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On
a longuement disserté sur l'étymologie et l'origine de Lyon; on
interprète son nom par « colline des corbeaux, clermont, colline des
marais, colline du dieu Lug » et, se basant sur des mythes, on en fait
une ville fondée par des chefs gaulois ou
grecs. Le seul fait certain est qu'en
43 av. J.-C, Lucius Munatius Plancus, un des
lieutenants de César, conduisit une colonie
romaine sur le plateau de Fourvière, territoire des Ségusiaves, où
il traça l'enceinte d'une nouvelle ville, en face de la colline Saint-Sébastien
ou de la Croix-Rousse, au pied de laquelle était le confluent du Rhône
et de la Saône.
La nouvelle colonie devint rapidement prospère; les deux fleuves qui la
desservaient facilitaient l'extension de son commerce; par sa position
même, à l'extrémité des trois provinces d'Aquitaine,
de Celtique (Lyonnaise)
et de Belgique, elle était en fait la capitale
des trois Gaules; de son milliaire doré partaient les grandes voies
qui sillonnaient en tous sens la nouvelle conquête de César, et, cinquante-six
ans après sa fondation, elle allait devenir de droit la capitale, par
l'édification, en l'an 13 de notre ère, de l'autel de Rome et d'Auguste
sur la colline Saint-Sébastien, où tous les ans, au mois d'août, devaient
se réunir les députés des 64 peuples de la Gaule, pour traiter de leurs
intérêts communs. Ce fut aussi, semble-t-il, un séjour aimé des empereurs;
Auguste y résida près de trois ans; Germanicus,
Claude y naquirent; Caligula
vint y vendre à l'encan les meubles de la famille impériale, et, quand
le terrible incendie dont parle Sénèque dans
l'épître à Lucilius l'eut en une seule nuit réduite en cendres, Néron
lui fit un don de 4 millions de sesterces pour aider à sa reconstruction
(59).
- Reste d'aqueduc romain, à Lyon. Ni cet épouvantable sinistre, ni sa rivalité avec Vienne, qui autant par jalousie que par intérêt avait suivi le parti de Galba, ne purent enrayer cette prospérité toujours croissante. A Fourvière, la ville officielle, s'étageaient un forum digne de Rome, le palais des Césars, un amphithéâtre, un théâtre, un cirque, un hôtel des monnaies, des bains, auxquels, comme à toute la ville; fournissaient l'eau de longues lignes d'aqueducs dont de majestueux débris sont encore debout; dans la presqu'île, un territoire, que par politique on avait fait sacré, se dressaient sur les pentes de la colline les deux hautes colonnes de l'autel d'Auguste, surmontées de Victoires ailées, un temple, où se conservaient les fameuses tables de Claude, parvenues jusqu'à nous, un amphithéâtre, un hémicycle qui abritait 60 statues personnifiant les peuplades gauloises, et semées dans les jardins et le long des larges voies qui aboutissaient aux monuments d'autres statues des empereurs et de ceux que les députés des Gaules avaient jugés dignes de cet honneur; au bas, sur le terrain d'alluvions que les deux fleuves allongeaient de jour en jour, avaient leur siège de puissantes corporations : les nautes, les charpentiers, les marchands de vin, les drapiers, les brodeurs, les verriers, les libraires, les négociants cisalpins et transalpins qui portaient les marchandises et le nom de Lugdunum. jusqu'aux parties les plus reculées du monde antique. C'était sur ce territoire privilégié que se célébraient ces étranges fêtes de l'éloquence qui ont fait écrire à Juvénal les deux vers bien connus : Palleat, ut nudis pressit qui calcibus anguemC'est là aussi que, sous le règne d'Antonin, saint Pothin, disciple de saint Polycarpe, vint d'Asie prêcher le christianisme en Gaule, qu'il trouva surtout dans le monde des artisans, des pêcheurs et des esclaves les prosélytes qui bientôt, au nombre de 48 (dont la jeune esclave Blandine), l'an 177, allaient payer leur croyance de la vie, dans l'amphithéâtre au-dessous du forum. Ce sanglant événement, dont la relation nous a été conservée par Eusèbe de Césarée, semble ouvrir les pages sombres de l'histoire de la ville; vingt ans plus tard, le 19 février 197, les soldats de Septime Sévère, qui avaient vaincu à ses portes son compétiteur Albin, la mettaient au pillage; en 208, on procédait dans ses murs à un nouveau massacre des chrétiens, et la légende évalue le nombre des victimes à 19,000, parmi lesquelles saint Irénée (Les pesrsécutions des Chrétiens). La malheureuse ville, qui paraît avoir été à la tête d'un mouvement séparatiste, fut à nouveau mise au pillage par les troupes d'Aurélien et perdit son titre de métropole transféré à Trèves; Magnence s'y donna la mort; Gratien y fut assassiné, et, en 458, Majorien l'enleva de vive force et l'écrasa d'une rançon énorme; ce n'est qu'aux supplications de Sidoine Apollinaire qu'elle dut de ne pas être mise à sac; enfin, en 461, le Burgonde Gundicaire s'en emparait et Lugdunum allait devenir avec Gondebaud la capitale du premier royaume de Bourgogne. Dès lors, l'histoire de Lyon, dont le déclin est complet et qu'éclipsent Arles et Vienne, devient, pour ainsi dire, celle des Mérovingiens et des Carolingiens. De la domination de Sigismond, roi de Bourgogne, il passa sous celle de Childebert, roi de Paris, qui fonda, sur la rive droite de la Saône, l'hôpital Notre-Dame, le plus ancien des hôpitaux de France, et sous celle de tous les rois fainéants auxquels l'ancienne Bourgogne échut en partage. En 725, il fut ravagé, dit-on, par les Sarrasins et délivré par les troupes de Charles-Martel, aussi barbares que les hordes de l'envahisseur. De l'antique cité il ne restait que des ruines qui furent relevées par Charlemagne et les archevêques Leydrade et Agobard. Après Charlemagne et Louis le Pieux, Lyon passa à Lothaire, à Charles le Chauve, à Boson, qui rétablit le second royaume de Bourgogne, à Louis l'Aveugle, à Rodolphe II, à Conrad le Pacifique, à Rodolphe III le Fainéant qui céda ses Etats à Conrad le Salique, empereur d'Allemagne (1032). Mais la domination de ces rois et empereurs n'était guère que nominale. Lyon était en réalité au pouvoir de ses comtes qui s'étaient rendus héréditaires, pouvoir partagé en quelque sorte avec l'archevêque et le chapitre métropolitain qui luttaient contre eux pour leur indépendance, avec l'appui de la cité. Déjà l'archevêque Burchard, du vivant de son frère Rodolphe IlI, avait fait ouvertement acte de souverain, et les comtes avaient été repoussés en Forez et en Roannais; vers la fin du XIe siècle, le pape Grégoire VII ajouta encore à l'autorité morale de l'archevêque en confirmant son titre de primat des Gaules, et, en 1157, Frédéric Barberousse lui reconnaissait les droits souverains sur ses terres. Aussitôt reprise, la lutte, qui força même un instant l'archevêque à se réfugier à la chartreuse de Portes en Bugey, se continua jusqu'en 1167, date à laquelle intervint one transaction, ménagée par le pape, qui assurait la jouissance en commun des droits régaliens à l'Eglise et au comte. Avec une pareille transaction, des conflits étaient inévitables et ils ne prirent fin que par le traité de 1173 qui délimita les possessions du comte et de l'Eglise, et sépara le Lyonnais du Forez. Le pouvoir de l'Eglise était définitivement constitué, pouvoir étendu s'il en fut, la justice dans sa plénitude, le droit de battre monnaie, lever des troupes, indépendance complète de tout lien féodal, sauf la suzeraineté nominale de l'Empire; mais, partagé également entre l'archevêque-comte et les chanoines-comtes, il ne pouvait être exercé sans des contestations d'attributions dont la ville de Lyon était la première à souffrir. Le grand mouvement d'émancipation communale qui faisait s'insurger les villes du Nord et du Midi ne devait pas à Lyon rester sans écho. Le nouveau pouvoir n'eut à réprimer d'abord que les troubles causés par les Vaudois, les Pauvres de Lyon, dont l'agitation n'était peut-être que religieuse; mais l'avènement de la commune était déjà préparé par de puissantes corporations qui avaient gardé le souvenir des traditions de l'époque romaine, des corporations qui, tous les ans, pouvaient compter leurs adhérents dans leur grande fête du mois de juin, dite des Merveilles. Elles étaient appuyées
par les confréries des métiers et des confréries générales, comme
celle du Saint-Esprit, auxquelles se rattachaient probablement et des membres
des ordres mendiants et les frères
pontifes qui construisaient alors le pont du Rhône, sur lequel allaient
passer les troupes de la croisade (1190).
Dès 1193, les citoyens obtenaient des garanties; néanmoins, en 1207,
la révolution éclata et l'archevêque et le chapitre durent s'engager
à respecter la bonne liberté de la ville et ses bonnes coutumes écrites
ou non écrites, à charge par les citoyens de ne pas porter atteinte Ã
leur pouvoir et de jurer de ne plus faire de serment de commune ou de consulat.
C'était là une paix bien précaire qui sembla pourtant devoir être consolidée
par le séjour de sept années que fit à Lyon le pape Innocent
IV, Ã l'occasion du concile de 1245, dans
lequel fut excommunié et déposé l'empereur d'Allemagne Frédéric
Il. En 1269, Ã la suite de l'arrestation d'un bourgeois par les chanoines
les hostilités furent reprises, et les chanoines, assiégés dans leur
cloître de Saint-Jean, durent se réfugier
dans l'enceinte fortifiée de Saint-Just.
On demanda la médiation du pape et du roi de France, et le résultat des négociations fut, en 1272, d'attribuer à l'archevêque seul, au détriment du chapitre, l'exercice du pouvoir temporel. Par ce seul fait, trois partis au lieu de deux se trouvaient en présence, l'archevêque qui entendait maintenir les droits qu'il avait acquis à charge d'hommage au roi, le chapitre, qui voulait reconquérir son pouvoir, et les citoyens qui n'avaient obtenu qu'une satisfaction illusoire. En 1274, le pape Grégoire X, venu à Lyon pour y tenir un concile, reconnut que la juridiction temporelle appartenait en commun au chapitre et à l'archevêque, mais que ce dernier seul devait en avoir l'exercice; quant aux citoyens, il leur interdit toute tentative d'organisation et les condamna à 7000 livres d'indemnité envers l'Eglise. C'était, comme en 1272, laisser deux partis mécontents; aussi, en 1290, les chanoines ayant repris une partie de leur juridiction, les citoyens se révoltèrent à nouveau et en appelèrent encore au pape et au roi. Philippe le Bel s'empressa de leur accorder des lettres de sauvegarde (4 mars 1292) et de leur donner un gardiateur qui fit sa résidence dans la ville. Dès ce jour on pouvait considérer les hostilités comme terminées, mais la lutte se prolongea pourtant et ne prit fin qu'en 1310, date à laquelle Louis le Hutin vint mettre le siège devant la cité qui lui ouvrit ses portes; enfin, le traité du 10 avril 1312 réunit définitivement Lyon et le Lyonnais à la France. C'était un beau fleuron que Philippe le Bel ajoutait à sa couronne; Lyon était, il est vrai, enserré dans une véritable ceinture d'établissements ecclésiastiques, sur la rive droite de la Saône, le château de Pierre-Seize, résidence ordinaire des archevêques, en défendait l'entrée, le cloître de Saint-Paul, l'enceinte de Saint-Just, le cloître de Saint-Jean; dans la presqu'île, les abbayes d'Ainay et de Saint-Pierre, la maison des Templiers, le prieuré de la Platière, le couvent des Jacobins ne laissaient qu'un espace assez restreint à la ville proprement dite, espace diminué encore par des hôpitaux pour les hommes, des hôpitaux pour les femmes, des maladreries, des léproseries, un hôtel-dieu à l'extrémité du pont du Rhône; les rues étaient si étroites qu'il était interdit d'y passer avec une charrette; miais il y régnait une activité merveilleuse. Les deux grands conciles qui s'y étaient tenus lui avaient donné une importance presque égale à celle qu'il avait dans l'Antiquité; le passage des croisés à la fin du XIIe siècle avait donné une nouvelle extension à son commerce; les Italiens réfugiés y avaient apporté leur industrie et leur habileté en affaires, les marchands de Lyon allaient négocier, des Flandres en Espagne, et leur nom, comme à l'époque romaine, n'était pas ignoré en Orient. Aussi la charte de Lyon, concédée en 1320, rappelle tout d'abord que les Lyonnais jouissaient du droit italique; elle leur reconnaît le droit d'élire des consuls, de déléguer des procureurs, d'avoir des archives, de s'imposer dans l'intérêt commun, de lever des troupes pour organiser la milice qui devait garder les portes et la ville, et enfin, elle les exempte de toute imposition à l'égard du seigneur. Déjà , avant la révolte de 1269, l'administration communale était organisée; elle se composait de 12 conseillers, les consuls échevins, tous égaux, qui avaient remplacé l'ancien conseil, dit de la cinquantaine, organisateur de la première révolution. Démocratique au début, cette institution ne tarda pas à devenir oligarchique, ce qui motiva des émeutes en 1400 et 1436, émeutes qui n'eurent pour résultat que de fortifier cette oligarchie. Pour être élu consul, il fallut en effet justifier d'une résidence de douze années, et d'une fortune d'au moins 10,000 livres; l'élection, au lieu d'être faite par l'ensemble des habitants, ne le fut que par les 144 maîtres des 72 métiers, auxquels on adjoignait des terriers, propriétaires fonciers, et le mandat fut donné pour deux ans au lieu d'un. De l'ancienne constitution on ne semble avoir gardé que le syndicat, une sorte de mandat impératif, et la proclamation des nouveaux consuls, le jour de la Saint-Thomas, dans l'église Saint-Nizier, où un orateur prononçait un discours, l'oraison doctorale, sur un sujet choisi par lui. Cette nouvelle assemblée renouvelable annuellement par moitié s'adjoignit un procureur de la commune, un secrétaire, un receveur, un voyer; c'est elle qui administra Lyon jusqu'en 1575, date à laquelle Henri IV réduisit le nombre des conseillers à quatre et mit à leur tête un prévôt des marchands. Dans toute cette période, l'histoire de Lyon est des plus mouvementées. Les papes Clément V (1305) et Jean XXII (1310) s'y firent couronner; au XIVe siècle, il eut à supporter les charges écrasantes de la guerre de Cent ans; le contre-coup de la déroute de Brignais (6 avril 1362), l'horrenda cassatio, comme disent les actes capitulaires de l'Eglise métropolitaine, et de la victoire d'Anton (11 juin 1430); les révoltes de 1400, 1436 et celle de 1529, la grande rebeyne, causée par la misère et qui semble avoir été fomentée par quelque société secrète; les guerres de religion pendant lesquelles il tomba aux mains du baron des Adrets, dont les troupes mutilèrent ses monuments; la réaction catholique qui occasionna le 31 août 1572, huit jours après la Saint-Barthélemy, le massacre dit des Vêpres lyonnaises; la Ligue, pour laquelle il prit parti, et enfin de nombreuses difficultés avec l'archevêque dont les droits de juridiction allaient être encore réduits par l'établissement de la sénéchaussée royale dans la ville même, avec le bailli de Mâcon, sénéchal de Lyon, avec les intendants, avec ses gouverneurs, avec le roi lui-même qui l'accablait d'impôts et parles voyages duquel, à l'occasion des guerres d'Italie, il fallait préparer des entrées solennelles. Mais les grandes foires créées en 1419, dont en 1462 le nombre avait été porté à quatre : aux Rois, à Pâques, au mois d'août, à la Toussaint, avaient fait de Lyon une sorte de marché européen, dont les immenses affaires avaient nécessité, à cette même date de 1462, la création d'une juridiction spéciale, le tribunal de la Conservation, le plus ancien des tribunaux de commerce. L'imprimerie importée peut-être dès avant 1472, illustrée par les Guillaume Rouville, Étienne Dolet et d'autres, y prit une telle extension qu'il se fonda de véritables dynasties d'imprimeurs célèbres, comme celles des de Tournes, des Gryphius, des Bardou. C'est à Lyon que Rabelais, médecin de l'Hôtel-Dieu, fit paraître ses almanachs si recherchés aujourd'hui et qu'il publia les premiers chapitres de son immortel livre. Les fréquents séjours de la cour, le faste des entrées solennelles développaient l'ingéniosité des artistes et des lettrés, d'artistes tels que Jean Perréal, Tortorel et Perrissin, Philibert de L'Orme, des lettrés comme Pierre Sala, Maurice Sève, Louise Labé, Pernette du Guillet, Paradin, le premier historien de Lyon. La peste qui sévissait en permanence provoqua le développement des services hospitaliers et la constitution d'un corps de médecins et chirurgiens lettrés, dont un des plus brillants représentants est Symphorien Champier. La médecine lyonnaise pouvait se recommander d'ailleurs d'un illustre ancêtre, le célèbre Guy de Chauliac, qui avait été chanoine de Saint-Just. Pour réprimer la mendicité et secourir les nombreux malheureux auxquels ne pouvaient suffire les aumônes, que quelques confréries pieuses faisaient distribuer sur les places publiques, on constitua l'aumône générale ou hôpital de la Charité, le prototype de tous les établissements de ce genre. Comme pendant tout le Moyen âge, les grandes confréries, qui, à côté de l'administration consulaire avaient gardé une certaine initiative, contribuèrent à la richesse et aux embellissements de la ville; l'une d'elles, celle de la Trinité, fonda le collège (lycée par la suite) de ce nom, dès le début du XVIe siècle. C'est aussi à cette époque (1536), qu'Etienne Turquet et Barthélemy Nariz apportèrent d'Italie l'industrie de la soie qui allait lui faire une réputation universelle. Le XVIIe siècle s'ouvre à Lyon par le mariage de Henri IV qui fut célébré dans la cathédrale Saint-Jean-Baptiste, le 9 décembre 1600, et par le traité du 17 janvier 1601, qui donnait à la France la Bresse, le Bugey, le Valromey et le pays de Gex. Dès lors, à part l'exécution de Cinq-Mars et de Thou, décapités sur la place des Terreaux le 22 septembre 1642, l'histoire de Lyon est celle de toutes les grandes villes de France. Son administration municipale eut à se débattre au milieu d'inextricables difficultés financières que venaient augmenter les charges imposées par la royauté et le coûteux honneur d'avoir comme gouverneurs des membres de la famille de Neuville-Villeroy. Pour faire face à des dépenses énormes, on emprunta, et les emprunts, grâce à la vieille réputation de la ville, furent couverts, et rien qu'avec les noms des rentiers de l'hôtel de ville on pourrait établir une liste curieuse des illustrations du XVIIe et du XVIIIe, siècle; mais, pour amortir la dette, on emprunta tellement qu'en 1789 on était à la veille de la banqueroute. Par contre, ce fut à cette époque qu'on commença les quais du Rhône, que Perrache entreprit les longues digues qui allaient repousser le confluent et permettre de créer le nouveau quartier qui porte son nom; qu'on bâtit le monastère de Saint-Pierre, aujourd'hui palais Saint-Pierre ou des Arts (musée); le monumental Hôtel-Dieu couronné des dômes de Soufflot; l'hôtel de ville, élevé sur les plans de Simon Maupin et sous la direction de Désargues, monuments ornés par des peintres tels que Blanchet, Panthot, Stella, des sculpteurs comme Hendricy, Mimerel, Coysevox et les Coustou. A côté de ces artistes, on compte des graveurs comme les Audran, les Drevet, J.-J. de Boissieu, de savants historiens, Ménestrier, Colonia, Le Laboureur, Jacob Spon; des mathématiciens et des botanistes, Barrème et les Jussieu. C'est à Lyon qu'à la fin du XVIIIe siècle fut faite une des premières expériences de navigation à vapeur, par le marquis de Jouffroy, et une des premières ascensions aérostatiques par Montgolfier et Pilâtre de Rozier. Il s'y fondait une académie des sciences et belles-lettres (1700), un cercle littéraire, un nouveau collège, petit collège dit de Notre-Dame, une école de dessin (1756), une école vétérinaire, dont le premier maître fut Claude Bourgelat (1762). La Révolution subordonna au conseil général de Rhône-et-Loire et aux conseils de districts la municipalité de Lyon, plus importante à elle seule que ces corps réunis; aussi des conflits d'attributions furent fréquemment soulevés et difficilement apaisés. Le conseil général, quoique partisan des réformes au début et plus tard franchement républicain, était, par suite des opinions de quelques-uns de ses membres, suspect de modérantisme et de royalisme. Cette réputation fut soigneusement entretenue par la municipalité, affiliée aux clubs parisiens, soutenue par le ministre Roland et dirigée par le démocrate Chalier. C'était aux partisans de Chalier que déjà on attribuait le massacre des prisonniers qui eut lieu au mois de septembre 1792. En février 1793, les royalistes suscitèrent des troubles; coalisés avec les Girondins, ils prirent prétexte d'une proposition d'installer la guillotine en permanence pour se soulever; les sections prirent les armes, s'emparèrent de l'hôtel de ville (29 mai); la municipalité patriote fut renversée, Chalier emprisonné. La Convention fit de vains efforts pour la conciliation. Les insurgés guillotinèrent Chalier. Les représentants en mission, Nioche et Gauthier, avaient suspendu la municipalité; mais, à l'annonce de l'arrestation des Girondins, le conseil général refusa de recevoir les délégués de la Convention, constitua une municipalité provisoire, et fit procéder à l'élection de députés cantonaux qui se constituèrent en assemblée sous le titre de commission populaire et républicaine de salut public, prirent en mains les affaires du département et de la ville, et répondirent aux décrets de la Convention par la levée d'une armée départementale, sous les ordres de Précy. On prétendait, il est vrai, que le mouvement lyonnais n'était pas royaliste et peut-être n'était-il pas plus fédéraliste; la ville affirmait bien haut qu'elle se soulevait pour combattre l'anarchie, et ses corps administratifs inscrivaient en tête de leurs délibérations les mots de représentation nationale libre et entière. Quoiqu'il en fût de la cause du soulèvement, la Convention ne pouvait pas ne pas la réprimer rigoureusement, alors surtout que l'ennemi était aux frontières et que Lyon pouvait devenir un centre de ralliement pour les émigrés. Les contre-révolutionnaires projetaient d'y masser une armée de 100,000 hommes pour marcher sur Paris. Précy s'entendait avec les émigrés et appelait le roi de Sardaigne. La Convention agit vigoureusement. Une armée de 60,000 hommes, sous la direction de Dubois-Crancé et de Gauthier, et le commandement de Kellermann, vint assiéger Lyon (8 août). L'armée piémontaise de secours fut battue par Kellermann. Couthon et Javogues amenèrent les levées en masse de l'Auvergne et du Forez; Doppet prit le commandement du siège; Précy, jugeant la situation désespérée, se fit jour à travers les lignes des assiégeants (9 octobre); le lendemain, l'armée française entra dans la ville. La répression fut terrible. Un décret du 12 octobre ordonna l'application de la loi martiale aux contre-révolutionnaires, la démolition des maisons des riches; la ville prendrait le nom de Commune-Afranchie; un monument serait élevé avec cette inscription : « Lyon a fait la guerre à la liberté; Lyon n'est plus. »Collot d'Herbois, Fouché et Montaut furent chargés de l'exécution du décret. On commença la démolition de la place et et du quartier Bellecour; on y fit jouer la mine; des exécutions en masse eurent lien dans la plaine des Brotteaux; sur 3528 accusés, 1684 furent relâchés, 162 condamnés à la détention, 1682 condamnés à mort et exécutés. Pour diminuer la ville, ses faubourgs de Vaise, de la Guillotière, de la Croix-Rousse furent constitués en communes; le département dont elle était le chef-lieu fut scindé en deux pour former ceux du Rhône et de la Loire. L'année suivante, la Convention rendit à la ville son nom de Lyon (6 octobre 1794). Les réactionnaires y reprirent le dessus et le parti royaliste persécuta de nouveau les républicains. Précy rentra dans la ville, se reforma un état-major d'émigrés et terrorisa les Mathevons. Ou sait la sinistre réputation de la compagnie de Jéhu ou de Jésus. Le calme ne fut rétabli que sous le Consulat. L'invention du métier Jacquard donna un nouvel essor à l'industrie, Napoléon rebâtit la place Bellecour, fonda des écoles de dessin, établit le pont de Tilsitt (auj. pont Bonaparte). Le 21 mars 1814, Lyon fut occupé par les Autrichiens; Napoléon y passa aux Cent-Jours, et le gouverneur, le général Mouton-Duvernet, se rallia à lui, ce qui lui coûta plus tard la vie; il fut fusillé en 1816. Le 17 juillet 1815, la ville avait été réoccupée par les Autrichiens. Les violences des royalistes achevèrent de les rendre impopulaires. En 1829, ouvriers et bourgeois firent une ovation à Lafayette. La révolution de 1830 fut bien accueillie, mais la réaction entreprise par Casimir Périer provoqua une sanglante insurrection. Des délégués élus par les patrons et les ouvriers avaient élaboré un tarif des façons voté à l'unanimité et promulgué par le préfet. Quelques fabricants se plaignirent an gouvernement, et Casimir Périer annula le tarif. Les ouvriers prirent les armes (21 novembre 1831), arborant le drapeau noir avec l'inscription : « Vivre en travaillant ou mourir en combattant. »Après trois jours de combats, les canuts de la Croix-Rousse étaient maîtres des ponts et de la ville entière (23 novembre) que la garnison dut évacuer et où l'ordre fut maintenu. Le préfet Bouvier-Dumolard s'interposait en médiateur. Il fut de nouveau désavoué par le ministre. Le duc d'Orléans et le maréchal Soult, ministre de la guerre, amenèrent une grosse armée devant la ville qui se soumit sans coup férir le 3 décembre. Le tarif fut supprimé, la population désarmée, la garde nationale licenciée, le préfet destitué; il n'y eut pas de répression rétroactive. En avril 1834, une insurrection politique déchaîna une bataille de quatre jours (9-12 avril), terminée par la victoire des troupes. On hâta la construction des forts destinés à tenir la ville en bride. La révolution de Février fut accueillie avec enthousiasme. La société des Voraces fut quelques mois prépotente. La réaction provoqua en juin 1849 une émeute à la Croix Rousse. En août 1851 eut lieu le procès des Montagnards lyonnais qui furent condamnés pour conspiration à la déportation ou à la prison. L'ordre ne fut pas troublé sous l'Empire où de grands travaux transfigurèrent la ville. La démocratie socialiste, qui accueillit avec enthousiaste la proclamation de la République, se manifesta de nouveau en 1870; durant plusieurs mois le drapeau rouge flotta sur l'hôtel de ville; deux soulèvements eurent lieu le 28 septembre 1870 et le 30 avril 1871. Ce fut à Lyon que se forma une des armées qui tentèrent la marche sur Belfort. La ville fut en 1873 soumise à l'oppression dictatoriale du préfet Ducrot qui persécuta les enterrements civils. Après le retour au droit commun, la vie de Lyon, au XIXe siècle ne fut plus troublée. es principaux incidents ont été les expositions internationales de 1872 et 1894. La seconde fut attristée par l'assassinat du président de la République Carnot, tué d'un coup de poignard par l'anarchiste italien Caserio (24 juin 1894). (G. Guigue). Au début du XXe siècle, Lyon est un centre industriel majeur, particulièrement réputé pour son industrie de la soie et du textile. D'autres industries, comme la chimie et la métallurgie, se développent également. Pendant la Première Guerre mondiale, la ville joue un rôle important en tant que centre de production pour l'effort de guerre, notamment dans les industries chimiques et pharmaceutiques. Elle accueille aussi de nombreux blessés et réfugiés. Après la guerre, Lyon connaît une expansion urbaine significative. De nouveaux quartiers voient le jour, comme ceux de Gerland et de Monplaisir. La ville continue de se moderniser et d'étendre ses infrastructures industrielles. Cependant, la Grande Dépression des années 1930 affecte l'économie locale. Au cours de la Seconde Guerre Mondiale, Lyon est occupée par les forces allemandes en 1942. La ville devient un centre important de la Résistance, avec des figures emblématiques comme Jean Moulin. Lyon est libérée par les forces alliées en septembre 1944. Lyon se reconstruit et continue de se moderniser. De grands projets urbains voient le jour, comme la construction de l'autoroute A6 et l'extension des lignes de tramway. L'économie lyonnaise se diversifie avec le développement des secteurs de la chimie, de la pharmacie et de la métallurgie. Lyon bénéficie des Trente Glorieuses. De grands ensembles résidentiels sont construits pour accueillir une population en pleine expansion. Le métro de Lyon est inauguré en 1978, ce qui marque une étape importante dans le développement des infrastructures de transport en commun de la ville. Avec les lois de décentralisation des années 1980, Lyon gagne en autonomie et renforce son rôle de métropole régionale. La ville développe des relations internationales et accueille des événements mondiaux, comme la Coupe du Monde de football en 1998 et les Jeux Olympiques de la jeunesse en 2020. Des projets de rénovation urbaine transforment des quartiers entiers, comme le quartier de la Confluence, où des friches in Lyon, aujourd'hui, est devenue un centre important pour l'innovation, notamment dans les domaines des biotechnologies, de la santé et des technologies de l'information. Le quartier de Gerland accueille de nombreuses entreprises et instituts de recherche. La ville valorise son patrimoine historique, et le centre-ville est inscrit au patrimoine mondial de l'Unesco depuis 1998. Des événements culturels, comme la Fête des Lumières, attirent de nombreux visiteurs chaque année. |
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