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Vasco de Gama
est un navigateur né au port de Synis (Sinis) au Portugal
vers 1460. Il était amiral de la flotte qui la première a doublé
le cap de Bonne-Espérance en 1497, et est arrivée sur les côtes de l'Inde .
Les historiens qui nous ont transmis ses découvertes se sont contentés
de nous parler des faits qui tiennent à son premier voyage et à l'établissement
des Portugais en Inde; ils nous ont laissé ignorer les détails de sa
vie privée. Ces détails sont d'autant plus à regretter que Gama est
un de ces hommes qui, par des découvertes importantes, ont contribué
à la prospérité de leur pays et à l'accroissement des connaissances
humaines ( Les Grandes découvertes ;
La Découverte de l'Asie ).
L'art de la navigation commençait à faire des progrès; le désir de
connaître notre globe, excité encore par l'appât du gain, s'était emparé
de tous les esprits; mais, par-dessus tout, le succès de l'expédition
de Christophe Colomb leur avait donné un nouvel
essor. Cet homme extraordinaire avait enseigné aux navigateurs les moyens
de se conduire avec sûreté à travers l'espace des mers; et son exemple
leur avait appris à braver tous les dangers.
Les Portugais, qui les premiers avaient,
par les soins du prince Henri, dirigé
leurs vues de ce côté, ne virent pas sans jalousie que le fruit de leurs
recherches allait enrichir les Espagnols;
ils voulurent se dédommager en poursuivant avec plus d'activité que jamais
leurs découvertes à la côte d'Afrique ,
dans l'espoir de passer au sud du continent, et de pénétrer en Inde ou
dans le royaume d'Abyssinie ,
dont ils avaient eu quelque notion par les relations qu'ils entretenaient
avec les Maures. Comme ils croyaient que les habitants, de ce dernier royaume
étaient chrétiens, ils donnèrent Ã
leur souverain le nom de Prêtre-Jean, par
lequel on avait désigné jusqu'alors un prince puissant que l'on croyait
chrétien, sans savoir précisément où se trouvaient ses Etats. Il paraît
effectivement, selon ce qui en est dit, que cette dénomination a été
donnée au grand khan des Mongols
et au grand lama du Tibet ,
aussi bien qu'au roi d'Abyssinie. L'existence de ce roi chrétien fut confirmée
par Pierre de Covilham, parti en 1487, pour
aller en Inde par la mer Rouge, avec Alphonse de Paiva (Payva); et ce fut
ce dernier qui se dirigea sur l'Abyssinie; mais il mourut à son retour
au Caire. Après avoir visité Goa (Panaji),
Cananor, Calicut,
et pris connaissance de la côte de Sofala,
située dans le canal de Mozambique, Covilham trouva à son retour au Caire
la relation du voyage de Païva, qu'il envoya en Portugal avec le récit
de celui qu'il avait fait lui-même. Il descendit une seconde fois la mer
Rouge, se rendit à Ormuz ,
et pénétra enfin en Abyssinie, où il fut détenu pendant vingt ans.
Son premier voyage avait été conçu sur
un plan très sage; et les connaissances qu'il procura mirent dans
le cas d'entrer dans la mer des Indes (Océan Indien )
avec la certitude d'en retirer de grands avantages, si toutefois l'on pouvait
parvenir à passer au sud du continent d'Afrique .
En effet, on connaissait déjà en Inde
de grandes villes riches et commerçantes, et l'on savait que sur la côte
orientale d'Afrique, non loin des lieux où l'on pourrait pénétrer dans
la mer des Indes, il se trouvait des peuples commerçants, chez lesquels
on pourrait se ravitailler et prendre des guides pour aller plus loin Barthélemy
Diaz, parti de Lisbonne en 1486, était
allé à la recherche de l'extrémité sud de l'Afrique, et eut le bonheur
de la découvrir. Les tempêtes qu'il y avait éprouvées firent donner
au cap qui la termine le nom de cap des Tourmentes; ce nom fut changé
en celui de cap de Bonne-Espérance, par le roi du Portugal
lui-même, dans le dessein de prévenir la mauvaise Impression de ce nom
sinistre. Diaz fut de retour à Lisbonne en décembre 1487. Aucun obstacle
ne devait plus à ce qu'il paraît, empêcher de pénétrer dans la mer
des Indes; mais les entreprises audacieuses restent longtemps en suspens
avant qu'il se trouve des hommes capables de les mettre à exécution.
Ce ne fut que cinq ans après la découverte du Nouveau monde ,
et dix ans après celle du cap de Bonne-Espérance, qu'Emmanuel,
roi du Portugal, se décida à envoyer une flotte vers l'Inde; il
fit choix, pour la commander, de Vasco de Gama, gentilhomme de sa maison,
connu déjà par sa prudence, sa fermeté et son habileté dans la navigation.
Trois vaisseaux sur lesquels on avait réparti cent soixante hommes d'équipage
furent destinés à cette grande expédition. Vasco de Gama mit à la voile
avec sa flotte le 8 juillet 1497; il dirigea d'abord sa route sur les îles
du cap Vert, et après les avoir doublées, s'avança au sud et vint relâcher
à la baie de Sainte-Hélène, située à la côte occidentale d'Afrique,
à peu de distance au nord du cap de Bonne-Espérance.
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Vasco
de Gama (1469-1524).
Portrait
conservé au musée de Lisbonne et exécuté
par
un artiste inconnu avant 1516, date de la mort
du
roi d'Aragon Ferdinand le Catholique,
Ã
qui se portrait était destiné.
Sa flotte quitta cette baie le 16 novembre,
et arriva deux jours après à l'extrémité de l'Afrique ;
elle eut à lutter, pour s'avancer à l'est, contre les vents de sud-est,
qui y soufflent presque continuellement avec impétuosité pendant cette
saison. Ses équipages, rebutés de tant de contrariétés, voulurent le
forcer à revenir sur ses pas; mais il sut les apaiser, et parvint par
sa fermeté à surmonter tous les obstacles. Il fit route à l'est, le
long de la côte méridionale d'Afrique, relâcha dans la baie de Saint-Blaise,
et arriva le 17 décembre au rocher de la Cruz, où Diaz
avait terminé ses découvertes. C'est à cet endroit que la côte orientale
d'Afrique commence à se diriger au Nord, et que les Portugais
entrèrent pour la première fois dans l'Océan Indien .
Vasco de Gama, dont le projet était d'aller chercher les pays que Covilham
avait visités, ne voulut pas perdre la terre de vue; il remonta dans le
nord, et envoya plusieurs fois ses gens visiter les lieux où l'on apercevait
des habitants : il s'y rendit lui-même toutes les fois que la population
lui paraissait plus considérable; mais n'ayant trouvé aucun peuple qui
lui donnât des renseignements, il continua sa route, passa le cap des
Courants, situé presque sous le tropique, et s'avança au delà de la
côte de Sofala, et même de la ville de ce
nom, où il croyait que Covilham s'était rendu, sans la connaissance d'aucun
établissement qui pût l'engager à s'arrêter. Enfin, iI mit à l'ancre
dans les premiers jours de mars 1498, devant la ville de Mozambique ,
alors habitée par des Maures ou Arabes musulmans,
qui vivaient sous l'autorité d'un prince de leur religion, et faisaient
un grand commerce avec la mer Rouge et les Indes.
L'espoir de trafiquer aussi avec ces nouveaux
venus procura un accueil favorable aux Portugais;
mais dès qu'on eût reconnu qu'ils étaient chrétiens, on leur tendit
des pièges, dans le dessein de les massacrer, telle était la tension
qui existait alors entre les deux religions quelques décennies seulement
après la prise de Constantinople
(1453) par les Turcs et tout juste après
celle de Grenade
par les Espagnols (1492); une tension qui
allait marquer d'ailleurs tout le voyage de Vasco de Gama. Celui-ci partit
de Mozambique, et fit route au Nord, le long de la côte, pour Quiloa,
conduit par un pilote de Mozambique, qu'il avait emmené avec lui; mais
s'étant approché de terre dans le Nord de cette ville, les courants l'empêchèrent
de remonter au Sud, et il fila en suivant toujours la côte jusqu'à Mombasa.
Cette ville, mieux bâtie que Mozambique, et jouissant alors d'un commerce
plus étendu, était également habitée par des Maures, qui tinrent Ã
l'égard des Portugais la même conduite que ceux de Mozambique : Gama
s'éloigna sans en avoir rien obtenu, et s'avança dix-huit lieues plus
loin, Jusqu'à Melinde (Malindi), qui n'est qu'à trois degrés au sud
de l'équateur, et où il fut plus heureux. Quoique cette ville fût aussi
peuplée de musulmans, le prince du pays lui fit
un accueil des plus favorables. Il vint sur la flotte portugaise, où il
fut reçu avec de grands honneurs; mais Gama, instruit par le passé, ne
voulut jamais se hasarder au milieu de ses sujets, sous prétexte que son
souverain le lui avait expressément défendu; il se contenta d'y envoyer
de ses gens, qui furent reçus avec toutes les démonstrations de la cordialité.
Plusieurs vaisseaux venus des Indes se
trouvaient alors dans la rade de Mélinde; il y avait même des chrétiens
de cette contrée qui avertirent Gama de se tenir sur ses gardes, et lui
donnèrent des renseignements dont il tira un grand parti dans la suite.
Malemo-Cana, Indien goudjarate, pilote que le souverain de Mélinde avait
donné à Gama pour le conduire à Calicut,
était un des plus habiles navigateurs de ce pays. On dit qu'il ne parut
pas étonné quand on lui montra l'astrolabe dont les Portugais
se servaient pour observer la hauteur du soleil ;
il dit que les pilotes de la mer Rouge employaient au même usage des triangles
de cuivre et des quarts de cercle, et qu'ils mesuraient de plus avec ces
instruments la hauteur de l'étoile
sur laquelle ils se dirigeaient dans leur navigation : c'est probablement
l'étoile polaire ( Petite Ourse ).
Jean de Barrot nous a transmis ces pasticularités très remarquables,
et cite, au nombre des renseignements donnés par le même pilote, que
les navigateurs de l'Inde
se dirigeaient aussi bien sur les étoiles du pôle Nord que sur celles
du pôle Sud, donnant à entendre qu'ils prenaient les distances ou mesuraient
les angles avec un instrument qui ressemble à l'arbalestrille des Occidentaux.
Il est assez probable que ceux-ci tiennent l'usage de la boussole des navigateurs
de l'Océan Indien
et de la Chine ,
et qu'il leur a été transmis par les Italiens,
dont le commerce par terre et par mer s'étendait autrefois fort loin.
-
Vasco
de Gama.
Le rapport du pilote de Gama ne rend-il
pas très vraisemblable qu'ils ont fait usage avant lui de l'astrolabe
et de l'arbalestrille, que les instruments à miroir ou à réflexion inventés
par Hadley ont fait abandonner? La flotte de Gama
se rendit de Mélinde (Malindi) à la côte de Malabar en vingt-trois jours,
et mit à l'ancre devant Calicut le 20 mai1498. Cette ville, la plus commerçante
et la plus riche de l'Inde ,
avait pour souverain un prince qui portait le titre de zamorin.
Gama mit à terre, selon sa coutume, plusieurs des condamnés qu'il avait
amenés avec lui, et les fit accompagner par un Maure qui était sur sa
flotte. Heureusement ce dernier se trouva connaître un autre Maure qui
faisait le métier de courtier à Calicut, et qui pénétré d'estime,
nous dit-on, pour la nation portugaise, dont il avait entendu parler, introduisit
les envoyés de Gama chez un des ministres du zamorin. Les premières négociations
eurent tant de succès, que l'entrée du port fut d'abord permise aux Portugais,
et qu'ensuite ce prince consentit à recevoir Gama avec les mêmes honneurs
qu'il faisait rendre aux ambassadeurs des plus grands monarques. La méfiance
que la conduite des musulmans avait inspirée
engagea les principaux officiers de la flotte à solliciter l'amiral d'abandonner
le projet qu'il avait formé de se rendre à terre. On tint un conseil
dans lequel Paul de Gama, son frère, lui fit sentir les dangers qu'il
pourrait courir.
Vasco ne se laissa pas ébranler. Il déclara
qu'il partirait le jour suivant, et donna l'ordre à son frère de commander
la flotte en son absence. Il recommanda à son frère de ne tirer aucune
vengeance de sa mort, si les malheurs qu'on avait prévus arrivaient, mais
de partir sans perdre de temps avec la flotte, et d'aller annoncer au roi
la découverte des Indes, et lui apprendre sa triste destinée. Cette résolution
et le discours qui l'accompagna firent, paraît-il, couler des larmes des
yeux de tout le monde. Gama fit armer ses embarcations, et vint débarquer
avec douze hommes de résolution qu'il avait choisis pour lui servir de
cortège. Il fut reçu avec une grande pompe; et comme il devait aller
trouver le zamorin à une de ses maisons de plaisance située à cinq milles
au delà de Calicut, il traversa cette ville
au milieu d'une foule immense, qui regardait ces nouveaux venus avec une
sorte d'étonnement, auquel ne contribuait pas peu sans doute le costume
dont Ils étaient revêtus, et qui n'avait rien de commun avec ce qu'elle
avait vu auparavant. L'amiral portugais n'arriva que le lendemain à la
maison de plaisance du zamorin.
L'accueil que ce prince lui fit à sa première
audience fut très favorable; et Vasco de Gama eut lieu de se flatter qu'il
obtiendrait pour son pays la faculté de venir faire à Calicut un commerce
fort avantageux. Mais cet espoir fut bientôt affaibli par les traverses
qu'il éprouva. La haine des Arabes musulmans contre les chrétiens, avait
été sur le point de lui être funeste à Mozambique et à Mombasa; elle
pensa ruiner les affaires des Portugais
dans les Indes. Les sectateurs de Mahomet, en
grande partie sujets du Grand Seigneur, dont les Etats s'étendaient jusqu'Ã
ces mers, sentirent à l'aspect d'une flotte portugaise que le commerce
dont ils étaient en possession depuis si longtemps finirait par passer
dans les mains de ces nouveaux venus. En conséquence ils s'autorisèrent
de la conduite tenue envers ces étrangers à Mozambique et à Mombasa,
et les dépeignirent au zamorin comme des pirates qui venaient troubler
la tranquillité de ses États, dans l'intention d'y exercer leur pillage.
De tels discours ne manquèrent pas leur effet.
Vasco de Gama n'avait malheureusement apporté
avec lui aucun présent digne d'être offert à un grand souverain; et
il se contenta, pour se conformer à l'usage du pays, de rassembler quelques
objets, parmi ceux qu'il croyait les plus propres à fixer l'attention;
mais, ces objets parurent de si peu de conséquence, que le ministre chargé
de les examiner, les rejeta avec mépris. Ce premier désagrément fut
suivi d'une multitude de difficultés et de témoignages de défiance;
enfin les choses s'envenimèrent au point que Gama craignit d'être retenu
prisonnier ou d'être massacré avec son escorte. Les amis qu'il avait
acquis par Malemo-Cana, pilote qui l'avait conduit à Calicut ,
lui donnèrent avis que, sous prétexte d'une réconciliation, l'on voulait
attirer sa flotte dans un piège, afin de la brûler et de donner la mort
à tous ses gens. Il fit passer cet avis à son frère, et lui recommanda
de se tenir sur ses gardes. Les précautions qui furent prises par ce dernier,
empêchèrent de mettre ce dessein criminel à exécution; de son côté,
Vasco se fit tellement respecter qu'il renoua les négociations, et persuada
enfin le zamorin ou ses ministres qu'ils avaient de grands avantages Ã
tirer d'une alliance avec les Portugais; et dans l'espoir de les voir se
réaliser, ils le laissèrent retourner à ses vaisseaux. Dès que Vasco
de Gama fut rendu sur sa flotte, il mit à la voile sans perdre de temps;
et après avoir réparé ses vaisseaux aux îles Angedives, situées sur
la côte au nord de Calicut, il fit route pour venir en Europe
rendre compte de ses découvertes .
En passant à Malindi, il prit à son bord
un ambassadeur du prince du pays, seul ami que les Portugais
eussent acquis dans leur voyage; et après avoir prolongé la côte d'Afrique
dans le sens opposé à celui où il l'avait parcourue en venant, il double
le cap de Bonne-Espérance, dans le mois de mars 1499, et arriva à Lisbonne
en septembre de la même année, c'est-à -dire plus de deux ans après
son départ. Le roi Emmanuel reçut Vasco de Gama,
avec la plus grande magnificence : il célébra son retour par des fêtes,
lui donna le titre de dom, et le créa amiral des Indes.
Une seconde flotte portugaise fut expédiée
de suite pour l'Inde
sous le commandement d'Alvarez Cabral, qui parvint
à établir un comptoir à Calicut; mais en son absence les Portugais y
furent tous massacrés à l'instigation des Maures, leurs mortels ennemis.
Cabral se ménagea l'amitié du roi de Cochin,
et contracta alliance avec lui. Les rapports qu'il fit persuadèrent le
roi Emmanuel qu'il ne parviendrait à s'établir en Inde qu'en employant
la force ouverte. En conséquence on fit un armement plus considérable
: vingt vaisseaux furent distribués en trois escadres; la plus nombreuse,
de dix vaisseaux, partit d'Europe
sous la conduite de Vasco de Gama; et les deux autres, de cinq seulement,
dont l'une était sous les ordres de Vincent de Sodre, l'autre sous ceux
d'Étienne de Gama, devaient quitter le Portugal
séparément et se réunir en Inde. Les forces imposantes des Portugais
déterminèrent les princes de la côte orientale d'Afrique ,
qui leur avaient été si contraires, à se soumettre sans résistance,
Gama parvint à faire des établissements à Mozambique et à Sofala.
Résolu de jeter l'épouvante dans les esprits, il s'empara, en arrivant
à la côte près du Montdheli, d'un riche vaisseau du soudan d'Égypte ,
auquel il fit mettre le feu, et dont tout l'équipage fut brûlé, noyé,
ou mis à mort par les Portugais. Il se rendit de là à Cananor,
où le bruit de sa victoire l'avait précédé; et il décide le prince
du pays, avec lequel il traita d'égal à égal, à faire alliance avec
son souverain. Sa flotte en arrivant devant Calicut s'empara de tous les
bateaux indiens qu'elle rencontra, et de cinquante Malabares qui en formaient
les équipages.
Le zamorin, dont Vasco de Gama avait personnellement
eu à se plaindre, effrayé de ce début, lui expédia un Maure déguisé
sous l'habit de Saint-François ,
pour offrir aux Portugais de traiter avec eux, et d'établir un comptoir
dans la ville de Calicut : mais l'amiral ne voulut entendre à aucune proposition
avant qu'on lui eût donné pleine et entière satisfaction des Portugais
qui avaient été massacrés, et des marchandises qu'on leur avait prises.
Il attendit pendant trois jours la réponse du zamorin; mais voyant qu'elle
n'arrivait pas, il eut la cruauté de faire pendre aux vergues de ses vaisseaux
les cinquante Malabares dont il s'était emparé, et de les exposer ainsi
aux regards des habitants de Calicut. Non content de cet excès, il fit
canonner la ville le lendemain, et après en avoir renversé une partie,
il laissa quelques vaisseaux pour la bloquer et fit route pour Cochin.
Le roi de Cochin renouvela le traité conclu avec Cabral,
et permit aux Portugais de s'établir dans ses États.
Comme par cette alliance il se déclarait
l'ennemi du zamorin, il fut obligé de lier son sort au leur, et de les
prier d'y laisser des troupes pour le défendre contre un ennemi si puissant.
Le zamorin voulut renouer les négociations avec l'amiral portugais; mais
ayant tenté de l'enlever avec une multitude de bateaux du pays, pendant
que l'amiral venait à Calicut sur un seul vaisseau, tout espoir d'accommodement
fut rompu. Le comptoir et le port de Cochin furent ensuite fondés par
Albuquerque. Cet établissement fut le berceau
de la domination des Portugais en Inde ;
c'est là qu'ils ont commencé à faire ces prodiges de valeur qui en très
peu de temps les ont élevés à un si haut point de prospérité ils ont
débuté par la violence, et il a fallu dans la suite que l'exaltation
leur donnât une force plus qu'humaine pour les faire triompher des efforts
de presque toute l'Asie ,
réunie à la puissance des Turcs.
Vasco de Gama laissa l'escadre de Vincent
de Sodre sur la côte de Malabar, et revint à Lisbonne,
où il arriva le 20 décembre 1503, avec treize vaisseaux. Son titre d'amiral
des Indes lui fut confirmé, et le roi y joignit celui de comte de Videgueyra.
Vasco de Gama, couvert de gloire, resta dans un repos absolu pendant vingt
et un ans. Enfin la cour du Portugal ayant
en 1524 pris la résolution de nommer un vice-roi en Inde, Vasco de Gama
fut le premier revêtu de cette dignité. Il mourut peu de temps après
son arrivée à Cochin, où son corps fut
déposé jusqu'en 1558, époque à laquelle on le transporta au Portugal,
où le roi Jean III lui fit rendre les plus grands honneurs.
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Le
tombeau de Vasco de Gama (monastère de Saint-Jérôme, à Belem, près
de Lisbonne).
Source
: The world Factbook.
Vasco de Gama était d'une taille médiocre,
mais extrêmement gros; son visage était rouge et enflammé, son air était
terrible dans la colère. On a vu plus haut qu'il se laissait emporter
trop souvent à des excès de cruauté, dont il paraît néanmoins juste
d'attribuer une partie aux moeurs dures et sévères du temps où il a
vécu. L'histoire de sa découverte de l'Inde nous a été transmise par
Barros, dans ses Décades, imprimées Ã
Lisbonne en 1648; et par Hernan Lopez de Castanheda, dans une histoire
très étendue des conquêtes des Portugais aux Indes orientales.
On trouve aussi le, récit de ses conquêtes dans la collection de Ramusio,
dans les ouvrages de Faria y Sousa, et dans
l'histoire du père Lafitau. Enfin, on sait que
Camoëns en a fait le sujet de sa Lusiade .
(R-L). |
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