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Les
Anémones
(Anémone Hall.) constituent un genre de plantes
de la famille dés Renonculacées
et du groupe des Renonculées. Ce sont des herbes
vivaces, à souche souterraine tantôt simple et en forme de
rhizome,
tantôt tubéreuse et ramifiée. Leurs feuilles
radicales sont lobées où plus ou moins profondément
découpées en segments linéaires; les caulinaires,
ternées, forment un
involucre plus ou
moins éloiggé des fleurs. Celles-ci,
de couleur blanche, rosée ou violet le, plus rarement jaune, sont
solitaires et terminales, ou réunies, deux ou plus, en cymes
terminales. Elles ont chacune un périanthe
composé de folioles pétaloïdes en nombre variable, tantôt
cinq en préfloraison quinconciale, tantôt six et disposées
sur deux verticelles trimères et alternes, tantôt un plus
grand nombre, par suite du dédoublement des folioles
du verticille intérieur et de la transformation
d'un certain nombre d'étamines en languettes
pétaloïdes.
L'androcée
se compose d'un très grand nombre d'étamines
insérées en spirale. Les carpelles,
également nombreux, spiralés et indépendants, deviennent,
à la maturité, autant d'akènes
monospermes, surmontés d'un style persistant qui, dans quelques
espèces, s'accroît considérablement et devient plumeux.
Il existe plus d'une
centaine d'espèces d'Anémones. Elles sont répandues
surtout dans les régions froides et tempérées de l'hémisphère
boréal. Leurs espèces, assez nombreuses, sont douées,
pour la plupart, de propriétés âcres, caustiques. Voici
les plus importantes :
1° l'Anemone
pulsatilla L. (Pulsatilla vulgaris Lob.), appelé vulgairement Pulsatille,
Coquelourde,
Coquerelle, Herbe au vent, est commun sur les pelouses découvertes,
sur la lisière des bois sablonneux, sur les coteaux calcaires. Toute
la plante, quand elle est fraîche, est irritante, vésicante
et même caustique. Ingérée, elle produit les effets
des substances âcres et corrosives, ainsi qu'une action stupéfiante
sur le système nerveux. On l'employait
dans les campagnes pour déterger les vieux ulcères des chevaux.
2° L'Anemone
pralensis L. (Putsatilla nigricans Stork) ou Anémone des prés,
Pulsatille
noire, croît dans les plaines sèches et sablonneuses de
l'Allemagne ,
du Danemark ,
de la Russie
et de la Turquie d'Asie. Elle est très voisine de l'A. pulsatilla
et possède, dit-on, les mêmes propriétés
3° L'Anemone
nemorosa L. est une espèce extrêmement commune, au premier
printemps, dans les bois, les taillis et les lieux ombragés. Elle
est connue sous les noms vulgaires de Sylvie, Renoncule des bois,
Fausse
Anémone, Bassinet blanc, Fleur du Vendredi-Saint. Ses propriétés
âcres et vésicantes sont très actives. Les bestiaux
qui la mangent meurent dans les convulsions et en urinant le sang,
d'où le nom d'herba sanguinaria qu'on lui donnait jadis.
On l'a employée topiquemeut contre la teigne et contre les douleurs
arthritiques.
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Anémone
(Anemone
nemorosa).
4° L'Anemone
ranunculoides L. ou Coqueret jaune, fausse Renoncule, croît
dans les endroits humides des bois montueux; ses propriétés
sont les mêmes que celles de l'A. nemorosa.
5° L'Anemone
hepatica L., dont on a fait le type du genre Hepatica, sous le nom d'H.
triloba Chaix, est facile à reconnaître à ses feuilles
radicales, longuement pétiolées, trilobées et profondément
cordées à la base. Cette espèce croît en Europe
dans les bois montueux. On la cultive très fréquemment comme
plante d'ornement sous les noms vulgaires d'Hépatique, Trinitaire,
Herbe de la Trinité. Elle est réputée astringente
et a été autrefois préconisée contre les "obstructions
du foie". On en fait une eau distillée employée pour faire
disparaître les taches de rousseur.
6° L'Anemone
coronaria L. et l'A. hortensis L., dont les A. stellaria Lamk et A. pavonina
DC. ne sont que des formes, croissent naturellement dans les champs et
les moissons des départements du Sud de la France .
Ces deux espèces ont produit par la culture les nombreuses variétés
d'Anémones a fleurs doubles que les fleuristes
recherchent et qui font, au premier printemps, l'ornement des jardins.
(Ed.
Lef.).
Les
Anémones dans l'histoire de la médecine. - Il arrive
que des herbivores s'empoisonnent en mangeant de cette plante; chez l'humain,
l'on n'a observé que des intoxications locales, des yeux, de la
peau, des lèvres, etc., à la suite d'un contact plus ou moins
prolongé avec des feuilles ou des fleurs. L'existence de tels effets
explique que l'on ait cherché s'il existait aussi des indications
thérapeutiques.
Anémone
des prés ou pulsatille noire. - A en croire le Dr Reil, de Hall,
I'anémone des prés a été employée en
médecine depuis très longtemps. Bock, en 1546, attira l'attention
sur les propriétés irritantes de cette plante. C'est Störk
1771) qui a donné le premier une bonne monographie consacrée
à l'anémone, en indiquant un certain nombre de, ses effets
physiologiques. Elle exerce une action irritante très nette, qui
se traduit par de l'érythème et de la vésication.
La poudre d'anémone est sternutatoire; prise à l'intérieur,
cette drogue provoque des nausées, des vomissements, de la diarrhée;
il y aurait en outre de l'hyperesthésie. Störk dit l'avoir
utilisée contre différentes affections, contre les paralysies
- résultats peu nets -, contre certaines maladies oculaires, comme
les amauroses. A en croire Störk, on aurait obtenu dans ce dernier
cas des résultats absolument prodigieux et qui font douter de l'authenticité
des observations, tant ils sont beaux. La dernière catégorie
d'observations de Störk se rapporte à des affections scrofuleuses
et syphilitiques. La pulsatille noire a cessé d'être employée
dans la seconde moitié du XIXe siècle.
Anémone
pulsatille ou coquelourde. - Il semble que les propriétés
de cette plante soient à peu près celles de l'anémone
des prés. Elle a servi, dans certains pays, d'irritant pour les
ulcères atoniques c'est à peu près tout ce qu'on en
peut dire. (H. de V.)
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