| Aix-en-Provence, Aquae Sextiae, est une ville de France, dans le département des Bouches-du-Rhône (137 000 habitants), ancienne capitale de la Narbonaise 2e, puis de la Provence, située près de l'Arc et de la montagne de Sainte-Victoire, à 29 kilomètres au Nord de Marseille. Le nom de la ville était autrefois Aix tout court. Celui, officiel, d'Aix-en-Provence date seulement de 1932, mais on parlait déjà d'Aquis in Provincia au XIIIe siècle. Belles rues, plusieurs monuments, entre autres hôtel de ville, cathédrale (ci-dessous), grenier d'abondance, tour de l'Horloge; plusieurs promenades. Aux environs sont des eaux thermales, autrefois fort célèbres. Aix fut fondée auprès de ces eaux en 122 av. J.-C. Marius y remporta en 102 av. J.-C. une grande victoire sur les Teutons. Florissante sous l'Empire romain, ruinée par les Sarrasins au temps de Charles Martel, cette ville fut restaurée par les comtes de Provence, qui en firent leur capitale. C'est, là surtout que se développèrent la langue d'Oc et la littérature provençale. Une université y fut fondée par Louis III, comte de Provence, et confirmée par le pape Alexandre V, en 1409. Le parlement d'Aix datait de 1501. Aix a vu naître un grand nombre d'hommes remarquables : Adanson, Brueys, Duperrier, d'Entrecasteaux, P. Gaillard, Lieutaud, Mignet, Siméon, P. Thomassin, Tournefort, Vanloo, Vauvenargues. Monuments. L'ancienne ville d'Aix comprenait trois quartiers principaux : 1° la ville comtale (civitas aquensis ou comitalis), ainsi appelée parce que les comtes de Provence y demeuraient; 2° la ville des tours ou cité archiépiscopale (villa de turribus ou urbs inferior) aujourd'hui détruite, qui tirait probablement son nom des fortifications qui entouraient cette partie de la ville, la plus exposée aux attaques de l'ennemi; 3° le faubourg Saint-Sauveur. La ville moderne ne comprend plus que la ville comtale et le faubourg Saint-Sauveur. C'est une ville avec de belles promenades, notamment le Cours. La cathédrale Saint-Sauveur. Cet édifice date du XIe siècle, et fut consacré en 1103. Le choeur, vaste et conçu dans de belles proportions, fut reconstruit en 1285. Par suite d'agrandissements ultérieurs, l'église primitive est devenue une nef latérale de l'église actuelle : la nef principale, d'une majesté peu commune, fut édifiée au XIVe siècle, et l'autre nef latérale sous le règne de Louis XIV. La longueur intérieure du vaisseau est de 65,66 m, et la largeur de 12,60 m. On remarque : un triptyque, attribué au roi René, et par plusieurs à Jean de Bruges; la chapelle de Notre-Dame-de-l'Espérance, où est une statue de la Vierge en grande vénération; l'autel et le tombeau de Saint Mitre, dans la chapelle située au fond du sanctuaire; et un autre autel avec bas-reliefs en pierre, provenant de l'ancienne église des Carmes. La crédence et les bas-reliefs du maître-autel sont attribués à Puget. La cathédrale d'Aix a un clocher de 60 mètres de hauteur; commencé en 1323 par l'architecte Pierre de Burle, interrompu par suite de circonstances malheureuses et imprévues, il fut repris de 1411 à 1425. II consiste en un massif carré qui s'élève au-dessus du comble de l'édifice, et qui supporte une tour octogonale, percée d'une haute fenêtre sur chaque face. Le portail, dont la première pierre fut posée en 1476, était décoré de sculptures délicates et de statues; elles ont été détruites en 1793. Les portes, en bois de noyer, sont très finement sculptées; on a eu l'heureuse idée d'en assurer la conservation, en les protégeant avec d'autres portes d'un travail commun. La rotonde du baptistère est formée de 8 colonnes antiques, dont deux en granit, et 6 en cipolin, avec chapiteaux et bases en marbre blanc; ces colonnes, d'ordre corinthien; ont appartenu à un temple d'Apollon, bâti sur le même emplacement. (B.). Histoire. Fondée en 122 ou 123 av. J.-C. par le consul Sextius Calvinus, sur l'emplacement d'une ville gauloise des Salyens, probablement détruite par le général romain, Aix ne fut d'abord qu'une simple garnison romaine et ne prit pas le rang de colonie avant le règne d'Auguste. Son nom d'Aquae Sextiae, qui lui vient de la sourse thermale près de laquelle elle est située, n'est peut-être pas antérieur à César. Peu d'années après l'établissement des Romains, les environs d'Aix furent le théâtre de la bataille livrée par Marius aux Cimbres et aux Teutons. - La bataille d'Aix Les Cimbres et les Teutons, auxquels s'étaient joints les Ambrons, les Tigurins et les Tugènes, avaient envahi la Gaule et battu plusieurs consuls romains, P. Cassius, Scaurus et Cépion. Les Cinabres s'étaient dirigés vers l'Espagne, mais les Teutons et les Ambrons s'apprêtaient à envahir l'Italie en suivant les côtes de la Méditerranée, lorsque Marius fut envoyé par Rome pour les arrêter (102 av. J.-C.). Il établit un camp retranché près du Rhône (au village actuel de Saint-Gabriel) et fit creuser par ses soldats un canal qui assurait ses communications avec le fleuve et la mer (Fossae Marianae). Les Teutons s'étant mis en marche vers l'Est en remontant la vallée de l'Arc, Marius les suivit sur les collines et leur barra le passage, à environ trente kilomètres d'Aix, à un endroit où la vallée de l'Arc est resserrée entre la colline de Pourrières et la montagne de l'Olympe. Ce fut sur le penchant de ces collines et dans la plaine qui s'étend à leur pied que fut livrée, pendant trois jours, une bataille qui se termina par la victoire de Marius. Les barbares, qui étaient au nombre d'environ trois cent mille, perdirent peut-être cent mille hommes tués ou faits prisonniers. Cette défaite des Teutons, complétée l'année suivante par celle des Cimbres à Verceil, sauva l'Italie d'une invasion. Une légende macabre veut que la vallée de l'Arc, engraissée du sang des barbares, devint d'une fertilité exceptionnelle et le village qui s'éleva au pied de la colline, où avait eu lieu la plus grande partie de l'action, prit le nom de Campi putridi (champ de putréfaction), plus tard Pourrières. Marius éleva au nord du champ de bataille, sur une montagne qui prit à l'époque chrétienne le nom de Mont de Sainte-Victoire, un temple sur l'emplacement duquel fut construit plus tard une église. Les principaux historiens anciens qui ont raconté la bataille d'Aix sont Plutarque et Strabon, et un certain nombre d'abréviateurs, Florus, Eutrope, Orose, etc. (E.-D. Grand). | Sous Auguste, la ville se développa; elle eut un temple dédié à Auguste, un amphithéâtre, et fut florissante pendant toute la durée de l'Empire romain. Vers 370, Aix, chef-lieu de la cité des Aquenses, devint aussi la métropole de la Narbonnaise seconde. A l'époque de l'organisation du christianisme dans les Gaules (VIe siècle), elle fut le siège d'un arche-vêché. A la fin du Ve siècle, Aix fut occupée par les Wisigoths (477), puis ravagée successivement par les Francs, venus du nord de la Gaule, et par les Lombards, qui franchirent plusieurs fois les Alpes. Elle devint l'une des villes du Midi qui furent rattachées aux royaumes des rois francs du Nord. Comprise dans le lot de Sigebert à la fin du VIe siècle, elle conquit, pendant le siècle suivant, une indépendance à peu près complète. Au VIIIe siècle, elle eut à subir une nouvelle invasion, celle des Sarrasins. A partir du IXe siècle, la ville d'Aix devint la capitale du comté de Provence, rattachée successivement au royaume de Bourgogne cisjurane et au royaume d'Arles. Elle redevint florissante sous les princes de la maison d'Aragon et particulièrement sous Raimond Bérenger IV (1209-1245), qui concéda aux habitants leurs premiers privilèges (26 avril 1206). Elle fut alors le centre de la littérature provençale. En 1245, elle passa avec la Provence sous la domination de Charles d'Anjou, et eut une organisation municipale contrôlée par les comtes de Provence. En 1290, Charles Il lui accorda la permission d'avoir un conseil de ville et des syndics. En 1320, Robert fixa à trente le nombre des conseillers, qui devaient être choisis parmi les nobles et les bourgeois. Aix prit part aux troubles qui eurent lieu en Provence à l'occasion de l'établissement de la seconde maison d'Anjou. En 1368, elle s'était liguée avec Marseille pour résister à la reine Jeanne de Naples, comtesse de Provence. Peu après elle refusa de reconnaître Louis ler d'Anjou. Assiégée et privée de ses prérogatives (1382), elle chercha un moment à se mettre sous la protection du roi de France Charles VI (1385), mais ne tarda pas à se soumettre à Louis d'Anjou, qui lui rendit ses privilèges (1387). Louis III, qui fonda l'université, et René Ier, dont la cour brillante résida à Aix, contribuèrent beaucoup à la prospérité de cette ville. De ce dernier règne date l'étrange procession de la Fête-Dieu, représentation allégorique du triomphe du christianisme sur le paganisme, dont la dernière célébration a eu lieu en 1851. Après l'extinction de la seconde maison d'Anjou, la ville d'Aix, avec le comté de Provence, dont Louis XI se porta héritier en 1481, fut définitivement réunie à la France par Charles VIII, en 1487. Au XVIe siècle, Aix eut à souffrir à deux reprises de l'invasion des impériaux en Provence. En 1524, elle se soumit au connétable de Bourbon, et, en 1536, à Charles-Quint, qui y fit une entrée triomphale. Aix fut ensuite plusieurs fois frappée par la peste. A l'époque des Guerres de religion, elle se souleva contre les protestants, qu'elle chassa de la ville (1562). Au XVIIe siècle, Aix chercha à se soustraire à l'administration imposée par Richelieu aux provinces. Une tentative du cardinal pour transférer à Toulon la chambre des comptes amena le soulèvement du peuple, soutenu par le parlement, et l'expulsion de l'intendant. Cet événement fut le point de départ de troubles souvent sanglants, qui se prolongèrent jusqu'à l'époque de la majorité de Louis XIV, et pendant lesquels la ville et le parlement perdirent et recouvrèrent plusieurs fois leurs privilèges. Au XVIIIe siècle, Aix fut encore ravagée par la peste qui sévit si violemment en 1720. Les anciennes institutions. Métropole de la Narbonnaise seconde au IVe siècle, Aix fut, du IXe au XVe siècle, la capitale du comté de Provence; En 1501, Louis XI y institua un parlement qui subsista jusqu'à 1789. Elle fut également le siège d'une sénéchaussée. d'une prévôté royale et plus tard d'une intendance. En 1483, fut établie à Aix une chambre des comptes, à laquelle fut réunie en 1555 une cour des aides. Du VIe au lXe siècle environ, elle avait eu un atelier monétaire. Elle eut un bureau de finances et un hôtel des monnaies sous l'administration monarchique. C'est à Aix que se tenaient les états de la Provence, qui furent réunis pour la dernière fois en 1639. Au point de vue des divisions ecclésiastiques, Aix fut archevêché, avec les diocèses d'Apt, Riez, Fréjus, Gap, Sisteron et Antibes pour suffragants, au IVe siècle. En 1244, Antibes fut rattaché à la province d'Embrun; en 1802, Aix reçut pour suffragants Nice, Avignon, Ajaccio et Digne. En 1822, la province d'Aix fut reconstituée avec les évêchés de Marseille, Fréjus, Digne, Gap et Ajaccio, auxquels fut ajouté plus tard Alger. Une chambre ecclésiastique fut établie à Aix par Henri III en 1580. - Les conciles d'Aix Deux conciles ont été réunis dans cette ville : l'un en 1585, l'autre en 1612. Les principales décisions de cette dernière assemblée, se rapportant aux droits du roi et de l'Église gallicane, trouvent leur place dans la page sur l'Église gallicane. Le concile provincial, tenu en 1585, par Alexandre Canignidnus, archevêque d'Aix, a voté 43 canons sur la discipline de l'Église. Ces canons ont été approuvés, le 5 mai 1586, par le pape Sixte V. La plupart sont tirés du concile de Trente et d'autres conciles antérieurs. On y trouve pourtant certaines dispositions propres au temps où elles ont été prises. L'une d'elles concerne le sacrement de l'Eucharistie ; elle ordonne de placer sur le haut du tabernacle l'image du Christ ressuscitant ou attaché à la croix. Une autre défend de rebaptiser les calvinistes rentrés dans le sein de l'Église. Elle déclare leur baptême valable, pourvu qu'il ait été administré publiquement. (E.-H. V.). | Il se tint en 1612 une assemblée provinciale où fut condamné le livre De ecclesiastica et politica potestate de Richer. Armoiries. Les armoiries d'Aix sont d'or à 4 pals qui est d'Aragon, et un chef tiercé en pal au 1er d'argent à une croix potencée d'or, cantonnée de quatre croisettes du même qui est de Jérusalem, au 2e d'azur semé de fleurs de lis d'or, brisé en chef d'un Iambel de 5 pendants de gueules qui est de Sicile, et au 3e d'azur semé de fleurs de lis d'or et une bordure de gueules qui est d'Anjou. Devise : Generoso sanguine parta. (GE). | |