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Vienne (Isère)

Vienne, Vienna Allobrogum, Colonie Julia Vienna est un chef-lieu d'arrondissement du département  l'Isère, sur la rive gauche du Rhône, au confluent de la Gère, à 80 km de Grenoble; altitude (ville basse) : 150 m; population : 30 000 habitants (2007).  Située à un coude formé par le Rhône dans un rétrécissement de sa vallée, la position de Vienne fut choisie, dès une époque ancienne, comme capitale par les Allobroges, puis comme colonie militaire par les Romains. La ville gallo-romaine se développa sur cinq collines élevées, appelées monts Salomon (Sospolium), Sainte-Blandine (Quirinus), Saint-Just (Crappum), etc. Le faubourg de Sainte-Colombe, sur la rive droite du Rhône, faisait partie de la ville antique. L'empereur, Claude établit un sénat à Vienne. A la fin du IIIe siècle apr. J.-C., Vienne devint capitale de la province Viennoise, formée du démembrement de la Narbonnaise. L'importance de Vienne diminue graduellement avec les progrès de sa rivale, Lyon. Les anciennes prétentions de Vienne subsistèrent dans les prérogatives de ses évêques, qui gardèrent le titre archiépiscopal, ainsi que celui de « primat des Gaules », qu'ils partageaient avec les archevêques de Lyon jusqu'à la fin de l'Ancien régime
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Vienne.
Vienne depuis Ste Colombe : le Pipet à gauche, St Maurice près du pont.Photo : © Thierry Labat, 2010.
L'archevêché de Vienne.  - Le siège épiscopal de Vienne fut l'un des plus anciens de la Gaule et remonte aux origines mêmes du christianisme. Les limites du diocèse coïncidèrent avec celles de la Viennoise, jusqu'à l'érection d'Arles en métropole archiépiscopale (fin du IVe siècle). Au VIe siècle, l'évêché de Saint-Jean-de-Maurienne fut détaché du diocèse de Turin et rattaché à celui de Vienne. Les archevêques de Vienne devinrent seigneurs suzerains (1023), avec le titre de comtes, et gardèrent leur indépendance même après la réunion du royaume d'Arles à l'Empire (1032). Leurs privilèges furent confirmés par les empereurs d'Allemagne (1153, etc.), qui leur donnèrent le titre d' « archichanceliers » du royaume d'Arles (1157). Les archevêques prétendaient exiger l'hommage des dauphins de Viennois, qui avaient le titre de « chanoines » de l'église cathédrale de Vienne. L'archevêché de Vienne comprenait les diocèses de Grenoble, Valence, Die, Viviers, Saint-Jean-de-Maurienne et Genève. Il fut l'un de ceux qui furent supprimés à l'époque de la Révolution (1790) et fut rattaché au diocèse de Grenoble.
Vienne joua un certain rôle pendant les époques troublées des invasions germaniques. Valentinien II y fut assassiné à proximité (392). La ville fut prise par l'usurpateur Constantin (411) et reprise par Gerontius. Elle devint capitale des Burgondes (432). Elle fut prise par Gondebaud, frère de Godégisèle, qui y fut tué (500). Elle passa sous la domination des Francs en 534. Elle fut ensuite successivement prise par les Lombards (558), les Sarrasins (737), les empereurs Lothaire (834) et Charles le Chauve (871). En 879, Vienne devint capitale du royaume de Boson (Bozon).
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Vienne.
Vienne et le temple d'Auguste
(ce temple ressemble à la très illustre Maison carréede Nîmes).

Pendant l'époque féodale, Vienne subit plusieurs sièges, en 880-882, 947, etc. Un concile célèbre s'est tenu à Vienne en 1311-:

Concile général de Vienne (1311-1312), compté comme XVe concile oecuménique par les Latins. - Trois cents évêques, les patriarches d'Alexandrie et d'Antioche, et un grand nombre de prélats de second ordre : abbés et prieurs, siégèrent en ce concile. Philippe le Bel y vint, accompagné de son frère, Charles de Valois, de ses trois fils, Louis, roi de Navarre, Philippe, comte de Poitiers, Charles, comte de la Marche, et, au moment décisif, de  troupes en nombre imposant. Le pape Clément V fit l'ouverture le 16 octobre 1311 par un sermon, dans lequel il énonça les trois causes de la convocation : affaire des Templiers, secours de la Terre sainte (Les Croisades), réforme des moeurs du clergé et de la discipline de l'Église. Le reste de l'année se passa en conférences sur les matières à traiter. Les évêques réclamèrent la suppression des exemptions, motivées par l'abus que les Templiers en avaient fait, ainsi que de leurs autres privilèges; mais il ne fut pas donné suite à cette réclamation.

Neuf chevaliers s'étant présentés à Vienne pour parler au nom des deux mille autres Templiers qui erraient fugitifs dans le pays, le pape les fit jeter en prison. Néanmoins, le concile persista à demander qu'ils fussent admis à se justifier et qu'on suivit à leur égard les formes du droit, quand même l'ordre entier serait trouvé coupable. Clément négocia avec les évêques, pour les faire revenir sur cette décision, qui compromettait les desseins du roi. Le 22 mars 1312, il tint avec ses cardinaux et plusieurs évêques dont il était sûr un consistoire secret, où l'on convint qu'il fallait supprimer l'ordre du Temple.

La IIe session eut lieu le 3 avril. Une bulle, datée du 2 mai, fut proclamée dans la Ille session. Il y était dit que l'ordre était devenu suspect par suite des aveux du grand maître et d'autres membres, il en résulterait un scandale s'il continuait à exister. En conséquence, cet ordre était déclaré supprimé, non per modum senientiae definitivae, disposition interdite par le droit, mais per viam provisionis et ordinationis apostolicae. Le pape reconnaissait ainsi que la culpabilité de l'ordre n'était pas assez prouvée pour qu'il pût l'abolir de droit, et qu'il ne le supprimait que par précaution, parce qu'il était devenu suspect. Cette bulle attribuait la plus grande partie des biens du Temple à l'ordre de Saint-Jean (Les Hospitaliers). La surveillance de ceux qui étaient situés en France et que Philippe le Bel avait fait mettre sous séquestre, dès le commencement des poursuites, fut confiée à ce roi. Quant aux personnes des Templiers, le pape en réservait quelques-uns nommément à sa disposition. Tous les autres furent laissés au jugement du concile de chaque province, pour statuer selon la diversité des cas.

Les poursuites contre la mémoire de Boniface VIII furent terminées en ce concile de Vienne. Trois cardinaux parlèrent pour la justification de ce pape, que deux chevaliers catalans offraient de soutenir par combat contre les accusateurs. Le concile déclara que Boniface n'avait rien fait qui le rendit coupable d'hérésie. Clément fit un décret interdisant de jamais revenir sur cette affaire; mais quand on statua sur les immunités des clercs, la bulle Clericis laïcos fut révoquée avec tout ce qui s'en était suivi.

Diverses condamnations furent lancées contre les bégarts et les béguines et contre la dissidence des franciscains, dits spirituels. La condamnation des opinions attribuées à quelques-uns de ces derniers détermina deux définitions dogmatiques : 

1° quiconque dit que l'âme raisonnable n'est pas essentiellement la forme du corps humain, sera tenu pour hérétique; 

2° le baptême administré aux enfants leur confère, non seulement la rémission du péché originel, mais la grâce sanctifiante et la foi.

Pour faciliter la conversion des infidèles, il fut ordonné qu'on établirait en cour de Rome et dans les universités de Paris, d'Oxford, de Bologne et de Salamanque (Les universités médiévales), deux maîtres pour les langues hébraïque, arabique et chaldéenne, lesquels devraient être entretenus à la cour de Rome par le pape, à Paris par le roi de France, et dans les autres villes par les prélats, les chapitres et les monastères du pays. 

Le concile de Vienne renouvela l'institution de la fête du Saint-Sacrement établie par Urbain IV, mais dont la bulle n'avait pas reçu d'exécution. Le décret de Clément V confirme et rapporte cette bulle en son entier, sans parler non plus de procession et d'exposition. 

Une croisade ou passage général fut ordonnée par ce concile de Vienne. Les rois de France, d'Angleterre et de Navarre et plusieurs autres seigneurs s'engagèrent à l'entreprendre. Cette décision et ces promesses restèrent sans effet.

La présente notice ne mentionne qu'une petite partie de l'oeuvre publiée, sinon accomplie, au concile de Vienne. Les cinq livres insérés sous le nom de Clémentinus, dans le Corpus juris canonici, se composent principalement de décrets que Clément V fit homologuer par cette assemblée (E.-H. Vollet).

En 1378, le dauphin (Charles V), nomme vicaire général de l'Empire pour le royaume d'Arles par l'empereur d'Allemagne, fit occuper Vienne, qui résistait à son autorité. Néanmoins, la ville de Vienne ne fut définitivement réunie à la France qu'en 1448 seulement. L'administration royale fit transférer le siège du bailliage de Viennois de Bourgoin à Vienne (1451). 

Au XVIe siècle, Vienne fut successivement prise et reprise par les catholiques et les protestants, pendant les Guerres de religion (1562 et 1567) et pendant la Ligue (1592 et 1595). En 1605, les jésuites fondèrent un collège, où Massillon enseigna à la fin du XVIIe siècle.
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Vienne.
Le Rhône à Vienne. - Le pont suspendu à deux travées franchit le fleuve, ici large de 200 mètres, encaissé entre les contreforts du Pilat à droite et le tertre des hauteurs viennoises à gauche.

Monuments.
Vienne possède plusieurs monuments romains très importants : le Temple d'Auguste et de Livie, analogue au monument du même genre qui se trouve à Nîmes; les restes d'un cirque et d'une portion de sa « spina », consistant en une pyramide votive qui fut dénommée au Moyen âge le plan de l'aiguille (haut de 14 m environs avec son piédestal, et dans lequel on a voulu voir autrefois le tombeau de Ponce Pilate); les restes du forum (escalier et arcades de portiques), du théâtre, des murs et des aqueducs, qui traversaient le mont Quirinus. 

Les monuments de Vienne datant du Moyen âge sont moins importants : l'église cathédrale Saint-Maurice (XIIe siècle, 1533), avec deux tours et façade de la Renaissance; l'église Saint-Pierre (XIIe-XVIIe siècles), qui appartenait à une ancienne abbaye de bénédictins (nobles) sécularisée en 1612, contenant le musée lapidaire; l'église de l'ancienne abbaye bénédictine de Saint-André-le-Bas (XIIe-XIIIe siècles); l'église de l'ancienne abbaye bénédictine de femmes (nobles) de Saint-André-le-Haut ; les ruines des châteaux féodaux construits sur les monts Salomon (château de La Bâtie), Arnaud et Pipet; deux ponts (1402 et 1557) sur la petite rivière de Gère; enfin un grand nombre d'anciennes maisons romanes et gothiques.
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Cathédrale de Vienne.
Cathédrale de Vienne. - Cette cathédrale (ou plutôt ex-cathédrale),
dédiée à Saint-Maurice, a été commencée en 1220, et achevée en 1533.
C'est un des plus beaux édifices gothiques de France, avec une jolie
façade bien sculptée et surmontée de deux hautes tours, et une 
admirable voûte soutenue par 48 piliers. On voit à l'intérieur : le mausolée 
du cardinal archevêque Montmorin, par Michel Schlootz; un splendide
autel du même artiste; les tombes de Saint Léonien et de l'abbé de
Saint-Pierre; l'épitaphe du roi Boson, datant de 1200.

Un monument moderne (statue colossale de la Sainte-Vierge), en pierre de Volvic, a été érigé sur le mont Pipet (1860). La ville ancienne possédait de nombreux couvents de femmes (Annonciades, Bénédictines de Sainte-Colombe, Bernardines, Dominicaines, Ursulines) et une commanderie de l'ordre de Malte.

Personnages célèbres.
Vienne a vu naître : au IIIe siècle, saint Julien; au Ve siècle, Mamert Claudien; au XVIIe siècle, le jurisconsulte Salvaing de Boissieu, l'historien Nicolas Chorier; au XIXe siècle, les poètes Michel Pichat et Ponsard, l'écrivain C. Reynaud, etc. (E.-D. Grand).
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-Église Saint-André-le-Bas, à Vienne.
Église Saint-André-le-Bas, à Vienne. - On la commença en l'année 1132. 
C'est une ancienne abbaye avec des colonnes de marbre blanc supportant
la voûte du choeur, de très beaux chapiteaux dans son cloître et le tombeau
du roi Conrad. Ce qu'elle a de plus curieux, c'est sa tour romane.
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Dictionnaire Villes et monuments
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