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Jean-Paul Marat
est un homme politique français, un médecin et un physicien, né
à Boudry (Suisse) le 24 mai 1743, assassiné
à Paris le 14 juillet 1793. Fils aîné du
peintre et dessinateur Jean Marat, originaire de Cagliari,
en Sardaigne, qui s'était éta bli Ã
Boudry, dans le comté de Neuchâtel, après avoir abjuré le catholicisme,
il se destina à suivre la carrière paternelle. Il apprit le grec,
le latin, l'anglais,
l'italien, l'espagnol,
l'allemand et le hollandais, et parcourut
une partie de l'Europe.
Il séjourna dix ans à Londres et y donna, en 1773, sa première oeuvre, A Philosophical Essay on Man, qui, traduit en 1775, lui valut les sarcasmes de Voltaire. En 1774, il publia The Chains of Slavery, pamphlet politique, qu'il traduisit en français sous la Révolution. Le 15 juillet 1774, il fut reçu franc-maçon à Londres et le 30 juin 1775 l'université de Saint-André d'Ecosse lui conféra le titre de docteur en médecine. Marat se fixa ensuite à Paris, où il devint, le 24 juin 1777, médecin des gardes du corps du comte d'Artois (le futur Charles X). Cette même année il guérit de la phtisie la marquise de Laubespine au moyen d'un spécifique de sa composition, appelé eau factice antipulmonique, et cette cure lui valut une certaine popularité. Marat s'adonna à l'étude du feu et de l'électricité et il envoya, le 17 avril 1779, à l'Académie des sciences, un mémoire intitulé Découvertes de M. Marat sur le feu, l'électricité et la lumière, et qu'il fit imprimer. En 1780, il publia ses Recherches physiques sur le feu sous les auspices de l'Académie des sciences, et en 1782 des Recherches physiques sur l'électricité, etc. en 1783, ses Recherches sur l'électricité médicale furent couronnées par l'académie de Rouen. Cette même année, il faillit aller diriger une académie des sciences à Madrid, et il entretint à ce sujet une correspondance avec Roume de Saint-Laurent. En 1784, Marat, continuant ses travaux scientifiques, mit au jour des Notions élémentaires d'optique, où il établissait, contrairement aux principes de Newton, que les couleurs primitives du spectre devaient se réduire à trois la jaune, la bleue et la rouge. En 1785, il publia : Lettres de l'observateur Bon-Sens à M. de M*** sur la fatale catastrophe des infortunés Pilatre de Rozier et Romain, les aéronautes et l'aérostation, et les Observations de M. l'amateur Avec à M. l'abbé Saas sur la nécessité d'avoir une théorie solide et lumineuse avant d'ouvrir boutique d'électricité médicale, en réponse à la lettre de M. l'abbé Saas à Marat sur l'électricité positive et négative publiée dans le n° 16 de l'Année littéraire. De plus il envoya (mars 1785) à l'académie
de Bordeaux un Eloge de Montesquieu(qui
fut publié en 1883 par M. de Bresetz). En 1787, Marat donna une traduction
de l'Optique de Newton et un Plan de
législation criminelle et il obtint
un deuxième prix dans le concours ouvert par l'Académie des sciences
sur la meilleure manière de rétablir ou de perfectionner la machine de
Marly ou de remplacer cette machine par une
autre. En 1788, il publia Mémoires académiques ou nouvelles découvertes
sur la lumière relativement aux points les plus importants de l'optique.
On le voit, l'activité de Marat s'exerçait sur les sujets les plus divers.
La Révolution de 1789 allait lancer
le savant dans le journalisme et dans la politique.
![]() Marat à la tribune. Marat embrassa avec ardeur les idées nouvelles
et publia un premier écrit politique : Offrande à la patrie ou
Discours au tiers état de France (avril 1789). Puis il fonda le
Moniteur patriote, dans le but de tracer le « plan d'une constitution
juste, sage et libre-», mais cette feuille,
où ne figurait pas le nom de l'auteur, mais dont il revendiqua la paternité,
n'eut qu'un seul numéro. Il fit aussi imprimer en août 1789 un Projet
de déclaration des droits
de l'homme et du citoyen et se livra tout à fait au journalisme
en créant, le 12 septembre 1789, le Publiciste parisien, journal politique,
libre et impartial, par une société de patriotes, et rédigé par
M. Marat, qui devint, le 16 septembre, l'Ami du peuple ou le Publiciste
parisien Marat attaqua l'Assemblée constituante et tes ministres; après les journées des 5 et 6 octobre 1789, il fut, le 8, décrété de prise de corps par le Châtelet et arrêté. Il ne put reprendre la plume que le 5 novembre suivant. Membre du club des Cordeliers, il continua sa virulente campagne contre les modérés, notamment contre La Fayette, et fut dénoncé au Châtelet, le 15 janvier 1790, et de nouveau décrété de prise de corps. Le 20 janvier, des gardes nationaux voulurent arrêter Marat, mais le comité civil du district des Cordeliers le prit sous sa protection. Le publiciste profita de cette intervention pour se réfugier en Angleterre, où il séjourna quatre mois. Il revint en France et reprit la publication de l'Ami du peuple le 18 mai 1790. Le 2 août, il fit hommage à l'Assemblée constituante d'un Plan de législation criminelle. L'arrestation de Louis XVI à Varennes (21 juin 1791) excita sa bile contre les Girondins. En cette même année 1791, il publia les Charlatans modernes ou Lettres sur le charlatanisme académique, où il prit violemment à partie d'illustres membres de l'Académie des sciences, tels que Laplace, Lavoisier, Lalande, Monge, Cassini. Les massacres du Champ de Mars ![]() Marat (1742-1793). (Dessin de Levachez). Le 20 septembre, il dénonça par affiche
Roland et Dumouriez pour des traîtres et le 21
il attaqua Pétion. Ce même jour il cessa la
publication de l'Ami du peuple Mais la Convention
ne mit pas en accusation Marat, qui pressa le jugement de Louis
XVI et obtint, le 6 décembre 1792, que la mort du tyran fût votée
par appel nominal et que cet appel fût publié. Le 13 février 1793, on
demanda de nouveau son arrestation, mais la dénonciation faite contre
lui fut envoyée aux tribunaux ordinaires. Le 14 mars, Marat, se soumettant
au décret de la Convention qui mettait ses membres en demeure d'opter
entre le mandat de député et la profession de journaliste, intitula sa
feuille le Publiciste de la République française ou Observations aux
Français par Marat, l'Ami du peuple, député à la Convention nationale.
Le 24 mars, il fit décréter la peine de mort contre les embaucheurs.
La trahison de Dumouriez, qui justifiait ses
appréhensions et ses dénonciations, lui fournit l'occasion de violentes
attaques contre une partie de la Convention (4 avril 1793), ce qui lui
valut un rappel à l'ordre avec censure au procès-verbal (5 avril) et
sa mise en accusation (14 avril). Traduit devant le tribunal
révolutionnaire pour excitation des citoyens à la révolte, il fut
acquitté et ramené triomphalement dans le sein de la Convention le 24
avril. Il coopéra puissamment à la chute des Girondins
(31 mai), mais il fit excepter du décret d'accusation Dusaulx, Ducos et
Lanthenas. Malgré cette modération relative, Marat fut considéré par
les vaincus comme l'homme responsable de la situation nouvelle.
![]() Marat assassiné, par David (1793). Le 14 juillet 1793, Marat, qui souffrait depuis longtemps d'un eczéma, était dans sa baignoire, quand une Jeune fille de Caen demanda à lui présenter une lettre. Introduite auprès de Marat, Charlotte Corday lui remit son placet et lui plongea un poignard dans la poitrine. Marat expira immédiatement et la meurtrière fut arrêtée. La mort du fameux publiciste causa dans Paris une grande émotion; on embauma le corps et la Convention assista aux funérailles (16 juillet). Son buste fut placé dans le lieu des séances de l'Assemblée et le conseil général de la Commune donna le nom de Marat à la rue des Cordeliers (25 juillet). La société des Cordeliers éleva dans sa maison un autel au coeur de Marat (28 juillet). David représenta
l'assassinat de Marat et, le 14 novembre 1793, il offrit son tableau Ã
la Convention et réclama pour son héros les honneurs du Panthéon. Le
décret fut voté, et on décida, le 25 novembre, que le corps de Mirabeau
serait retiré du Panthéon et remplacé
par celui de Marat. La translation n'eut lieu que le 24 septembre 1794,
avec la plus grande pompe. D'ailleurs les honneurs ne manquaient pas Ã
la mémoire de l'Ami du peuple. Son buste était placé dans les écoles
et promené, avec ceux de Le Peletier et de Chalier, dans toutes les cérémonies
publiques; la section du Théâtre-Français portait son nom, que plusieurs
villes adoptèrent également et qui fut donné à nombre d'enfants. Cet
engouement ne dura pas longtemps et les restes de Marat furent enlevés
du Panthéon en vertu du décret du 8 février 1795. Ils furent ensuite
jetés dans l'égout de Montmartre.
Le nom de Marat est resté longtemps en exécration, malgré le dévouement de sa soeur Albertine et de son amie intime, Simonne Evrard, que le publiciste considérait comme sa femme et devait épouser. Un siècle après sa mort, Bougeart et Chévremont ont étudié le caractère et la vie de Marat. Raspail et le docteur Cabanès ont mis en relief le génie scientifique de ce médecin, qu'ils considèrent comme le précurseur de Bichat et de Cabanis. Ils ont auusi tenté de donner, selon les conceptions du temps, des explications médicales de la violence du monstre qui fut un des personnages les plus singuliers de la Révolution française. Outre les ouvrages cités dans cet article, Marat a laissé deux romans, les Aventures du comte Potawski, publié par Paul Lacroix en 1847, et les Lettres polonaises, dont le manuscrit autographe est resté inédit. (Etienne Charavay).
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