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La langue italienne
L'italien est une des langues néolatines ou romanes (Langues italiques). Elle doit être considérée, dans sa plus haute origine, comme une deuxième forme de l'ancien latin. En effet, le latin primitif, suivant une loi générale des langues, alla toujours en perdant les formes compliquées de ses déclinaisons et de ses conjugaisons, pour en adopter de plus claires, de plus analytiques; à côté donc du latin littéraire, fixé par les écrivains de génie, et parlé par les classes cultivées de la société romaine, se  trouvait une langue moins correcte, mais aussi logique, dite langue rustique et langue des camps, celle des paysans, de la plèbe, et des soldats. On rencontre des traces de cette langue dès le IIe siècle de J.-C., dans les inscriptions des catacombes, où l'on voit déjà un des principaux caractères de ce qui deviendra un jour l'italien, la suppression des déclinaisons, et la tendance vers une terminaison unique des substantifs. Avec le temps, et sous l'influence des événements, cette langue populaire finit par se substituer à l'ancien latin dans le langage ordinaire. 

Le premier texte connu de cette langue nouvelle, que l'on peut déjà appeler italien, date de 1135; c'est une inscription en vers, gravée sur une pierre de la voûte de la cathédrale de Ferrare : mais, dès le IXe  et même le VIIIe  siècle, on trouve des vestiges de la nouvelle langue dans les noms propres de personnes et de lieux que renferment les actes privés ou publics. Les caractères de cet ancien italien, qui sont restés ceux de l'italien moderne, consistent : 

1° dans une terminaison invariable ou presque invariable, substituée aux désinences variées de la déclinaison latine, et qui fut, généralement, celle de l'ablatif latin singulier. Ainsi, on dit genitore, domino; au lieu de genitoris, genitorem, domini, dominum; 

2° l'italien décomposa les formes compliquées par lesquelles l'ancien latin marquait les divers temps du verbe, au moyen de verbes auxiliaires, comme dire, avoir, faire, aller, venir; 

3° la suppression des cas qui marquaient les rapports sous lesquels l'esprit conçoit les objets extérieurs amena l'usage de mots particuliers (prépositions) pour continuer à marquer ces mêmes rapports : liber Petri devint il libre di Pietro; 

4° l'ancien adjectif latin ille, illa, employé déjà même par Cicéron avec le génitif d'une façon déterminative, devint l'accompagnement obligé du substantif, et forma l'espèce particulière de mots appelée article : il, la, la, igli.

La grande masse des mots de la langue italienne est incontestablement d'origine latine; néanmoins l'Italie a été si longtemps bouleversée par les invasions, qu'on peut dire que sa langue a une physionomie moins latine que l'espagnol. L'italien a conservé un grand nombre de mots appartenant aux langues des peuples qui précédèrent, les Latins, telles que l'ibérien l'étrusque, l'ombrien, l'osque, le sabin. II a emprunté quelques expressions aux populations conquérantes, Gaulois, Germains, Slaves. II en a reçu quelques autres des Sarrasins et des possesseurs grecs de la basse Italie.

Plus harmonieux mais moins sonore que l'espagnol, l'italien en a l'abondance et la naïveté : sa naïveté tient à l'origine démocratique de la langue, qui se forma dans les fortes républiques de Pise et de Florence, de Pavie, etc. D'ailleurs, le grand nombre de grands auteurs qui ont écrit dans cette belle langue l'ont pliée à tous les tons, depuis les plus simples jusqu'aux plus sublimes. 

L'italien possède un grand nombre de dialectes, fort éloignés de l'italien classique, et qui ont leur origine dans l'invasion et la conquête. L'italien standard, parlé aujourd'hui correspond au dialecte toscan.  C'est celui aussi qui a eu la principale part dans la formation de la langue classique, en raison de ce que les plus grands poètes et prosateurs du XIVe siècle, où cette langue se forma, étaient tous Florentins ou Toscans. Toutefois, les Toscans reconnaissent qu'ils ne parlent pas le mieux l'italien, dont ils définissent l'idéal "la langue toscane dans une bouche romaine." Ils donnent à l'h, au c dur et au ch la valeur du ch allemand ou de la jota (j) espagnole : ainsi, à Florence, on dit hasa, hamera, hosta, pour casa, camera, costa. Le l'italien standard pourrait être ainsi défini comme étant le toscan parlé à Rome...

Le corse et les dialectes sardes peuvent être considérés comme des variétés dialectales de l'Italien, ou du moins des langues qui en restent très proches. En revanche, le lombard, le vénitien, le padouan (intermédiaire entre le lombard et le vénitien, caractérisé par la suppression de nombre de voyelles, et  le changement fréquent des consonnes), et surtout le napolitain sont suffisamment distincts de l'italien standard pour qu'on les range dans un groupe à part, dit gallo-italien. (E. B.).

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