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Les langues > langues afrasiennes
Les langues sémitiques
Sémitique occidental Famille de l’araméen Néo-araméen oriental, néo-araméen occidental, mandaïque d'Iran.
Langues mortes : vieil araméen, chaldéen, nabatéen, syriaque, samaritain, mandaïque classique.
Famille du cananéen Hébreu (hébreu standard ou israélien, hébreu yéménite).
Langues mortes-: moabite, hébreu ancien, hébreu mishnaïque (= hébreu médiéval), cananéen, ougaritique, phénicien.
Sémitique méridional Arabe Arabe moderne : algérien, égyptien, syro-mésopotamien, libyen, arabe du Golfe, maltais, etc. (au total on distingue jusqu'à 35 dialectes).

Arabe classique.

Sud-arabique Sud-arabique moderne (langues parlées au Yémen et à Oman) : mahri, shauri ou dhahari, soqotri (dialecte de Socotra), harsusi; presque éteintes : botahari, hobi.
Sud-arabique éthiopien :
Groupe septentrional : tigré ou khasa, parlé en Erythrée; tigryina, tigrigna ou tigray, parlé en Ethiopie; langue morte-: :ghèze (geez) ( = ancien éthiopien).

Groupe méridional : Gurage (plusieurs dialectes); hararri; zay; amharique ou abyssinien, argobba;langues mortes : gafat, gurage ancien.

Langues mortes : Sud-arabique ancien : minéen et himyarite.
Sémitique oriental Langues mortes : akkadien, babylonien, assyrien.
Les langues sémitiques, aujourd'hui représentées principalement par l'arabe et l'hébreu, forment un des rameaux des langues afrasiennes. Ces langues présentent une très grande fixité dans leur mécanisme; elles sont restées à peu près identiques à la langue primitive dont elles sont issues. Aussi sont-elles très rapprochées les unes des autres : on  les a même parfois considérées comme des dialectes d'une même langue; au moins, lorsque l'on possède l'une d'entre elles, on peut apprendre facilement les autres. Les langues sémitiques s'écrivent généralement de droite à gauche (le maltais s'écrit cependant avec l'alphabet latin, de gauche à droite).

On peut donner les indications suivantes sur le système général de langues sémitiques. Les racines sémitiques sont composées de trois consonnes fixes et de deux voyelles variables; mais il est vraisemblable qu'un examen plus attentif ramènera ces racines à une forme monosyllabique (deux consonnes et une voyelle), fera retrouver la voyelle fondamentale et déterminera le rôle de chacune des voyelles variables dans la flexion qui est extrêmement importante dans la morphologie sémitique. 

La dérivation s'opère aussi par préfixes et même par suffixes; l'emploi des suffixes parait plus récent que celui des préfixes. Le nom avait les trois genres, mais le neutre a cessé de bonne heure d'être en usage; le féminin est caractérisé par at final. Les trois nombres ont persisté: le pluriel paraît formé par un suffixe en m et le duel par un en n. Il n'y avait que trois cas distingués par u (nominatif), i (génitif) et a (accusatif). Les pronoms personnels, qui s'incorporaient aux substantifs (arabe, kitâb-i « mon livre ») et aux verbes (araméen, sabagtâ-ni « tu m'as abandonné »), semblent avoir pour prototypes ni, ki ou ék, hu; à la seconde et à la troisième personnes, il y a deux formes, l'une pour le masculin et l'autre pour le féminin. Le pronom interrogatif est en m. Le verbe avait treize formes ou voix dérivées actives : fondamentale, QaTaLa « il a écrit » ; intensive QaTTaLa « il a écrit énergiquement »; causative 'aQTaLa « il a fait écrire »; réfléchie TaQTaLa « il a écrit à lui-même », etc., et treize voix dérivées moyennes ou passives correspondantes : QuTaLa, QuTTaLa, 'uQTaLa, etc. Il n'y a que deux temps : le parfait indiquant l'action accomplie et l'aoriste (présent ou futur) indiquant l'action non accomplie; ils se distinguent par la position du signe personnel sujet (cf. arabe KaTaB-Ta « tu as écrit» et Ta-KTaBa « tu écris, tu écriras »). Deux traits grammaticaux à signaler sont 

1° les pluriels brisés de l'arabe qui sont une flexion compliquée : TiFL « enfant », pl. aTFâL; 

2° l'état construit, c.-à-d. qu'un mot écrit à la suite d'un autre en dépend, le qualifie, le détermine : dans BiN-IâMN « le fils de la droite », Benjamin, le mot iâmin est à l'état construit.

On suppose que la région d'origine des langues sémitiques fut le Nord et le centre de l'Arabie. La langue primitive avait, selon les linguistes, trois cas : le nominatif, le génitif et l'accusatif; elle formait son pluriel soit par l'addition d'un suffixe, qui était n ou m, soit en modifiant l'intérieur du mot sans lui ajouter aucun suffixe. Cette dernière manière de former le pluriel est ce que l'on appelle le pluriel brisé. Le féminin a pour caractéristique le suffixe at que l'on ajoute au masculin. Le verbe n'a que deux temps, le passé et le futur. Chaque forme verbale peut exprimer le masculin ou le féminin; mais le verbe est pauvre en modes, et le nombre des voix est considérable puisque dans certaines langues on en compte treize.

Les mots peuvent être mis en relation les uns avec les autres au moyen d'un procédé grammatical particulier que l'on a appelé l'état construit. C'est en vertu de cette règle que quand deux mots, l'un déterminant, l'autre déterminé, sont en présence, on place le déterminé avant le déterminant. L'état construit est surtout employé pour rendre l'idée de possession et dans la formation du génitif. Les notions très succinctes que nous venons d'exposer touchant le mécanisme grammatical (les Sémites s'appliquent à leur langue primitive, car chacune d'elles, quoique s'étant peu modifiée dans le cours des siècles, a gardé tel procédé que telle autre a abandonné. Aussi, malgré la grande analogie qu'elles offrent entre elles, les a-t-on groupées de la manière suivante :

1° Sémitique oriental

Ce groupe est seulement représenté par des langues mortes, parmi lesquelles l'akkadien, qui était parlé en Mésopotamie et correspond à la langue de la troisième colonne des inscriptions des Achéménides et dont le texte est écrit en alphabet cunéiforme. On y ajoute le babylonien et l'assyrien. L'assyrien, qui était l'idiome sémitique le plus septentrional et le plus oriental, nous a été conservé par de très nombreuses inscriptions cunéiformes; l'écriture assyrienne, qui se lit de droite à gauche, est formée de signes idéographiques précisés parfois par des compléments phonétiques comme c'est l'usage en japonais, et de signes syllabiques assez nombreux.

Sémitique occidental

Ce groupe comprend d'une part la famille du cananéen, et d'autre part la famille de l'araméen. Le cananéen était proche de l'ougaritique, du moabite, du phénicien et de l'hébreu, qui est la seule langue de ce groupe encore parlée. Le phénicien, dont un dialecte, le punique, fut longtemps parlé à Carthage et sans doute sur les côtes de l'Espagne, est très proche parent de l'hébreu. L'hébreu est une des plus altérées de la famille; le verbe n'y a plus que cinq formes dérivées actives et cinq passives. 

Famille du cananéen.
Le terme  cananéen  est tiré du nom hébreu Canaan qui désignait les régions de Phénicie et Palestine et leurs habitants (soit peuples non sémites anciennement établis, soit envahisseurs sémites installés avant l'arrivée des Hébreux).

Le cananéen, qui comprend comme langues importantes l'hébreu et le phénicien, semble n'avoir jamais couvert qu'une petite région continentale de 80 000 km² , à laquelle il faut ajouter les colonies phéniciennes.

Le cananéen ancien.
La langue cananéenne était une langue parlée en Palestine avant l'établissement des Hébreux. Elle devait différer fort peu de l'idiome phénicien, puisque les Phéniciens et les Cananéens étaient issus cela même souche. Les seuls vestiges qu'on en possède sont des noms propres de personnes, de villes, de rivières, etc., conservés dans la Bible, surtout au livre de Josué. Or, ces noms ont presque tous une physionomie hébraïque qui autorise à penser que le cananéen et l'hébreu étaient aussi deux langues presque identiques. 

On ne peut pas objecter que les écrivains juifs ont traduit les mots cananéens, et tout au plus leur auraient-ils fait subir quelque inflexion exigée par la prononciation; car les noms égyptiens, assyriens, babyloniens, perses, etc., que nous offre la Bible, ne sont jamais traduits, et quand quelques noms cananéens ont été changés, il en est fait mention dans les Nombres, XXXII, 39; Josué, XIX, 47). De plus, les rapports entre les Cananéens et les Hébreux n'ont jamais été entravés par des différences de langue : les envoyés de Josué s'entretiennent sans difficulté avec la courtisane Rahab, et il entend lui-même les ambassadeurs des Gabaonites. 

Au contraire, quand les Hébreux ont commercé avec des peuples de langue différente, la Bible l'indique : c'est par un interprète que les frères de Joseph se font comprendre en Égypte. Enfin, lsaïe (XIX, 18) appelle l'hébreu langue de Canaan, et l'historien Josèphe identifie le phénicien et l'hébreu. Le cananéen était donc bien une langue sémitique. 

Les plus anciens mots écrits de cananéen qui soient conservés sont des gloses en caractères cunéiformes dans les correspondances de princes cananéens adressées aux rois d'Egypte Aménophis III et Aménophis IV ou Akhénaton vers 1400 av. J.-C. ; ces lettres font partie des tablettes de Tell el-Amarna (emplacement de la capitale d'Akhénaton). (B.).

L'hébreu.
L'hébreu ou langue hébraïque est la langue que parlaient les Hébreux ou Israélites au temps où ils formaient une nation indépendante. L'hébreu nous est connu d'abord par les livres de l'Ancien Testament, ensuite, par  des monnaies juives de l'époque des Macchabées, par l'inscription de Siloé (fin du VIIIe s.), et par une vingtaine d'inscriptions de moindre importance. L'hébreu est appelé, dans l'Ancien Testament, langue de Canaan et langue juive. A l'époque de Jésus, l'expression de langue hébraïque était appliquée à l'idiome parlé en Palestine, idiome où dominaient les éléments araméens, et qu'on nomme souvent syro-chaldaïque. 

L'hébreu proprement dit offre dans son histoire une remarquable uniformité. Toutefois, on reconnaît généralement dans l'hébreu biblique un âge d'or, avant la captivité de Babylone (587), et un âge d'argent (après 587). On a attribué à la première période l'Hexateuque (sauf le Code sacerdotal), les Juges, Samuel, les Rois, une partie des Psaumes, les Proverbes, le Cantique des Cantiques, Job, et les prophètes Joel, Amos, Osée, Isaïe, Nichée, Sophonie, Habacuc, Nahum, Abdias, Jérémie et Ezéchiel. La langue est alors pure de tout apport étranger.

Au contraire, dans la seconde période, l'hébreu est fortement contaminé par l'araméen, son proche parent, et, deux siècles après l'exil, il se perd comme langue populaire; c'est désormais une langue savante et liturgique. Les principaux monuments qu'on a attribués à cette période sont Esdras, Néhémie, les Chroniques, Esther, Jonas, Aggée, Zacharie, Malachie, Daniel, l'Ecclésiaste, et un grand nombre de Psaumes.

L'hébreu post-biblique comprend d'abord l'hébreu rabbinique, dont se sont servis les rabbins dans leurs discussions, alors que le peuple parlait araméen : c'est l'idiome de la Mischna (Talmud); il contient beaucoup d'éléments araméens et un grand nombre de mots étrangers (grecs, latins et persans). A l'hébreu rabbinique succédèrent le néo-hébreu, langue des pioutim et des ouvrages didactiques traduits de l'arabe, et enfin, l'hébreu moderne ou israélien, langue aujourd'hui parlée en Israël.

A l'origine, l'hébreu s'écrivait en caractères ressemblant aux lettres phéniciennes. Avec la langue araméenne, les lettres araméennes prévalurent, d'où l'hébreu carré, qui est utilisé encore aujourd'hui. Il s'écrit de droite à gauche. Son alphabet se compose de vingt-deux  lettres ou consonnes, dont trois (aleph, vav, yod) avaient aussi primitivement une valeur vocalique. Les voyelles proprement dites ne s'écrivaient pas, et c'est seulement vers le VIe ou le VIIe siècle de notre ère que des commentateurs, les Massorètes, s'appuyant sur la tradition, les transcrivirent à l'aide d'un système de points (points voyelles).

La phonétique est assez simple. La permutation des voyelles dans les racines, composées toujours de trois consonnes, joue un rôle prépondérant dans la formation des mots. La déclinaison est rudimentaire; les cas sont exprimés surtout par des prépositions et par des procédés syntaxiques (état construit). Le verbe a deux temps (parfait et imparfait), quatre modes (indicatif, impératif, participe, infinitif), et entre dans sept formes de conjugaison. La syntaxe est peu compliquée, mais très importante, le mot hébreu n'étant déterminé complètement que par sa place et sa fonction dans la phrase.

La langue moabite.
L'appellation de langue moabite ne désigne qu'une seule inscription due a un roi de
Moab (pays au Sud-Est de la mer Morte) due à un roi de Moab, (pays à l'Est de la mer Morte), Mesha (Mésa), qui raconte ses démêlés avec le roi d'Israél au milieu du IXe s. av. J.-C. Cette langue est extrêmement proche de l'hébreu primitif et peut être considérée comme un dialecte de ce-dernier. La stèle de Mesha est le plus ancien monument connu de l'écriture dite cananéenne (ou phénicienne) qui est celle des inscriptions phéniciennes et hébraïques et s'est perpétuée dans celle des manuscrits samaritains. Elle comporte 22 lettres.

Le phénicien.
Le phénicien est très voisin de l'hébreu, à la différence duquel il possède une forme de pronom relatif plus primitive, un certain nombre de mots qui passent en hébreu pour des archaïsmes, ou qui ont un sens tout autre. Nous connaissons le phénicien par des inscriptions (épitaphes, ex-voto, légendes de monnaies et de bijoux, papyrus, etc.) et par quelques citations d'auteurs latins, dont la principale se trouve dans le Poenulus de Plaute. La plus importante des inscriptions phéniciennes est celle qui a été découverte, en sur le sarcophage d'un roi de Sidon, et qui est sans doute de 600 avant notre ère. 

La langue des colonies, surtout celle des colonies africaines, paraît contenir un peu moins d'aramaïsmes que le phénicien de la métropole. Aussi distingue-t-on souvent le phénicien proprement dit du phénicien d'Afrique, ou punique. Ce dernier se divise d'une façon assez tranchée en deux dialectes. Le punique ancien, connu par les inscriptions découvertes en Tunisie et dans l'Est de l'Algérie, est à peu près identique au phénicien de Palestine. Le néo-punique, dont les monuments ont été trouvés dans la même région, présente une langue sensiblement modifiée et un alphabet plus rudimentaire. On croit qu'il fut parlé en Afrique jusqu'à à l'arrivée des Arabes, et qu'il a même favorisé les progrès de l'islam, grâce à la parenté, qui l'unit, à la langue arabe. Le phénicien de Palestine eut une plus courte durée : à partir d'Alexandre le Grand environ, il fut, supplanté par l'araméen et le le grec.

L'ancien alphabet phénicien est généralement considéré comme l'ancêtre de l'alphabet grec, et, indirectement, comme celui de l'alphabet latin et de tous les alphabets occidentaux. Quant à l'origine de l'écriture phénicienne elle-même, elle est plus obscure : les uns font dériver cette écriture, la plus ancienne des écritures sémitiques, des hiéroglyphes égyptiens; les autres y voient une transformation des cunéiformes néo-assyriens ou babyloniens. Les vingt-deux lettres du phénicien, adaptées par l'hébreu, étaient primitivement des dessins représentant une tête de boeuf (aleph), une maison (bêth), un chameau (gamel), etc. ; on sait également que de cette écriture dite phénicienne viennent tous les alphabets de l'Inde et de l'Europe. Cette écriture avait le défaut de ne pas transcrire les voyelles. 

Famille de l'araméen.
On répartit les langues araméens répartit dans deux groupes : l'araméen oriental (avec, notamment, le syriaque, le chaldéen, l'araméen talmudique et le mandaïque) et l'araméen occidental (avec le maalula, le samaritain et le nabatéen). Ces langues se distinguent de l'arabe et de l'hébreu par leur rudesse et la lourdeur de leurs constructions, par la fréquence des monosyllabes, la pauvreté des formes grammaticales et un matériel de mots plus restreint, par le manque d'aptitude à la poésie. Certaines de ces langues ont disparu, mais d'autres sont encore parlées en Israël, en Irak, en Turquie, en Géorgie, dans les Territoires palestiniens, en Iran et en Syrie.

Comme son nom l'indique ce rameau a pour type l'araméen ou vieil araméen, parlé jadis en Syrie, originairement propre aux populations que l'ethnographie biblique désigne sous le nom d'Aram, étendu ensuite, par des circonstances historiques, sous la domination des Assyriens, puis des Perses, non seulement à toute l'Assyrie, mais à l'ensemble de la Mésopotamie, jusqu'au golfe Persique, à la Palestine et à l'Arabie septentrionale. L'araméen, dans toutes ces régions, resta l'idiome prédominant et commun jusqu'à l'époque où l'arabe prit le dessus, avec l'islam, et se substitua complètement à lui, arrivant même à le faire périr graduellement. 

L'araméen (vieil araméen) a surtout été un idiome populaire; c'est celui que parlaient Jésus et ses adeptes; les Juifs l'avaient rapporté de Babylone après leur captivité. 

Le chaldéen s'étendait sur la plus grande partie de la Babylonie et de l'Assyrie et  n'a pas laissé de littérature, si ce n'est certaines parties de la Bible. Ces textes remontent au Ve ou au VIe siècles av. J.-C. et sont écrits dans ce que l'on appelle le chaldéen biblique. 

Le nabatéen, est le dialecte araméen parlé par les habitants de l'Arabie Pétrée, pénétré de nombreux arabismes, dont les textes sont aussi des inscriptions;

Le palmyrénien était la langue  de Palmyre et en général de la Syrie du nord. Elle nous a légué une riche épigraphie;

Le syriaque, dont l'aire géographique s'étendait sur la Mésopotamie et la Syrie est notamment connu par des textes littéraires qui ne remontent pas au delà des premiers siècles de l'ère chrétienne. Les inscriptions de Palmyre datent des trois premiers siècles et la traduction de la Bible dite pechito est du IIe siècle. Aujourd'hui, le syriaque n'est plus qu'une langue liturgique.

3° Sémitique méridional

Ce groupe est représenté par l’arabe et ses nombreuses variantes dialectales et par les langues sud-arabiques, qui rassemblent les anciens dialectes minéen, himyarite et sabéen, les modernes mahri,  shauri, dialecte de Socotra, etc.), ainsi que plusieurs langues parlées en Ethiopie et en Erythrée (le ghèze ou éthiopien, qui n'est plus qu'une langue liturgique, l'amharique, le tigré, le harari ou harara et quelques autres langues dont le vocabulaire semble avoir subi d'importantes altérations et effectué de nombreux emprunts).

L'arabe.
L'arabe, dont il n'est pas besoin de rappeler la haute valeur littéraire, l'importance historique et géographique, est la mieux conservée de toute la famille. Grâce à la religion dont elle est l'instrument, il s'est répandu et a porté son écriture et son vocabulaire depuis la Malaisie jusqu'au centre de l'Afrique. L'alphabet arabe, fabriqué sur celui de l'araméen, est fort mal commode et par l'omission régulière des voyelles et par la ressemblance de plusieurs signes différenciés par des points. 

On distingue l'arabe littéral et l'arabe dialectal. Cette distinction est arbitraire, car l'arabe littéral, langue des livres, correspond à un état ancien de la langue. C'est dans le dialecte koréïchite, du centre de l'Arabie, qu'est écrit le Coran, et c'est ce dialecte qui a pris la prééminence sur tous les autres. La langue des Moallakâts n'est pas autre chose que de l'arabe littéraire. L'arabe dialectal, où les formes grammaticales sont simplifiées et réduites, compte plusieurs dialectes dont les principaux sont ceux d'Arabie, de Syrie, d'Egypte et du Maghreb. 

On rapporte à l'arabe plusieurs autres langues, qui peuvent en être considérés aussi  comme des dialectes  : le safaïte, connu par les inscriptions du désert de Safa, à l'est de Damas, et le thémoudite, dont on possède aussi quelques lambeaux épigraphiques, recueillis sur la côte du Tihama (ces dialectes antiques  s'écrivaient avec des alphabets d'origine sabéenne), le Maltais, qui est une langue composite où le vocabulaire arabe entre pour une forte part, et le mozarabe du Sud de l'Espagne, qui a disparu au XVIIIe siècle. (A19).

Le maltais.
Le maltais est assez proche de l'arabe pour qu'on puisse y voir un dialecte. On ne sait si les peuples qui occupèrent successivement l'île de Malte, Phéniciens, Grecs, Carthaginois, Romains, Vandales, Goths, Arabes, y trouvèrent une population aborigène, parlant une langue particulière. On a longtemps cru que le maltais était du punique pur; mais, au XIXe siècle, Gésénius et de Slane ont démontré que Ia structure de cette langue, comme sa grammaire et la plus grande partie de son vocabulaire, est arabe. Le maltais présente les 28 sons de la langue arabe, auxquels il ajoute les articulations tch, gu et p de l'italien. 

Par rapport à la syntaxe, on remarque un mélange des règles de l'arabe ancien et de celles de l'arabe moderne : ce sont les mêmes principes de formation des diminutifs, le même mode de déterminer le genre dans les noms, la même déclinaison double pour le masculin et le féminin, les mêmes pronoms possessifs affixes, la même distinction des verbes en trilittères et quadrilittères. La plupart des particules, prépositions, adverbes et conjonctions, sont littéralement arabes ou dérivées de l'arabe. 

Les mots qui ne se rattachent pas à des racines arabes proviennent du grec, du latin ou de l'italien : quelques-uns, que ces langues n'expliquent pas, appartiennent peut-être à la langue primitive des habitants de l'île ou au phénicien. Le maltais s'écrit avec l'alphabet latin, en faisant subir quelques modifications à la valeur et à la forme des caractères. (B.).

Le sud-arabique.
Sud-arabique ancien (himyarite, minéen, etc.). 
Ce groupe de dialectes est représenté par des inscriptions nombreuses, surtout au Yémen et dans les oasis au Nord du Hedjaz. Le minéen y a été écrit sur la pierre et se rencontre sur une aire vaste. Lorsque la puissance a passé ensuite aux sabéens, c'est lu dialecte « Sabéen » qui a prédominé dans les inscriptions yéménites. La période suivante, illustrée à son début par les luttes des Sabéens et des Himyarites (gens de Himyar), a vu persister la prédominance linguistique du sabéen. Quelques inscriptions ne provenant pas de l'Etat principal attestent un dialecte occidental, celui du Qatabân (au Nord du site d'Aden) et un dialecte oriental, celui du Hadramaut.

Les dernières inscriptions sud-arabiques, au VIe s., ont précédé de peu l'établissement de gouverneurs perses; eux-mêmes ont été chassés au VIIe siècle par la conquête musulmane. La langue de ces inscriptions, dans la mesure où une écriture sans voyelles permet de la connaître, apparaît proche de l'arabe, mais avec des particularités phonétiques et morphologiques nettes, et un lexique indépendant. 

L'écriture monumentale est une ramification originale du l'alphabet sémitique, indépendante. semble-t-il, des écritures du Nord. Les rapports de dérivation entre elle ou son prototype et les écritures lihyanite et safaïte ne sont pas encore élucidés. Cette écriture est remarquable par les formes géométriques régulières de nombreux caractères. Le tracé est horizontal, la direction de droite à gauche prédomine, mais les inscriptions serpentines, droite à gauche, puis gauche à droite (tracé boustrophédon) sont fréquentes. Il y a vingt-neuf signes de consonnes différentes.

L'himyarite. - La langue himyarite est était parlée autrefois au Yémen et dans la région orientale de l'Arabie. Elle s'écrivait avec un caractère particulier; désigné sous le nom d'Al Mosnad, et qui était à peu près tombé en désuétude dès le temps de Mahomet; Pococke a voulu voir dans ce caractère le chaldéen à l'état primitif. On lui a même trouvé une ressemblance, évidemment fortuite, avec quelques-uns des plus anciens alphabets de l'Inde;et avec le slave glagolitique. Selon quelques linguistes, l'himyarite aurait été assez rapproché du syriaque; Gesenius croit qu'il avait plus de rapport avec l'éthiopien, qu'on parlait de l'autre côté de la mer Rouge. Fulgence Fresnel et Th.-J. Arnaud ont recueilli plusieurs inscriptions himyarites chez les tribus qui occupent l'ancien pays de Saba; ils pensaient que l'elchkili, parlé, aujourd hui dans le Mahra et l'Hadramaout, est un reste de l'antique dialecte. Wrede a composé un petit Vocabulaire des mots himyarites que contient l'arabe actuel. (Gesenius, Sur la langue, et l'écriture himyarites, en allem.; 1841.). (B.).

Sud-arabique moderne.
Si l'arabe a recouvert la région des inscriptions sud-arabiques, des parlers non arabes ont subsisté sur le domaine immédiatement contigu à l'Est. On distingue : le mahri (mehri), dans le Mahra, bande côtière a l'Est du Yémen et au Sud-Est de l'Oman; le shehri, qarawi ou jebbali contigu au mehri à l'Est dans un petit district montagneux; le soqotri, parler de l'île de Soqotra et des îles voisines. Il existe une langue, celui des Minhâlî, qui smble former une transition entre le mahri et l'arabe parlé dans le Haldramaut.

Sud-arabique éthiopien (ghèze, gurage, amharique, etc.).
L'ensemble de langues éthiopiennes représente une avancée des langues sémitiques en Afrique, de beaucoup antérieure à l'expansion de l'arabe : invasion par des colons venus de l'Arabie du Sud, commencée sans doute plusieurs siècles avant l'ère chrétienne; État constitué au Ier siècle, au plus tard. Les diverses langues du groupe éthiopien semblent dues à l'évolution parallèle de plusieurs dialectes sud-arabiques proches entre eux, soumis en domaine africain à l'influence des langues chamitiques auxquels ils se sont  plus ou moins lentement substitués.

Le nom  éthiopien » désignait en grec différents éléments africains; les gens de l'Arabie du Sud installés on Afrique se sont appliqué ce terme grec. Le nom indigène de l'ensemble de la population immigrée est une forme de la racine hbs, d'où Abyssinie, Abyssin.

Le ghèze ou ghiz tire son nom de celui d'un royaume où cette langue fut surtout en usage; on l'a aussi appelé  axoumite, du nom de la capitale de ce royaume. Par ses racines et ses formes grammaticales, par le système de sa déclinaison et de sa conjugaison, par l'emploi des affixes personnels, le ghiz présente, en effet, une frappante analogie avec l'himyarite, et les mots d'origine africaine ou grecque qui s'y sont introduits à diverses époques n'ont pas détruit sa physionomie originale. Plus dur que les autres langues sud-arabiques, il a notamment 5 consonnes. Contrairement à ce qui a lieu dans les autres langues sémitiques, il s'écrit de gauche à droite; les caractères de son alphabet sont un composé de formes sémitiques et de formes gréco-égyptiennes; la figure de chacune des 26 consonnes pouvant recevoir, sous forme d'appendice, celle d'une des 7 voyelles, il en résulte un total de 182 caractères. Au XIVe siècle, par suite d'un changement de dynastie, le ghiz cessa d'être le langage de la cour; il ne fut plus ensuite qu'une langue savante, employée dans la liturgie, dans les traités religieux ou scientifiques, dans la rédaction des annales du pays, dans les actes qui émanaient des souverains.

Le tigrigna ou tigray. - les deux noms signifient tigréen , le premier en amharique, le second en tigrina même. Tigré étant le nom du domaine abyssin au Nord du fleuve Takkazé. Langue de la région dont Axoum est le centre, le tigrigna est à considérer comme du ghèze évolué. Il diffère légèrement suivant les provinces (au Nord, dialecte du Hamasen). Très peu écrit jusqu'à la fin du XIXe siècle, le tigrigna a été recueilli oralement dans la dernière partie de ce siècle. Comme l'administration italienne de l'Érythrée en faisait usage, il a tendu à s'écrire davantage, et à s'étendre aux dépens des parlers voisins. 

Le tigré, à ne pas confondre avec le tigrigna, est une langue parlée dans le Nord du domaine tigréen. Sur une partie seulement de son domaine le tigré porte le nom de hasa ou khasa. Le tigré est proche du ghèze. Sa littérature orale a été recueillie tardivement. Quoiqu'il ne soit pas langue écrite, il fait figure de langue de civilisation, gagnant sur des parlers voisins et servant de langue seconde à des Chamites et à des Soudanais. Il est parlé dans la région côtière de Massaoua à Souakin et les îles Dahlak.

L'amharique, comme d'ailleurs le tigrigna et le tigré,  sont issues toutes trois du geez (guèze) qui est une langue morte à usage aujourd'hui purement liturgique. Le guèze s'était formé à partir du sabéen, langue des premiers colons venant de la rive asiatique de la mer Rouge, avec une écriture qu'on trouve sur les vestiges archéologiques deux rives, au Yémen et en Ethiopie-Erythrée. L'écriture actuelle de ces langues est une forme évoluée du sud-arabique qu'utilisaient les sabéens de l'actuel Yémen (mais aussi les habitants d'autres royaumes d'Arabie du sud utilisant la même écriture pour écrire des langues différentes. Le vocabulaire amharique a fait des emprunts à des langues couchitiques, notamment l'oromifa parlé par les Oromo, mais l'essentiel est demeuré sémitique : exemples : wolde (arabe ouled,ould, fils), biet (même mot que l'hébreu et l'arabe pour maison), zeit (idem pour olivier), ras (même mot que ras ou raïs pour chef, cap, sommet). 

Le gurage ou gouragué correspond à un ensemble de dialectes parlés dans la région de ce nom (environ 10.000 km²), par des éléments chrétiens, musulmans et animistes. Le dialecte principal est le tchaha; il n'est pas seulement le parler du canton de ce nom, mais il fait figure, pour tout un district, de langue littéraire dans la poésie orale. Le gurage représente l'avance la plus méridionale du sémitique abyssin, attestant une colonisation ancienne non datée exactement, que l'invasion galla du XVe - XVIe s. a interrompue. (Riojan / M. Cohen / B.).

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