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Les rayons cosmiques
( = rayonnement cosmique) sont des particules
de très haute énergie qui proviennent de l'espace et bombardent constamment
l'atmosphère terrestre. La majorité
de ces particules (environ 90%) sont des noyaux d'hydrogène
(des protons). Environ 9% sont des noyaux d'hélium
(particules alpha), et le 1% restant est composé de noyaux plus lourds,
d'électrons et de positrons ( = antiélectrons).
Ces particules voyagent à des vitesses
extrêmement proches de celle de la lumière, transportant ainsi une énergie
cinétique considérable. Celle-ci peut varier sur une très large gamme,
allant de millions d'électronvolts (MeV) à des énergies dépassant 1020
électronvolts, soit bien plus que ce qui peut être produit dans les accélérateurs
de particules terrestres les plus puissants. Le spectre d'énergie des
rayons cosmiques suit une loi de puissance décroissante : plus l'énergie
est élevée, moins les particules sont nombreuses. Ce spectre présente
de caractéristiques (inflexions) qui pourraient marquer des transitions
dans leurs sources ou leurs mécanismes de propagation.
L'origine des rayons cosmiques est multiple
et constitue un domaine de recherche actif.
• Les
rayons cosmiques de basse énergie (jusqu'à quelques dizaines de GeV)
proviennent majoritairement du Soleil lors d'éruptions
solaires ou d'éjections de masse coronale; on les appelle les particules
énergétiques solaires et on parle ordinairement de vent solaire,
plutôt que de rayonnement cosmique pour qualifier ce flux. Le vent solaire
peut interagir avec le champ magnétique terrestre et produit des aurores
polaires.
• Les
rayons cosmiques dits galactiques, qui constituent la majeure partie du
flux, proviennent de l'extérieur du Système
solaire mais de l'intérieur de notre galaxie, la Voie
Lactée. On pense que les restes de supernovae
(l'explosion d'tétoiles massives en fin de vie)
et les pulsars sont les principaux sites d'accélération
de ces particules jusqu'à des énergies très élevées (jusqu'à environ
1017-1018
eV). Les mécanismes d'accélération dans ces environnements extrêmes
impliquent probablement des ondes de choc et des champs magnétiques intenses
(processus de Fermi). Les particules énergétiques produites lors de ces
explosions
peuvent parcourir de grandes distances dans l'espace avant d'atteindre
la Terre.
• Les
rayons cosmiques d'ultra-haute énergie (au-delà de 1018
eV) sont plus rares et leur origine est encore plus mystérieuse. Ils pourraient
provenir des sursauts gamma, des noyaux actifs de
galaxies (AGN) ou d'autres phénomènes cosmiques
violents se produisant en dehors de notre galaxie.
Sur Terre,
l'atmosphère agit comme un bouclier protecteur contre une grande partie
du rayonnement cosmique. Les particules chargées sont déviées par le
champ magnétique terrestre et une grande partie du rayonnement est absorbée
ou dispersée dans l'atmosphère.
Lorsqu'un rayon cosmique primaire (une
particule arrivant de l'espace) pénètre dans l'atmosphère terrestre,
il entre en collision avec les noyaux des atomes de l'air (principalement
l'azote et l'oxygène).
Cette collision initie une "gerbe atmosphérique" ou "cascade". L'énergie
du rayon cosmique primaire est transférée à de nombreuses particules
secondaires qui sont produites lors de cette première interaction, comme
des pions (mésons π). Ces particules secondaires
entrent à leur tour en collision avec d'autres noyaux atmosphériques,
créant de nouvelles particules, et ainsi de suite. Cette cascade de particules
s'étend et s'intensifie en descendant dans l'atmosphère. Parmi les particules
secondaires produites, on trouve des muons (des
cousins plus lourds des électrons), des électrons, des positrons, des
photons, des
neutrons et des neutrinos.
Une partie significative de ces particules secondaires, notamment les muons,
peut atteindre la surface de la Terre, voire s'enfoncer sous terre.
L'étude des rayons cosmiques se fait de
différentes manières. Les détecteurs embarqués sur des ballons, des
satellites ou des sondes spatiales mesurent directement les rayons cosmiques
primaires avant qu'ils n'interagissent avec l'atmosphère. Les observatoires
au sol étudient indirectement les rayons cosmiques d'énergie plus élevée
en détectant les particules secondaires des gerbes atmosphériques (avec
des détecteurs de surface, des télescopes à fluorescence qui observent
la lumière UV émise par l'excitation de l'azote de l'air) ou en détectant
les neutrinos produits.
Les rayons cosmiques constituent une source
d'information précieuse sur les processus d'accélération de particules
les plus énergétiques de l'Univers et sur la composition du milieu
interstellaire. Ils sont également un laboratoire naturel pour étudier
les interactions fondamentales des particules à des énergies inatteignables
sur Terre. De plus, ils ont un impact sur notre environnement : ils contribuent
à l'ionisation de l'atmosphère, influencent le climat spatial (en particulier
les particules solaires qui peuvent perturber les communications et les
systèmes de navigation), et constituent une source de rayonnement pour
les vols en haute altitude et les voyages spatiaux, représentant un risque
potentiel pour les astronautes et les équipements électroniques.
Les éléments légers comme le lithium,
le béryllium et le bore
que l'on trouve dans les rayons cosmiques se forment principalement par
la fragmentation de noyaux plus lourds (spallation) lors de leurs voyages
à travers le milieu interstellaire. |
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