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La restitution, selon les exigences de la critique moderne d'un chapitre quelconque de l'histoire ancienne des peuples de l'Orient, est une oeuvre singulièrement délicate ; tantôt les événements ne nous sont guère connus que par des inscriptions, comme c'est le cas pour l'Egypte, la Mésopotamie; tantôt ils sont venus à notre connaissance par la voie du livre, comme c'est le cas pour les Israélites. Mais si ces livres, rédigés à bonne distance des faits, sont dominés par les vues dogmatiques familières à l'époque de leur composition, nous ne pouons les utiliser qu'avec les plus grandes précautions. Les six premiers livres de la Bible (Pentateuque et Josué) sont un poème religieux destiné à exalter les gloires passées de la nation et à décrire les voies mystérieuses par lesquelles la divinité protectrice d'Israël a conduit les Hébreux jusqu'à la prise de possession du pays chananéen; ils constituent l'épopée du judaïsme; ils ne peuvent être considérés comme un document historique au sens spécial que nous attachons à ce mot. Qu'ils aient reçu leur forme seulement aux temps de la restauration ou un peu plus tôt, la chose est sans importance, puisque, dans l'hypothèse la plus favorable à l'antiquité de ces écrits, sept ou huit siècles les séparent des plus récents des événements qu'ils rapportent, c.-à-d. des incidents qui ont marqué la conquête de la Palestine par Josué. Sur ce point, en particulier, ils sont convaincus d'avoir rapporté les faits d'une façon tendancielle comme on l'a fait voir en contrôlant leurs assertions par celles du livre des Juges, qui sont en désaccord complet avec les prétentions du livre de Josué. Que sera-ce pour les parties plus anciennes? C'est ainsi que tous les événements antérieurs à l'époque où nous trouvons les Israélites établis en Palestine, constituent la période mythique de leur histoire. Sous ces mythes peut-on retrouver le souvenir de quelques faits authentiques, origine syro-mésopotamienne d'Israël, séjour en Egypte, pérégrinations dans la péninsule sinaïtique? c'est un travail de spécialistes, auquel trop d'amateurs ou de doctrinaires prétendent encore se livrer, avant d'inonder le grand public de conclusions fantaisistes. Le premier sacrifice que l'on doit exiger de ceux qui veulent se renseigner sur l'histoire juive ancienne, consistera à écarter la période qui va de la création du monde et du premier couple humain aux temps d'Abraham. Il y a là, sous la forme d'un enchaînement chronologique, des vues à la fois très ingénieuses et très hautes sur les commencements de l'humanité et sur la relation d'Israël avec les autres peuples, sur ce que nous appellerions sa position et sa place dans le monde. Ces pages font honneur à la curiosité d'esprit qui se rencontrait chez les docteurs du judaïsme; ce sont de hardies combinaisons, de fabrication tardive (parfois avec un matériau plus ancien)en aucune manière de vieilles traditions « remontant au berceau de du peuple hébreu ». Si l'on arrive à établir d'une manière décisive les rapprochements souvent tentés entre certains récits bibliques et les mythologies de la Babylonie ou de la Phénicie, ces rapprochements devront être considérés comme des emprunts faits par les Juifs à l'époque de l'exil et dans les temps qui suivent. Il est parfaitement clair que des mythes tels que le « Déluge » ou la « tour de Babel » n'avait d'intérêt que pour des gens qui étaient en relation avec la grande cité de Babylone, ce qui nous ramène immédiatement aux temps de l'exil. Les mythes de fondation. Abraham passa de la Chaldée dans la terre de Chanaan. Ce patriarche était alors âgé de 75 ans. Isaac succéda à son père Abraham, comme chef du peuple hébreu, et fut remplacé en cette qualité par Jacob, son fils, qui fut père de douze enfants. Dix de ces enfants furent, avec deux petits-fils de Jacob, les chefs des douze tribus entre lesquelles fut partagé le peuple israélite. Jacob passa, en Egypte avec toute sa famille et s'y établit. Il y avait été appelé par son fils Joseph, devenu ministre du roi d'Égypte. Mais les services de Joseph furent ensuite oubliés et les rois d'Egypte résolurent de détruire les Israélites, qui furent accablés des plus rudes travaux. Il est dit dans l'Exode (XII, 40) que la durée du séjour des Israëlites en Egypte (ou plutôt de la partie des Israélites qui s'était établie en Egypte) fut de 430 ans. Moïse et la Terre promise. A Moïse, succéda, comme chef des Israélites, Josué, qui fit la conquête de la Terre promise, et en partagea le territoire entre les douze tribus du peuple de Yahveh. La tribu de Lévi ne reçut pas de territoire, et c'est pour cette raison qu'on ne la compte pas au nombre des tribus. après Josué, Yahveh désigna la tribu de Juda pour marcher à la tête des autres tribus. Othoniel délivra les Israélites d'une servitude de huit ans à laquelle Yahveh avait permis qu'ils fussent réduits par Chusan, roi de Mésopotamie, en punition de leur continuel penchant à l'idolâtrie. Othoniel fut, pendant 40 ans, le premier des magistrats électifs qui gouvernèrent les Hébreux sous le nom de Juges (une fonction analogue à celle des Suffètes phéniciens). Les Juges. Samuel, dernier juge d'Israël, gouverna pendant 16 ans. Il ramena le peuple à l'adoration de Yahveh et l'affranchit de la domination des Philistins. Pendant les 40 années de cette servitude à l'Ouest du Jourdain, et les 16 années de la judicature de Samuel, les Israélites furent asservis aux Ammonites pendant 18 ans à l'Est du Jourdain, et y eurent pour juges Jephté pendant 6 ans, Abésan pendant 7 ans, Absalon pendant 10 ans et. Abdon pendant 8 ans. Les anciens royaumes hébreux. Le Royaume d'Israël. Jéroboam II, fils de Joas, régna avec plus de bonheur que ses prédécesseurs, pendant 41 ans, ou pendant 51 ans, si on ne suppose pas un interrègne de 10 ans entre lui et son successeur, de 824 à 773 (ou de 817 à 766). Prince vaillant, il reprit aux rois de Syrie toutes leurs conquêtes sur le royaume d'lsraël. Mais la corruption firent de grands progrès sous son règne. On multiplia les hauts lieux, où se faisaient les pèlerinages. Zacharie, fils de Jéroboam Il, fut le dernier roi de la dynastie fondée par Jéhu et ne régna que six mois en 773 (ou 766); il fut tué par Sellum, qui n'occupa le trône que pendant un mois, en 772 (ou 765), et fut défait et mis à mort par Manahem. Ce dernier fut un prince cruel, et ne se maintint à la tête du royaume, livré au désordre et à la corruption des moeurs, qu'avec le secours du roi d'Assyrie. Après avoir régné de 772 à 761 (ou 765 à 754), il eut pour successeur son fils Phacéia, qui marcha sur ses traces et fut tué par Phacée, général de ses troupes, l'an 761 (ou 753). Le royaume dlsraël eut encore dans Phacée un mauvais roi, à qui Téglathphalasar, roi d'Assyrie, enleva une partie de ses Etafs. Après un règne de 20 ans, ou d'environ 30 ans, si on ne suppose pas un interrègne de 10 ans après sa mort, de 759 à 730 (ou de 753 à 726), Phacée périt victime de la révolte d'Osée, un de ses généraux, qui s'empara du trône. Ce fut le dernier roi d'Israël. Voulant secouer le joug de Salmanassar, roi d'Assyrie, qui lui avait imposé un tribut, il s'allia avec le roi d'Egypte. Mais Salmanassar vint assiéger Samarie, la prit après un siège de trois ans, la détruisit et emmena Osée captif avec une partie de son peuple, en 721 (ou 718). Le royaume d'Israël avait subsisté ainsi sous dix-neuf rois. Les dix tribus, dit la Bible; furent, en majeure partie, dispersées parmi les Gentils. Le Royaume de Juda. Le grand prêtre Joad ou Joïada proclama Joas, âgé de 7 ans, roi de Juda et fit tuer Athalie, qui avait usurpé le pouvoir de 883 à 877 (ou de 871 à 870). Le culte de Baal, introduit par Athalie, fut anéanti. Joas demeura fidèle à la religion de Yahveh tant que vécut Joïada; mais, après sa mort, il fit lapider Zacharie, fils et successeur de Joïada, qui lui reprochait son abandon de la loi divine. Il fut assassiné par deux de ses officiers, après avoir régné de 877 à 838 (ou de 870 à 831). Amasias, fils de Joas, régna de 858 à 810 (ou de 831 à 803); Ozias ou Azarias, fils d'Amasias, de 810 à 758 (ou de 803 à 752). Joatham ou Joathan, 758-743' (ou de 752-737), fils dOzias, signala son règne par des victoires militaires. Achaz, fils de Joatham, régna de 743 à 727 (ou à 737 à 723); Ezéchias, fis d'Achaz, de 727 à 698 (ou de 723 à 694); Manassé, fils d'Ezéchias, de 698 à 643 (ou de 694 à 640). Amon, fils de Manassé, poussa l'impiété plus loin que son père et n'imita pas son repentir; il fut tué par ses serviteurs; après avoir régné de 613 à 641 (ou de 640 à 639). Josias, fils et successeur d'Amon, régna de 641 à 610 (ou de 639 à 609); il fit réparer le temple, où le grand prêtre Helcias trouva un exemplaire ancien de la loi de Moïse. Josias fut blessé mortellement à Mageddo, dans une bataille contre Néchao, roi d'Egypte. Joachaz, proclamé roi après la mort de son père, ne régna que 3 mois en 610 (ou 609), et fut emmené par Néchao en.Egypte, où il mourut. Le roi d'Egypte mit sur le trône Eliacim, frère aîné de Joachaz, qu'il appela Joakim. Ce prince régna de 610 à 599 (ou de 608 à 598). Il fut emmené captif avec une partie de son peuple à Babylone par Nahuchodonosor, qui prit Jérusalem en 606. C'est de cette époque que datent les 70 années de la captivité des Juifs à Babylone, prédite par le prophète Jérémie. Joakim périt à la prise de Jérusalem par les Chaldéens en 599. Son fils, Joachin ou Jéchonias, lui succéda et fut emmené captif à Babylone, après un règne de 3 mois et 10 jours, en 599 (ou. 598). Sédécias, oncle de Joachin, fut placé sur le trône par Nabuchodonosor; mais il finit par se révolter contre Nabuchodonosor, qui s'empara de Jérusalem en 588 (ou 587), renversa la ville, brûla le temple et emmena. les habitants captifs à Babylone, avec leur roi, à qui il avait fait arracher les yeux. Ainsi finit le royaume de Juda, dont le dix-neuvième et dernier roi, Sédécias, après un règne de 11 ans, de 599 à 588 (ou de 597 à 587), mourut, aveugle dans une prison à Babylone, suivant la prédiction d'Ezéchiel. Du retour d'exil à la destruction de Jérusalem par Titus. La Judée fut cédée au royaume de Syrie par l'Egypte en 300, et retourna sous l'autorité égptienne en 279. Antiochus le Grand, roi de Syrie, s'en rendit maître en 203 et la reprit en 201 sur les Egyptiens, qui la lui avaient enlevée en 202. Il la donna en dot, en 198, à sa fille, qui épousa le roi d'Egvpte. Séleucus Philopator la replaça sous le sceptre de la Syrie, en 176. Jésus, qui se fit appeler Jason pour plaire aux Grecs, usurpa, au détriment de son frère, Onias III, la souveraine sacrificature, qu'il acheta d'Antiochus Epiphane, roi de Syrie, en 175. Il fut supplanté en 172 par un autre usurpateur, Ménélaüs. Les Juifs s'étant réjouis à la fausse nouvelle de la mort d'Antiochus Epiphane, qui les opprimait, Jérusalem fut assiégée et prise par ce prince, qui la livra au pillage, dépouilla et profana le temple, en 170. Il fit mourir en prison sa mère, qui lui disputait le pouvoir, conquit l'Iturée et en obligea le peuple à embrasser le judaïsme. Il ajouta encore à ses crimes le meurtre de son frère Antigone. Il avait été surnommé Philhellène, c.-à-d. ami des Grecs. Il eut pour successeur un autre de ses frères, Alexandre Jannée, 105-78, qui perdit une sanglante bataille sur le Jourdain contre Lathyre, roi de Chypre. Alexandre appela alors à son secours Cléopâtre, reine d'Egypte. Il prit et ruina Gaza. Les Pharisiens, ennemis de sa famille, indisposèrent les Juifs contre lui, et il en résulta une guerre de six ans, dans laquelle il commit les plus horribles cruautés. Il s'abandonna aux excès du vin, et en mourut, laissant à vie à sa femme Salomé ou Alexandra le gouvernement du royaume. Cette princesse se livra au pouvoir des Pharisiens et mourut en 69, instituant Hyrcan II, son fils aîné, pour son successeur. Mais Aristobule II, frère d'Hyrcan, le força, après l'avoir vaincu dans une bataille, près de Jéricho. de lui abandonner le trône et le sacerdoce, l'an 66. Le glaive romain. Pacorus, fils du roi des Parthes, s'étant emparé par trahison d'Hyrcan et de Phasaël, fils aîné d'Antipater, les livra à Antigone, qu'il mit sur le trône en 40. Phasaël se tua, et on coupa les oreilles à Hyrcan, pour le rendre incapable du sacerdoce. Il fut emmené captif à Séleucie et fut ensuite renvoyé en Judée, où Hérode le fit mettre à mort. Hérode était le second fils d'Antipater. Après s'être réfugié en Egypte, il passa à Rome, où Antoine lui fit décerner la couronne de Judée. Il ne trouva pas Antigone disposé à la lui céder; mais, avec l'aide des Romains, il assiégea et prit Jésusalem, en 37. Antigone, envoyé à Antioche, y fut condamné et mis à mort. Ainsi finit le règne des princes asmonéens. Hérode, surnommé le Grand, signala par ses cruautés son règne de 37 ans, et vers la fin duquel on place la naissance de Jésus. Son royaume fut divisé en quatre tétrarchies, dites de Judée, Galilée, Iturée et Batanée, et partagé entre ses enfants. Mais les Romains achevèrent d'établir leur domination dans le pays, en y envoyant leurs procurateurs. Ils tentèrent plusieurs fois de secouer le joug romain; mais Vespasien envahit la Judée, sous Néron, en 67 de J. C., et, lorsqu'il fut proclamé empereur en 69, laissa à son fils Titus le soin de continuer la guerre. Après une résistance opiniâtre et meurtrière, la ville de Jérusalem fut prise en 70, et le temple fut détruit de fond en comble. Un certain Barcochébas, se proclama le Méssie et souleva les Juifs une dernière fois contre les Romains. Cette révolte fut noyée dans le sang, en 134, sous l'empereur Hadrien, qui rebâtit Jérusalem sous le nom d'Aelia Capitolina, en défendit l'entrée aux Juifs et dispersa leur nation dans les différentes parties de l'empire. Les Juifs condamnés à vivre au milieu des autres peuples. (La Diaspora juive). La prise de Jérusalem par les armées romaines en 70. |
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