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Portugal
Republica Portuguesa

39 30 N, 8 00 W
Le Portugal est un Etat situé à l'angle Sud-Ouest de la Péninsule ibérique et de l'Europe entière, limité à l'Ouest et au Sud par l'océan Atlantique, à l'Est et au Nord par l'Espagne. Les points extrêmes sont, au Nord, un coude du Minho, à l'Est; un coude du Douro, près de Miranda; au Sud, le cap de Santa-Maria, dans un îlot sablonneux; à l'Ouest, le cap de Roca ou de Lisbonne, à l'entrée de l'estuaire du Tage. Dans son ensemble, le Portugal a la forme d'un parallélogramme allongé du Nord au Sud; dans ce sens, la plus grande longueur est de 558 km; la plus grande largeur d'Est en Ouest n'est que de 220 km. 
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Carte du Portugal.
Carte du Portugal. Source : The World Factbook.
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La superficie du Portugal est de 92,391 km², en comptant celle des deux archipels de Madère et des Açores, où se trouve le point culminant du pays, le Ponta do Pico (2351 m), sur l'Ihla do Pico (3203 km²). L'origine du nom de Portugal est le port de Calé (Portus Caleae), situé en face de Porto et aujourd'hui dénommé Villanova de Gaia.. C'est une république peuplée de 10,2  millions d'habitants (2024) et divisée en 18 districts et deux régions autonomes (Les Açores et Madère). La capitale du Portugal est Lisbonne (Lisboa). Autres grandes villes : Porto (Oporto), Evora, Setubal, Almada, Braga, Coimbra.

Les18 districts du Portugal

Aveiro
Beja
Braga
Braganca
Castelo Branco
Coimbra
Evora
Faro
Guarda
Leiria
Lisboa (Lisbonne)
Portalegre
Porto
Santarem
Setubal
Viana do Castelo
Vila Real
Viseu

Le périmètre total dépasse 3000 km, dont 1793 de côtes. La frontière hispano-portugaise est formée au Nord, à partir de l'Océan, par le Minho, pendant 90 km, puis par une ligne artificielle tirée vers l'Est, à travers les hautes vallées du Tamega, du Tua, du Sabor, du Maçaes, jusqu'au Douro. Elle tourne alors vers le Sud descendant le cours du Douro, dont la rive gauche reste à l'Espagne jusqu'au confluent de l'Agueda. La frontière est ensuite tracée le long de cet affluent et de la vallée du Toroes, franchit la sierra de Gata, suit l'Erjes (Elja), affluent du Tage, puis ce fleuve, durant une cinquantaine de kilomètres, et un affluent de gauche, le Sever; de là, une ligne conventionnelle jusqu'au Guadiana, en aval de Badajoz; ce fleuve sépare l'Espagne du Portugal sur 60 km, puis le Portugal possède ses deux rives; sa frontière conventionnelle englobe le val inférieur de l'Ardila et va joindre le Chanza qu'elle descend jusqu'au Guadiana pour suivre, cette fois, le fleuve jusqu'à la mer.

Géographie physique du Portugal

Côtes.
Les côtes sont généralement assez basses, le plateau ibérique s'abaissant par terrasses vers l'Océan. Entre le Minho et le Douro les montagnes en approchent encore; nous n'avons pourtant à signaler que les estuaires des fleuves côtiers : du Minho avec l'îlot d'Insua et le port de Caminha; du Limia avec le port de Vianna do Castello; du Neiva, du Cavado (port d'Espozende); l'anse de Pavoa de Varzim; l'estuaire de l'Ave (port de Villa do Conde); enfin, l'estuaire du Douro avec ses ports de Porto et Villanova de Gaia, et en avant la plage de São João da Foz. 

Au Sud du Douro s'allonge, pendant près de 200 km, une plage sablonneuse, frangée de dunes, derrière lesquelles se sont formées des lagunes; la principale est le vaste étang d'Aveiro débouchant par le rio d'Aveiro. De hauteur presque égale à celle des dunes de Gascogne, celles-ci sont boisées de pins et de chênes-lièges; dès le XIVe siècle, on y sema des pins pour les fixer. Le cap Mondego (253 m) s'intercale dans cette côte sablonneuse qui reprend ensuite son aspect jusqu'à la Concha de São Martinho où les contreforts de la serra do Estrella viennent accidenter le rivage. 

Au Sud de la lagune d'Obidos, il devient rocheux; la presqu'île de Peniche, terminée par le cap Carvoeiro, se prolonge dans la mer par les îlots granitiques de Berlenga et les écueils des Farilhões. La côte, bombée vers l'Ouest, s'escarpe et prend un aspect redoutable, surtout aux abords des monts de Cintra et du cap Roca qui signale l'approche du Foz, la bouche que le Tage s'est creusée entre ces collines, derrière lesquelles il s'étale dans la « mer de paille », l'admirable rade de Lisbonne. La baie du Tage est limitée au Sud par le cap Espichel, extrémité de la serra do Arabida. Elle tourne alors vers l'Est, longeant la baie de la serra; c'est la baie de Setubal avec son port de Cozimbra, et au fond celui de Setubal, au débouché de la lagune du Sado, estuaire isolé de la mer par une flèche sablonneuse. La côte s'incurve vers le Sud, basse et bordée de petits étangs. Notons la pointe da Pesqueira, le cap et la baie de Sines avec les îlots Percebeiras, l'îlot de Pessegueiro, l'estuaire du Mira, le cap Sardão, l'îlot Arrifana. 

Aux abords de l'Algarve, la côte se relève, et quand on a doublé le cap Saint-Vincent, la baie méridionale du Portugal est d'abord assez haute : pointe et havre de Sagres, pointe de Piedade et baie de Lagos; cap Carvoeiro; puis de nouvelles lagunes, celle de Peira et un long cordon littoral (50 km), découpé en quatre îles basses, abritant les rades peu profondes de Faro, Olhão, Tavira.

Relief du sol.
Le Portugal est un pays montagneux qui occupe les terrasses occidentales du plateau ibérique s'abaissant vers la nier et profondément entaillées par les vallées du Douro et du Tage. Ces vallées divisent le pays en trois régions d'inégale étendue : celle du Nord entre Minho et Douro, constitue la terminaison méridionale des monts de Galice; celle du centre ou du Beira, entre Douro et Tage, se rattache au plateau castillan; celle du Sud ou de l'Alemtejo est beaucoup moins montueuse, c'est un plateau ondulé, aride, semé de petits massifs et se terminant au Sud par la petite chaîne côtière de l'Algarve. D'une manière générale, l'aspect est très accidenté; si les montagnes sont moins élevées qu'en Espagne, les plaines sont aussi plus basses.

La zone septentrionale, comprenant les anciennes provinces de Tras os Montes et de Minho (ou Entre Douro et Minho), se rattache, avons-nous dit, aux monts de Galice et par là au système des Monts Cantabriques et des Pyrénées. Les plus hautes cimes se trouvent près de la frontière sur la ligne de partage des eaux entre le Minho et le Douro : le pic de Laronco (1580 m), la Raya Seca, la serra do Gerez (1468 m et 1348 au Portella de Homem); cette serra granitique d'aspect tourmenté est très pittoresque; son contrefort, au Nord de Braga, mesure 743 m. La vallée du Limia sépare cet alignement de celui, plus septentrional, du Penagache (1239 m), du Gaviarra, dit aussi Outeiro Major (1441 m), du Peneda (1381 m), dont le mont le plus voisin de l'Océan est le Santa Luzia (553 m). Au Sud de la serra do Gerez, et au delà du ravin du Cavado s'élève la serra Cabreira (1279 m). A l'Est de celle-ci et de la vallée du Tamega, les massifs confus du Tras os Montes, séparés par de profondes vallées d'érosion, renferment les serras Padrella (1151 m), de Villarelho (1118 m) et dominant le Douro, la serra do Marão (1412 m); puis à l'Est du Tua les serras de Nogueira (1320 m), de Bornès (1202 m); entre le Sabor et le fleuve, les hauteurs s'abaissent à 1008 m dans les Cimas de Mogadouro et 897 dans la serra do Roberedo.

La région centrale ou du Beira a pour arête médiane le prolongement de la sierra de Gata; c'est la serra de las Mezas (1200 m), qui relie celle-ci au principal massif portugais, celui de la serra do Estrella (1993 m), vêtue de neige pendant quatre mois par an. La croupe granitique, allongée du Nord-Est au Sud-Ouest entre le Mondego et Zézéré, est onduleuse, semée de petits lacs; abrupte au Sud-Est, elle s'abaisse doucement sur le versant Nord-Ouest. Coupée par les gorges du rio Ceira, elle se prolonge par la serra de Louza (1202 m), au delà de laquelle on ne trouve plus guère que des collines, Sico (549 m), serra do Aire (677 m), Junto (666 m), jusqu'aux superbes monts de Cintra (488 m) et au cap da Roca (142 m), qui forme l'extrémité de cette terrasse longée au Sud-Est par le Tage. Au Nord de ce massif principal, séparé de lui par le Mondego, on trouve les serras do Marofa (866 m), da Lapa; au bord du Douro et en face du Marâo, le Montemuro atteint 1389 m. Dominant la plaine du Beira maritime, nous rencontrons les serras Gralheira (1122 m), da Caramullo (1070 m) et la célèbre forêt de Bussaco (547m) au Nord de Coïmbra.

Au Sud-Est du massif d'Estrella, par delà le val du Zézéré, s'allongent les croupes de Guardunha (1224 m.) et de Moradal (1081 m) dominant la plaine de Basse-Beira qui descend vers le Tage.

La région du Sud du Tage ou de l'Alemtejo est d'aspect bien différent des autres : pays triste, monotone, faiblement accidenté; sur ces longues ondulations, les vallées peu profondes ne tranchent guère; de médiocres collines, de vastes étendues de brousse et de landes (charnecas), prolongent les jarales de la sierra Morena; la végétation dominante est celle des bruyères arborescentes, des ébènes verts presque rampants, des myrtes, romarins, cistes. La population est très clairsemée; elle n'augmente qu'au voisinage du littoral dans l'Estrémadure. 

Les principales hauteurs sont la granitique serra de São Mamede sur la frontière (1025 m), prolongée par la serra de Portalegre; au Sud, la serra d'Ossa ne monte plus qu'à 649 m; le Monfusado, à l'Ouest d'Evora, n'atteint que 420 m; au Sud de la ville la serra Mendro, haute de 406 m, domine de peu le plateau du Campa di Beja (250 m), continué par celui du Campo de Ourique (220 m), célèbre dans l'histoire de l'indépendance portugaise. Vers la mer, de petites collines forment une sorte de remblai côtier ce sont, du Nord au Sud, les hauteurs jurassiques de la serra do Arrabida (499 m), dans la presqu'île comprise entre l'estuaire du Tage et la baie de Setubal; puis la serra Grandola (236 m), le monte Corral (377 m), raccordé avec la serra de Caldeiras (388 m), qui clôt, an Sud-Ouest le champ d'Ourique. Sur la rive orientale du Guadiana sont de petits massifs qui se rattachent à la région cuprifère de l'Espagne (sierra de Aracena, rio Tinto); citons le Guadelupe (287 m), l'Agha Negra (252 m)

Au Sud, les plateaux de l'Alemtejo sont, nous l'avons dit, les monts de l'Algarve. C'est la terminaison occidentale de la sierra Morena, rempart méridional du haut plateau ibérique; mais c'est aussi une chaîne à demi africaine, creusée de belles ravines, vêtue de vignes, de jardins, d'une opulente végétation, qui regarde l'Océan et le midi. Les monts d'AIgarve commencent au bord du Guadiana par les Cumeadas Pereirão, Fonpana, l'Alcaria do Cume (523 m); le Sao Miguel ou Figo (415 m); ils s'élèvent en allant vers l'Ouest dans la serra do Malhão (575 m), et atteignent 903 m dans la serra do Monchique; au Sud-Ouest de celle-ci, l'« Echine du chien », Espinhaco de Cão (253 m), va former le cap Saint-Vincent (São Vicente) ou de Sagres, borne extrême du continent.

Régime des eaux.
Le Portugal est assez bien arrosé parce qu'il possède le cours inférieur de quatre fleuves espagnols; mais la pente est trop irrégulière pour permettre une navigation fluviale considérable, Entre ces bassns principaux s'intercalent de petits fleuves cotiers qui se partagent les deux cinquièmes de la superficie totale du pays.

Le Minho ne draine que 872 km², du Portugal, auquel il n'appartient que par sa rive gauche (méridionale) et durant 90 km seulement; il y arrose Moncão (en face de Salvatierra), Valença (en face de Tuy), Villanova da Cerveira, et a 250 m de large quand il entre en mer.

Le Lima ou Limia venu d'Espagne a 75 km sur 150 au Portugal où il recueille les eaux de 1000 km². 

Le Neiva n'a que 35 km. Le Canado (135 km, bassin de 1600 km²) dont les eaux sont très pures, passe au Nord de Braga; il vient, comme son affluent droit le Homem, de la Raya Seca. 

L'Ave (80 km, bassin de 1350 km²), descendu de la serra do Cabreira, passe entre les cités historiques de Braga et Guimarães; la première est traversée par le Deste, son affluent de droite; à gauche, il se grossit du Vizela.

Le Douro parcourt au Portugal 335 km dont 145 communs avec l'Espagne; il y recueille les eaux de 18.750 km², il est théoriquement navigable sur 228 km. Dans la partie de son cours, où il sert de frontière, la rive gauche demeurant espagnole, il coule dans des gorges très étroites et pittoresques; près du confluent du Tormes, on peut le franchir en deux bonds, à l'aide d'un rocher de son lit; la seule ville à citer de ce côté est Miranda do Douro. En aval du confluent de l'Agueda (g.), le Douro est tout portugais, il ne coule plus vers le Sud-Ouest, mais vers l'Ouest, recevant à droite le Sabor qui passe près de Bragance, le Tua, le Corgo qui passe à Villareal, le Tamega, venu d'Espagne, qui passe à Chaves, le Souza qui passe à Penafiel; à gauche, le Coa qui passe près d'Almeida, le Tavora, le Païva. Entre le Tua et le Tamega, les collines riveraines du fleuve forment le « pays du vin » qui, par Porto, s'exporte dans le monde entier. Hors ce grand port, le Douro ne baigne pas de ville importante en Portugal.

Le Vouga (143 km, dont 30 navigables; bassin de 3750 km²) aboutit à l'étang d'Aveiro. 

Le Mondego (225 km, bassin de 6200 km²), rivière nationale des Portugais, sort de la serra da Estrella et coule parallèlement à son axe, d'abord vers le Nord-Est, puis vers le Sud-Ouest, il passe près de Guarda, de Celorico, à Coimbra, finit en face de Figueira. Il reçoit à gauche le Dao.

Le Liz (60 km) arrose Leiria.

Le Tage (Tejo) parcourt en Portugal 325 km, dont 50 communs avec l'Espagne, la rive droite seule étant portugaise; il recueille les eaux de 24.500 km² . Navigable pour les vaisseaux jusqu'à Santarem, il l'est pour des barques jusqu'au défilé des Portas de Rodao, près de Villa Velha, quand il est devenu tout à fait portugais; il baigne ensuite Abrantès, tourne vers le Sud-Ouest, passe à Santarem, se divise en plusieurs bras qui forment en dernier lieu l'île de Lezirias, contiguë au golfe intérieur de la mer de Paille, vaste de 252 km², long de 30 km, large de 5 à 12, à l'extrémité duquel est Lisbonne campée au point où l'estuaire se rétrécit. Les tributaires lusitaniens du Tage sont : à droite, le Ponsul, le Zézéré (218 km) parallèle au Mondego, de l'autre côté de l'Estrella; à gauche, Ie Zatas ou Sovraca (175 à180 km), formé de l'union des rivières de Sor et de Seda, celle-ci venue de Portalegre.

Le Sado (150 km, bassin de 8000 km²), venu du Campo de Ourique, finit dans la lagune de Setubal (167km²), vaste saline. 

Le Mira (100 km, bassin de 1650 km²), qui recueille les eaux du versant Nord des monts de l'Algarve, arrose Odemira et y devient navigable sur ses 20 derniers km.

Des torrents de l'Algarve on peut mentionner les rios d'Odelouca et de Silves qui, à leur embouchure, forment le petit havre de Villanova de Portimao.

Le Guadiana est portugais pour 235 km, dont 97 partagés avec L'Espagne; il recueille les eaux de 11000 km² du Portugal; il y entre en aval de Badajoz, non loin d'Elvas, traîne ses eaux peu abondantes entre des rives presque désertes, franchit les gorges du Pulo de Lobo (Saut du Loup), baigne Mertola où remontent les barques, Pomarao qu'atteignent les navires, Alcontini (en face de Sanlucar), Castro Marim et Villareal de Sao Antonio (en face d'Ayamonte) où il se jette dans l'océan Atlantique.

Climat.
Le climat du Portugal est méditerranéen, tempéré, mais l'Atlantique le refroidit et le rend plus humide. D'une manière générale, il fait donc moins chaud que sur la Méditerranée à latitude égale. La moyenne annuelle est de + 10,9 °C à Guarda (alt. 1039 m); + 15,65 °C à Porto et à Lisbonne; +15,22 °C à Coïmbra; +16,28 °C à Campomajor (Alemtejo); +17,45 °C à Lagos. En juillet, la température moyenne ne dépasse guère +21 °C à l'ombre. Il faut d'ailleurs distinguer le littoral dont la température est fort égale, de l'intérieur où elle est sujette à de brusques variations et dont les conditions se rapprochent de celles du plateau espagnol. Il pleut surtout en hiver, par vent d'Ouest; la chute d'eau moyenne annuelle est de 1430 mm à Porto, 890 à Coimbra, 750 à Lisbonne, 585 à Lagos. En été, les pluies sont rares, surtout dans le Sud. Les orages ne se produisent guère qu'aux équinoxes et parfois en hiver. Le vent régulier est la brise (roteiro) qui souffle de l'Est au matin, du Sud à midi, du Nord-Ouest dans la soirée. Les grands vents d'Ouest amènent les nuages, ceux d'Est sont secs et désagréables. (A-M. B.).

Biogéographie du Portugal

Le territoire continental portugais se répartit entre deux grandes régions biogéographiques européennes : la région atlantique au nord et sur la façade ouest, et la région méditerranéenne au sud et à l'intérieur des terres. Le nord du Portugal, soumis à un climat atlantique humide, est dominé par des forêts de feuillus, principalement composées de chênes pédonculés (Quercus robur), châtaigniers (Castanea sativa) et hêtres. Ces forêts, notamment dans les régions montagneuses comme le Gerês ou la Serra do Marão, abritent une biodiversité végétale importante, notamment des espèces relictuelles de l'ère tertiaire.

Vers le sud, le climat devient progressivement plus sec et plus chaud. Dans les régions du Centre et de l'Alentejo, les écosystèmes méditerranéens dominent, caractérisés par des maquis et des garrigues, avec une prédominance de chênes verts (Quercus ilex) et de chênes-lièges (Quercus suber). Ce dernier, très présent dans la région de l'Alentejo, est essentiel à l'économie locale via la production de liège. La dégradation des forêts a donné lieu à des paysages de type montado, un agrosystème semi-naturel où les arbres sont espacés et les sous-bois pâturés.

L'Algarve, au sud, est la région la plus typiquement méditerranéenne, tant par son climat que par sa végétation. On y observe des arbustes xérophiles, des oliviers, des caroubiers et des amandiers. Les zones littorales présentent des dunes, des lagunes et des marais salés qui servent de refuge à une avifaune migratrice abondante, notamment dans les réserves naturelles comme la Ria Formosa. Les zones humides de cette région jouent un rôle clé dans les migrations paléarctiques, en servant constituant de haltes vitales pour de nombreuses espèces d'oiseaux aquatiques.

La faune portugaise est influencée par cette diversité de milieux. Le nord accueille des espèces tempérées telles que le cerf élaphe (Cervus elaphus), le sanglier (Sus scrofa), et des rapaces comme l'aigle botté (Hieraaetus pennatus). Dans les zones plus méridionales, on observe une transition vers des espèces méditerranéennes, dont le lynx ibérique (Lynx pardinus), l'un des félins les plus menacés du monde, réintroduit avec succès dans le sud du pays. Le Portugal est également un sanctuaire pour des espèces rares de chauves-souris, de reptiles et d'amphibiens endémiques.

Les milieux aquatiques, notamment les fleuves comme le Tage, le Douro et le Guadiana, structurent également la biogéographie du Portugal. Ils servent de corridors écologiques entre les différentes régions et abritent des espèces piscicoles comme le barbeau ibérique (Luciobarbus bocagei) et l'anguille européenne (Anguilla anguilla). Les estuaires, comme celui du Sado, sont des habitats essentiels pour les dauphins résidents, notamment le grand dauphin (Tursiops truncatus).

Outre le continent, les archipels portugais des Açores et de Madère ajoutent une dimension insulaire exceptionnelle à la biogéographie du pays. Les Açores, d'origine volcanique, possèdent une flore laurifère relictuelle unique au monde, avec des endémiques tels que Laurus azorica et Juniperus brevifolia. Madère, plus proche de l'Afrique, héberge la plus grande forêt de lauriers d'Europe, classée au patrimoine mondial de l'Unesco. Ces forêts primaires, ou laurisilvas, sont des réservoirs de biodiversité ancienne, vestiges d'écosystèmes subtropicaux aujourd'hui rares en Europe.

La déforestation historique, l'agriculture extensive, la monoculture d'eucalyptus ou de pins maritimes, et l'urbanisation ont transformé de vastes étendues naturelles. Toutefois, le pays a développé depuis les années 1990 un important réseau de zones protégées, comprenant des parcs nationaux, comme celui de Peneda-Gerês, et des zones Natura 2000. Ces efforts visent à restaurer les habitats dégradés et à favoriser la connectivité écologique à l'échelle du territoire.
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Portugal : Cascais.
Une place de Cascais, à une trentaine de km à l'Ouest de Lisbonne. Source : The World Factbook.

Géographie humaine du Portugal

Population.
Le Portugal, avec une population estimée à environ 10,2 millions d'habitants en 2024, se caractérise par une dynamique démographique marquée par le vieillissement, la faible natalité et une émigration historique significative. Ces tendances ont profondément influencé la structure sociale, les politiques publiques et les comportements culturels dans l'ensemble du pays.

Depuis les années 1980, la fécondité au Portugal est parmi les plus basses d'Europe (autour de 1,4 enfant par femme), bien en dessous du seuil de remplacement des générations. Cette situation résulte de plusieurs facteurs sociétaux : l'entrée massive des femmes sur le marché du travail, la précarité de l'emploi chez les jeunes, les difficultés d'accès au logement et les transformations des valeurs familiales. En conséquence, le pays enregistre un vieillissement rapide de sa population. Actuellement, environ 23 % des Portugais ont plus de 65 ans, alors que les moins de 15 ans représentent à peine 13 %, ce qui provoque un déséquilibre croissant dans le rapport intergénérationnel.

La mortalité, bien que relativement basse, est en augmentation lente en raison du vieillissement, tandis que l'espérance de vie reste élevée : 81 ans en moyenne, avec un écart de genre significatif — 78 ans pour les hommes et 84 ans pour les femmes. Cette longévité s'accompagne cependant de problématiques de santé publique liées à la dépendance, notamment dans les zones rurales où les infrastructures médicales sont moins accessibles.

Le Portugal connaît également une forte disparité spatiale de sa population. Plus de 65 % des habitants résident dans les zones côtières, principalement autour des grandes aires métropolitaines de Lisbonne et Porto. L'intérieur du pays, notamment les régions du Centre et de l'Alentejo, est confronté à une dépopulation chronique. Les jeunes y quittent les villages pour poursuivre leurs études ou chercher un emploi dans les centres urbains ou à l'étranger, laissant derrière eux des territoires en déclin démographique.

L'émigration a longtemps été un trait sociologique marquant du Portugal. Dès le XIXe siècle, les vagues migratoires ont conduit des millions de Portugais vers la France, le Luxembourg, la Suisse, le Brésil, et plus récemment, vers le Royaume-Uni et l'Allemagne. Cette diaspora, estimée à plus de 5 millions de personnes, joue un rôle important dans le tissu social portugais, notamment à travers les envois de fonds et les influences culturelles transnationales. Depuis les années 2000, le pays a aussi vu apparaître une émigration qualifiée, avec des ingénieurs, médecins et chercheurs s'installant à l'étranger, exacerbant la fuite des cerveaux.

Inversement, le Portugal est aussi devenu un pays d'immigration. Dès les années 1990, il a accueilli une main-d'oeuvre étrangère issue du Brésil, d'Ukraine, du Cap-Vert, d'Angola, et plus récemment du Népal et de l'Inde. Les immigrés représentent aujourd'hui plus de 7 % de la population totale, avec une forte concentration dans les secteurs du bâtiment, des services domestiques et de la restauration. Lisbonne et ses environs concentrent une grande partie de cette population, qui fait face à des défis d'intégration, notamment en matière de logement, de régularisation administrative et d'accès à l'éducation.

La structure sociale portugaise reste marquée par une classe moyenne importante mais fragilisée par les crises économiques successives. Le taux de pauvreté relative est d'environ 17 %, affectant particulièrement les personnes âgées, les familles monoparentales et les travailleurs précaires. L'économie informelle demeure présente, notamment dans l'agriculture, les petits commerces et les services. L'éducation a connu une nette amélioration depuis les années 1990, avec une généralisation de l'enseignement secondaire et une expansion rapide des universités publiques et privées. Toutefois, des disparités régionales subsistent en termes d'accès à l'enseignement supérieur et de réussite scolaire.

Sur le plan socioculturel, le Portugal a connu une transition rapide d'un pays conservateur et catholique vers une société plus libérale. Depuis les années 2000, plusieurs avancées législatives ont été adoptées : légalisation du mariage homosexuel (2010), reconnaissance de l'adoption par les couples de même sexe (2016), dépénalisation de l'avortement (2007), et plus récemment, légalisation de l'euthanasie dans des conditions strictes (2023). Ces réformes, bien qu'ayant suscité des débats, ont renforcé le caractère progressiste de la société portugaise sur les questions éthiques.

La sociologie urbaine révèle des dynamiques de gentrification dans les centres historiques de Lisbonne et Porto, provoquées par le développement du tourisme, les plateformes de location de courte durée et les investissements étrangers dans l'immobilier. Cela a entraîné une hausse des loyers et un déplacement des populations locales vers les périphéries, ce qui a renforcé les inégalités d'accès au logement.

Ajoutons que, même si le modèle patriarcal traditionnel a reculé, la famille reste un pilier essentiel du tissu social, jouant un rôle central dans le soutien aux personnes âgées, la garde des enfants et la transmission culturelle. Le bénévolat, l'engagement religieux et les fêtes locales continuent d'occuper une place importante, en particulier dans les zones rurales.

Quelques-unes des principales villes du Portugal

Lisbonne, capitale du Portugal et coeur politique, économique et culturel du pays, s'étend le long de l'estuaire du Tage, sur la façade atlantique. Elle abrite plus de 500 000 habitants intra-muros, mais son aire métropolitaine dépasse les 2,8 millions, soit près d'un quart de la population nationale. Ville millénaire, elle combine un riche patrimoine historique avec une modernité affirmée. Le quartier de Belém, avec ses monuments emblématiques comme la tour de Belém ou le monastère des Hiéronymites, rappelle l'âge d'or des Grandes Découvertes. Aujourd'hui, Lisbonne se distingue aussi par son dynamisme économique, particulièrement dans les secteurs du tourisme, de la finance, des technologies et des startups. La ville accueille de nombreux événements internationaux, comme le Web Summit, et développe des projets d'innovation urbaine. Elle est confrontée à des défis tels que la gentrification, la pression immobilière et la gestion du tourisme de masse.

Porto, deuxième ville du pays, se situe sur la rive droite du fleuve Douro, au nord-ouest du Portugal. Réputée pour son vin éponyme et son centre historique classé au patrimoine mondial de l'Unesco, Porto conjugue tradition et renouveau. Sa vieille ville, dominée par la cathédrale, la librairie Lello ou la gare de São Bento, est un témoignage vivant de l'histoire urbaine portugaise. Ces dernières décennies, la ville a connu un essor économique, notamment grâce au tourisme, à la réhabilitation urbaine et à l'essor de son aéroport international. Porto est également un pôle universitaire majeur, avec l'Université de Porto qui attire étudiants et chercheurs. Sur le plan industriel, la région métropolitaine joue un rôle clé dans les secteurs de la construction navale, de la transformation alimentaire et du textile.

Coimbra, au centre du pays, est considérée comme la ville universitaire par excellence. Elle abrite l'une des plus anciennes universités d'Europe, fondée en 1290, dont la bibliothèque Joanina est un joyau du baroque. Cette identité académique façonne profondément la ville, marquée par la présence étudiante et les traditions comme la praxe académica et la Queima das Fitas. Bien que sa population soit modeste, autour de 140 000 habitants, Coimbra rayonne au niveau culturel et scientifique. Elle joue également un rôle important dans les domaines de la santé, avec le Centre hospitalier et universitaire de Coimbra, l'un des plus grands du pays.

Braga, située dans le nord, est l'une des plus anciennes villes du Portugal. Surnommée la « Rome portugaise » en raison de la densité de ses églises, elle est un centre religieux important. Le sanctuaire de Bom Jesus do Monte, inscrit au patrimoine mondial, attire des pèlerins et des touristes. Par ailleurs, Braga est une ville jeune et innovante, intégrée au réseau des villes intelligentes, et accueille un secteur technologique en plein essor. Elle  

possède aussi une université dynamique, l'Université du Minho, et un tissu économique articulé autour des nouvelles technologies, de l'électronique et de la sous-traitance automobile.

Faro, capitale de l'Algarve, joue un rôle clé dans le sud du pays. Bien qu'ayant une population relativement restreinte (environ 65 000 habitants), elle est le principal centre administratif, universitaire et logistique de la région. Son aéroport international est une porte d'entrée majeure pour les touristes en quête de plages, de golf et de soleil. La vieille ville, entourée de murailles, conserve un patrimoine historique riche, notamment la cathédrale de Faro et l'Arco da Vila. L'environnement naturel, avec la proximité de la lagune de Ria Formosa, en fait un site d'intérêt écologique et touristique majeur.

Évora, dans la région de l'Alentejo, est une ville-musée au riche passé romain, médiéval et renaissance. Son centre historique est classé au patrimoine mondial par l'Unesco. Parmi ses monuments les plus remarquables figurent le temple romain de Diane, la cathédrale gothique, l'université fondée au XVIe siècle et la célèbre chapelle des os. Évora est aussi un centre régional important pour l'éducation, la culture et les services. La ville est au cœur de vastes plaines agricoles, ce qui en fait également un pôle agroalimentaire significatif.

Aveiro, surnommée la « Venise du Portugal », est une ville lagunaire du littoral centre. Son identité est profondément liée à la mer, aux marais salants et à la pêche. Le canal central, bordé de maisons colorées et parcouru par des moliceiros, donne à la ville un charme singulier. Aveiro connaît un développement soutenu, porté par l'Université d'Aveiro, l'industrie chimique et la céramique. Le tourisme, en pleine expansion, s'appuie sur son patrimoine architectural art nouveau, ses plages proches et sa gastronomie.

Setúbal, située au sud de Lisbonne, est un port actif et un centre industriel important. Historiquement liée à la pêche à la sardine et à la conserverie, elle a vu son économie évoluer vers les secteurs de la logistique, de l'automobile (usine Autoeuropa) et du tourisme. La proximité du parc naturel de l'Arrábida et de l'estuaire du Sado, avec sa population de dauphins, attire les visiteurs amateurs de nature. Setúbal possède aussi une scène culturelle animée et un tissu social diversifié.

Guimarães, au nord, est souvent considérée comme le berceau du Portugal, car elle fut la première capitale du comté portucalense. Son centre historique médiéval, classé par l'Unesco, est remarquablement préservé. La ville a su conjuguer patrimoine et développement, notamment grâce à l'industrie textile et à la dynamisation de son offre culturelle après avoir été capitale européenne de la culture en 2012. Elle joue également un rôle croissant dans le secteur technologique.

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Culture.
La culture du Portugal est le fruit d'un riche héritage multicentenaire, façonné par des influences méditerranéennes, atlantiques, chrétiennes, arabes et africaines. Elle se manifeste à travers une identité nationale forte, où cohabitent traditions rurales, patrimoine historique, pratiques religieuses et innovations contemporaines. La langue portugaise, élément fondateur de cette culture, est le cinquième idiome le plus parlé au monde grâce à l'expansion coloniale, reliant le Portugal à un vaste espace lusophone qui englobe le Brésil, l'Angola, le Mozambique et d'autres territoires.

La musique occupe une place centrale dans la vie culturelle portugaise. Le fado, genre emblématique, est reconnu par l'Unesco comme patrimoine culturel immatériel. Il exprime la saudade, une forme de mélancolie poétique typiquement portugaise. Interprété dans des maisons de fado traditionnelles, en particulier à Lisbonne et Coimbra, il associe une voix souvent féminine et une guitare portugaise. À côté du fado, la scène musicale portugaise contemporaine s'est diversifiée avec le rock indépendant, le hip-hop, le jazz, la musique électronique, mais aussi les musiques traditionnelles régionales comme le canto alentejano.

La littérature portugaise est l'une des plus anciennes d'Europe, avec des racines médiévales. Le Lusiades ,  de Luís de Camões, épopée du XVIe siècle consacrée aux Grandes Découvertes, est considéré comme le texte fondateur de la langue littéraire portugaise. Au XXe siècle, le modernisme a été marqué par la figure de Fernando Pessoa, poète majeur dont les hétéronymes expriment une pluralité d'identités. Le Portugal a aussi vu émerger des romanciers de renommée internationale, comme José Saramago, prix Nobel de littérature en 1998, dont les oeuvres allient réalisme magique, critique sociale et engagement politique.

Le patrimoine architectural portugais est riche et varié. Les styles roman et gothique sont présents dans de nombreuses églises et monastères. Le style manuélin, typiquement portugais, s'est développé à la fin du XVe siècle, mêlant motifs maritimes, symboles chrétiens et éléments d'influence mauresque ou orientale, comme on peut l'admirer dans le monastère des Hiéronymites à Lisbonne ou le couvent du Christ à Tomar. Plus tard, le baroque a prospéré dans le nord du pays, notamment à Braga. L'architecture contemporaine n'est pas en reste, avec des figures internationales comme Álvaro Siza Vieira et Eduardo Souto de Moura, tous deux lauréats du prestigieux prix Pritzker.

Les arts plastiques portugais sont représentés par une tradition picturale religieuse durant la période moderne, puis par une ouverture vers les courants européens au XIXe et XXe siècles. Le surréalisme, l'abstraction et l'art conceptuel ont influencé des artistes comme Júlio Pomar ou Paula Rego. Les azulejos, carreaux de faïence décorés, constituent un art décoratif emblématique du Portugal, alliant fonction esthétique et utilitaire, visible dans les palais, églises, gares et façades urbaines.

Le théâtre et le cinéma portugais jouent également un rôle important dans la scène culturelle nationale. Le théâtre reste très actif, avec des institutions comme le Teatro Nacional D. Maria II à Lisbonne ou le Teatro Nacional São João à Porto. Le cinéma portugais, souvent d'auteur, s'est illustré par des réalisateurs comme Manoel de Oliveira, Pedro Costa ou João Pedro Rodrigues, qui abordent des thématiques introspectives, sociales et historiques. Le pays accueille de nombreux festivals culturels, tels que DocLisboa, IndieLisboa ou Fantasporto.

Sur le plan religieux, bien que le catholicisme reste prédominant, notamment dans les rituels familiaux et les fêtes patronales, le Portugal a connu une laïcisation croissante depuis la Révolution des Œillets en 1974. Les pèlerinages comme celui de Fátima conservent néanmoins une dimension collective forte, attirant des millions de fidèles chaque année. Dans les villages, les processions, les romarias, et les fêtes en l'honneur des saints restent vivaces. Elles intégrent musique, danses, gastronomie et artisanat. L'artisanat, notamment la broderie, la poterie et la vannerie, reste une activité culturelle et économique dans de nombreuses régions.

Les fêtes de Saint Antoine à Lisbonne, de São João à Porto ou de São Pedro dans d'autres villes rassemblent les habitants autour de bals, de chants, de grillades et de défilés. Le folklore, les danses régionales et les costumes traditionnels sont maintenus vivants dans les festivals ethnographiques. 

La gastronomie portugaise est fortement influencée par la mer, elle accorde une place centrale au poisson, en particulier à la morue (bacalhau), préparée de nombreuses façons. Les plats typiques varient selon les régions : la francesinha à Porto, la cataplana de fruits de mer en Algarve, ou encore les ragoûts de viande de l'intérieur du pays. Les pâtisseries, comme les pastéis de nata, sont omniprésentes, héritées des traditions monastiques. Le vin, dont le fameux porto et les crus du Douro ou de l'Alentejo, fait partie intégrante du mode de vie portugais.

Economie.
Longtemps rurale et périphérique, l'économie portugaise s'est industrialisée de manière inégale avant de s'ouvrir à la mondialisation. Aujourd'hui, elle repose principalement sur les services, les exportations industrielles, le tourisme et l'investissement étranger, tout en demeurant vulnérable à plusieurs défis structurels.

Le secteur tertiaire domine le tissu économique portugais (près de 75 % du produit intérieur brut). Les services sont largement concentrés dans les métropoles de Lisbonne et Porto, et comprennent la finance, le commerce, les télécommunications, les transports et surtout le tourisme. Ce dernier constitue un pilier essentiel de l'économie nationale, avec plus de 27 millions de visiteurs internationaux enregistrés chaque année. L'Algarve, Lisbonne, Porto, Madère et les Açores figurent parmi les destinations les plus prisées. Cette forte dépendance au tourisme, cependant, expose le pays à des fluctuations conjoncturelles, comme en a témoigné la crise liée à la pandémie de covid-19.

L'industrie portugaise, bien qu'ayant décliné en termes relatifs, conserve une importance stratégique. Le pays s'est spécialisé dans des secteurs de niche à forte valeur ajoutée. L'automobile, notamment avec l'usine Volkswagen Autoeuropa, le secteur aéronautique, l'électronique, le textile technique, les chaussures de luxe et la céramique constituent des points forts de l'économie exportatrice. La filière du liège, dont le Portugal est le premier producteur mondial, continue d'alimenter une industrie innovante dans les domaines de l'isolation, du design et de l'aéronautique. L'agroalimentaire, y compris la viticulture avec les vins du Douro, de l'Alentejo et le fameux vin de Porto, est aussi un moteur d'exportations.

Le secteur agricole, bien que réduit à moins de 3 % du PIB, joue un rôle important dans certaines régions, notamment l'Alentejo, le Ribatejo et le nord montagneux. Les cultures d'oliviers, de vignes, de céréales, de fruits (notamment les agrumes de l'Algarve), ainsi que l'élevage extensif restent essentiels à l'économie rurale. L'introduction de technologies agricoles, l'irrigation moderne et la diversification vers des produits biologiques et exportables ont contribué à revitaliser certaines zones, même si la désertification humaine de l'intérieur du pays reste un défi.

L'économie bleue, portée par l'océan Atlantique, constitue un axe stratégique pour le Portugal. Outre la pêche traditionnelle et l'aquaculture, le pays développe la construction navale spécialisée, les biotechnologies marines et l'exploitation des énergies renouvelables offshore. Lisbonne s'est positionnée comme un centre d'innovation maritime et logistique, avec ses ports modernisés et sa position géographique stratégique entre l'Europe, l'Afrique et les Amériques.

Sur le plan énergétique, le Portugal a opéré une transition notable vers les énergies renouvelables. Environ 60 % de l'électricité provient désormais de sources renouvelables, principalement l'hydroélectricité, l'éolien et le solaire. Le pays a été l'un des pionniers en Europe à viser la neutralité carbone d'ici 2050. Cette stratégie est renforcée par des projets de stockage d'énergie, des interconnexions avec l'Espagne, et des investissements dans l'hydrogène vert.

Le Portugal a également misé sur le numérique et l'innovation comme moteurs de croissance. Des pôles technologiques se sont développés à Lisbonne, Porto et Braga, attirant des startups et des entreprises internationales dans les secteurs du numérique, des services financiers et des sciences de la vie. Le Web Summit, événement technologique d'envergure mondiale, contribue à positionner le pays comme une destination attractive pour les entreprises du numérique. L'éducation supérieure, bien que confrontée à des défis de financement, alimente cette dynamique avec un vivier croissant de diplômés qualifiés.

Malgré ces points positifs, l'économie portugaise reste confrontée à plusieurs fragilités. Le pays souffre d'une faible productivité par rapport à la moyenne de l'Union européenne, en partie en raison de la prépondérance de PME peu capitalisées et d'un tissu entrepreneurial encore fragmenté. Le taux de croissance, bien que redevenu positif après la crise financière, reste modeste. Le marché du travail est caractérisé par une dualité entre des contrats précaires et des emplois publics relativement stables. Le chômage, bien qu'en baisse, affecte toujours les jeunes et les diplômés. En parallèle, l'émigration de travailleurs qualifiés vers d'autres pays européens constitue une perte de capital humain significative.

La dette publique, qui avait culminé à plus de 130 % du PIB après la crise de la zone euro, a diminué ces dernières années grâce à une politique budgétaire prudente. Toutefois, les dépenses sociales, la pression sur le système de santé et les besoins d'investissement public dans les infrastructures et l'éducation pèsent sur les finances publiques. Le Portugal a bénéficié de fonds structurels européens pour moderniser son économie et renforcer sa cohésion territoriale, et continue de dépendre des investissements de l'Union européenne dans le cadre du plan de relance post-covid.

Enfin, l'économie portugaise est de plus en plus intégrée dans des chaînes de valeur globales. Elle entretient des relations commerciales privilégiées avec l'Espagne, la France, l'Allemagne, le Royaume-Uni, mais aussi avec ses anciens territoires coloniaux, en particulier le Brésil et l'Angola. Les investissements directs étrangers, notamment dans l'immobilier, le tourisme, la technologie et les services partagés, jouent un rôle croissant dans l'économie nationale.

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