|
On donne le nom
de Patagonie au triangle qui termine l'Argentine
vers le Sud entre le détroit de Magellan
au Sud, l'océan Atlantique à l'Est,
la frontière du Chili à l'Ouest et le rio Negro
au Nord. Ainsi comprise et délimitée, Ia Patagonie a une superficie d'environ
675.000 km². Le littoral en est peu accidenté. Le relief de la Patagonie
est dans son ensemble fort simple : une pente de la crête
andine jusqu'Ã l'Atlantique, depuis les sources du rio Ario, affluent
droit du rio Negro, jusqu'à l'extrémité
de la Terre de Feu.
A côté de la chaîne volcanique
andine et parallèlement à elle s'allongent dans l'intérieur de la Patagonie
des crêtes rocheuses de granits et de porphyres,
désignées par le nom de mahinda (montagne, dans une langue amérindienne
locale). Les mahindas ont 400 à 500 m d'altiude moyenne, et leurs arêtes
sont séparées par des craus de cailloux roulés, gneiss,
granits et porphyres.
Les fleuves les
plus importants de la Patagonie sont, outre le rio Colorado et le rio
Negro, le rio Chubut, grossi du Senguer (ou Senguel) qui lui apporte
les eaux du lac Fontana, mais qui perd les deux
tiers de ses eaux dans les bassins d'évaporation des lacs Musters et Colhué;
le Deseado, fleuve après les pluies, d'ordinaire
simple ruisseau; le rio Chico, grossi du Chalia; le Santa Cruz, assez abondant
grâce aux pluies et aux lacs qu'il draine.
La sécheresse est le mal chronique de
la Patagonie. Les pluies sont rares et violentes; les brouillards
inconnus. La rosée fait seule vivre la végétation
sur d'immenses étendues, et l'on voit se produire des catastrophes comme
la Gran Seca (grande sécheresse) de 1827 à 1831, où tous les
pâturages devinrent des déserts. D'autre part, les Andes
argentines reçoivent peu de vents chargés de nuages,
et n'ont guère comme eau et neige que ce que les
brèches laissent passer des vents humides du Nord-Ouest. Aussi la flore
patagonienne est-elle des plus pauvres; le gazon proprement dit manque
complètement; à peine trouve-t-on quelques graminées;
en revanche, des cactus; dans les ravins, des totorales (Gynerium), une
espèce de saule rabougrie, le chañar (Gourliaea decorticans), buisson
à bouquets jaunes.
-
Le
glacier Upsala (Argentine), vu depuis la Station Spatiale Internationale
(ISS). - Avec ses
800
km² environ, ile est le troisième plus grand glacier du champ de glace
du Sud de la Patagonie. Cette rivière de glace se jette dans le bras septentrional
du lac Argentino. Source : Nasa / Factbook.
De même, la faune
de la Patagonie est comme rabougrie; les espèces du Sud du rio
Negro sont plus petites que celles que l'on voit au Nord. La population
de la Patagonie est ramassée le long de la côte à Bahia Blanca, Patagones,
Port-Madryn, Trelew et Rawson, et dans quelques établissements d'éleveurs
au pied des Andes. L'agriculture est presque nulle
: la colonie Chubut est la seule où les terres soient cultivables (20.000
hect.) et cultivées (5500 hectares). En revanche, l'élevage est assez
développé : chevaux, boeufs et surtout moutons sont nombreux. Les ressources
minérales sont médiocres. (R. G.).
Ethnographie.
Les Patagons
sont les indigènes de toute la région angulaire qui forme l'extrémité
de l'Amérique du Sud, à partir du Rio
Negro. Ils sont connus pour la réputation de géants qu'on leur a faite
abusivement. Des chiffres fort élevés ont été donnés pour leur taille
moyenne, mais elle oscille entre 1,62 m et 1,73 m, ce qui n'a rien d'extraordinaire.
Au début du XXe siècle, on les décrivait
comme allant tête nue, se couvrant les épaules d'un manteau de peau,
et s'attachant une peau ou une pièce d'étoffe autour des hanches. Ils
vivaient surtout de la chasse, de leurs troupeaux et étaient, par suite,
disséminés en petites tribus n'ayant aucune cohésion entre elles et
toujours en mouvement. Ils n'avaient pour demeure que des tentes de peaux
qu'ils emportaient avec eux, leur bagage, en fait d'ustensiles et d'armes,
étant d'ailleurs très réduit. (Zaborowski).
|
Auguste
Guinnard, Paul Hyades,Henry de La Vaulx, Otto Nordenskjöld, Fous
de Patagonie, Les Riaux, 2006. - Patagonie,
Terre de Feu : "Terra nullius" ou "Tierra de nadie", immenses
territoires balayés par des vents d'une rare violence, mais aussi fjords
dentelés où de luxuriantes forêts côtoient des glaces flottantes...
Ils ne pouvaient qu'attirer d'étranges destins.
Ont
fondu comme neige au soleil, les dernières tribus indiennes, ses premiers
habitants, qui capturèrent le jeune Auguste Guinnard et captivèrent le
Comte Henry de La Vaulx - dont on suivra les récits pour le moins ahurissants
dans le présent ouvrage ; et ceux du Dr Paul Hyades, défenseur des Yaghans,
et d'Otto Nordenskjöld, découvreur d'un mylodon, et qui, contrairement
à Darwin, pose sur les fuégiens un regard surprenant
de modernité et de bienveillance. Avec ces quatre hommes d'exception,
nous découvrons à notre tour cette mythique Patagonie qui inspire aujourd'hui
l'imaginaire des uns et le voyage des autres.
Pour
Jean Raspail, le préfacier de ce livre, «toutes ces ombres d'autrefois
forment l'âme de la Patagonie, et celle-ci est éternelle». (couv.).
Karin
Huet, Un
périple en Patagonie, La Part Commune, 2010.
Nick Reding, Patagonie,
les derniers gauchos, Albin-Michel, 2005. - Immortalisée
par des écrivains-voyageurs comme Bruce Chatwin et Francisco Coloane,
la Patagonie est devenue un véritable mythe littéraire. Nick Reding a
vécu pendant plus d'un an en Argentine et au Chili avec les derniers gauchos,
ces « cavaliers du bout du monde » qui ont la charge d'immenses troupeaux.
Voués
à la solitude et l'isolement des hauts plateaux, ils vivent dans un monde
de légendes, riche en histoires picaresques.
Menacés par la modernité, par l'évolution de la société et du marché
de l'emploi, ces gens singuliers promis à une disparition prochaine vivent
leurs derniers jours.
Paysages
à couper le souffle, nature et climat rudes, existences difficiles...
ce livre passionnant est en quelque sorte le testament émouvant d'hommes
et de femmes dont les vies étonnantes valent bien des romans. (couv.). |
|
|