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La physique > [Mécanique quantique / Atome] |
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La
physique
nucléaire est la branche de la physique qui étudie les constituants
et les propriétés du noyau atomique. Le noyau, constitué de protons
et de neutrons, appelés collectivement nucléons. Le noyau est extrêmement
dense : une sphère de 1 cm³ de "matière nucléaire" pèserait environ
100 millions de tonnes. Comprendre cette densité, la cohésion des nucléons
et leurs interactions fondamentales est au coeur de cette discipline.
Le noyau atomiqueLes noyaux atomiques sont principalement composés de deux types de particules subatomiques : les protons (p) et les neutrons (n), qui ensemble forment les nucléons, dont le nombre total définit le nombre de masse A. Les protons possèdent une charge électrique positive de +1 unité, tandis que les neutrons n'ont pas de charge électrique. Le nombre total de protons dans un noyau donne le numéro atomique Z de l'élément, caractérisant ainsi son identité chimique (He, Li, C, Fe, U, etc.). Par exemple, tout noyau contenant un proton est de l'hydrogène, deux protons correspondent à l'hélium, trois protons au lithium, et ainsi de suite.On note un noyau
atomique en faisant précéder le symbole de l'élément
chimique considéré par le nombre de masse A en exposant et le numéro
atomique Z en indice. Par exemple pour l'lélium-4 : Le nombre de neutrons (N = A−Z) peut varier pour un même élément, donnant lieu à différents isotopes. Par exemple, le carbone-12, le carbone-13 et le carbone-14 sont tous des isotopes du carbone, mais avec des nombres de neutrons différents (6, 7 et 8 respectivement). La masse d'un noyau est essentiellement la somme des masses des protons et des neutrons, bien que la liaison nucléaire entraîne une légère perte de masse appelée défaut de masse (Δm). L'énergie de liaison d'un noyau, énergie qu'il faudrait fournir pour séparer tous ses nucléons, est reliée au défaut de masse selon la relation d'Einstein : E = Δm. c² . À l'intérieur du noyau, les protons et les neutrons interagissent via trois forces fondamentales : l'interaction nucléaire forte, attractive, qui est responsable de la cohésion du noyau, l'interaction électromagnétique, répulsive entre les protons chargés positivement, et l'interaction nucléaire faible, impliquée dans certaines transformations nucléaires comme la désintégration radioactive bêta. Ces interactions définissent les conditions de stabilité des noyaux atomiques. La courte porté
de l'interaction forte explique le très petit rayon R des noyaux, qui
dépend aussi du nombre de nucléons (numéro atomique A) qu'il contient,
selon la relation R ≈ R0A1/3,
avec R0 ≈ 1,2.10−15
m. (Cet ordre de grandeur permettant de définir l'unité de distance
communément utilisée dans ce contexte, le femtomètre (fm) :
La structure interne des noyaux est également déterminée par des phénomènes quantiques, tels que le principe d'exclusion de Pauli, qui interdit à deux fermions (comme les protons et les neutrons) de se trouver dans le même état quantique. Cela contribue à la distribution des énergies internes des particules dans le noyau. Enfin, les noyaux peuvent participer à divers processus nucléaires, tels que la fission ou la fusion. Interactions fondamentales dans le noyauÀ l'intérieur du noyau atomique, la cohésion des protons et des neutrons résulte d'un équilibre subtil entre différentes interactions fondamentales. L'interaction nucléaire forte est une attraction intense de tous les nucléons mais de courte portée, l'interaction électromagnétique qui explique la répulsion électrostatique des protons, et l'interaction faible à l'origine des réarrangements internes dans le nombre de protons et de neutrons. La combinaison de ces forces détermine la stabilité des noyaux, leurs modes de désintégration et les gigantesques quantités d'énergie que libèrent leurs transformations. (La gravitation, qui affecte toutes les formes de matière et d'énergie, est la quatrième interaction fondamentale, mais son action est largement négligeable dans le contexte de la physique nucléaire).Interaction nucléaire
forte.
Interaction électromagnétique.
Interation faible.
Gravitation.
La stabilité nucléaireLa stabilité nucléaire repose sur l'ajustement précis entre répulsion électrostatique et cohésion nucléaire, sur la proportion optimale de neutrons et de protons, et sur la recherche d'un état énergétique minimal.L'énergie de
liaison nucléaire.
L'énergie de liaison par nucléon varie en fonction de la taille du noyau. Pour les petits noyaux (moins de 20 nucléons), l'énergie de liaison par nucléon augmente rapidement avec la taille du noyau. Cela signifie que l'association de protons et de neutrons dans des noyaux plus massifs rend le système plus stable qu'une collection de petits noyaux isolés. Cette croissance traduit l'efficacité de la force nucléaire forte, qui agit de manière attractive entre nucléons voisins et ne dépend pas de leur charge. Cependant, elle n'agit qu'à courte portée : chaque nucléon n'interagit significativement qu'avec quelques voisins immédiats. Au-delà d'une certaine taille, la répulsion électrostatique entre protons devient plus importante et limite la stabilité. L'énergie de liaison par nucléon atteint un maximum autour du fer et du nickel, où elle vaut environ 8,8 MeV. Ces noyaux se trouvent dans une configuration optimale, où le compromis entre attraction nucléaire et répulsion coulombienne donne une cohésion maximale. C'est pourquoi le fer-56 et le nickel-62 sont parmi les noyaux les plus stables que l'on connaisse. Pour les noyaux plus lourds que le fer, l'énergie de liaison par nucléon diminue progressivement. La force nucléaire, bien que toujours attractive, n'arrive plus à compenser totalement l'augmentation de la répulsion électrique, car chaque proton est soumis à l'influence de nombreux autres protons du noyau. Cette décroissance explique que les noyaux lourds puissent libérer de l'énergie en se fragmentant par fission, en donnant naissance à deux noyaux plus petits, plus proches du maximum de stabilité. À l'inverse, les noyaux plus légers que le fer peuvent libérer de l'énergie en fusionnant, car leur énergie de liaison par nucléon augmente en s'approchant de la zone la plus stable. Ainsi, l'énergie de liaison nucléaire permet de comprendre la répartition de la stabilité à travers les différents noyaux, ainsi que les deux grands processus énergétiques naturels et technologiques, la fusion et la fission. Elle met en évidence que la stabilité d'un noyau ne dépend pas seulement de son rapport N/Z, mais aussi de la répartition de son énergie interne et des interactions globales qui maintiennent l'assemblage de protons et de neutrons. Le rapport N/Z.
Pour les noyaux légers (Z ≤ 20), la stabilité est assurée lorsque N et Z sont proches. C'est le cas de l'hélium-4 ou du carbone-12, par exemple, dont les noyaux sont particulièrement stables. Mais au fur et à mesure que Z augmente (Z > 20), la répulsion électrostatique devient plus intense, et il faut un excès croissant de neutrons pour contrebalancer cette répulsion et maintenir la cohésion nucléaire. Ainsi, pour les noyaux moyens et lourds, le rapport N/Z s'éloigne de 1 et peut dépasser 1,5 dans les noyaux stables les plus massifs, comme le plomb-208 (N/Z ≈ 1,54). Lorsque le rapport N/Z s'écarte trop de la bande dite de stabilité (ou vallée de la stabilité), le noyau devient instable et tend à se transformer par des désintégrations radioactives. Au-delà de Z = 83 (bismuth), tous les noyaux sont instables (radioactifs). Un excès de neutrons favorise la désintégration bêta moins, au cours de laquelle un neutron se convertit en proton afin de réduire le rapport N/Z. À l'inverse, un excès de protons entraîne la désintégration bêta plus ou la capture électronique, qui transforment un proton en neutron pour augmenter ce rapport. Dans les cas extrêmes, lorsque le déséquilibre est trop important, la force de cohésion ne suffit plus et le noyau peut subir une fission spontanée ou émettre des particules α ( = noyaux d'hélium-4). L'effet pair-impair. La stabilité des noyaux atomiques dépend aussi de la parité — c'est-à-dire de la nature paire ou impaire — du nombre de protons (Z) et du nombre de neutrons (N). Ce phénomène, découle des propriétés quantiques des nucléons et de la manière dont ils s'organisent au sein du noyau. En vertu du principe d'exclusion de Pauli, deux nucléons identiques (même type, même spin) ne peuvent occuper le même état quantique. Lorsqu'un nombre pair de nucléons d'un même type (protons ou neutrons) est présent, ils peuvent s'apparier : chaque paire occupe un même niveau d'énergie mais avec des spins opposés (+½ et -½), ce qui minimise l'énergie totale du système. Ce couplage spin-spin favorise une configuration plus stable, car l'énergie de liaison par nucléon est plus élevée dans les paires que dans les configurations impaires. Sur cette base, on peut distinguer plusieurs catégories de noyaux : • Noyaux pairs-pairs. - Les noyaux ayant à la fois un nombre pair de protons (Z pair) et un nombre pair de neutrons (N pair) sont généralement les plus stables. Ils représentent la grande majorité des noyaux stables connus. Cette stabilité accrue s'explique par le fait que tous les nucléons peuvent s'apparier, maximisant les interactions attractives entre eux et minimisant l'énergie résiduelle. De plus, ces noyaux ont souvent un spin nucléaire total nul, ce qui est un indicateur supplémentaire de symétrie et de stabilité.L'effet pair-impair se manifeste aussi dans les énergies de séparation des nucléons. L'énergie nécessaire pour retirer un nucléon d'un noyau pair-pair est généralement plus élevée que pour un noyau impair, car cela brise une paire stable. Inversement, ajouter un nucléon à un noyau impair pour le rendre pair libère souvent plus d'énergie, car cela permet la formation d'une nouvelle paire. Ce phénomène est également visible dans les courbes d'abondance isotopique : les isotopes pairs sont généralement plus abondants que leurs homologues impairs, même lorsqu'ils ne sont pas nécessairement plus lourds ou plus légers. De même, dans les courbes d'énergie de liaison par nucléon, on observe des “bosses” ou des “creux” systématiques selon la parité de Z et N, confirmant l'impact de l'appariement. Sur les ~340 noyaux stables connus, ~160 sont pair-pair, ~100 sont pair-impair ou impair-pair, seulement 5 sont impair-impair (dont ²H, ⁶Li, ¹⁰B, ¹⁴N, ⁵⁰V — ce dernier étant très faiblement radioactif). Le modèle de
la goutte liquide.
L'énergie totale d'un noyau est exprimée comme la somme de plusieurs termes analogues aux contributions énergétiques d'une goutte. • Le terme de volume (a1) provient des forces de liaison à courte portée qui saturent : chaque nucléon est lié à ses voisins, ce qui donne une contribution proportionnelle au nombre total de nucléons.Cette formulation conduit à la formule de Weizsäcker ou formule semi-empirique de masse, qui permet de calculer avec une bonne précision les énergies de liaison et de prédire la stabilité des noyaux : E = a1 + a2(N-Z)²A-² + a3A-1/3 + a4Z²A-4/3+ a5A-2δ, où les paramètres a1, ..., a5 prennent des valeurs qui ont été déterminées expérimentalement. Cette formule explique pourquoi l'énergie de liaison par nucléon atteint un maximum pour le fer et le nickel, ce qui éclaire à la fois les réactions de fusion dans les étoiles et les réactions de fission des noyaux lourds. Elle fournit également une base pour comprendre qualitativement le mécanisme de la fission : comme une goutte chargée qui se déforme et se sépare sous l'effet de la répulsion électrique, un noyau lourd peut se scinder en deux fragments plus stables. Malgré sa puissance descriptive, ce modèle a des limites. Il ne rend pas compte des effets quantiques liés à la structure en couches des nucléons dans le potentiel nucléaire, qui expliquent la stabilité des « nombres magiques » (nombres de protons ou de neutrons particuliers). Pour cette raison, il a été complété par le modèle en couches, plus adapté aux propriétés fines des niveaux d'énergie. Le modèle en
couches nucléaires.
Les
noyaux magiques.
Les nombres magiques connus sont 2, 8, 20, 28, 50, 82 et 126. Lorsqu'un noyau possède un nombre de protons ou de neutrons égal à un de ces nombres magiques, il bénéficie d'une cohésion accrue, car il se trouve dans une situation d'énergie minimale. Cette stabilité est encore renforcée lorsque les deux catégories de nucléons atteignent simultanément un nombre magique : on parle alors de "noyaux doublement magiques", comme l'hélium-4, l'oxygène-16, le calcium-40 ou le plomb-208. Ces noyaux ont des énergies de liaison plus élevées que leurs voisins et sont souvent des points d'accumulation dans les chaînes de désintégration radioactive. L'interaction
spin-orbite.
Dans le noyau, le moment orbital (l) d'un nucléon interagit fortement avec son spin intrinsèque (s), ce qui lève la dégénérescence des niveaux. Chaque niveau caractérisé par les nombres quantiques n et l se scinde en deux sous-niveaux selon la valeur du moment cinétique total j = l ± 1/2. L'écart entre ces sous-niveaux est beaucoup plus grand dans le noyau que dans l'atome — d'où le qualificatif d'“interaction spin-orbite forte”. Le niveau 1f (l = 3), par exemple, se scinde en 1f7/2 (j = 7/2) et 1f5/2 (j = 5/2). Le niveau 1f7/2 peut accueillir 2j + 1 = 8 nucléons. Lorsqu'on accumule les capacités des niveaux remplis successivement, on obtient bien des sauts de remplissage à 2, 8, 20, 28, 50, 82, 126... Les fossés importants après ces nombres correspondent aux fermetures de couches : ajouter un nucléon supplémentaire nécessite de le placer dans une couche nettement plus haute en énergie, ce qui rend le noyau moins stable. Manifestations
expérimentales et effondrement de la magie.
Dans les noyaux très riches en neutrons ou protons (loin de la vallée de stabilité), de nouveaux nombres magiques peuvent apparaître (ex. : N = 16, 34) ou d'anciens disparaître (ex. : N = 20 dans la région du néon-32, phénomène appelé l'effondrement de la magie), en raison de la modification du potentiel moyen par l'asymétrie neutron-proton. Cela montre que la structure en couches est sensible à l'environnement nucléonique, et que les nombres magiques ne sont pas absolus, mais dépendent de la composition du noyau. Les îlots de
stabilité.
Selon le modèle en couches, des nombres magiques supérieurs à ceux connus devraient exister pour les noyaux très lourds. Par exemple, des calculs théoriques suggèrent que des noyaux présentant environ 114, 120 ou 126 protons, associés à environ 184 neutrons, pourraient se trouver dans une zone où la stabilité relative est renforcée. Ces noyaux ne seraient pas absolument stables comme ceux de la vallée de stabilité, mais leurs demi-vies pourraient atteindre des secondes, des minutes, voire davantage, ce qui est considérable comparé aux fractions de millisecondes qui caractérisent la plupart des noyaux superlourds produits en laboratoire. Les expériences menées dans les grands centres de recherche, notamment à Dubna en Russie, à Darmstadt en Allemagne et à Berkeley aux États-Unis, ont permis de synthétiser plusieurs noyaux au-delà de l'uranium, jusqu'à l'oganesson (Og, Z=118). Certains d'entre eux montrent déjà des demi-vies plus longues qu'attendu, ce qui alimente l'hypothèse que l'on se rapproche d'un îlot de stabilité. La confirmation expérimentale reste difficile, car ces noyaux doivent être créés atome par atome dans des collisions extrêmement énergétiques, et leur observation nécessite des détecteurs d'une sensibilité extrême. La radioactivitéLa radioactivité est un phénomène physique découvert à la fin du XIXe siècle par Henri Becquerel et approfondi par Pierre et Marie Curie. Elle correspond à la transformation spontanée de noyaux atomiques instables en noyaux plus stables, accompagnée par l'émission de particules ou de rayonnements. Ce processus est gouverné par des lois statistiques : il est impossible de prédire quand un noyau précis se désintégrera, mais on peut caractériser un grand ensemble par sa demi-vie, temps au bout duquel la moitié des noyaux initiaux se sont transformés.Les origines de la radioactivité sont variées. Elle existe naturellement dans certains isotopes présents sur Terre depuis sa formation, comme le potassium-40, le carbone-14 ou l'uranium-238. Elle peut également être produite artificiellement, dans des réacteurs nucléaires ou des accélérateurs de particules, où l'on génère des isotopes radioactifs pour des usages médicaux ou industriels. La radioactivité joue un rôle fondamental en datation, notamment avec le carbone 14 pour les restes organiques ou l'uranium-plomb pour les roches anciennes. Elle est également utilisée en médecine nucléaire, par exemple pour l'imagerie fonctionnelle (scintigraphie, TEP) ou le traitement de cancers par radiothérapie. Les types de radioactivité.
• La désintégration alpha (α) résulte de l'éjection par un noyau instable d'une particule α, composée de deux protons et deux neutrons, identique au noyau d'hélium. Ce processus se produit surtout chez les éléments lourds comme l'uranium, le thorium ou le radium. La perte de deux unités de charge et de quatre unités de masse modifie l'identité chimique de l'atome, le rapprochant d'un noyau plus stable. Ces particules sont relativement massives et peu pénétrantes, stoppées par une simple feuille de papier ou la peau humaine, mais très ionisantes lorsqu'elles atteignent les tissus.Il existe encore d'autres types de radioactivité, en particulier la radioactivité proton, la radioactiovité neutron, la radioactivité diproton et la désintégration double-bêta. Ces modes de désintégration sont plus rares, mais présentent un intérêt particulier en physique théorique. La loi de décroissance
radioactive.
Les réactions nucléairesDéfinitions.Une réaction nucléaire correspond à une transformation qui met en jeu le noyau atomique, contrairement aux réactions chimiques qui concernent les électrons de la couche externe des atomes. Ces réactions impliquent une modification de la structure interne du noyau, ce qui peut entraîner une libération ou une absorption d'énergie bien plus importante que celle des réactions chimiques. Dans toutes ces réactions, l'énergie mise en jeu provient, en effet, de la différence de masse entre les noyaux et les particules avant et après la réaction. Selon la relation d'Einstein E = mc², une petite variation de masse correspond à une énergie immense, ce qui explique le pouvoir énergétique considérable des réactions nucléaires. Elles surviennent lorsque des noyaux sont bombardés par des particules (protons, neutrons, particules α, etc.) ou lorsqu'un noyau instable se désintègre spontanément. Le processus se décrit généralement par une équation nucléaire où apparaissent les noyaux initiaux, les particules incidentes et les produits formés, tout en respectant deux lois fondamentales : la conservation du nombre de nucléons (protons + neutrons) et la conservation de la charge électrique. La radioactivité fourni des exemples de réactions nucléaires. Un autre type de réaction nucléaire est la fission, dans laquelle un noyau lourd comme l'uranium-235 ou le plutonium-239, après avoir capturé un neutron, se scinde en deux noyaux plus légers, libérant d'autres neutrons ainsi qu'une grande quantité d'énergie. Cette réaction peut déclencher une chaîne d'autres réactions, car les neutrons émis peuvent à leur tour provoquer d'autres fissions. La fusion nucléaire est un troisième type de réaction nucléaire : deux noyaux légers, par exemple deux isotopes de l'hydrogène comme le deutérium et le tritium, s'assemblent pour former un noyau plus lourd, comme l'hélium, en libérant une énergie considérable. La fusion est le mécanisme qui alimente le Soleil et les étoiles, mais elle est difficile à maîtriser sur Terre à cause des températures et pressions extrêmes nécessaires. On rencontre aussi des réactions de spallation, où un noyau est bombardé par une particule de haute énergie et éjecte plusieurs nucléons, ainsi que des réactions de capture radiative, dans lesquelles un noyau absorbe un neutron ou un proton sans se briser, émettant un rayonnement γ. La fission nucléaire.
Lorsqu'un neutron entre en collision avec un noyau fissile, il est absorbé et forme un noyau composé excité. Cet état est instable, car le noyau devient trop lourd et trop énergétique pour rester intact. Très rapidement, il se déforme et se scinde en deux noyaux plus petits, appelés fragments de fission. Ces fragments sont eux-mêmes radioactifs et se désintègrent en émettant des particules β et des rayonnements γ. Le bilan de la réaction inclut aussi l'émission de deux ou trois neutrons libres, qui peuvent peuvent être capturés par d'autres noyaux fissiles présents dans le milieu, provoquant une nouvelle fission. Si le nombre moyen de neutrons produits et absorbés est suffisant pour entretenir le processus, on parle de réaction en chaîne. L'énergie dégagée provient essentiellement de la différence de masse entre le noyau initial et les produits finaux. Les fragments de fission et les neutrons produits ont une masse légèrement inférieure à celle du noyau de départ plus le neutron incident. Cette différence est convertie en énergie cinétique, suivant la relation E = mc². L'ordre de grandeur est de l'ordre de 200 MeV par fission, ce qui est des millions de fois plus que l'énergie produite par une liaison chimique classique. La probabilité qu'une fission se produise dépend fortement de l'énergie du neutron incident. Certains noyaux fissiles, comme l'uranium-235, peuvent être fissionnés aussi bien par des neutrons lents (ou thermiques) que par des neutrons rapides. D'autres, dits fertiles comme l'uranium-238, ne fissionnent qu'avec des neutrons rapides mais peuvent se transformer en isotopes fissiles par capture et désintégration radioactive. La fusion nucléaire.
Dans la fusion la plus étudiée, deux isotopes de l'hydrogène, le deutérium et le tritium, se combinent pour former un noyau d'hélium-4 et un neutron très énergétique. Cette réaction libère environ 17,6 MeV, ce qui en fait l'une des plus efficaces pour produire de l'énergie. D'autres réactions de fusion existent, comme celles mettant en jeu le deutérium seul ou le cycle proton-proton qui alimente le Soleil, mais elles nécessitent des conditions encore plus extrêmes ou produisent moins d'énergie utilisable. Le principal obstacle à la fusion est la répulsion électrostatique entre les protons des noyaux. Pour qu'ils puissent s'approcher suffisamment et que l'interaction forte prenne le dessus, il faut que les noyaux atteignent des vitesses très élevées, ce qui correspond à des températures de l'ordre de plusieurs dizaines ou centaines de millions de degrés. Dans ces conditions, la matière se trouve à l'état de plasma, un gaz ionisé où électrons et noyaux sont séparés. Dans les étoiles, la fusion est rendue possible par les températures et pressions colossales au cœur du plasma stellaire. Sur Terre, plusieurs approches sont développées pour tenter de maîtriser ce processus. L'une repose sur le confinement magnétique, comme dans le tokamak ou le stellarator, des dispositifs où un champ magnétique très intense emprisonne le plasma chaud afin de lui donner le temps nécessaire pour que les réactions de fusion se produisent. Une autre approche est le confinement inertiel, qui utilise des lasers ou des faisceaux de particules pour comprimer et chauffer des pastilles de combustible en un temps extrêmement bref. Les produits de la fusion présentent un avantage important par rapport à la fission : ils génèrent beaucoup moins de déchets radioactifs de longue durée. Toutefois, le neutron issu de la réaction deutérium-tritium est très énergétique et peut activer les matériaux du réacteur, ce qui impose des défis en termes de résistance des structures et de gestion des matériaux irradiés. L'intérêt majeur de la fusion nucléaire est qu'elle pourrait fournir une source d'énergie quasi inépuisable, car le deutérium est abondant dans l'eau de mer et le tritium peut être produit à partir du lithium. Elle ne produit ni gaz à effet de serre ni risque d'accident de type explosion en chaîne comme dans la fission. Le défi reste technologique : atteindre, maintenir et contrôler les conditions extrêmes nécessaires pour que le bilan énergétique soit positif, c'est-à-dire que l'énergie produite par la fusion dépasse celle dépensée pour déclencher et maintenir la réaction. La spallation.
Le mécanisme de la spallation se déroule en plusieurs étapes. Dans une première phase, dite d'intrusion ou cascade intra-nucléaire, le projectile interagit avec quelques nucléons du noyau, provoquant des collisions successives qui excitent fortement le système. Ces chocs engendrent l'émission rapide de particules légères telles que protons, neutrons et parfois pions. Le noyau restant, encore très excité, entre ensuite dans une phase de désintégration statistique au cours de laquelle il libère son excès d'énergie par évaporation de nucléons, de deutons, de tritons ou d'alpha, voire par fission si sa masse et son excitation le permettent. Le résidu final est un noyau plus léger, souvent radioactif, accompagné d'un flux abondant de neutrons. Les produits de spallation présentent une distribution en masse et en charge très large. On peut obtenir des noyaux stables ou instables couvrant une grande partie de la table des isotopes. Cette richesse en isotopes est exploitée dans la production de radioéléments pour la médecine nucléaire, comme certains émetteurs β⁺ ou β⁻, ainsi que dans la recherche fondamentale en physique nucléaire et astrophysique. Dans le contexte des accélérateurs, les cibles de spallation constituent une source intense de neutrons utilisés pour l'étude des matériaux, car le flux obtenu peut dépasser largement celui des réacteurs nucléaires de recherche. Sur le plan astrophysique, la spallation joue un rôle essentiel dans l'évolution chimique du milieu interstellaire. Les rayons cosmiques de haute énergie, en interagissant avec les noyaux d'atomes légers comme le carbone, l'oxygène ou l'azote, produisent des éléments plus légers tels que le lithium, le béryllium et le bore, qui ne sont pas abondamment formés par nucléosynthèse stellaire. La spallation contribue ainsi à expliquer la présence et les abondances relatives de ces éléments dans l'univers. La description théorique de la spallation combine des modèles de mécanique quantique et de physique statistique. Les codes de simulation, tels que ceux utilisés en physique des hautes énergies et en ingénierie nucléaire, reposent sur la modélisation de la cascade intra-nucléaire suivie d'algorithmes d'évaporation et de fission. Ces outils permettent de prédire les distributions d'énergie et de rendement des particules émises, ce qui est crucial pour la conception de cibles de spallation, pour la radioprotection et pour le dimensionnement des installations de recherche ou de production d'isotopes. La nucléosynthèse.
• La nucléosynthèse primordiale s'est produite peu de temps après le début de l'expansion de l'univers, lorsque l'univers était encore très chaud et dense. Les noyaux légers tels que l'hydrogène (H) et l'hélium (He) se sont formés dans les trois premières minutes. |
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