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Les langues araméennes
 Araméen oriental Néo-araméen : assyrien ou néo-syriaque; bohtan; judéo-barzani (presque éteint); senaya (presque éteint); chaldéen ou néo-chaldéen.
Hulani; Hértevin; judéo-araméen (hulaula, lishana deni); koy sanjaq sooret; lishan didan; turoyo.
Mandaïque ou néo-mandaïque (mandéen, sabéen), parlé en Iran, mais en voie d'extinction
Langues mortes : judéo-babylonien (araméen talmudique); chaldéen ancien; suryoyo, syriaque, mandaïque classique; aramaïque (araméen de Bagdad et Bassorah).
Araméen occidental Néo-araméen occidental ou maalula.
 Langues mortes : vieil araméen, samaritain, nabatéen.
Les langues araméennes forment une branche très homogène de la famille des langues sémitiques. Certaines langues araméennes ont eu un rôle littéraire important ; il n'y a pas de langue commune attestée, de même qu'il n'y a pas eu de grand État araméen dans l'histoire de l'Antiquité. Dans la Bible et dans les documents akkadiens les Araméens sont des tribus nomades dont l'aire de parcours semble avoir été le Nord de l'Arabie jusqu'aux confins de la Syrie-Palestine et de la Babylonie. La plupart semblent s'être peu à peu établis sur les confins et jusque dans l'intérieur des régions de Pétra, de Palmyre, d'Edesse, de Damas, etc), en se mélangeant avec des populations antérieurement établies.

Les citadins de langue araméenne, avant de fournir des théologiens au christialnisme, ont donné des fonctionnaires aux Akkadiens, et ils ont rempli les cadres administratifs de l'Empire perse : celui-ci s'est servi de l'araméen comme langue de gouvernement dans les pays enlevés à la domination des Assyriens et des Babyloniens.

L'araméen s'est finalement substitué peu à peu à toutes les langue sémitiques du Nord-: akkadien, phénicien, hébreu. Sa vitalité et son usage littéraire ont limité l'extension du grec en Asie, cependant il a été vaincu par le grec sur la côte méditerranéenne. L'époque de sa plus grande extension (environ 60 000 km²) se situe entre 300 av. J.-C. et 650 ap. J.-C. ll a été ensuite recouvert à son tour par une autre langue sémitique, l'arabe, et il n'est plus parlé de nos jours que par 200 000 locuteurs environ.

L'araméen est très proche du cananéen. Il se divise en deux groupes de parlers : araméen occidental et araméen oriental. L'Euphrate et le désert de Syrie les séparent, des faits linguistiques les distinguent (ainsi, à l'Est, à partir d'une certaine époque, l'abandon du préfixe y- de la 3e personne à l'imparfait du verbe). Il y a donc lieu d'écarter l'ancienne division qui classait le chaldéen comme dialecte oriental et le syriaque comme dialecte occidental. Les parlers de chaque groupe, souvent très proches entre eux par la grammaire et le vocabulaire, méritent des noms distincts à cause des différences de temps, de lieu, de religion, de civilisation; la diversité des écritures répond à cette multiplicité des développements autonomes.

Le caractère général de l'araméen est son peu de conservation des anciennes voyelles de la langue sémitique primitive. On y distingue plusieurs dialectes, dont la naissance représente des dates chronologiques dans l'histoire de cette langue :

L'araméen biblique, autrefois appelé chaldaïque, désignation fausse et  abandonnée aujourd'hui; c'est l'idiome dans lequel ont été composés, du Ve au IIe siècle avant notre ère, quelques parties de certains livres de la Bible, comme ceux de Daniel, de 'Ezra (Esdras) et  de Ne'hemiah (Néhémie); les quelques fragments épigraphiques araméens de la Mésopotamie que nous possédons, et qui datent du IXe au Ve siècle, nous offrent exactement le même état de la langue;

L'araméen targumique, conservé par les targoumin ou paraphrases de la Bible, composées au commencement de notre ère; 

L'araméen talmudique ou syro-chaldaïque, langue vulgaire qui se forma chez les Juifs à la suite de l'altération et de l'abandon de l'hébreu, que l'on parlait en Palestine au temps de Jésus et qui est employée dans les deux grandes compositions rabbiniques appelées Talmud, le Talmud de Jérusalem et le Talmud de Babylone;

Le palmyrénien. - La ville de Palmyre a été la capitale de caravaniers qui commandaient la route du Golfe persique à la mer Méditerranée : leur période prospère a commencé au Ier s. av. J.-C.; Palmyre a été détruite en 273 ap, J.-C.. par les légions romaines; à ce moment il semble que son aristocratie était arabe ou arabisée. Les inscriptions palmyréennes sont nombreuses. La plupart ont été trouvées à Palmyre. La plus importante est celle qui contient le tarif de l'octroi de cette ville. Ainsi que de nombreuses autres, elle est pourvue d'une traduction en grec. Des soldats ont été écrire du palmyrénien jusqu'au bout de l'Europe (Angleterre). La date la plus ancienne qu'on relève dans les inscriptions est 9 av. J.-C.; la grande masse est de 128 à 271 ap. J.-C. La langue est sensiblement pareille à l'araméen palestinien. L'écriture est assez proche de l'araméen d'Egypte; les lettres sont presque toujours séparées ; à partir du IIe s. un point dessus distingue le r du d qui était identiques par le tracé.

Le nabatéen . - Les Nabatéens de Pétra (Arabie Pétrée) et de Bos(t)ra (dans le Hauran, à l'Est de la Palestine) ont eu du IIIe s. av. J.-C. jusqu'à 106 ap. J.-C. un rôle important comme maîtres du transit entre l'Arabie et l'Occident. Le dialecte des inscriptions nabatéennes est un araméen proche du palestinien. Ces inscriptions, surtout votives et tombales, sont nombreuses à Pétra, a Bostra et dans les oasis septentrionales de l'Arabie Tayma  et Hégra; il s'en trouve aussi en Phénicie, en Egypte, et même en Italie. On les date du début du Ier s. avant l'ère chrétienne au début du IVe s. ap. J.-C. L'écriture nabatéenne est la première écriture sémitique sur pierre où les lettres soient liées en partie. Des inscriptions nabatéennes mal tracées se rencontrent en grand nombre sur les rocs du Sinaï : tous ceux de ces graffiti sinaïtiques qu'on peut dater sont compris entre le milieu du IIe et le milieu du IIIe s. ap. J.-C.

Le samaritain, qui se forma sur le territoire de l'ancienne tribu d'Éphraïm lorsque les Cuthéens, venus du centre de l'Asie après la conquête du royaume d'Israël par les Assyriens, se furent mélangés avec les Hébreux laissés par les vainqueurs dans le pays. On y trouve naturellement un grand nombre de mots et de formes hébraïques. L'alphabet samaritain a été composé avec les antiques caractères, et l'on n'y rencontre pas de signes représentatifs des voyelles. Quelques familles de la Syrie moderne descendent des Samaritains; elles possèdent en leur dialecte le Pentateuque, des livres de liturgie, et un grand nombre de chants religieux. 

De l'ancien araméen dérivent encore :
Le syriaque (araméen chrétien), langue qui fut écrite dans les contrées d'Édesse et de Nisibe, et dont le développement et l'existence littéraire s'étendirent du IIe au IXe siècle de l'ère chrétienne; le vocabulaire du syriaque est rempli de mots empruntés au grec; sa littérature est singulièrement empreinte d'hellénisme; elle servit en quelque sorte d'intermédiaire entre la science grecque et la science arabe, et opéra la transition de l'une à l'autre; presque toutes les traductions d'auteurs grecs en arabe ont été faites par des Syriens et sur des versions syriaques; au Xe siècle de notre ère, l'islam fit décidément prévaloir sa culture, et le syriaque fut réduit à la simple condition d'idiome liturgique; il n'est plus parlé aujourd'hui que dans un étroit canton des environs du lac d'Ouroumiah.
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Ecriture syriaque.
Ecriture syriaque.

Le çabien ou sabéen, usité aujourd'hui encore dans la partie méridionale du bassin de l'Euphrate, chez les Çabiens ou Mendaïtes, secte particulière sortie des ruines de l'ancien paganisme assyro-persique, avec un mélange insolite d'éléments juifs ou chrétiens; dans les livres sacrés de cette secte, la langue se présente profondément corrompue, spécialement sous le rapport phonétique, avec confusion et élision fréquente des gutturales, changement des douces en fortes et des fortes en douces, enfin nombreuses contractions ; quelques monnaies de la Characène et quelques fragments épigraphiques; datant du III et du IVe siècle, où ce dialecte se montre déjà, avec son alphabet particulier, laissent entrevoir que dès lors une partie de ces altérations s'y étaient produites, mais qu'elles étaient moins prononcées.

L'assyrien forme à lui seul un rameau à part dans le groupe septentrional des langues sémitiques. C'est le langage commun de Babylone et de Ninive au temps de leur pleine indépendance, dans lequel sont conçues les inscriptions cunéiformes de ces deux fameuses cités. Il y a quelque chose d'inexact dans  l'appellation sous laquelle on a pris l'habitude de le désigner, car c'est la Babylonie, et non l'Assyrie, qu'il a eu pour berceau. A partir de la ruine de Ninive et de la conquête de Babylone par les Perses, l'assyrien. fut graduellement submergé et étouffé par l'araméen. On en possède pourtant des textes écrits qui descendent jusqu'au Ier siècle de l'ère chrétienne; mais dans ces derniers textes il est profondément corrompu. L'assyrien est une des langues les plus riches de la famille sémitique; il y occupe une position à égale distance des idiomes araméens et cananéens. Sa déclinaison a gardé les trois désinences casuelles de la langue sémitique primitive, que la plupart des autres idiomes de la famille, à l'exception de l'arabe littéral, ont laissé tomber. Son verbe, riche en voix dérivées, offre une particularité tout à fait spéciale; les temps et les modes y dérivent tous de deux primitifs, le participe et l'aoriste ; pas de trace du parfait, qui offre la racine sous sa forme absolue avec des pronoms personnels suffixés, et qui, avant le déchiffrement de l'assyrien, paraissait un des éléments organiques essentiels des langues syro-arabes. Son vocabulaire est aussi pénétré de mots empruntés au vieux langage sumérien que celui du syriaque est pénétré de mots grecs; un certain nombre de ces mots ont même pénétré de là dans les autres idiomes sémitiques, par l'influence de la grande civilisation assyro-babylonienne. Les textes nous révèlent, sous l'unité, de langue, une certaine différence dialectique entre le parler de l'Assyrie et celui de Babylone, surtout aux VIIe et VIe siècles avant l'ère chrétienne. (B. / M. Cohen / A19).

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