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Aurélien

L. Domitius Aurelianus Aurélien  est un empereur romain de 270 à 275. Né probablement en 214, à Sirmium, près du confluent du Danube et de la Save, ou dans une ville de la Dacie ripensis, ou encore en Mésie, il fut le plus illustre de ces vaillants empereurs sortis de l'Illyrie, sous lesquels l'Empire recouvra, pour quelques années, l'ordre à l'intérieur, la sécurité sur ses frontières. Son père était un humble colon, affranchi du sénateur Aurelius, qui avait pris, suivant l'usage, le nom de son patron; sa mère était prêtresse du Soleil, et comme telle aurait prédit les hautes destinées de cet enfant qui devait illustrer son obscure famille. De première force aux exercices du corps, il fit rapidement sa carrière dans les légions de l'Empire tant par sa vigueur physique que par l'énergie de son caractère; ses camarades l'avaient surnommé « fer en main », Aurelianus manu ad ferrum. Ses exploits le mirent de bonne heure en évidence. Un jour, il écrase avec 300 hommes un corps de Sarmates qui pillaient l'Illyrie, Une autre fois, sous le règne de Gordien III, vers 240, tribun de la légion VIa Gallicana, il détruit à Mayence une troupe de barbares Francs (ce nom apparaissait alors pour la première fois dans l'histoire). Aurélien s'était fait connaître aussi par sa sévérité dans la discipline : 
« Si tu veux être tribun, écrivait- il à un de ses officiers, ou simplement si tu veux vivre, tiens le soldat. Que personne ne vole un poulet, un mouton, une grappe de raisin...»
Vers 254, l'empereur Valérien chargea ce soldat énergique et honnête de passer une inspection générale des camps de l'Empire et de les mettre en état; peu après, il l'attacha à Ulpius Crinitus, gouverneur d'Illyrie et de Thrace, l'un des grands personnages de l'Empire et descendant de Trajan. Cet Ulpius Crinitus l'adopta par la suite, en lui donnant sa fille en mariage; Aurélien entrait ainsi dans la famille de l'empereur dont il devait renouveler les succès militaires. Il se distingua par des victoires sur les Goths qui lui valurent des félicitations de Valérien en présence de toute l'armée. Quand Valérien fut tombé aux mains des Perses (260), Aurélien garda sa haute situation sous Gallien jusqu'en 268, puis sous. Claude II (268-270), qui lui donna le titre de Maître de la cavalerie. Quand Claude fut mort à Sirmium, les légions de Pannonie donnèrent à Aurélien le titre impérial; le frère de Claude, Quintillus, s'était fait proclamer de son côté par les légions d'Aquilée et reconnaître par le Sénat; mais, 17 jours après, il se tuait Aurélien était seul maître de l'Empire (270).
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Monnaie d'or de l'empereur Aurélien.
Tête radiée de l'empereur Aurélien avec la cuirasse.
ADVENTUS AVG. L'empereur Aurélien à cheval
levant la main droite et tenant une haste.

Le nouvel empereur, âgé d'environ cinquante-six ans, était bien l'homme énergique que les dangers de l'Empire réclamaient. 

« J'ai de l'or pour mes amis et du fer pour mes ennemis »,  disait-il au Sénat, et il le prouva. 
La situation était très critique; les Barbares pressaient sur toutes les frontières : au Nord, les Goths, les Marcomans, les Alamans; en Orient, Zénobie se rendait indépendante dans son royaume de Palmyre; en Occident, la veuve d'un tribun, Victoria, et un sénateur gaulois, Tetricus, voulaient faire un empire des Gaules. Aurélien rétablit l'ordre d'abord sur la frontière du Danube qu'il fait respecter aux Goths et aux Marcomans; mais il fut obligé de reculer sur un point, il abandonna la Dacie, conquise 165 ans avant par Trajan, et qui, envahie au Nord, à l'Ouest, à l'Est, n'était plus tenable aux légions : l'Empire se repliait sur la rive droite du Danube où Aurélien fit passer les colons romains de la Dacie, dans la province de Dacia ripensis, entre la Mésie supérieure et la Mésie inférieure (270 environ). Cependant, les Alamans, descendus des Alpes, étaient entrés dans le bassin du Pô. L'empereur marche à eux; il est surpris et battu à Plaisance. L'épouvante est à son comble dans toute la péninsule. Aurélien, qui avait écrit aux sénateurs :
« Je m'étonne, vénérés Pères, que vous ayez mis si longtemps à consulter les livres sibyllins; on croirait que vous siégez dans une église de chrétiens et non dans la temple de tous les dieux », 
Aurélien fait célébrer autour de la Ville la procession expiatoire de l'amburbium, chanter les prières sacrées (La Religion romaine). Alors, en règle avec les dieux, il repart contre les Barbares à qui la journée de Plaisance avait livré la Cisalpine; cette fois, les Alamans sont écrasés près de Pavie (271). Le danger que Rome, avait failli courir lui donna l'idée de la mettre à l'abri d'un coup de main, en l'entourant d'une enceinte continue : en trois ans (271273) fut achevé cet immense rempart, réparé plus tard par Honorius et encore aujourd'hui debout dans sa majeure partie; la muraille d'Aurélien entourait toute la ville de la rive gauche et une partie du Janicule sur la rive droite, soit 11 milles ou 16 kilomètres de tour. En 272, l'empereur partit pour la frontière orientale ou la veuve d'Odenath rêvait, dans sa capitale de Palmyre, la fondation d'un empire d'Asie; avant de quitter la capitale, il avait fait mettre à mort quelques sénateurs qui avaient provoqué des désordres lors de l'invasion des Alamans. Sur sa route, il eut à faire le siège d'Ancyre (Ankara) en Galatie et de Tyane en Cappadoce; cette dernière ville n'échappa au pillage que parce qu'elle était la patrie du grand thaumaturge Apollonius. La défaite des Palmyréens à Emèse, le siège et la prise de Palmyre, la capture de Zénobie, la mort de son ministre Longin, le pillage et la destruction de la grande capitale du désert, qui s'était révoltée de nouveau après le départ de l'empereur, sont les principaux épisodes de cette expédition pénible à travers le désert de Syrie, menée avec autant de rapidité que de succès (272-273). 

Au retour, l'empereur passe par l'Egypte; il fait mettre à mort le Grec Firmus qui avait pris la pourpre lors de la révolte de Zénobie. L'Orient était pacifié: Aurélien passe en Occident où Tétricus régnait depuis plus de cinq ans. Le césar gaulois, en voyant les légionnaires d'Aurélien arriver jusqu'à Châlons-sur-Marne, se démit lui-même de son titre d'empereur et se confia à Aurélien qui en fit un gouverneur de Lucanie. L'Empire n'avait plus qu'un maître : Aurélien célébra cette paix générale par un triomphe magnifique où Tétricus et son fils et Zénobie marchaient devant le char du triomphateur (274). La même année, il fait construire à Rome un temple magnifique en l'honneur du Soleil, le dieu de sa mère; on y avait prodigué l'or et les pierres précieuses. L'empereur, qui avait mérité le nom de Restitutor orbis, faisait reconstruire en même temps en Gaule Genabum, qui garda son nom : Civitas Aurelianorum (Orléans). Il poursuivait par tout son oeuvre de restauration et partout faisait régner la discipline. Il eut à réprimer à Rome une sorte d'émeute de faux monnayeurs; elle lui coûta sept mille soldats dans une bataille sur le Caelius, c'est dire le nombre des émeutiers qui périrent. Cet homme si énergique, ce prince «-plutôt nécessaire que bon », comme l'appelle son biographe, songeait à la guerre contre les Perses lorsqu'il fut tué entre Byzance et Héraclée par des conjurés qu'un affranchi impérial, Mnesteus, avait excités contre lui, pour échapper lui-même à un juste châtiment dont Aurélien l'avait menacé (mars 275). Aurélien avait régné cinq ans et demi. Il avait été consul trois fois en 271, 274, 275.

Lors de son passage à Antioche (272), il avait fait preuve d'une grande modération, en refusant de se prononcer dans un débat théologique qui s'était élevé entre l'évêque Paul de Samosate et la communauté chrétienne; par suite, il est peu probable qu'il ait songé à une persécution contre les chrétiens, au moment où il fut frappé par Mnesteus. Sous son règne, l'Eglise jouit de la paix. Il laissa une fille dont Vopiscus connut encore un descendant, Aurélien, proconsul de Cilicie.

Aurélien « à la main de fer », dur pour lui-même et dur pour les autres, n'a pas été seulement un soldat heureux et énergique; il a été aussi un grand empereur, une sorte de Septime Sévère illyrien, qui a retardé pour de longues années la chute de l'Empire, imminente à son avènement. (G. L. G.).

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Dictionnaire biographique
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