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Les Grues
Les Gruidés
Les Grues, qui, pour LinnĂ©, ne constituaient qu'un seul genre (Grus), forment maintenant une la famille des  GruidĂ©s (Gruidae) comprenant les genres Grus et Balearica (les genres Bugeranus et Anthropoides, encore reconnus rĂ©cemment sont dĂ©sormais inĂ©grĂ©s au genre Grus). Cette famille compte une douzaine d'espèces dissĂ©minĂ©es dans toutes les parties du monde. Par la structure des principales pièces de leur charpente osseuse, par la nature et le mode de coloration de leur plumage, par leurs allures et par leurs moeurs, les Grues se distinguent facilement des HĂ©rons, mais elles offrent certaines affinitĂ©s ostĂ©ologiques avec les Agamis et les Caurales, auprès desquels G. Cuvier les rangeait. 

Elles atteignent souvent une très forte taille et prĂ©sentent des formes Ă©lancĂ©es. Leur tĂŞte, petite et portĂ©e sur un cou grĂŞle, est tantĂ´t en partie dĂ©nudĂ©e, tantĂ´t ornĂ©e en arrière d'une huppe et surmontĂ©e d'une touffe de plumes d'une nature particulière. Leur bec, moins long que celui des HĂ©rons, est comprimĂ© latĂ©ralement et lĂ©gèrement arquĂ© suivant l'arĂŞte supĂ©rieure, de chaque cĂ´tĂ© de laquelle sont creusĂ©s les sillons nasaux, en majeure partie couverts par un opercule. Leurs ailes, dont les pennes primaires se trouvent, au repos, plus ou moins cachĂ©es sous les pennes secondaires recourbĂ©es en faucilles, sont toujours amples et aiguĂ«s, tandis que la queue, formĂ©e de douze rectrices, est, au contraire, peu dĂ©veloppĂ©e. Le corps, assez Ă©pais, est très haut montĂ©, et les pattes, dĂ©nudĂ©es jusqu'au-dessus de l'articulation tibio-tarsienne, sont terminĂ©es par quatre doigts, dont les trois antĂ©rieurs sont robustes, tandis que le pouce, insĂ©rĂ© au-dessus du niveau des autres doigts, est si court qu'il arrive Ă  peine Ă  toucher le sol. Enfin, le plumage, qui est tantĂ´t de teinte uniforme, gris ou blanc, tantĂ´t de couleurs tranchĂ©es, est toujours moins souple et plus rĂ©sistant que celui des HĂ©rons. 

Durant les périodes tertiaire et quaternaire (Le Cénozoïque), le genre Grus était déjà représenté sur le sol de la France et en Grèce par plusieurs espèces qui ont été décrites par A. Milne-Edwards et par Gandry sous les noms de Grus excelsa, G. primigenia et G. Pentelici.

Le genre Grus

Le genre Grus rassemble les Grues proprement dites, c.-Ă -d.  la Grue cendrĂ©e et la Grue Antigone et leurs alliĂ©es. Tous ces oiseaux recherchent les endroits humides, les prairies, le bord des Ă©tangs et des cours d'eau. Ils nichent volontiers au milieu des marĂ©cages et ont des oeufs maculĂ©s de brun sur un fond verdâtre. Le père et la mère couvent alternativement et Ă©lèvent avec une grande sollicitude leurs petits qui sont revĂŞtus d'un duvet grisâtre ou jaunâtre. Lorsque les jeunes sont Ă©levĂ©s, toutes les familles d'un mĂŞme canton se rĂ©unissent par bandes qui, en automne, Ă©migrent vers les contrĂ©es mĂ©ridionales d'oĂą elles ne reviennent qu'au printemps suivant.

A l'état sauvage, ces échassiers se montrent extrêmement défiants, ce qui rend leur chasse particulièrement difficile; mais, dans les jardins zoologiques, ils deviennent parfois aussi familiers que des chiens. Nous savons, du reste, par les scènes représentées sur les hypogées de la vallée du Nil, que les anciens Egyptiens avaient des troupeaux de Grues cendrées que l'on menait paître comme les Oies

La Grue cendrée et ses proches parents.
La Grue cendrée (Grus cinerea) habite principalement les régions septentrionales de l'Ancien monde, mais visite, dans ses migrations actuelles, le Nord l'Afrique et le Sud l'Asie. C'est un grand et bel oiseau dont la longueur totale, à l'âge adulte, atteint près de1,5 m et qui, dans sa livrée de noces, est d'un gris cendré avec la gorge lavée de brun foncé, le bout des ailes noir, la nuque et les joues d'un blanc pur et une plaque rouge sur le vertex, presque entièrement dénudé.

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Grue cendrée (Grus cinerea).
Grue cendrée (Grus cinerea).

La Grue leucogĂ©rane (Grus leucogeranos Pall.) du Nord-Est de l'Inde et la Grue Ă  bec vert (Grus viridirostris V.), appelĂ©e aussi Grue de Mandchourie ou Grue de Montigny (Grus montignesia Bp.), qui habite le Japon et la SibĂ©rie, se reconnaissent facilement Ă  leur livrĂ©e blanche. 

La Grue moine (Grus monachus Tem.), la Grue Ă  nuque blanche (Grus vipio Pall. ou G. leucanchen Tern.), la Grue du Canada (Grus canadensis L.), la Grue d'AmĂ©rique (G . americana L.) et la Grue caronculĂ©e (G. carunculata Cm.) appartiennent encore au mĂŞme groupe que la Grue cendrĂ©e et ont les mĂŞmes moeurs. 

La Grue antigone et la Grue d'Australie.
La Grue antigone (Gus antigone L.) habite l'Asie centrale et méridionale et ne se montre qu'accidentellement dans l'Europe orientale. Elle est de taille plus forte que la Grue cendrée, dont elle se distingue d'ailleurs par ses pattes rougeâtres, sa tête et son cou fortement dénudés.

La Grue d'Australie (Grus australasiana Gould) ressemble tellement Ă  l'espèce prĂ©cĂ©dente qu'elle peut ĂŞtre considĂ©rĂ©e comme une simple sous-espèce. 

Les AnthropoĂŻdes.
Le terme de Grues anthropoĂŻdes, dĂ©signant initialement un genre crĂ©Ă© par Vieillot (Analyse, p. 59), correspond Ă  deux espèces de Grues (Grus) : 

La Grue de Paradis.
Grus paradisea L., ou Grue de Paradis, qui habite l'Afrique australe et qui, sous le nom de Tetrapteryx paradisea, était devenue à son tour autrefois le type d'un sous-genre ou même d'un genre particulier. La Grue de Paradis, que les habitants d'Afrique du Sud désignent aussi sous le nom de Grue bleue (Blue Crane), est d'un gris bleuâtre, avec la tête blanchâtre, le bout des ailes et la queue noire, le bec d'un roux pâle, les yeux bruns et les pattes noires. Elle mesure à l'âge adulte plus d'un mètre de long et se distingue par le développement des plumes tertiaires de ses ailes, qui simulent de chaque côté une aile supplémentaire (d'où le nom de Tetrapteryx), et par la nature floconneuse des plumes vertes de l'occiput qui font paraître la tête plus volumineuse qu'elle ne l'est en réalité. Du côté de l'Est, cette espèce remonte jusque dans les parages du canal de Mozambique et sur plusieurs points elle est complètement sédentaire.

La Demoiselle de Numidie.
Grus  virgo L. ou Demoiselle de Numidie, se trouve dans l'Afrique septentrionale, en Asie, dans l'Europe orientale et mĂ©ridionale, qui s'Ă©gare parfois jusqu'Ă  l'embouchure de l'Elbe. De formes plus sveltes et de taille plus faible que la Grue de Paradis, elle porte Ă©galement une livrĂ©e grise, passant au noir sur les cĂ´tĂ©s et le devant du cou, ainsi que sur les rĂ©miges, et au brun plombĂ© sur les rectrices; elle possède, en outre, un jabot de longues plumes effilĂ©es d'un noir lustrĂ© et de chaque cĂ´tĂ© de la tĂŞte, derrière l'oeil, une touffe de longues plumes flottantes de couleurs blanches. 

Sa nourriture consiste en reptiles, en petits rongeurs et en insectes. Elle niche dans les steppes de la CrimĂ©e et pond, sur des herbes et des branches disposĂ©es sur le sol mĂŞme, deux oeufs qui ressemblent Ă  ceux dela Grue cendrĂ©e et qui sont marquĂ©s de taches et de points roux au violacĂ©s sur un fond grisâtre. En Russie, ces oiseaux arrivent en grandes bandes vers le milieu de mai ou de mars et en repartent en septembre. 

Pendant leur sĂ©jour dans le pays, ils se rĂ©unissent frĂ©quemment, principalement le matin et le soir, pour se livrer Ă  des jeux, sautant les uns autour des autres, agitent les ailes, se poursuivent en prenant les attitudes les plus bizarres. Les Demoiselles de Numidie sont en effet d'un naturel Ă©minemment sociable; elles peuvent ĂŞtre gardĂ©es non seulement dans les parcs des jardins zoologiques; mais dans les basses-cours, et la mĂ©nagerie du MusĂ©um a possĂ©dĂ© pendant longtemps un de ces Ă©chassiers qui suivait son gardien aussi fidèlement qu'un chien. 

Le genre Balearica

La Grue pavonine (anc. Grus pavonina L.), qui était connue des Anciens sous le nom de Grue des Baléares, a été rangée par Brisson (Ornithologie, t. V, p. 511) dans un genre particulier, le genre Balearica, à cause de sa physionomie toute particulière. Les individus adultes de cette espèce ont en effet le sommet de la tête orné d'une magnifique aigrette de plumes très étroites, aplaties et filées en spirale, qui rappellent des racines de chiendent aussi bien par leur forme que par leur couleur d'un jaune d'or. Chacun de ces brins porte de petits filets à points noirs et est surmonté d'un pinceau de même couleur. Les yeux sont blancs, ce qui donne au regard une expression fort étrange, et les tempes, complètement dénudées et d'un blanc de céruse, contrastent par leur teint avec le rouge vif des joues, qui sont également dénudées et dont la peau se prolonge sous le bec en une sorte de fanon. Le front et le vertex sont revêtus au contraire do petites plumes veloutées d'un noir intense. Les ailes, amples et obtuses, avec la quatrième rémige plus longue que les autres pennes, sont d'un blanc pur dans leur portion antérieure, d'un brun roux sur les pennes secondaires et d'un noir franc sur les rémiges. Les pennes caudales ont la même couleur que les grandes pennes alaires; le reste du plumage est noir, mais paraît saupoudré de gris bleuâtre; enfin les pattes, très élevées et terminées par des doigts robustes,ont une teinte noirâtre, analogue à celle de la base des mandibules.
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Balearica regulorum : Baléarique couronnée.
Grue Royale (Balearica regulorum), d'Ouganda. Source : The World Factbook.

Si les Grues pavonines habitaient jadis l'archipel des Baléares, ce qui n'est pas encore parfaitement démontré, elles ne s'y rencontrent plus aujourd'hui; elles n'existent pas davantage en Sicile, et ne se montrent qu'accidentellement dans le nord de l'Afrique. Leur véritable aire d'occupation se trouve dans les régions centrales et occidentales de ce grand continent, où elles vivent par couples ou en troupes sur le bord des fleuves. Ces troupes, qui se forment après la saison des pluies, se composent d'une centaine d'individus et comptent parfois dans leurs rangs quelques Grues demoiselles, quoique les Baléariques se montrent moins sociables que les Grues du genre Grus. Comme celles-ci, elles exécutent, à certains moments, des danses bizarres, en sautant brusquement, en entrouvrant les ailes et en retombant sur une patte. Après avoir passé la nuit sur les arbres, les Baléariques visitent les steppes pour recueillir les graines qui constituent le fond de leur nourriture, puis elles se rapprochent des cours d'eau pour boire et se divertir. D'ordinaire elles marchent gravement, le dos un peu voûté ; mais quand un danger les menace, elles peuvent courir avec une telle rapidité qu'un homme a peine à les suivre. Leur vol est lent et mesuré, de telle sorte qu'on peut admirer à loisir les riches couleurs de leur plumage, tandis qu'elles fendent les airs, le cou tendu et la huppe rejetée en arrière. Sur terre, au contraire, il est très difficile de les observer, car cites sont d'un naturel méfiant. Les individus de cette espèce que l'on voit dans nos jardins zoologiques, et qui se montrent assez familiers, ont été pris jeunes et proviennent généralement de l'Afrique occidentale.

Dans l'Afrique méridionale vit une autre espèce du même genre, le Balearica regulorum (Grue Royale ou Grue grise couronnée), qui diffère de la précédente par ses proportions et par les nuances de son plumage. (E. Oustalet)..

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