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L'Antiquité > Le Croissant fertile
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La Mésopotamie, en arabe El-Djezirèh , c'est-à-dire « l'île », où l'irrigation fut pratiquée dès le VIe millénaire, fut une région d'une opulence remarquable, d'une exceptionnelle beauté, siège d'une civilisation ou plutôt d'une suite de civilisations extraordinairement anciennes. Ses deux fleuves, le Tigre surtout, lui versaient l'eau d'irrigation par une infinité de canaux et rigoles, et ces canaux se prolongeaient vers le midi jusqu'aux plaines sèches précédant l'Arabie Pétrée. Dans ce coin de l'Asie, régnèrent Babylone et Ninive

Au début des temps historiques, les habitants de la Mésopotamie méridionale (Basse-Mésopotamie) appartiennent à deux populations distinctes. Depuis les bords du golfe Persique jusqu'au delà de Nippur est un peuple appelé sumérien par ses voisins septentrionaux et qui est l'inventeur de l'écriture cunéiforme. Son origine est inconnue, mais des traces archéologiques disséminées tout le long du golfe Persique et l'Océan Indien, jusqu'en Inde semblent bien en faire le maillon le plus occidental d'un vaste espace culturel, dont un autre grand centre correspondait à la civilisation  de l'Indus (Mohenjo-daro, Harappa), et que l'on pourrait apparenter aux actuelles populations de langues dravidiennes.

Au delà de Nippur, vers le nord, habitent les Akkadiens, de langue sémitique.
Sont-ils venus directement d'Arabie, comme on le croyait jadis, ou ont-ils quitté la
Haute-Syrie et glissé le long de l'Euphrate, comme il le semblerait? Ils adoptent l'écriture des Sumériens et empruntent à leur vocabulaire un bon nombre de mots.

Une nouvelle migration des Sémites amène, au cours du troisième millénaire, des Amorrites. Jadis ils ont établi un royaume florissant sur le Moyen-Euphrate; ils s'installent à Isin, puis à Babylone, et se fondent dans la population locale au temps où les Kassites, d'origine discutée, descendus des montagnes du Zagros, s'emparent du pouvoir. A la même époque, des Sémites nomades s'infiltrent le long de la frontière occidentale et s'établissent dans le bas pays, le long de la côte, où leurs tribus se maintiennent à demi indépendantes jusqu'aux derniers jours de l'histoire de Babylonie.

Quant aux Assyriens, population de langue sémitique, leur origine est inconnue; peut-être forment-ils un rameau détaché de la migration qui a conduit les Akkadiens en Babylonie. Leur pays, qui tire son nom de leur première capitale, Assur, s'étend, au Nord-Ouest de la babylonie, sur les deux rives du Tigre, dans la plaine élevée qui domine les terres alluviales de la Babylonie. A l'est, elle est bordée par le Zagros; au nord, par les monts d'Arménie; a l'ouest, elle n'a pas de frontière naturelle.

Dans les ruines d'Assur les plus anciens documents sont des sculptures analogues aux sculptures sumériennes. Zarikum, prince de cette ville, est vassal de Bur-Sin, roi d'Ur, au XXIVe siècle, époque où les Sumériens exercent aussi une certaine influence sur les adorateurs d'Assur, établis dans la région du mont Argée, en Cappadoce.

La Babylonie

Sumer et Akkad.
Des documents, rédigés en Sumer, dans la seconde moitié du troisième millénaire, ont permis de reconstituer un système chronologique babylonien comportant vingt et une dynasties dans douze villes différentes, avant l'époque où les rois amorrites de Babylone firent prévaloir la domination de cette cité. Les plus anciennes appartiennent plongent dans la protohistoire; la durée des règnes a un caractère nettement mythique et les hauts faits des princes sont purement légendaires. Cependant, en ce qui concerne la IIe dynastie, dont le siège était à Uruk, il existe pour trois de ses rois des références à caractère historique. Un fragment attribue à Lugalmarda, le troisième prince, la conquête d'Alep, et la tradition a conservé des présages recueillis sous les règnes de ses deux successeurs immédiats, Doumou-zi et Gilgamesh. Ce dernier aurait entouré la ville d'une muraille et construit des monuments religieux; il aurait guerroyé contre un prince d'Occident, Huwawa, connu non seulement par la légende, mais aussi par quelques présages. Les textes divinatoires ont acquis une grande importance documentaire depuis qu'il a été possible de vérifier la valeur historique de ceux qui se rapportent au règne de Sargon d'Agadé (Sargon l'Ancien).

Dans ces temps reculés, tantôt Kish, ville du pays d'Akkad, tantôt une ville de Sumer, comme Uruk, Ur. Adab, conquérait l'hégémonie sur les deux territoires; tantôt, enfin, une cité étrangère, soit Awan ou Hamazi en Élam, soit Mari sur le Moyen-Euphrate, imposait son joug, dont les vaincus s'affranchissaient dès que les circonstances leur en donnaient les moyens.

Dans la dynastie d'Adab se trouve le premier nom de roi, Lugal-ana-mundu, dont on possède un document écrit : c'est, à la vérité, une copie postérieure à son règne.

La souveraineté fut ensuite exercée par Mari, par la IIIe dynastie de Kish, par une dynastie d'Akshak, ville du Nord, et, pour la quatrième fois, par Kish, dont certaines villes ne reconnaissaient probablement pas la domination. Les princes de Kish les plus anciens dont des inscriptions sont connues ont probablement appartenu à une dynastie non comprise dans le canon officiel. L'un d'eux, Mésilim, intervient à un traité qui met fin à la lutte entre deux cités sumériennes rivales : Lagash et Umma. Il est de quelques générations antérieur à Ur-Ninâ, fondateur à Lagash d'une dynastie dont la puissance englobe quelque temps sous Éanatum, son troisième roi, tout le territoire de Sumer et d'Akkad et s'étend même sur une partie de l'Élam. Mais, à la fin de son règne, ce prince perd le fruit de ses conquêtes et doit abandonner le titre de roi. Le clergé avait pris dans la cité une place prépondérante et un jour vint où Enétarzi, grand prêtre du dieu local, s'empara du pouvoir et introduisit des abus; une réaction amena la déposition de Lougalanda, son second successeur, qui fut remplacé par un prince réformateur, Urukagina.

Umma, la cité voisine, était, à cette époque, gouvernée par un ishakku ambitieux, Lugal-zaggisi; il attaque Lagash, la ruine, étend son pouvoir sur tout Sumer et fait des raids jusqu'à la côte de Syrie. Après vingt-cinq ans de domination (vers 2870-2846) il est renversé par le sémite Sargon, ancien libérateur d'Ur-Zababa, l'un des rois de la IVe dynastie de Kish. Sargon s'empare d'Uruk par surprise, défait l'armée de Lugal-zaggisi, et plus tard capture ce prince qu'il fait déposer solennellement par l'invocation Enlil, le dieu de Sumer. Dans une autre campagne, il conquiert Ur, Lagash, Umma. Mari tombe en son pouvoir, ainsi que Iarmuti, à l'ouest de la boucle de l'Euphrate, et Ibla, sur les pentes du Taurus. 

En l'an 3 de son règne, il a atteint le mont Argée. A l'est, il entreprend deux campagnes victorieuses contre l'Elam, et une tradition néo-babylonienne lui attribue une expédition navale contre Dilmun, dans le golfe Persique. Mais vers la fin de sa vie éclate une révolte générale; il est assiégé dans la ville d'Agadé (Akkad), par lui construite et devenue sa capitale; son fils Urumush doit reconquérir pied à pied les territoires jadis soumis; Manishtusu, qui lui succède, fait une campagne navale contre la côte élamite pour s'assurer le contrôle de mines d'argent et de carrières de pierre, et son pouvoir est incontesté sur la région de Suse.

Plusieurs monuments prouvent que, sous le règne de Narâm-Sin (vers 2768-2712), la domination d'Agadé est consolidée. A Pir-Hussein, près Diarbékir, une stèle a été retrouvée à l'endroit même où Narâm-Sin l'avait fait ériger; une autre stèle commémore sa victoire contre une coalition de Lullubu et de Siduri, peuples de la région du Zagros. Sharkalisharri (vers 2712-2688) est le dernier grand roi de cette lignée. A sa mort c'est l'anarchie, et moins de quarante ans plus tard (vers 2649) Uruk, pour la quatrième fois, exerce la suprématie.

Ce ne fut d'ailleurs pas pour un longtemps. Des barbares, les Guti, cantonnés dans le Zagros, contre qui Sharkalisharri avait fait au moins une campagne, descendent dans la plaine et pendant cent vingt-cinq ans (vers 2622-2498) y maintiennent leur domination. Un roi d'Uruk avait dû s'abaisser devant eux : un roi d'Uruk rétablit l'indépendance.

A cette époque brille d'un éclat tout particulier Gudéa, ishakku de Lagash, dont la puissance et la richesse sont manifestées par des inscriptions, des statues, des objets d'art de toute sorte.

Vers 2474, Ur-Engur, roi d'Ur, s'empare d'Uruk. Dungi, son fils (vers 2456-2399), gouverne un domaine aussi étendu que celui d'un Sargon ou d'un Narâm-Sin. Mari et Ibla, à l'ouest, contribuent, par leurs envois, à l'entretien du grand parc national créé auprès du temple d'Enlil pour les besoins du culte, peut-être aussi pour ceux de l'État. L'administration est fortement hiérarchisée; des courriers royaux établissent des relations fréquentes entre la capitale et les villes les plus éloignées. Sous le règne de Bur-Sin, fils de Dungi (vers 2398-2390), un prince d'Assur paraît pour la première lois dans l'histoire et ce prince se dit serviteur du roi d'Ur. L'influence suméro-akkadienne s'est développée à l'ouest de l'Euphrate, notamment dans la région du mont Argée, où des marchands sémites, adorateurs d'Ashour (Assur), exploitent les richesses naturelles du pays. A l'intérieur de l'empire, vers l'ouest et vers l'Est, s'annonce une menace : Gimil-Sin (vers 2389-2381), fils de Bur-Sin, est obligé de construire à la hauteur de Sippar une muraille pour se protéger contre les incursions des Amorrites de Mari. Sous le règne suivant, il faut faire front à la fois contre les Amorrites et contre les Elamites. Le roi d'Ur, Ibi-Sin, succombe dans cette lutte. Il se fonde deux nouveaux royaumes : l'un à Isin, l'autre à Larsa.

L'Ancien empire babylonien.
Ishbi-Ira, le chef des Amorrhéens de Mari, s'établit à Isin (vers 2357), et s'attribue le titre de roi de Sumer et d'Akkad, qui est ravi à ses successeurs par Gungunum (2264-2238), cinquième roi de Larsa. En 2225, un nouveau royaume, d'origine amorrhéenne comme celui d'Isin, se fonde à Babylone; la dynastie dont Sumou-abum est le premier prince ruinera les dynasties d'Isin et de Larsa. Babylone, située au carrefour de grandes routes mondiales, sera désormais la capitale de l'empire et conservera son importance jusqu'à la création de Séleucie.

Sumu-abum (2225-2212) conquiert successivement les villes voisines. Dilbat, à 27 kilomètres, n'est pas incorporée dans le royaume avant la neuvième année; Kish, réduite en l'an 10 (2216) avec le secours des troupes de Larsa, recouvre bientôt une certaine indépendance, est dévastée en 2200 par Sumou-la-el (2211-2176) et définitivement annexée en 2185, année où le roi de Babylone prend pied en Sumer, à Dur-Zakar, une des défenses de Nippur.

Sin-idinnam, de Larsa (2181-2176) , avait repris le titre de roi de Sumer et Akkad, abandonné par Abi-sarê (2233-2227) successeur de Gungunum à Bur-Sin roi d'Isin (2235-2215) . Au temps de Zabium (2175-2162), roi de Babylone, la royauté de Larsa passe par droit de conquête à Kudour-Mabug, fils de Simti-Shilhak, roi d'Élam, mais ce prince fait proclamer roi son fils Warad-Sin (2167). La lutte continue entre les deux royaumes établis en Sumer. Rîm-Sin, successeur de Warad-Sin, et Sin-muballit, second successeur de Zabium (2143-2124), combattent chacun de son côté Isin qui, en 2126, est annexée à Larsa. Hammurabi (2123-2081) , sixième roi de Babylone, prend Isin en 2118, met fin à la dynastie de Larsa en 2095, s'empare l'année suivante de Rîm-Sin lui-même, et, en 2095, réduit les Élamites, qui ont tenté de continuer la lutte. Son royaume s'étend du golfe Persique jusqu'à Assur et à Ninive.

Hammurabi est le plus grand des rois de Babylone. Sous son règne, cette cité devient la capitale politique et religieuse; de grands travaux sont entrepris; le commerce avec les régions occidentales se développe; le pouvoir central se fortifie; la législation est révisée (Le Code d'Hammurabi).

Mais, dès le règne de Samsu-iluna (2080-2043), fils de Hammurabi, apparaissent les signes avant-coureurs de la ruine de la dynastie. En l'an 8, la frontière orientale est menacée par les Kassites, établis dans les montagnes du Zagros; refoulés, ils s'infiltrent dans le pays comme manoeuvres et ouvriers; trois siècles plus tard, vers 1761, ils s'empareront du pouvoir. Au sud, le long du golfe Persique, dans les lagunes et les marécages qui forment maintenant le Pays-de-la-mer, s'est organisé un nouveau royaume dont le chef, Iluma-ilum, devient bientôt maître de tout l'ancien territoire de Sumer (vers 2051); un siècle plus tard, en 1926, la Ire dynastie de Babylone disparaît : des Hittites sont descendus d'au delà de la boucle de l'Euphrate, ont pillé la ville, ont emmené son dieu en captivité.

La domination Kassite.
Les rois du Pays-de-la-mer s'emparent du pouvoir et s'y maintiennent jusque vers 1761; les Kassites les rejettent vers le sud et fondent une dynastie qui dure 576 ans. De leur domination datent de nouveaux usages et l'introduction définitive du cheval. C'est l'époque où les Hittites développent leur influence en Syrie septentrionale, où l'Assyrie se dégage de la tutelle babylonienne et de l'emprise mitanienne, est victorieuse de Kurigalzu III (vers 13571335) et pille Babylone au temps de Kashtiliash III (vers 1263-1256). En 1188, le roi d'Assyrie s'empare de plusieurs cités, et Shutruk-Nahhunte d'Elam emporte parmi les dépouilles de Sippar et de mainte autre ville de nombreux monuments, qui ont été retrouvés à Suse. Quarante ans plus tard, Nabuchodonosor Ier (vers 1140) lutte avec des chances diverses, puis, après une courte période de prospérité, la Babylonie devient la proie des Sutéens, araméens semi-nomades de la rive droite de l'Euphrate; la guerre civile éclate, la famine se répand. Vers 910, Shamash-mudammiq perd sa cavalerie engagée contre Adad-nirâri d'Assyrie, qui envahit la Babylonie. En vain son second successeur fait-il alliance (879) avec les Araméens de Souhi, près du confluent du Habur en 853, le roi de Babylone est contraint de reconnaître le roi d'Assyrie comme suzerain.

Désormais, jusqu'en 612, date de la ruine de la puissance assyrienne, ce sera une lutte continuelle entre l'Assyrie et les princes légitimes ou usurpateurs qui tentent de retablir l'indépendance. En 725, Téglath-phalasar III se fait proclamer roi de Sumer et d'Akkad; malgré les soulèvements, malgré les prétendants, ses successeurs s'efforcent de garder ce titre. En 625, à la mort d'Assurbanipal, un certain Nabopolassar se proclame roi et fonde la XIe dynastie, dite néo-babylonienne. Il sait profiter de l'affaiblissement de la royauté ninivite, s'allie à Cyaxare, roi des Mèdes, et le soutient dans la campagne victorieuse qui met fin à l'empire assyrien.

L'empire Néo-babylonien.
Les années suivantes sont une époque de renaissance pour la Babylonie. Héritière des prétentions assyriennes sur la région de Syrie, elle repousse le pharaon Néchao qui s'est avancé jusqu'à l'Euphrate. Nabuchodonosor II (604-561), le plus grand roi de cette période, restaure les villes en s'inspirant de l'art assyrien et de l'art hittite; son armée, instruite à l'assyrienne, achève la conquête de la Syrie par la prise de Jérusalem (596); comme allié des Mèdes, il prend part à la lutte contre la Lydie. Plus tard, il tente une campagne contre l'Égypte (568). 

La fin de Babylone.
Vingt ans après, sous le règne de Nabonide (555-539), Cyrus le Perse, roi d'Anzan et vassal d'Astyage le Mède, se révolte contre son suzerain; ayant mis fin au royaume de Lydie (546), il se tourne contre Babylone qui, avec l'Égypte, a soutenu son adversaire. En 539, aidé par la trahison de Kubaru (Gobryas), gouverneur babylonien du pays de Guti, il défait à Opis l'armée babylonienne, commandée par le prince héritier Bêl-shar-utsur, et est reçu à Babylone en libérateur.

Sous la domination perse (539-331), rien n'est changé aux coutumes des Babyloniens. De temps à autre, des prétendants essaient de secouer le joug : sous Cambyse et sous Darius, la répression est ferme; sous Xerxès elle entraîne le démantèlement de la cité et la ruine de son temple.

Après la conquête de l'Asie, Alexandre lui donne comme capitale la ville de Babylone; la civilisation grecque se substitue peu a peu à la civilisation babylonienne et celle-ci tente en vain de réagir; à l'ombre des temples, où le culte se maintient jusqu'aux années qui précèdent immédiatement l'ère chrétienne, subsistent des écoles, et d'infatigables copistes y transcrivent les vieux documents sumériens et akkadiens. Mais, peu à peu, la grande cité ne cesse de déchoir; au point de vue politique, sa ruine est définitive le jour où est fondée Séleucie.

L'Assyrie

Pendant plusieurs siècles, les Assyriens sont demeurés sous la domination de la Babylonie; ils ont aussi l'influence des Mitanniens, peuple d'origine probablement indo-européenne, établi entre eux et la boucle de l'Euphrate. Au XIVe siècle, quand les Hittites atteignent l'apogée de leur puissance, s'ils s'émeuvent des tendances de l'Assyrie à se rendre indépendante, ils commettent la faute d'abaisser le Mitanni et ne peuvent obtenir de Babylone une expédition qui ruinerait les prétentions assyriennes. Ashuruballit, roi d'Assyrie, n'hésite pas à nouer des relations avec l'Égypte sans passer par l'intermédiaire du roi de Babylone, son suzerain; il intervient dans les affaires intérieures de ses voisins, il commence cette politique de conquête qui, au siècle suivant, permettra à Salmanasar Ier (vers 1290-1260) d'asseoir sa domination jusqu'à Karkémish sur l'Euphrate, à Toukulti-Inurta Ier (vers 1260-1240), de s'étendre sur la Commagène au nord-ouest, vers le lac de Van au nord, jusqu'au golfe Persique au sud, et de régner sept années durant à Babylone.

La puissance assyrienne subit ensuite une éclipse; quand elle reprend conscience de sa force sous Téglat-phalasar Ier (vers 1115-1110), elle conquiert à nouveau la Commagène, la région du lac de Van et une partie de la Syrie du nord jusqu'à la Méditerranée. Domination éphémère : Assur-bêl-kala, fils de Téglath-phalasar, ne peut conserver cet empire. Le relèvement commence sous Adad-nirârî II (vers 910-890), dont le petit-fils, Assur-nâtsir-apla II (884-860), reçoit le tribut des peuples du Naïri de la Commagène, de la Syrie septentrionale, de Karkémish à Tyr et Sidon. Salmanasar III (859-824) entre en conflit avec le royaume de Hamath, soutenu par Damas, Israël, Ammon, la Cilicie, quelques villes de Phénicie et des nomades; contre cette coalition il livre la bataille de Qarqar (854); douze ans plus tard il assiège Damas et vient recevoir au Nahr-el-Kelb les tributs de ses vassaux syriens. Son fils aîné suscite une révolte des principales villes assyriennes, et le pouvoir est affaibli par ces luttes intestines; au temps de Shamshi-Adad V (824-810) , les vassaux d'au delà de l'Euphrate ont cesse d'envoyer leur redevance annuelle.

Adad-nirâri III (810-782) impose sa domination du golfe Persique et de la frontière de l'Élam jusqu'au désert d'Égypte, mais vers le nord les progrès sont à peu près nuls. Les Mèdes, établis sur le plateau iranien, commencent à s'agiter, l'Urartu tente de rétablir son indépendance. Téglath-phalasar III (745-727) fait quatre campagnes contre Arpad, intervient dans les affaires du Iôdi, lutte contre Damas, pille Gaza en Philistie, établit Osée sur le trône d'Israël, compte comme tributaires les rois de la Commagène au nord, les princes arabes de Teïma, de Saba, de Badana au pays de Madian, au sud. Après la mort de Nabonassar, il se fait proclamer, à Babylone, roi de Sumer et d'Akkad (729), sous le nom de Pulu. Salmanassar V (727-722) assiège trois ans durant Samarie, la capitale d'Israël; cette ville succombe à la fin de 722, dans le second mois du règne de Sargon (722-705). Au début de 721, l'armée assyrienne est battue par les Élamites alliés de Babylone, où l'Araméen Mérodach-baladan II s'est emparé du pouvoir; mais elle l'emporte à Qarqar sur une nouvelle coalition de Hamath, de Damas, de Samarie, formée à l'instigation de l'Égypte; une seconde ligue, dans la région de Gaza, subit aussi une défaite. Au nord de l'empire, Ursâ Ier, roi d'Urartu (Arménie), noue des intrigues; de 719 à 714, il lutte contre l'Assyrie, et la région n'est pacifiée qu'après sa mort. En 713, Sargon étend la frontière du nord-ouest jusqu'à l'Halys; en 711, en Philistie, il détruit Gath et les deux Asdod, dont le roi, poussé par l'Égypte, a essayé de soulever Philistins, Juifs, Édomites et Moabites. Au début de 709, il a reconquis Babylone et il s'y fait introniser roi; il reçoit les tributs de Dilmoun dans le golfe Persique, du roi des Mèdes définitivement vaincu, et dans l'île de Chypre il fait ériger une stèle à Citium.

Sennachérib (705-681), vainqueur de Babylone, où est revenu Mérodach-baladan II, et des tribus araméennes du Bas-Euphrate, fait un raid contre les Kassites et des démonstrations contre les Mèdes. En 701 il assiège Tyr, dont le roi à reconquis Chypre, adis placée sous sa dépendance, mais ne peut s'en emparer. Dans la plaine, au sud d'Akkaron, il livre bataille aux troupes égyptiennes alliées des rois révoltés d'Ascalon, Jaffa, Akkaron et Jérusalem; cette dernière ville est assiégée, le roi Ezéchias doit promettre le tribut et abandonner une partie de son territoire. En Babylonie, Sennachérib intronise un de ses fils. Les années suivantes il guerroie au Kurdistan, en Cilicie, au pays de Tabal. En 694, il fait construire une flotte pour aller attaquer Mérodachbaladan sur la côte élamite; le roi d'Élam en prend prétexte et envahit la Babylonie, qui se révolte; il est lui-même détrôné par les siens; son successeur meurt bientôt et le jeune Humban-menanou, allié de Babylone, livre aux Assyriens la bataille indécise de Haloulé (690). La même année, après une démonstration contre les nomades arabes d'Adoummatou (El Djôf), une armée assyrienne va camper à Lachis, menaçant Juda et l'Égypte; une épidémie, aggravée par les privations subies pendant la traversée du désert et propagée par des rats, l'oblige à battre en retraite.

Peu après, Babylone, où s'agite encore un prétendant, est prise, ruinée, incendiée. En 681, Sennachérib est assassiné par son fils aîné; un autre de ses fils lui succède, Assarhaddon (681-668). Il restaure Babylone. Le premier des rois d'Assyrie il pénètre en Égypte; à sa troisième campagne contre ce pays, au début de 671, il atteint Memphis et organise le Delta en principautés tributaires.

La fin de son règne est assombrie par une révolte consécutive à la désignation de son fils aîné, Shamash-shum-ukîn, pour la vice-royauté de Babylone, et d'un fils cadet, Assurbanipal (669-626), pour la couronne d'Assyrie. Il meurt au cours d'une nouvelle campagne contre l'Égypte; deux fois l'armée assyrienne remonte le Nil jusqu'au delà de Thèbes; la Syrie, toujours prête à se révolter, n'osera plus nouer d'intrigues. Shamash-shum-ukîn demande du secours contre les Élamites qui ont envahi son territoire (661) : c'est le début d'une suite de guerres contre l'Élam, qui se termineront par le sac de Suse en 640; entre temps, vers 652, le roi de Babylone a formé une vaste coalition où l'Élamite se rencontre avec l'Arabe du désert syrien; son territoire a été ravagé, lui-même a péri dans l'incendie de son palais (648). Plusieurs expéditions sont entreprises contre les Arabes. Psammétique, en Égypte, tente de former une ligue contre l'Assyrie et reçoit des renforts de Gygès, roi de Lydie, ancien allié d'Assurbanipal. Sur le plateau iranien, les Mèdes, entrés en conflit au siècle précédent avec les Assyriens et vaincus par Sargon, se sont groupés; leur roi Fravarti (vers 647-625) a triomphé du roi des Perses qui, à la suite du sac de Suse, s'est emparé d'une partie de l'Élam et s'est proclamé roi d'Anzan; maintenant il affronte l'Assyrie, mais il est défait et reste sur le champ de bataille. Cyaxare, son fils, réorganise l'armée et vient assiéger Ninive. A la mort d'Assurbanipal, deux de ses fils lui succèdent et ont à lutter contre des usurpateurs. A Babylone, Nabopolassar se proclame indépendant et fait alliance avec Cyaxare qui vient une seconde fois assiéger Ninive. Cette ville est prise et détruite (612); l'empire assyrien disparaît; les Mèdes et les Babyloniens se partagent ses dépouilles.

L'histoire de l'Assyrie est celle d'un empire exclusivement fondé sur la puissance militaire. A des périodes d'extension succèdent des périodes de revers. Les peuples vaincus sont tout d'abord simplement soumis à un tribut; plus tard, on les déporte, on incorpore leurs guerriers dans l'armée assyrienne, on organise des provinces sous la direction de gouverneurs militaires. Mais les vaincus ne se laissent pas assimiler et l'édifice, péniblement construit, s'écroule subitement sous les coups d'un peuple jeune, soigneusement instruit des méthodes de son adversaire. (HGP).

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