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Palmyre

Palmyre (en araméen Tadmor = ville des palmiers) est une ancienne ville de Syrie, située dans une oasis du vaste désert qui sépare la Syrie de l'Arabie. Ses ruines imposantes se trouvent à 100 kilomètres de Homs, et  à 240 kilomètres au Sud-Ouest de Deir, sur l'Euphrate; elles occupent une longueur de 3 kilomètres environ du Sud-Est au Nord-Est, sur un sol artificiellement exhaussé, dont l'altitude est de 400 m au-dessus du niveau de la mer. Des passages, peut-être interpolés, du Ier livre des Rois, IX, 18, et du IIe livre des Chroniques, VIII, 4 (Ancien Testament), en attribuent la fondation à Salomon. Nous lisons également à ce sujet dans Josèphe (Antiquités judaïques, L VIII, ch. VI, § 1)
« Salomon, pénétrant dans le désert situé au-dessus de la Syrie, y fonda une très grande ville, éloignée de deux jours de marche de la Syrie supérieure, d'un seul de l'Euphrate et de six de la grande Babylone. La raison pour laquelle cette ville fût bâtie si loin de toutes les autres parties habitées de la Syrie, c'est qu'au-dessous d'elle il n'y a point d'eau, et que sur son seul emplacement on a trouvé des sources et des puits. Salomon construisit donc cette cité, l'entoura de puissantes murailles et l'appela Thadamora tel est le nom qu'elle porte encore parmi les Syriens; les Grecs l'appellent Palmyra. »
Des témoignages archéologiques (des lettres de la bibliothèque de Mari, notamment) montrent que le site de Palmyre, occupé dès la préhistoire, devait déjà être un centre caravanier d'importance dès le IIe millénaire avant notre ère, à une époque où il se trouvait sous domination amorrhéenne. Il est d'ailleurs compréhensible que les caravanes qui, bien avant Salomon, traversaient la Mésopotamie pour se rendre en Syrie, aient  établi dans ce lieu un comptoir de commerce; c'était un point tout naturel de halte et de ravitaillement, grâce aux sources qui y jaillissaient. Et donc, à supposer que la Tadmor ou la Thadamora dont il est question dans les textes mentionnés plus haut soit bien celle que l'on appellera plus tard Palmyre, il semble que Salomon ne puisse être redevable éventuellement que d'un agrandissement et un embellissement de la cité, peut-être de la construction de murailles. 

Chose singulière, au demeurant, une obscurité complète qui dure un millier d'années enveloppe ensuite l'histoire de la Tadmor salomonienne, la Palmyra des Grecs et des Romains, et il faut traverser de longs siècles pour voir reparaître dans les écrivains de l'Antiquité le nom de cette ville. Le premier témoignage historique est celui d'Appien (Histoire des guerres civiles de la République romaine, 1. V, ch. ix) qui raconte que Marc-Antoine envoya sa cavalerie pour piller Palmyre, dont les habitants s'étaient réfugiés avec leurs richesses dans une très forte position sur les bords de l'Euphrate; Palmyre était alors un centre du négoce entre les régions du golfe Persique et de Babylonie et celles de Syrie et des rivages de la Méditerranée. 

A l'époque de Pline l'Ancien, elle avait une grande importance, dit cet auteur (Histoire naturelle, 1. V, ch. XXI), grâce à sa position isolée, à la fertilité de son sol, aux sources qui arrosaient ses champs, que les sables environnaient de toutes parts, et à l'habileté avec laquelle elle avait su se maintenir indépendante, et conserver une situation mixte et respectée entre deux grands empires rivaux, celui des Parthes et celui des Romains. Tombée au pouvoir de ces derniers, dans le IIe siècle de notre ère, elle fut ornée par l'empereur Hadrien, vers l'an 130 après J.-C., de superbes monuments, et prit le nom d'Hadrianopolis, comme on peut l'inférer d'un passage d'Étienne de Byzance. Elle se gouvernait néanmoins suivant ses propres lois, et les inscriptions gravées sur plusieurs de ses édifices publics prouvent qu'ils avaient été construits à la fois par le sénat et par le peuple.

Au commencement du IIIe siècle, elle devint une colonie romaine sous Caracalla. Elle était alors dans toute sa magnificence, et son commerce avec l'Inde, dont elle était l'une des principales voies et l'un des plus grands entrepôts, en avait fait l'une des plus riches et des plus splendides cités du monde ancien. Ses citoyens, actifs et entreprenants, s'efforçaient à l'envi d'accroître sa prospérité; ils étaient, du reste, récompensés dignement de leurs services et de leurs bienfaits par les statues qu'on leur érigeait, et qui frappaient partout les regards sur les places publiques et le long des portiques ornés de colonnes qui sillonnaient la ville.

A l'époque de Gallien, Septimius Odenath, noble de Palmyre et chef des Sarrasins riverains de l'Euphrate, rendit de tels services dans la guerre contre les Perses - il marcha contre les Perses, conquit la Mésopotamie et défit Sapor sous les murs de Ctésiphon (260 ap. J.-C.) - que l'empereur lui donna le titre d'Auguste et le reconnut pour collègue (264). Il fut assassiné en 267 à Emesse, avec son fils aîné Hérode, par l'un de ses neveux, nommé Maeonius, et, au nom de leur fils Vahballath (ouVaballathus), intitulé imperator, Zénobie, veuve d'Odenath, régna quelques années, reconnue dans l'empire romain comme impératrice.

La vertu, le courage, la clémence et aussi la grande culture intellectuelle de cette femme extraordinaire ont été rarement égalés. Célèbre aussi par sa beauté, Zénobie, qui prétendait descendre des Ptolémées, parlait facilement plusieurs langues. Elle avait appelé à sa cour le célèbre Longin, dont elle avait fait son principal conseiller et avec lequel elle aimait à lire Homère et Platon, et à se pénétrer de leur sublime génie. Pendant toute la minorité de son fils Vahballath Athénodore, elle administra ainsi sagement sur la Mésopotamie et la Syrie, régente de nom, souveraine de fait; mais bientôt le désir d'agrandir son royaume la poussa à conquérir l'Égypte, qui, en 269, fut envahie et subjugué par l'un de ses généraux, nommé Septimius Zabda. 

A la mort de Vahballath, en 271, elle continua à régner au nom de Herennianus et de Timolaüs, deux autres de ses fils, alors fort jeunes. Cette même année, à l'instigation, dit-on, de Longin, elle conçut des projets plus vastes, et aspirant à devenir la véritable, reine de l'Orient, elle osa secouer le joug des Romains et écrivit à l'empereur Aurélien une lettre pleine de fierté, dans laquelle elle se déclarait indépendante. Aurélien, vainqueur des Goths, s'empressa aussitôt de marcher contre elle, et, pendant que l'un de ses lieutenants lui enlevait l'Égypte par la défaite de Zabda, il s'avançait lui-même avec une puissante armée à travers l'Asie Mineure, et, pénétrant en Syrie, il remportait coup sur coup deux victoires éclatantes auprès d'Antioche et d'Emèse sur Zenobius et Septimius Zabbaï, autres généraux de Zénobie.

Celle-ci, qui avait assisté à ces deux batailles, se réfugia après ce second échec dans sa capitale. Aurélien l'y suivit, perpétuellement harcelé par des troupes de Bédouins, et il commença immédiatement le siège de la ville. Zénobie se défendit d'abord avec beaucoup de courage; mais ensuite, à l'arrivée de Probus, le même général qui fut plus tard empereur, et qui, vainqueur de Zabda, accourait d'Égypte avec de puissants renforts, elle résolut d'échapper aux Romains par la fuite, et, montée sur l'un de ses plus légers dromadaires, elle avait déjà atteint les bords de l'Euphrate, lorsque des cavaliers agiles, lancés à sa poursuite, parvinrent à s'emparer d'elle et la ramenèrent aux pieds de l'empereur. 

Palmyre se rendit alors, et les principaux personnages y furent mis à mort. Aurélien se retira bientôt avec sa royale captive, qu'il réservait pour son triomphe, et laissa à Palmyre une garnison de six cents archers. Le retour de l'empereur à Rome fut accompagné d'une pompe extraordinaire. Une foule de captifs appartenant à toutes les nations qu'il avait subjuguées marchaient devant lui; mais parmi eux on remarquait principalement Zénobie. Belle et imposante encore dans son humiliation et dans son malheur, elle attirait et captivait tous les regards par la noblesse de son maintien. Rien n'avait été oublié néanmoins pour insulter davantage à sa splendeur passée et à son infortune présente. Le cou entouré d'une chaîne d'or, elle succombait sous le poids de ses propres joyaux, dont on l'avait accablée, et elle précédait à pied le char triomphal d'Aurélien, que traînaient quatre éléphants.
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Palmyre : ruines du temple du Soleil.
Les ruines du temple du Soleil, à Palmyre. Source : The World Factbook.

Néanmoins, la ville se révolta bientôt. La garnison établie à Palmyre fut massacrée. Aurélien, en apprenant cette nouvelle, se hâta de revenir plein de fureur, et noya la ville dans des flots de sang : des milliers de personnes, même des femmes, des vieillards et des enfants furent égorgés sans pitié. Tout fut pillé et saccagé (273). Palmyre ne se releva jamais d'une pareille catastrophe. Cependant Aurélien lui-même, quelque temps après, essaya de réparer les ruines qu'il avait faites et ordonna de restaurer le grand temple du Soleil.

Vingt années plus tard, sous le règne de Dioclétien, les murs de la cité furent rebâtis. Devenue le siège d'un évêché, Palmyre vit alors sans doute convertir en églises chrétiennes plusieurs de ses temples. Justinien, dans la suite, reconstruisit son enceinte, comme nous l'apprend Procope, et il est à présumer qu'il en amoindrit à dessein le circuit, qui paraît avoir été auparavant beaucoup plus considérable. La ville, en effet, avait à cette époque singulièrement perdu de son importance première, et pour mieux la défendre, il fallait restreindre le périmètre de ses murs. On sait qu'on y trouve encore une station militaire, où campa vers 400 la 1re  légion illyrienne, mais après Justinien, il n'en est plus question jusqu'à l'époque arabe. Une fois tombée au pouvoir des musulmans, elle déclina de plus en plus. Sa population toutefois se maintint encore à un chiffre relativement assez élevé; car, en 1172, Benjamin de Tudèle y trouva une colonie juive qu'il estime à quatre mille âmes, et qui, d'après une tradition, aurait été le reste des anciens colons juifs que Salomon avait, dit-on, transplantés dans cette ville. 

Pendant très longtemps, les ruines de Palmyre restèrent comme perdues dans la solitude qui les environnait de toutes parts, et aucun voyageur européen ne venait les visiter. A peine même soupçonnait-on en Europe son existence. Les Bédouins seuls de la Syrie et de la Mésopotamie en connaissaient et en vantaient la beauté. Enfin, dans la dernière partie du XVIIe siècle, des négociants anglais d'Alep résolurent de s'assurer par eux-mêmes de la véracité de ces récits étranges qu'ils prenaient d'abord pour des fables enfantées à plaisir par l'imagination des nomades. En 1678 donc, ils essayèrent de gagner l'ancienne capitale du désert; mais ils furent dévalisés en route et obligés de revenir sur leurs pas. En 1691, ils recommencèrent leur tentative et furent alors assez heureux pour atteindre leur but. La relation de leur voyage a été publiée, en 1695, par Halifax dans les Philosophical Transactions of London.

En 1751, un autre voyageur, Robert Wood, visita et dessina ces mêmes ruines, de concert avec son compagnon de voyage Dawkins, et publia en 1753 ses remarquables dessins dans un splendide ouvrage in-folio, intitulé : the Ruins of Palmyra. Il joignit en outre à sa description architecturale la copie de treize inscriptions en langue palmyrénienne. 

Depuis lors, Palmyre a vu successivement arriver un assez grand nombre de voyageurs, venus, les uns pour admirer les restes de ses monuments en simples touristes, les autres pour les étudier aussi en savants. Parmi ceux-ci, on signalera surtout Waddington et le comte de Vogüé. Nous devons au premier le texte et le commentaire très érudit de plusieurs centaines de textes grecs inédits recueillis par lui dans l'Asie centrale et notamment à Palmyre, et au second la traduction et le commentaire de cent quarante-six inscriptions palmyréniennes du plus haut, intérêt, copiées, soit par lui-même en 1853, soit par Waddington en 1861, et les principales estampées, en 1864, par le lieutenant de vaisseau Vignes, qui a rapporté en même temps de son exploration trente-cinq belles photographies et une série d'observations astronomiques qui changeaient de près d'un degré la position occupée par Palmyre sur les cartes de l'époque. 

Dans le grand ouvrage publié par Vogüé, en 1869, sous le titre de Syrie centrale et Inscriptions sémitiques, cet orientaliste divisait en quatre catégories différentes les inscriptions palmyréniennes sur lesquelles il appelait l'attention du monde savant.

Inscriptions honorifiques : elles sont gravées sur les colonnes corinthiennes qui forment ces remarquables avenues le long des rues principales, ou qui ornent les cours et les portiques des temples. La plupart de ces colonnes portent, engagées dans leur fût, des consoles saillantes, petits piédestaux sur lesquels il y avait autrefois des statues ou des bustes; l'inscription avait pour but d'indiquer le nom et les services du personnage qui avait mérité que son portrait fût ainsi exposé aux regards de ses concitoyens.

Inscriptions  funéraires : elles sont gravées sur les magnifiques tombeaux qui entouraient la ville antique de divers côtés.

Inscriptions religieuses gravées, presque sans exception, sur de petits autels votifs que les musulmans ont utilisés pour la décoration de leur cimetière ou pour indiquer la place de leurs tombes.

Légendes gravées sur de petites tessères ou autres objets en terre cuite trouvés au milieu des ruines.

La langue de ces inscriptions, comme le fait observer Vogüé, est la langue araméenne, que des nuances séparent seules du syriaque moderne. Quant à l'écriture, elle est spéciale à Palmyre; mais elle appartient, comme la langue, à la famille araméenne, et elle offre la plus grande analogie avec l'écriture hébraïque dite carrée. Ces inscriptions permettent également de constater dans la Palmyrène, à côté de l'alphabet officiel et monumental, l'existence d'un alphabet vulgaire, dont les formes de plus en plus cursives ont préparé, suivant la remarque judicieuse de Vogüé, la formation des alphabets modernes de la Syrie et de l'Arabie. Enfin, comme beaucoup de ces inscriptions sont accompagnées d'une traduction grecque, sans doute contemporaine, les transcriptions de noms propres donnent des renseignements très précieux sur la prononciation locale.
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Photo de Palmyre.
Ruines de Palmyre; la Grande Colonnade.

Pour ce qui concerne les ruines elles-mêmes, on signalera pour commencer l'existence de nombreuses tours funéraires, situées à l'entrée du site et le long de l'étroite vallée qui, du côté de l'ouest, précède l'emplacement de la ville et qui, à cause de ces mausolées, a reçu le nom de Oued el-Kobour (= vallée des Tombeaux). C'était l'un des cimetières de la ville antique, qui en comptait plusieurs autres. Quelques-unes de ces tours, de forme carrée, sont encore debout. L'une des plus belles et des plus ornées mesure environ neuf mètres de large sur chaque face et vingt-six de haut. Elle est divisée en quatre étages. La porte d'entrée est surmontée d'un élégant fronton au-dessus duquel on lit sur une plaquette, en palmyrénien et en grec, les noms des fondateurs de ce monument. L'intérieur en est décoré avec une grande richesse. Il renferme à chaque étage une magnifique chambre funéraire contenant beaucoup de niches à cercueils; des bustes, malheureusement dégradés, représentent les traits, et des inscriptions révèlent les noms des différents personnages qui y furent ensevelis, embaumés sans doute, à la manière égyptienne (La religion égyptienne), comme semblent le prouver les restes qu'on y a trouvés. Une centaine, au moins, de tours semblables s'élèvent dans la même vallée. Beaucoup n'offrent plus que des monceaux de décombres.

Un château arabe, assis sur une haute colline, domine cette partie du site et défendait ce passage. Peut-être a-t-il succédé à un autre plus ancien. Dans tous les cas, tel qu'il est aujourd'hui, il ne paraît pas remonter au delà du XVe ou du XVIe siècle. Un fossé creusé dans le roc vif l'environne de tous côtés. Un pont-levis y donnait jadis accès. C'est un grand bâtiment irrégulier, avec de nombreuses salles, des corridors et des chambres de toutes sortes, qui pouvait servir de caserne à une garnison assez considérable. Les uns l'attribuent à Tamerlan, d'autres à Sélim Ier (Le siècle de Soliman), d'autres enfin à un prince druze. Il avait été construit pour commander à la fois la ville et ses approches.

En descendant de ce château, vers le sud-est, on rencontre d'abord, après avoir franchi l'enceinte de Palmyre, les débris de deux superbes mausolées qui devaient ressembler à de véritables temples. L'un était précédé d'un portique dont deux colonnes sont encore en place. Il renferme intérieurement un sarcophage richement orné. L'autre est situé à l'extrémité occidentale de la grande colonnade. Les six colonnes monolithes de son portique sont encore debout. Dans l'intérieur de la cella, des places pour les sarcophages avaient été ménagées sur trois des côtés.

Un peu plus à l'ouest, les ruines d'un autre édifice plus considérable appellent l'attention. Était-ce un temple? était-ce un mausolée? on croit généralement qu'il avait une destination funéraire avec l'apparence d'un temple. Sa cella mesure trente mètres de long. Une seule des quatre colonnes de son portique est debout. Deux porches ornés de colonnes le précédaient à droite et à gauche, comme des espèces d'ailes. La richesse de la frise qui le décorait a frappé d'admiration tous les voyageurs. Le nom de Dioclétien gravé sur une architrave brisée semble prouver que ce monument date de cet empereur.

La grande colonnade qui traversait la ville dans les trois quarts de sa longueur était l'une des merveilles de Palmyre et du monde. Elle avait environ mille deux cent cinquante mètres de long et consistait primitivement en quatre rangées de colonnes formant trois vastes avenues, une centrale et deux latérales de moindres dimensions en largeur. On a calculé que, lorsqu'elle était entière, elle comptait plus de mille cinq cents colonnes, dont cent cinquante sont encore en place; les autres sont couchées à terre avec leurs chapiteaux corinthiens brisés. Leur hauteur était de dix-sept mètres. Chacune d'elles avait une sorte de console engagée dans son fût, vers son côté intérieur, console destinée à porter un buste ou une statue. C'étaient les portraits des grands notables et dont les images étaient ainsi sans cesse exposées aux regards de tous les passants.

Des inscriptions commémoratives gravées sur des tablettes placées au-dessous des consoles perpétuaient, avec leurs noms, le souvenir de leurs services et celui de la reconnaissance publique. Ces trois immenses avenues étaient coupées, à droite et à gauche, par d'autres, avenues semblables, mais beaucoup moins considérables, et elles aboutissaient, vers l'est, à un magnifique arc de triomphe percé de trois baies monumentales répondant à chacun de ces longs et majestueux portiques. Il était orné de belles colonnes monolithes de granit dont le fût de l'une, qui gît sur le sol, mesure plus de neuf mètres de long sur quatre-vingt-quinze centimètres de large. On se demande comment une pareille masse a pu être transportée du fond de la haute Égypte jusque dans le désert de la Palmyrène.
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Portique de la colonnade, à Palmyre.

A l'Est, s'élevait le fameux temple du Soleil ou de Baal. Il effaçait de beaucoup en étendue et en magnificence tous les autres temples de Palmyre, et c'est encore l'une des plus belles et des plus imposantes ruines de la Syrie. Il consiste en une enceinte carrée mesurant 235 mètres sur chaque face et 16 mètres de hauteur. Ce mur est décoré de demi-colonnes corinthiennes; seul le côté Nord subsiste; à l'intérieur, on trouvait sur la façade une colonnade de 45 grosses colonnes, chacun des trois autres côtés étant formé d'une double rangée de 60 colonnes. Au centre de cet espace, une terrasse portait le temple proprement dit, périptère, de 60 m sur 31,5 mètres, 16 colonnes sur une face, 8 sur l'autre, décoré sur la façade occidentale d'une porte en forme d'arc de triomphe; ces colonnes, dont quelques-unes sont encore debout, sont cannelées; on remarque à l'intérieur du temple les caissons des plafonds, l'élégance des frises décorées de feuilles et de fruits; l'abside septentrionale est ornée des signes du zodiaque

Les murs qui environnaient la ville étaient flanqués de tours carrées. Il en subsiste des vestiges considérables vers le nord, vers l'est et vers l'ouest; vers le sud, au contraire, ils sont en grande partie détruits ou ensevelis sous des monticules de sable, de terre et de décombres.

Indépendamment des deux sources qui avaient motivé la fondation d'une si grande cité au milieu d'un pareil désert, mais dont l'eau est légèrement tiède et sulfureuse, les anciens habitants de Palmyre avaient fait venir pour eux, au prix d'immenses travaux, une eau plus douce et plus fraîche, empruntée à une source lointaine, peut-être à l'une de celles de Kairiataïn. On observe encore maintenant dans l'Oued el-Kobour les traces d'un aqueduc souterrain qui amenait cette eau. (A19 / V. Guérin).
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Côté occidental des ruines du temple du Soleil.
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Dictionnaire Villes et monuments
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