|
. |
|
Rhinocérotoïdés |
Aperçu | Paléontologie et systématique | La découverte des Rhinocéros* |
Les Rhinocéros
sont des Mammifères
-Ongulés (Altongulés)-Périssodactyles.
On considèrera ici le groupe des Rhinocéros au sens large,
c'est-à-dire la superfamille des Rhinocérotoïdés,
dont seules cinq espèces existent encore de nos jours, dans les
régions chaudes de l'Afrique
et de l'Asie. Ce sont de puissants animaux, à
peau
très épaisse, formant chez quelques espèces de vastes
boucliers indurés répartis sur le corps et la racine des
membres.
La face des Rhinocéros porte une ou deux cornes plus ou moins droites ou courbes, souvent hautes de 1 mètre. Courant avec une grande rapidité, sauvages et parfois même féroces à l'époque du rut, ces animaux se défendent avec succès contre tous les autres et n'ont d'autre ennemi que les humains. On les chassait autrefois pour leur cuir, qui fournissait d'excellents boucliers presque à l'épreuve des balles, pour leur corne estimée dans les travaux de tabletterie, et qui passait jadis pour un révélateur de poison. On en faisait des coupes ou des pierres d'épreuve attachées aux languiers du Moyen âge, et, qui étaient censées noircir au contact d'un poison. Bien que protégés, les Rhinocéros continuent de nos jours à être les victimes des braconniers, surtout pour leur corne à laquelle il est prêté des vertues imaginaires. Les Rhinocéros vivent solitaires ou par couples dans les forêts humides ou les jungles inondées; certains préfèrent les plaines desséchées et arides. Leur nourriture, essentiellement végétale, se compose surtout de racines et de tiges succulentes; aussi font-ils parfois de grands dégâts dans les plantations, mais, en général, ils évitent les lieux habités. Des cinq espèces actuelles de Rhinocéros, trois se rencontrent en Asie (Rhinocéros de Sumatra, Rhinocéros de Java et Rhinocéros Indien); et deux en Afrique (Rhinocéros blanc et Rhinocéros noir). Mais on connaît de très nombreuses espèces fossiles (Paléontologie des Rhinocéros), telles que le Rhinoceros Sansaniensis du miocène ou Dicerorhinus Schleiermacheri, qui se trouvent dans le miocène d'Europe. Parmi les formes cénozoïques,
on peut aussi citer : Dicerorhinus etruscus (pliocène
supérieur de l'Europe
occidentale et de l'Italie),
Dicerorhinus.
Merckii (pliocène supérieur de la France méridionale,
quaternaire du sud de la Russie), Coelodonta antiquitatis
(quaternaire du midi de l'Europe et de Sibérie),
qui avait la peau revêtue de poils.
Rhinocéros du Ngorongoro (Tanzanie). © Photo : Serge Jodra. |
||
Les
caractères des Rhinocéros
Les Rhinocéros présentent les caractères suivants : incisives en nombre variable, souvent rudimentaires ou caduques; canines supérieures absentes; prémolaires au nombre de quatre et molaires au nombre de cinq, en série continue aux deux mâchoires et semblables les unes aux autres, sauf la première qui est petite et souvent caduque, et la dernière dont le lobe postérieur est rudimentaire, de telle sorte que sa couronne est triangulaire. Tête grande; crâne allongé, surélevé en arrière par une crête occipitale transverse; pas d'apophyses postorbitaires. Os nasaux grands, épais, soudés ensemble sur la ligne médiane et séparés des prémaxillaires par un espace vide; les prémaxillaires petits, ne se joignant pas ordinairement sur la ligne médiane, souvent rudimentaires. Cavité cérébrale très petite par rapport à la grandeur du crâne. Formes massives pattes épaisses et de longueur moyenne, terminées par trois doigts à sabots bien développés; cou très court; yeux petits; oreilles moyennes, ovales, dressées, insérées en arrière près de l'occiput; lèvre supérieure allongée, rabattue en avant, de manière à cacher la lèvre inférieure; queue moyenne, épaisse, peu poilue; peau très épaisse, formant quelquefois des replis saillants, à poils rares. Les Rhinocéros actuels ont en outre
une ou deux cornes médianes, coniques, insérées
dans la peau qui recouvre les os-nasaux
et le frontal (quand il y en a deux). Ces cornes
sont formées d'une masse de cellules ,épidermiques
durcies, se développant au-dessus d'un amas de longues papilles-dermiques;
les cellules produites par chaque papille ont la forme d'un gros poil,
et tous ces poils sont réunis et cimentés par une masse de
cellules qui comble tout l'espace entre les papilles. La corne présente
l'apparence d'une masse de poils agglutinés, particulièrement
à sa base, dans les parties nouvellement poussées; mais ces
fibres diffèrent des véritables poils en ce qu'elles se développent
aux dépens d'une papille libre du derme et non à l'intérieur
d'un repli en forme de follicule.
Tête de Rhinocéros blanc (Ceratotherium simum). Les grandes dents
antérieures des Rhinocéros sont généralement
décrites comme des incisives, mais l'étude des formes fossiles,
qui présentent à la fois trois paires d'incisives inférieures
et une canine, porte à considérer ces dents comme de véritables
canines. Les replis que présente la couronne des molaires en s'usant
rappellent ceux des Paloetherium, mais varient suivant les espèces
et le degré d'usure. Les viscères
internes sont construits à peu près sur le même plan
que ceux des chevaux, mais la direction du caecum
ressemble plutôt à ce que l'on observe chez les Tapirs.
Un Rhinocéros. Source : photos8.com. Les Rhinocéros actuels Les Rhinocéros actuels, isolés dans la nature, ont été précédé aux époques géologiques antérieures par des genres plus variés que nous traiterons à la page Paléontologie, et qui forment avec lui la superfamille des Rhinocérotoïdés. Les Rhinocéros actuels appartiennent tous à la sous-famille des Rhinocerotinés. Deux genres sont présents en Asie (Rhinoceros proprement dits, avec deux espèces vivantes, et Dicerorhinus, avec une espèce), et deux autres genres se trouvent en Afrique, chacun étant représenté par une espèce unique (Ceratotherium ou Rhinocéros blanc et Dicéros ou Rhinocéros noir) : |
Rhinocéros d'Asie | Rhinoceros | R.
sondaicus (Rhinocéros de Java)
Deux sous-espèces -----R. s. annamiticus -----R. s. inermis |
R. unicornis (Rhinocéros indien) | ||
Dicerorhinus | D.
sumatrensis (Rhinocéros de Sumatra)
Deux sous espèces : -----D. s. harrissoni -----D. s. sumatrensis |
|
Rhinocéros d'Afrique | Ceratotherium | C.
simum (Rhinocéros blanc)
Deux sous espèces : -----C. s. cottoni -----C. s. simum |
Diceros | D.
bicornis (Rhinocéros noir)
Quatre sous-espèces : -----D. b. bicornis -----D. b. longipes -----D. b. michaeli -----D. b. minor |
Les Rhinocéros
actuels sont les plus gros de tous les Mammifères
terrestres après les Eléphants.
Ils habitent le Sud de l'Asie, la Malaisie et l'Afrique orientale et méridionale
et se nourrissent d'herbes, de bourgeons
et de feuilles d'arbres,
et, comme la plupart des animaux des régions
intertropicales qu'ils habitent, ils dorment pendant la grande chaleur
du jour, cherchant leur nourriture aux heures matinales ou pendant la nuit.
Ayant une très mauvaise vue, et une intelligence
assez bornée, ils vivent solitaires ou par couples, et sont d'une
méfiance extrême qui les rend éventuellement plus dangereux
pour les Humains que le Tigre ou l'Eléphant. On trouve chez les
anciens chasseurs de Rhinocéros, des descriptions telles que celle-ci
:
Ils flairent sans relâche la trace de l'ennemi supposé qu'ils sentent dans leur voisinage, ils le suivent à la piste, comme les chiens, et n'ont de cesse que lorsqu'ils l'ont découvert alors sans attendre d'être attaqués, ils chargent avec fureur, cherchant à le percer de leur corne nasale ou à l'écraser sous leurs pieds, et, même mortellement blessés, ils ne renoncent à leur poursuite que lorsqu'ils sont à bout de forces.On sait aujourd'hui que les Rhinocéros sont moins redoutables que cela. Sans doute les Rhinocéros noirs peuvent-ils parfois attaquer les Humains qui les approchent, mais les Rhinocéros blancs sont des animaux très pacifiques. Les Rhinocéros
d'Asie.
Rhinocéros indien (Rhinoceros unicornis). Plus au Sud, le Rhinocéros indien cède la place au Rhinocéros de Java (Rh. sondaïcus Désm.), dans lequel on reconnaît deux sous espèces : R. s. annamiticus, R. s. inermis, très proches et également unicornes. Le Rhinocéros de Java ressemble au précédent par la disposition des plis de sa cuirasse, mais est plus petit, moins allongé, et la corne est peu développée chez la femelle. Il habite, non seulement Java (jamais Sumatra ni Bornéo), mais aussi le continent asiatique, notamment Malacca, le Tenasserim, la Birmanie, la partie de l'Assam qui est au Sud du Brahmapoutre, et s'étend même jusque dans la province de Sunderbund au Bengale, non loin de Calcutta. Il se distingue, non seulement par sa taille, mais aussi par ses molaires moins hypsodontes et à couronne différemment conformée, par certains détails des replis de sa cuirasse et la présence de poils plus abondants le long de l'épine dorsale; par ses caractères anatomiques il se rapproche plutôt du Rhinocéros de Sumatra (Dicerorhinus sumatrensis). Le genre Dicerorhinus est aujourd'hui représenté
par une seule espèce, le Rhinocéros de Sumatra (Dicerorhinus
sumatrensis), divisée en deux sous-espèces
D. s. sumatrensis (Bornéo, Sumatra et la presqu'île
de Malacca, remontant jusqu'au Tenasserim), et D.
s. harrissoni, à oreilles velues,
qui est une variété de Birmanie (monts de Chittagong et de
Tipperah). Le groupe est caractérisé
par la présence d'une seule paire d'incisives
supérieures moyennes, et d'une paire de canines
inférieures, latérales, proclives, caduques chez l'animal
âgé. Les os nasaux sont étroits
et pointus en avant. Il existe deux cornes, l'une
nasale,
bien développée, l'autre plus petite, frontale,
séparée de la première par un intervalle. La peau
présente des replis moins marqués que ceux des précédents,
et c'est le plus petit de tous les Rhinocéros vivants. La forme
de son estomac est très semblable à
celle du Cheval.
Rhinocéros de Sumatra (Dicerorhinus sumatrensis). Les Rhinocéros
d'Afrique.
Le Rhinocéros blanc ou Rhinocéros
camus (Ceratotherium simus), ainsi nommé parce que sa lèvre
supérieure est courte et ne s'avance pas en se rabattant au-dessus
de l'inférieure, a failli complètement disparaître
(et on l'a même cru complètement éteint à la
fin du XIXe siècle). On l'a nommé
aussi Rhinocéros de Burchell, Rhinocéros d'Oswell, du nom
des voyageurs qui l'ont observé, et les anglophones l'appellent
Rhinocéros à bouche carrée. Le nom de Rhinocéros
blanc, qui provient d'une méprise, n'est pas exact, car sa couleur
est d'un gris ardoisé qui diffère fort peu de celle de l'espèce
ordinaire (Diceros bicornis). C'est le plus grand de tous les Rhinocéros
actuels. La conformation de son crâne et de sa mâchoire
inférieure, qui a pour conséquence la brièveté
et la forme carrée du museau, le distingue de toutes les autres
espèces. La forme de la bouche est en rapport avec le régime
: il se nourrit exclusivement d'herbages
qu'il broute à la façon du Cheval et, par suite, il habite
les plaines découvertes et les vallées herbeuses parsemées
de buissons. Sa placidité et ces
habitudes ont singulièrement facilité sa quasi-extinction
en l'exposant plus que l'autre espèce africaine aux poursuites des
chasseurs avides de se procurer ses dépouilles. Sa corne
antérieure atteint parfois près de 4 m de long. Cette espèce
habite l'Afrique
centrale, depuis le Bahr-el-Abiad jusqu'au Machona, au Sud du Zambèze;
plus anciennement encore, elle s'étendait jusqu'à l'Afrique
du Sud et au Mozambique.
Rhinocéros Noir (Diceros bicornis). Le Rhinocéros noir ou Rhinocéros bicorne (Diceros bicornis) est l'espèce que l'on rencontre le plus couramment en Afrique à l'époque actuelle, bien qu'il ait lui aussi fort diminué, comme le précédent, en raison de la chasse acharnée qu'on lui a faite. Sa lèvre supérieure est pointue et préhensile, et la forme de son crâne et de sa mâchoire inférieure, à symphyse étroite et comprimée, le sépare de l'espèce précédente. Ses molaires ressemblent à celles du Rhinocéros de Java (Rhinoceros sondaicus); l'oreille est arrondie et frangée de poils assez courts, et les narines sont arrondies, deux caractères qui le distinguent du Rhinocéros blanc (Ceratotherium simus). Le mâle adulte a 1,66 m au garrot et 3,40 m de long; la femelle est un peu plus grande. La longueur des cornes est très variable : dans la variété que l'on a décrite comme espèce distincte sous le nom de keitloa, elles sont aussi longues l'une que l'autre, mais ordinairement la postérieure est beaucoup plus courte et dépasse rarement 25 à 45 centimètres, tandis que la corne nasale, ou antérieure, peut atteindre 75 centimètres. Elles sont généralement usées chez les vieux individus et plus courtes chez les femelles. Cette espèce habite toute l'Afrique orientale, centrale et méridionale, de l'Ethiopie au Limpopo et à l'Angola, mais ne se trouve ni au Sénégal ni au Congo, car elle ne dépasse pas au Nord la rive méridionale du grand fleuve de ce nom. Le Rhinocéros bicorne se plaît
dans les taillis obscurs, épais et impénétrables où
il passe la journée pendant la saison sèche; mais lorsque
l'herbe est haute, il n'est pas rare de le
rencontrer en plaine, à l'ombre des grands arbres.
A la tombée de la nuit, il se met en quête de nourriture qui
consiste en racines, en cactées et autres
plantes
qu'il déterre avec sa corne et saisit avec sa lèvre
supérieure : il mange peu d'herbe. Vers dix heures du soir, ou le
matin avant le jour, on le trouve près des abreuvoirs. Après
avoir bu, il aime à se vautrer dans la vase et à se couvrir
de boue. Il trotte et galope avec une vitesse extraordinaire, mais son
allure habituelle est un pas lent, la tête
toujours baissée. Il est grand marcheur, mais tourne toujours dans
le même cercle : quand il a choisi un territoire, il n'en sort guère;
mais il a deux ou trois endroits favoris, souvent fort éloignés
l'un de l'autre, où il va se reposer le matin, après avoir
fait quelquefois 20 kilomètres dans sa nuit en marches et contremarches.
Comme il est très méfiant et que son odorat est très
fin, la présence d'Humains dans son voisinage suffit pour lui faire
changer totalement ses habitudes. (E. Foa).
Un Rhinocéros, au Kenya. Source : The World Factbook. |
. |
|
|
|||||||||||||||||||||||||||||||
|