| Genre (philosophie), genus, le premier des cinq universaux de l'École; idée collective qui s'étend à d'autres idées encore universelles. Telle est la substance par rapport au corps et à l'esprit, l'animal par rapport à l'humain et aux autres espèces, le quadrilatère par rapport au parallélogramme et au trapèze. En soi le genre est la collection des espèces qui se ressemblent plus entre elles qu'elles ne ressemblent à quelque espèce que ce soit d'un autre genre. Ainsi, dans le genre animal, les espèces les moins semblables entre elles, les mammifères et les mollusques, se ressemblent plus entre elles qu'elles ne ressemblent l'une ou l'autre à quelque espèce que ce soit d'un autre genre, par exemple à une espèce végétale. La notion des genres, à ses différents degrés, joue un grand rôle dans toutes les sciences, les rapports et les vérités dont on s'efforce d'acquérir la connaissance étant des vérités et des rapports généraux. (B-E.). | |
| Genre (histoire naturelle). - On appelle ainsi un groupe d'espèces zoologiques, botaniques ou minérales, analogues entre elles et qui se peuvent réunir par des caractères communs. On peut voir à l'article Espèce, ce qui a été dit à ce sujet; et on comprendra d'après cela que ce mot visant à se rapprocher au plus près d'individualités, il était indispensable pour se reconnaître et mettre de l'ordre au milieu de cette quantité prodigieuse d'êtres divers, de les classer, de les grouper dans des coupes de plus en plus nombreuses, pour arriver successivement à la généralité des êtres. Cependant souvenons-nous bien que tout ceci n'est qu'une abstraction, un moyen de classification propre à aider notre mémoire et à rendre plus facile l'étude des faits particuliers, en un mot ce n'est que de la méthode; en effet si l'on examine ce que c'est qu'un genre, on s'aperçoit bientôt qu'il n'est tout à fait vrai qu'au centre, au milieu du groupe; à mesure que l'on s'éloigne de ce medium, les caractères s'effacent de plus en plus et cependant on ne passe pas encore à des formes nouvelles, on ne fait que s'en approcher, sans y arriver. Toutefois le genre est le groupe le plus important dans toutes les classifications, c'est son nom qui sert à désigner le groupe dans lequel se rencontrent les espèces; ainsi lorsqu'en zoologie on dit qu'un animal se nomme Elephas indicus (Éléphant des Indes), cela signifie qu'il appartient au genre Elephas, espèce indicus; de même en botanique le nom Tilia argentea (Tilleul argenté), indique qu'il est du genre Tilia, espèce argentea. Tournefort est le premier qui ait établi le genre sur des bases rationnelles chez les plantes; Linné vint ensuite et mit le cachet de son génie sur cette grande innovation, en coordonnant tous les êtres de la nature dans son Systema naturae; après ces grands naturalistes, Lamarck et Cuvier d'une part, L. de Jussieu de l'autre agrandirent la voie de leurs devanciers en perfectionnant l'oeuvre si bien élaborée. Voici comment le genre est caractérisé par quelques-uns de ces savants ; « On donne le nom de genre, dit Lamarck, à des réunions de races dites espèces rapprochées d'après la considération de leurs rapports, et constituant autant de petites séries limitées par des caractères que l'on choisit arbitrairement pourr les circonscrire. » Linné, de son côté, soutient que les espèces d'animaux et de plantes sont naturels et que les genres pareillement sont naturels et ont été créés tels qu'ils nous paraissent, de manière qu'il ne, peut être permis de les diviser, de les séparer à volonté; aussi n'établit-il pas ses genres sur de petits caractères imperceptibles. mesquins; mais sur des caractères généraux profonds, évidents, qui indiquent dans un même groupe une idée génératrice, c'est-à-dire des êtres d'une structure particulière, tout différents des types voisins; en un mot des types de forme. Écoutons maintenant ce que dit Cuvier : « Presque aucun être n'a de caractère simple, ou ne peut être reconnu par un seul des traits de sa conformation; il faut presque toujours la réunion de plusieurs de ces traits pour distinguer un être des êtres voisins qui en ont bien aussi quelques-uns, mais qui ne les ont pas tous, ou les ont combinés avec d'autres qui manquent au premier être; et plus les êtres que l'on' a à distinguer sont nombreux, plus il faut accumuler de traits, pour distinguer de tous les autres, un être pris isolément, il faut faire entrer dans son caractère sa description complète. C'est pour éviter cet inconvénient que les divisions et les subdivisions ont été inventées. L'on compare ensemble seulement un certain nombre d'êtres voisins, et leurs caractères n'ont besoin que d'exprimer leurs différences, qui par la supposition même, ne sont que la moindre partie de leur conformation. Une telle réunion s'appelle un Genre. » (Cuvier, Règne animal, introduction.) L. de Jussieu, lui aussi, conserva aux groupes généraux leur valeur; aussi son Genera plantarum est un modèle à cet égard. |