près d'Amboise; le duc de Nemours les décida à se
rendre « en jurant, foy de prince, sur son honneur et damnation de
son âme, qu'ils n'auraient aucun mal »; amenés à
Amboise, ils furent tous mis à la torture, puis pendus, et comme
Nemours protestait, il lui fut répondu par le chancelier Olivier
« qu'un roy n'est nullement tenu de sa parolle à son subject
rebelle » (Vieilleville, Mémoires, liv. VIII, ch. v). Point
découragés, malgré ces échecs partiels, les
conjurés tentèrent un coup de main, ils assaillirent Amboise
en plein jour (19 mars 1560) et furent repoussés; La Renaudie fut
tué; un grand nombre fut pris. Les Guises avaient eu peur; aussitôt
assurés de la victoire, ils se firent bourreaux. L'exécution
dura un mois; les prisonniers, torturés d'abord, furent ensuite
décapités, écartelés ou pendus; François
II et la cour assistaient chaque jour aux supplices. « Les rues,
dit un contemporain, étaient coulantes de sang et tapissées
de corps morts. » (R. de la Planche). On évalue à 1200
le nombre des personnes qui périrent de la sorte. |
Depuis lors le château
d'Amboise ne fut plus qu'une prison d'État qui reçut un grand
nombre d'hôtes illustres : l'archevêque de Lyon, le cardinal
de Bourbon, le prince de Joinville, les deux bâtards de Henri
IV et de Gabrielle d'Estrées, César de Vendôme
et Alexandre, grand prieur de France; Fouquet, le duc de Lauzun, etc. En
1761, Louis XV donna le château d'Amboise au duc de Choiseul
et, en 1764, l'érigea en sa faveur en duché-pairie. En 1786,
le domaine fut acheté au prix de 4 millions 60 mille livres et donné
au duc de Penthièvre
en échange de ses droits sur les Dombes .
La Révolution confisqua le domaine comme bien d'émigré.
Napoléon
ler
fit d'Amboise la dotation de Roger Ducos qui, pour s'éviter de trop
grands frais d'entretien, jeta bas une partie des bâtiments et mutila
le reste. La Restauration rendit ce domaine à la duchesse d'Orléans,
fille du duc de Penthièvre et mère de Louis-Philippe.
Sous le règne de ce dernier, en 1847, le gouvernement y interna
Ab-del-Kader, qui y resta jusqu'en 1852. Confisqué à la famille
d'Orléans, en vertu du décret du 22 janvier 1852, le château
d'Amboise lui a été restitué par la loi du 21 décembre
1872; il est depuis cette date la propriété des comtes de
Paris successifs (aujourd'hui via la fondation Saint-Louis).
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Le
château d'Amboise, par Joseph Meadows (1889).
Avant l'érection
du domaine en duché-pairie, la ville était le siège
d'un bailliage royal créé en 1441; depuis la réunion
d'Amboise à la couronne, le roi y était représenté
par des gouverneurs ou capitaines qui commandaient la garnison. L'administration
municipale était, depuis le XIXe
siècle, confiée à « des élus sur le fait
de la fortification de la ville et des ponts », lorsque, en 1557
, Henri II détruisit cette vieille institution
très populaire, pour la remplacer par une orga nisation empruntée
à la ville de Tours. Avant la Révolution , il y avait, à
Amboise une collégiale, située dans le château, une
paroisse, trois chapelles, des couvents de Cordeliers,
de Minimes, d'Ursulines, deux prieurés, deux commanderies et un
Hôtel-Dieu, dont on peut constater l'existence dès 1224. Au
XVIIe et au XVIIIe
siècle, la draperie y était très florissante; en 1762,
elle comptait 110 métiers et occupait 5 000 personnes.
Le
château.
Ce qui reste du
château
d'Amboise présente encore une masse imposante et de précieux
détails d'architecture. Le bâtiment principal, corps de logis
gothique, construit au XVe et au XVIe
siècle, s'élève en face de la Loire, sur de hautes
murailles de soutènement. En retour d'équerre est une aile
de la Renaissance .
Le château est flanqué de trois tours rondes de fortification;
l'une d'elles, la tour du Sud; que l'on voit sur notre gravure, attire
l'attention par ses dimensions énormes Une pente douce, accessible
aux chevaux, conduit de la base au sommet élevé de 40 m.
Louis-Philippe
a fait pratiquer, sous le château, un tunnel qui donne accès
dans la cour. A la fin du XIXe siècle,
le comte de Paris a entrepris d'importants travaux de restauration dirigés
par Ruprich Robert. Sur le faite du rocher est une merveille d'architecture,
la chapelle Saint-Hubert, bâtie par Charles
VIII et restaurée sous Louis-Philippe. Elle contient une profusion
de sculptures de la fin du XVe siècle,
parmi lesquelles nous noterons le magnifique bas-relief représentant
la chasse de saint Hubert qui surmonte la porte.
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Le
château d'Amboise et la Loire. © Photos
: Odette et Serge Jodra, 2013.
L'Hôtel
de Ville.
L'Hôtel de
Ville, situé au pied du château, est l'ancienne maison de
Pierre Morin, trésorier de France, bâtie de 1500 à
1505. On le nomme le Palais Ducal, parce que le duc de Choiseul
en avait fait le siège de la justice seigneuriale et la prison.
L'Eglise
de Saint-Denis.
Cet édifice,
au faubourg de ce nom, a été construit en 1107, par Hugues
ler d'Amboise, en partie reconstruit au
XVIe siècle. Dans la partie ancienne
sont des chapiteaux
historiés très curieux. Plusieurs ont été publiés
par l'abbé Chevalier (Promenades pittoresques en Touraine ,
p. 264). Cette église contient un curieux groupe en terre cuite,
oeuvre italienne, représentant l'ensevelissement du Christ ,
où l'artiste a donné à Joseph d'Arimathie
les traits de François ler.
Les
Greniers de César.
Ce sont des souterrains
taillés dans le roc, situés dans les dépendances de
l'ancien couvent des mineurs, ont été longtemps considérés
comme une oeuvre romaine. L'abbé Chevalier a mis au jour, en 1873,
des comptes qui établissent que ces caves ont été
construites en 1548. On en peut voir un dessin dans ses Promenades en
Touraine, p. 243.
Le
Château du Clos-Lucé.
Au Sud-Est du château
d'Amboise est le château du Clos-Lucé (mon. hist.), donné
par François ler
à Léonard de Vinci, qui y mourut
le 2 mai 1519. (Y.).
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Le
château du Clos-Lucé. Photo : The
World Factbook.
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