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L'entrée
en scène des Romains se fait avec leur terrible répression
des pirates illyriens .
Celle-ci est accueillie avec joie (229).
Corfou ,
Epidamne, Apollonie
se placent sous leur protection; Corinthe
les admet aux jeux Isthmiques ,
Athènes aux mystères
d'Eleusis. Les divisions de la Grèce
allaient la précipiter dans la servitude. Les plus graves étaient
les guerres de classes, l'antagonisme des pauvres et des riches, l'exaspération
du peuple contre la ploutocratie. En faisant souhaiter aux capitalistes
le protectorat étranger, garantie de leur sécurité,
ces luttes sociales faisaient de la Grèce la proie de l'étranger.
Les jalousies et les querelles de cité à cité hâtèrent
le dénouement. En face de la ligue
achéenne, Sparte
reprit l'offensive, revendiquant son hégémonie traditionnelle.
Son roi, Cléomène, annexa l'Arcadie occidentale
(Tégée, Mantinée, Orchomène).
Vainqueur des Achéens à Mégalopolis (327)
et à Dyme (224),
il s'empara d'Argos ,
Phlionte ,
Corinthe, Pellène. Aratus, aux abois, appela
le roi de Macédoine. Antigone Doson
avait repris la Thessalie
septentrionale et pris en Carie
des gages contre l'Égypte ;
par la restitution de cette conquête, il obtint la neutralité
au moment décisif. Une ligue ou symmachie fut conclue, où
les Achéens, Béotiens ,
Phocidiens ,
Thessaliens, Épirotes, Acarnanes traitaient sur le pied d'égalité
avec la Macédoine, qui n'avait que le commandement des forces militaires
de la ligue. Antigone et les confédérés rasèrent
Mantinée et écrasèrent à Sellasie l'armée
spartiate (221).
Des garnisons macédoniennes occupèrent, dans le Péloponnèse ,
l'Acrocorinthe et Orchomène. Sauf l'Étolie et l'Attique ,
la ligue embrassait toute la Grèce.
C'était une
solution : elle respectait plus que celle imposée après Chéronée
l'autonomie des cités grecques et réalisait leur union avec
l'étranger. Mais Antigone mourut l'année suivante, et son
successeur, Philippe V, jeune homme
de dix-sept ans, n'avait pas son autorité. Les brigandages des Étoliens
déchaînèrent une guerre générale où
les Eléens
et les Spartiates prirent parti contre la ligue : Philippe vainquit les
Étoliens; on sentait le besoin de s'unir au moment où la
deuxième guerre punique décidait du sort des riverains de
la Méditerranée. Le congrès de Naupacte
reconnut au roi de Macédoine
le protectorat de tous les Hellènes (217).
La Crète
y accéda vers 216.
La Macédoine était en effet, leur boulevard contre les Barbares
du Nord, aussi bien que contre les deux États de l'Ouest : Carthage
et Rome. Mais elle était aussi épuisée, plus dépeuplée
encore que la Grèce, et elle fut incapable de sauvegarder le semblant
d'indépendance qu'elle lui accordait. La mollesse et les hésitations
de Philippe ne lui laissèrent que les inconvénients de son
alliance avec Hannibal contre Rome (215);
il s'aliéna les Grecs par son despotisme brutal. La diplomatie romaine
fit le reste.
Les adversaires
traditionnels de la Macédoine reprirent les armes : Étoliens,
Éléens, Laconiens, assistés par les vaisseaux de Rome
et de Pergame .
Les atrocités commises par ces alliés au sac d'Anticyre,
d'Égine, d'Oréos, de Dyme (210-208),
firent voir le danger aux Hellènes. Mais les Barbares d'llyrie ,
de Dardanie ,
de Thrace
protégeaient les Macédoniens. Ils ne reprirent le dessus
qu'en 207,
au moment de la deuxième crise défavorable pour les Romains
de la guerre punique. La réorganisation militaire des Achéens
par Philopoemen venait trop tard. Elle servit, du moins, à débarrasser
le Péloponèse
du belliqueux tyran de Sparte, Machanidas, vaincu et tué à
la bataille de Mantinée (207).
Les Étoliens, endettés et décimés par cette
longue guerre, traitèrent avec Philippe, au mépris de leur
pacte avec les Romains. Ceux-ci traitèrent à leur tour pour
eux et leurs alliés, Athènes,
Sparte,
la Messénie
et l'Élide ;
du côté de la Macédoine figuraient l'Épire,
la Thessalie ,
l'Acarnanie ,
la Béotie
et l'Achaïe
(204).
La guerre continua dans le Péloponnèse entre la ligue achéenne
et Sparte, où le tyran Nabis venait de mettre fin à l'oligarchie
dorienne, et dans la mer Égée, dont Philippe essayait d'annexer
les villes et les côtes asiatiques. A défaut des Égyptiens
impuissants et des Étoliens découragés, les Rhodiens
et Pergame le combattirent. Ils lui reprirent les Cyclades et décidèrent
les Athéniens, les plus fidèles alliés de Reine, à
lui déclarer la guerre. Les Romains prenaient la même décision
et se posaient, à l'instar des rois d'Égypte ,
en champions des libertés helléniques.
Cette guerre, décisive
pour l'avenir de Rome et sa situation vis-à-vis des États
grecs et grécisés de l'Orient, ne fut pas très difficile.
L'habile diplomatie des Romains isola Philippe.
Les Achéens refusèrent de prendre parti pour lui, et ses
sauvages destructions en Attique le déconsidérèrent.
L'Étolie, l'Élide, la Messénie
se prononcèrent pour Rome; Philippe ne pouvait compter, outre la
Thessalie, l'Eubée ,
la Phocide
et la Locride
qu'il possédait, que sur l'Épire, l'Acarnanie et la Béotie.
Quand Flamininus vint hiverner en Phocide, la ligue achéenne entra
dans l'alliance romaine (198).
Les Béotiens durent l'imiter après la prise de Thèbes ;
cependant ils restèrent ennemis acharnés de Rome pendant
cent ans, encore. La bataille de Cynoscéphales
mit définitivement fin au protectorat macédonien. Ce fut
la condition de la paix imposée à Philippe. La Macédoine
fut ramenée à ses anciennes frontières, au Nord de
l'Olympe, et sa marine supprimée. Aux jeux Isthmiques
de 196,
Flamininus proclama la décision du Sénat qui déclarait
entièrement libres et indépendantes toutes les tribus qui
étaient restées sous la dépendance de la Macédoine
: Corinthiens, Phocidiens, Locriens, Eubéens, Thessaliens, Magnètes,
Phthiotes (Dolopes) et Perrhèbes. C'était la contre-épreuve
du traité d'Antalcidas, mais imposé par des voisins autrement
redoutables. L'enthousiasme fut pourtant général, sauf dans
les Etats militaires dont les Romains n'avaient nul intérêt
à favoriser la croissance. La Thessalie fut partagée en quatre
républiques autonomes (Magnètes, Perrhèbes, Dolopes
et Thessaliens); la ligue étolienne reportée jusqu'à
l'Othrys; la ligue achéenne reçut les places du Péloponnèse ,
enlevées au roi. Le tyran Nabis, passionnément soutenu par
les Hilotes et les pauvres qu'il avait appelés
à la propriété, opposa à Flamininus une résistance
désespérée. On ne lui laissa que la région
de Sparte; la Laconie
fut divisée entre lui et les Eleuthérolaconiens ; mais on
laissa subsister, à côté des Achéens, leur irréconciliable
adversaire. En 194,
les Romains évacuèrent la Grèce. Ils renonçaient
pour le moment à affranchir les Grecs d'Asie, que venait de conquérir
le roi de Syrie. Mais la Grèce européenne semblait libre.
A n'en croire que les mots, elle se retrouvait dans la même situation
qu'au lendemain de Mantinée.
Ce n'étaient
que des apparences. Le protectorat romain n'était pas assis sur
l'occupation de Démétriade ,
Chalcis
et Corinthe, parce que le philhellène Flamininus en avait obtenu
l'évacuation. Mais il n'était pas moins réel et vigilant
que le protectorat macédonien, et, comme celui-ci, condamné
à des interventions réitérées et à des
luttes dont l'issue fatale était l'annexion. Les peuplades grecques
n'avaient plus les qualités indispensables pour se gouverner elles-mêmes.
Celles qu'on venait d'affranchir s'en montrèrent particulièrement
incapables. Après les ravages de la période des Diadoques,
le calme relatif du milieu du IIIe
siècle avait restauré quelque
bien-être; mais, depuis 228,
les guerres, les brigandages incessants avaient consommé la ruine
économique des Etats helléniques. Les débauches des
Béotiens sont restées légendaires; bien que l'adoucissement
des moeurs inspirât une horreur croissante du sang, les partis s'exterminaient
systématiquement; le respect pour les sanctuaires s'effaçait.
Les guerres se faisaient, en grande partie, à l'aide de mercenaires,
et ce métier lucratif était une des causes les plus efficaces
de l'abaissement moral. La corruption était universelle. Les tribunaux
ne fonctionnaient presque plus. En Thessalie, l'aristocratie
«
donnait les spectacles d'un désordre semblable à celui des
plus beaux temps de l'anarchie polonaise ou magyare; aucune journée
de vote, aucune assemblée publique, en général, aucune
réunion politique ne se passait sans tumulte, sans scènes
violentes de l'espèce la plus dangereuse. » (Hertzberg).
Quelle considération
pouvaient avoir les Romains pour un ambassadeur comme ce Dinocrate de Messénie
qui s'enivra et dansa en habits féminins la veille du débat
avec Flamininus? Les gouvernements aristocratiques ou plutôt timocratiques
(censitaires) organisés par les Romains, dont !a politique constante
fut de tendre la main aux riches et de les amener à leur parti,
avaient à lutter contre la démocratie. Les hostilités
d'un pays à l'autre n'étaient pas moins vives : les Etoliens,
à qui on avait refusé la Thessalie et qui se croyaient sacrifiés
aux Achéens, rêvaient vengeance et négociaient avec
Antiochus, le roi de Syrie. Au contraire, les Achéens et leur homme
d'Etat Philopoemen acceptaient le protectorat romain. Nabis, qui continuait
de troubler le Péloponèse ,
fut assassiné par ses amis les Étoliens, et Sparte entra
dans la ligue achéenne. La coalition des Etoliens et d'Antiochus
contre Rome ne trouva guère de partisans qu'en Béotie. Les
Achéens et le roi de Macédoine
prêtèrent le concours le plus zélé aux Romains.
La petite armée syrienne fut tenue en échec par les Thessaliens
(192),
puis détruite aux Thermopyles
par Acilius Glabrio (191).
Les Etoliens prolongèrent la lutte avec opiniâtreté
contre les forces unies des Macédoniens et des Romains pendant deux
années. Réduits à leur ancien pays (plus la Locride
Ozole
et la haute vallée du Sperchios), ils furent assujettis a la suzeraineté
romaine; l'île de Cephallénie fut annexée par las Romains.
Les villes grecques d'Asie Mineure avaient été affranchies
après la défaite d'Antiochus et déclarées libres
(Lampsaque ,
Dardanos, Ilion, Phocée, Cumes ,
Smyrne ,
Erythrées, Clazomène ,
Chios ,
Colophon ,
Milet ,
etc.). Les alliés des Romains, Philippe et les Achéens, s'agrandirent.
Le roi de Macédoine reprit les villes grecques de la côte
de Thrace, Lemnos, Thasos, une grande partie de la Thessalie, la Dolopie
et la suzeraineté sur l'Athamanie. Les Achéens annexèrent
l'Elide et la Messénie, réunissant ainsi tout le Péloponnèse
dans leur confédération.
Cela ne faisait pas
le compte des Romains. Ils intervinrent contre leurs alliés. Philippe
dut renoncer à ses acquisitions au Sud de l'Olympe et sur la côte
de Thrace (184).
Zante
fut enlevée aux Achéens; ils avaient profité d'un
soulèvement des Spartiates pour assouvir leur haine et la rancune
des oligarques doriens exilés par Machanidas et Nabis. Le Sénat
romain évoqua l'affaire et rendit à Sparte une semi-indépendance
(184).
L'oligarchie messénienne ne pouvant tolérer la démocratie
modérée des Achéens se soulève à son
tour et fait périr Philopoemen. Elle fut durement punie par Lycortas,
et l'unité péloponnésienne rétablie; mais cette
crise avait gâté les rapports entre le Sénat romain
et le parti patriote du Péloponnèse. Les protecteurs trouvaient
très insolente la prétention de Philopoemen et de Lycortas
de régler eux-mêmes leurs affaires et de prendre au sérieux
la liberté octroyée aux Grecs en suivant une politique indépendante.
Les philhellènes comme les Scipions
et Flamininus perdaient de leur influence; on avait annexé l'archipel
cephallénique et on voulait préciser le protectorat, imposer
la volonté du maître, sans se laisser arrêter par des
ambitions et des scrupules de politique cantonale. La ligne de conduite
des Romains fut partout de favoriser les partis aristocratiques; elle fut
ainsi menée à s'ingérer dans les affaires intérieures
de chaque cité.
La démocratie
socialiste ou communiste aussi bien que celle qui était simplement
politique fut combattue. La fraction oligarchique se mit corps et âme
au service des Romains. afin de gagner leur appui par son dévouement
sans bornes et d'acquérir un pouvoir absolu sur ses concitoyens.
Le chef de ce parti romain fut Callicrate, qui s'efforça d'anéantir
toute velléité d'action indépendante dans la ligue
achéenne. En Etolie, Lyciscos et Thoas, jadis promoteurs de la guerre
syrienne, jouèrent le même rôle. En Thessalie, dans
toute la Grèce du Nord, le prolétariat soutenait contre les
capitalistes une lutte marquée de part et d'autre par des massacres
atroces. En Béotie dominait la démocratie hostile à
Rome. Le parti démocratique qui s'identifiait avec le parti national
se rapprocha de Persée,
le nouveau roi de Macédoine .
On sentait combien cette hégémonie était plus douce
que celle des Romains. Persée se posa en défenseur des pauvres,
reprenant l'attitude de Cléomène et de Nabis. Les cités
grecques d'Asie inclinaient vers lui : Byzance et même Rhodes .
Mais quand éclata la guerre, les ennemis de Rome tremblèrent;
Etoliens. Thessaliens, Béotiens se prononcèrent contre lui.
Même après les échecs des Romains en Thes salie et
malgré leurs violentes, les sympathies pour Persée restèrent
platoniques. Seuls les Epirotes passèrent au parti macédonien.
Quand la bataille de Pydna eut mis au tombeau l'État macédonien
qui disparut pour toujours (168),
les Grecs furent durement traités. Le pillage méthodique
des 70 bourgs de l'Epire, la vente de leurs 150 000 habitants, jetèrent
la terreur. Le parti national fut livré à une véritable
inquisition.
«
Tous les hommes,notables, soit qu'ils fussent compromis par les papiers
que les Romains avaient pris à Persée ou dénoncés
par les chefs du parti romain comme dangereux adversaires de Rome, devaient
être enlevés de chez eux et conduits à Rome pour y
être interrogés. Ce programme fut exécuté de
la façon la plus complète; les recherches et les poursuites
s'étendirent jusqu'aux des les plus lointaines, entre autres Cos.
» (A19).
Thessaliens, Perrhèbes,
Etoliens, Acarnanes, virent ainsi déporter leurs meilleurs patriotes
dont beaucoup furent mis à mort. Les Achéens auxquels on
reprochait leur neutralité furent également frappés.
Callicrate dressa une liste de mille notables qui furent conduits en Italie
et internés dans des villes d'Etrurie .
En tête figurait Polybe, fils de Lycortas. Seuls les Athéniens,
invariablement fidèles à Rome,
gagnèrent quelque chose; on leur donna Haliarte, Délos
et Lemnos.
L'altitude des Romains
vis-à-vis de la Grèce n'était plus celle du bienveillant
Flamininus et des Scipions; l'homme le plus
influent était alors
Caton, plein de mépris
et d'hostilité pour la corruption grecque. Il était tout
à fait opposé à la politique de conquête, sentant
le danger que créait à l'État romain l'annexion de
pays de moeurs si différentes. Mais l'état de choses créé
par les vainqueurs n'était pas stable; leur parti n'avait pas de
racines; la brutalité avec laquelle ils avaient supprimé
toute autonomie était incompatible avec une politique de simple
protectorat. Une révolte contre cette oppression était inévitable
et devait aboutir à l'annexion formelle. Lorsqu'au bout de dix-sept
années, on permit aux exilés achéens survivants de
rentrer chez eux, la crise finale approchait. L'habitude du célibat
avait éteint un grand nombre de familles; les propriétés
se réunissaient en vastes latifundia. L'exploitation des grands
pâturages par des esclaves devint la règle.
«
En bien des endroits, les masses de prolétaires exaspérés
n'attendaient qu'une occasion pour se soulever: on voyait chez eux cette
aveugle animosité, ces prétentions exagérées,
cette sourde haine du pauvre contre les riches, telle qu'elle se manifeste
partout où la grande propriété se trouve opposée
au point de vue patronal, politique et social, à un prolétariat
affamé, sans espoir et écrasé de dettes. » (A19).
Le prudent Polybe, prévoyant
la catastrophe, s'empressa de repartir. Un minime incident fit éclater
l'orage. Accusé de corruption, le stratège de la ligue Benne;
Diaegos, détourna l'attention sur une querelle avec Sparte. Un dernier
soulèvement de la Macédoine
décidait les Romains à la réduire en province. Ils
voulurent en finir avec les questions péloponnésiennes. Ils
déclarèrent que Sparte, Corinthe, Argos ,
Orchomène d'Arcadie ,
Héraclée sur l'Oeta cessaient de faire partie de la ligue.
Celle-ci ne pouvait contresigner son arrêt de mort. Le parti démocratique,
dirigé par Diaeos et Critolaos, rompit ouvertement avec Rome. Les
dettes furent suspendues et les prolétaires renforcèrent
le parti de la guerre. La diète de Corinthe la vota. Critolaos fut
battu et tué à Scarphée par Metellus (147).
Diaeos continua la guerre, armant jusqu'aux esclaves. La dernière
bataille eut lieu à Leucopetra dans l'isthme de Corinthe entre 14
600 Achéens et les 30 000 hommes de Mumnius. L'infanterie achéenne
se fit tuer bravement. Corinthe fut saccagée et détruite
(146).
Les villes ennemies de Rome furent démantelées, plusieurs
pillées, les principaux patriotes mis à mort, la population
désarmée. Dix commissaires sénatoriaux vinrent statuer
sur le sort de la Grèce. Toutes les confédérations,
même cantonales, furent dissoutes; les communes complètement
isolées les unes des autres; les constitutions démocratiques
furent abolies; le pouvoir fut partout remis à une oligarchie de
censitaires; la Corinthie, une grande partie de la Béotie, de l'Eubée ,
devinrent domaine de l'État romain; la Grèce devint tributaire,
tous les Hellènes étant astreints à payer un tribut
annuel à Rome. Polybe fut chargé de veiller à l'établissement
des nouvelles constitutions. Les temples et surtout Olympie
et Delphes, auxquels les vainqueurs firent
des présents, et les classes riches acceptèrent volontiers
le nouvel ordre de choses. On permit même bientôt le rétablissement
nominal des confédérations. Les cités auxquelles en
laissait une liberté théorique furent placées sous
l'autorité du gouverneur de Macédoine. La Grèce était
réduite en province romaine.
Les Grecs d'Italie
avaient été incorporés plus tôt. La conquête
romaine les préserva de la conquête carthaginoise ou samnite,
car ils n'avaient plus guère que le choix d'un maître. En
Sicile, l'État syracusain avait réalisé une sorte
d'unité et restait seul, avec Messine, depuis que les Carthaginois
avaient détruit Sélinonte
et Agrigente .
En Italie, Tarente
conserva seule son importance jusqu'au jour où elle s'engagea dans
un duel inégal contre Rome. Elle succomba en
272.
Soixante ans plus tard, Syracuse
eut le même sort. Les Grecs d'Asie suivirent la destinée
du royaume de Pergame
et de Rhodes. (A.-M. Berthelot). |