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 L'histoire de l'Asie
Histoire de l'Indonésie

La première Indonésie

Les premières populations.
Préhistoire.
Les premières traces de peuplement en Indonésie remontent à environ 1,5 million d'années avec l'Homo erectus, également connu sous le nom d'Homme de Java. Des découvertes archéologiques telles que celles de Sangiran et de Trinil sur l'île de Java témoignent de la présence de ces hominidés. Les humains modernes (Homo sapiens) sont arrivés vers 40 000 av. JC.

Vers 2000 av. JC, des populations austronésiennes commencent à migrer depuis Taïwan vers le sud-est, atteignant les Philippines, puis l'Indonésie. Ces peuples apportent avec eux des technologies de navigation avancées, la culture du riz et des techniques de poterie. Cette période marque le début de l'ère néolithique en Indonésie.

Protohistoire.
Vers 500 av. JC, les premiers échanges commerciaux commencent à se développer avec l'Inde et la Chine. C'est le début du commerce maritime. La culture de Dong Son, originaire du Vietnam, influence les techniques de métallurgie et l'agriculture en Indonésie. L'Indonésie, en raison de sa position stratégique entre les océans Indien et Pacifique, devient véritablement un carrefour commercial dès le début de l'ère commune. Ces contacts initiaux introduisent de nouvelles influences culturelles et religieuses, préparant le terrain pour l'adoption ultérieure de l'hindouisme et du bouddhisme.

Plusieurs royaumes et chefferies commencent à émerger en Indonésie, bien que leurs structures exactes et leurs noms soient souvent obscurs en raison du manque de sources écrites. Des sites archéologiques comme ceux de Batujaya à Java et de Besuki à Sumatra fournissent des indices sur ces sociétés anciennes.

Un archipel de peuples.
L'Indonésie est un archipel constitué de milliers d'îles et abrite aussi une grande diversité de populations et de groupes ethniques. Chacun de ces groupes possède sa propre langue et culture et forment la trame ancestrale sur laquelle s'est écrite l'histoire de l'Indonésie au fil des siècles. 

Les Javanais.
Les Javanais, qui vivent principalement sur l'île de Java, représentent le groupe ethnique le plus important de l'Indonésie. Java était autrefois habitée par des populations autochtones qui pratiquaient l'agriculture et l'élevage. Les premières preuves de civilisation sur Java remontent à l'âge du bronze (environ 300 av. JC à 500 apr. JC), avec des sites archéologiques tels que Gunung Padang qui montrent des vestiges de structures et d'activités humaines anciennes. Les débuts de la formation de royaumes et de structures sociales plus complexes ont probablement commencé à émerger à cette époque. La culture javanaises a ensuite été influencée par des traditions hindoues, bouddhistes et musulmanes. Les arts de la cour, comme le wayang (théâtre d'ombres), la danse et la musique gamelan, sont très développés.

Les Sundanais.
Les Sundanais sont originaires de la partie ouest de Java. La région était probablement peuplée autrefois par des groupes tribaux pratiquant l'agriculture et le commerce. Des influences culturelles extérieures, notamment de la Chine et de l'Inde, ont probablement commencé à se faire sentir à travers le commerce maritime dès le Ier siècle. Il a existé un royaume de Sunda  qui a prospéré dans la région avant d'être intégré dans l'empire javanais de Majapahit.

Les Madurais.
L'île de Madura, située à l'est de Java, avait également une population autochtonetrès ancienne. L'île a probablement été influencée par les échanges commerciaux avec Java et d'autres îles voisines, contribuant ainsi à son développement culturel distinct.  Madura a également eu son propre royaume par le passé. Les Madurais, habitants de l'île de Madura et régions de l'Est de Java Est, réputés pour leur agriculture et leur élevage de bétail, notamment de bovins. La culture madurais est marquée par des traditions telles que les courses de taureaux karapan sapi.

Les Balinais.
Bali est de longue date  habitée par des populations qui pratiquaient l'agriculture et l'artisanat. Des indications archéologiques montrent que Bali a eu très tôt des contac avec l'Inde, notamment à travers le commerce de produits comme l'or et le camphre. Cependant, la formation de structures politiques plus complexes et l'essor des royaumes balinais hindouistes (comme celui de Gelgel et plus tard celui de Klungkung) se sont davantage développés à partir du premier millénaire de notre ère. Après l'implatation de l'Islam, les habitants de l'île de Bali sont restés majoritairement hindous. Leur culture est riche en cérémonies religieuses, danses, sculptures et musique. Les festivals, comme le Nyepi (Jour du Silence), sont des éléments centraux de la vie balinaise.

Les Bataks.
Les Bataks vivent principalement dans la province de Sumatra du Nord, en Indonésie, autour du lac Toba. Ils étaient autrefois largement organisés en communautés tribales, pratiquant l'agriculture, l'élevage et le commerce. Ils ont développé une culture riche avec des traditions religieuses animistes et des systèmes sociaux basés sur des clans (marga). Au cours des siècles, ils ont été influencés par le commerce avec d'autres cultures maritimes, ce qui a enrichi leur artisanat et leurs pratiques culturelles. Ils sont connus pour leurs maisons traditionnelles, leurs rituels animistes et leur musique. Ils possèdent un riche patrimoine oral et des traditions funéraires distinctes.

Les Minangkabau.
Les Minangkabau sont originaires de la province de Sumatra occidental. Ils sont célèbres pour leur système social matrilinéaire, où l'héritage et le pouvoir sont transmis à travers la lignée maternelle. Autrefois, les Minangkabau vivaient dans des villages agricoles et ont pratiquaient l'islam à partir du XIIIe siècle, bien que leurs racines historiques remontent bien plus loin. Ils ont développé une forte tradition de commerce et d'artisanat, ainsi qu'une riche culture littéraire et orale. Leur architecture traditionnelle, avec ses maisons à toits pointus, est emblématique. 

Les Dayaks.
Les Dayaks sont des peuples autochtones de l'île de Bornéo (Kalimantan), partageant des similitudes culturelles mais aussi des distinctions selon leurs régions géographiques spécifiques. Autrefois, les Dayaks vivaient dans des villages longue-maison (rumah panjang) et pratiquaient l'agriculture, la chasse et la pêche. Ils ont une tradition animiste forte, vénérant les esprits de la nature et pratiquant des rituels liés à la fertilité, à la guérison et à la protection. Les Dayaks étaient également connus pour leur habileté dans l'artisanat, notamment la vannerie, la sculpture sur bois et la tissage. Beaucoup continuent leur mode de vie traditionnel. Les longues maisons communautaires et les tatouages rituels sont caractéristiques.

Les Bugis.
Les Bugis sont originaires de la région sud de l'île de Sulawesi. Ils étaient traditionnellement organisés en petites communautés agricoles et maritimes le long des côtes de Sulawesi. Ils étaient connus pour leurs compétences en navigation et leurs traditions maritimes avancées, participant activement au commerce avec d'autres peuples de l'archipel et au-delà. Les Bugis avaient une structure sociale avec des systèmes de clans (suku) et des hiérarchies politiques locales.

Les Macassars.
Les Macassar (Makassars) sont un autre groupe ethnique de Sulawesi du Sud, avec leur centre historique autour de la ville de Makassar. Comme les Bugis avec lesquels ils ont interconnectés, ils étaient autrefois impliqués dans le commerce maritime et avaient des relations étendues avec d'autres régions de l'archipel indonésien, ainsi qu'avec des commerçants étrangers venus de Chine, d'Inde et d'Arabie. Ils ont développé une culture riche, incluant des pratiques animistes et des traditions artisanales.

Les Papous.
Les Papous sont les peuples autochtones de la partie orientale de l'île de Nouvelle-Guinée, qui comprend aujourd'hui la province indonésienne de Papouasie. Dans le passé, les Papous vivaient principalement dans des sociétés tribales, pratiquant l'agriculture, la chasse et la collecte dans les forêts de l'intérieur. Ils avaient des cultures diverses et des langues distinctes, et étaient connus pour leurs sculptures sur bois, leurs arts décoratifs et leurs pratiques spirituelles animistes.

Les Torajas.
Les Torajas habitent dans les montagnes des Célèbes (Sulawesi) du Sud. Ils étaient traditionnellement agriculteurs, pratiquant une forme d'agriculture en terrasses dans les hautes terres de Toraja. Les Torajas avaient une société avec des structures hiérarchiques basées sur des clans et des rituels funéraires élaborés qui jouaient un rôle central dans leur culture. Leur artisanat traditionnel inclut la sculpture sur bois, le tissage et d'autres formes d'art décoratif. Ils sont aujourd'hui connus pour leurs rites funéraires complexes et leurs maisons traditionnelles appelées tongkonan, qui ont des toits en forme de bateau.

Période hindou-bouddhiste

L'hindouisme et le bouddhisme ont profondément influencé la culture indonésienne dès les premiers siècles de notre ère. Leur pénétration dans le pays est le résultat de siècles de contacts commerciaux et culturels entre l'archipel et les civilisations indiennes. 
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Les premiers contacts entre l'Inde et l'Indonésie remontent au Ier siècle de notre ère. Les marchands indiens, en quête d'épices, de bois précieux et d'autres produits exotiques, ont établi des routes commerciales maritimes avec les royaumes indonésiens. Ces interactions ont conduit à l'influence culturelle indienne, aussi bien dans les domaines de la religion et de la langue que de l'art et de l'architecture.

À partir du XIIIe siècle, l'islam a commencé à se répandre en Indonésie, apporté par des marchands musulmans de l'Inde et du Moyen-Orient. Les royaumes hindous et bouddhistes ont progressivement été remplacés par des sultanats islamiques.Le processus de conversion a été relativement pacifique, bien que certains conflits aient eu lieu. Les royaumes musulmans comme Demak et Aceh ont émergé et ont exercé une influence croissante.

Cependant, l'héritage hindou-bouddhiste est encore visible en Indonésie aujourd'hui. Les temples anciens comme Borobudur et Prambanan attirent des millions de visiteurs chaque année. Les festivals hindous et bouddhistes sont encore célébrés dans certaines régions, notamment à Bali, qui est majoritairement hindou. Les motifs, les sculptures et l'architecture influencés par l'hindouisme et le bouddhisme continuent de jouer un rôle important dans l'art et la culture indonésiens.

Les royaumes hindouistes et bouddhistes
Les premiers royaumes hindouistes d'Indonésie, comme le royaume de Kutai à Bornéo et le royaume de Tarumanagara à Java, ont émergé autour du IVe siècle. Entre le VIIIe et le XVe siècle (période classique) se sont établis d'autres Etats hindouistes importants, à commencer par l'Empire de Mataram (qui a aussi eu sa période bouddhiste). Les inscriptions en sanscrit trouvées à Kutai et Tarumanagara, ainsi que les statues et les temples, témoignent aussi de l'influence hindoue.

Le bouddhisme, quant à lui, a connu son âge d'or en Indonésie entre le VIIIe et le Xe siècle. Il a été introduit en Indonésie à partir du IVe siècle par des marchands et des missionnaires venus d'Inde et d'Asie centrale. Le bouddhisme mahayana a d'abord gagné en popularité. Des centres bouddhistes ont été établis à Sumatra et Java, où des moines bouddhistes ont construit des monastères et des temples. L'exxpansion du bouddhisme est en grande partie due à la dynastie Sailendra, qui a régné sur le centre de Java aux VIIIe et IXe siècles.

Pendant cette période, un syncrétisme entre l'hindouisme et le bouddhisme s'est développé, comme en témoignent des temples tels que Prambanan (hindou) et Borobudur (bouddhiste) situés à proximité.

Royaume de Kutai.
Le Royaume de Kutai est considéré comme le plus ancien royaume hindouiste d'Indonésie, fondé vers le IVe siècle. Il était situé dans la région de Kalimantan oriental (Bornéo). Les premières inscriptions trouvées à Kutai sont les Yupa, des pierres de sacrifice, datées de la première moitié du IVe siècle. Le roi Mulawarman, l'un des souverains les plus célèbres de Kutai, a étendu le royaume et a promu le culte de Shiva.

Kutai était fortement influencé par l'hindouisme, avec des pratiques religieuses centrées sur le culte de Shiva. Le royaume a également montré des influences culturelles indiennes dans son art et ses rituels.

Kutai a commencé à décliner vers le XIIe siècle en raison de la montée d'autres puissances dans la région et de l'islamisation progressive.

Royaume de Tarumanagara.
Tarumanagara est l'un des plus anciens royaumes hindous en Indonésie. il a été fondé au début du IVe siècle dans l'ouest de Java. Le roi le plus célèbre de Tarumanagara, Purnawarman, a régné au Ve siècle. Son règne s'est signalé par ses développements de l'irrigation et par la construction d'infrastructures.

Plusieurs inscriptions en sanscrit, gravées sur des rochers et des monuments, témoignent de l'existence et de la prospérité de Tarumanagara. Ces inscriptions mentionnent des oeuvres publiques comme la construction de canaux pour l'irrigation. L'influence de l'hindouisme se reflète dans l'art et l'architecture.

Tarumanagara a commencé à décliner au VIIe siècle, probablement en raison de l'émergence de nouveaux pouvoirs régionaux et du déclin de l'influence économique et politique.

Royaume de Mataram.
L'histoire du royaume de Mataram a connu deux périodes distinctes. Seule la première entre dans le cadre chronologique envisagé ici. Le deuxième royaume de Mataram, musulman, également connu sous le nom de Sultanat de Mataram, émergera au XVIe siècle dans le centre de Java. 

Le premier Mataram, aussi connu sous le nom de Mataram Kuno, était un royaume hindou-bouddhiste qui a émergé dans le centre de Java au VIIIe siècle. Il était gouverné par deux principales dynasties : les Sanjaya, hindoue, et les Sailendra, bouddhiste.

• La dynastie Sailendra a régné sur Java et Sumatra, principalement entre le VIIIe et le IXe siècle. Elle est connue pour avoir promu le bouddhisme Mahayana. Les origines précises des Sailendra sont incertaines, mais ils sont devenus une puissance majeure sous le règne de leurs rois successifs. Ils ont étendu leur influence en contrôlant des routes commerciales importantes entre Java et Sumatra. Les Sailendra étaient bouddhistes et ont patronné la construction de monuments bouddhistes monumentaux. Le plus célèbre de ces monuments est Borobudur, l'un des plus grands temples bouddhistes du monde, construit au début du IXe siècle. Les Sailendra  ont souvent été en conflit avec la dynastie hindouiste Sanjaya, bien que des périodes de paix et de cohabitation aient également existé. Vers la fin du IXe siècle, les Sailendra ont été progressivement supplantés par la dynastie Sanjaya et ont perdu leur influence.

 La dynastie Sanjaya a régné sur le centre de Java et certaines parties de Sumatra du VIIIe au Xe siècle. Elle est souvent associée au développement de l'hindouisme à Java. Le roi Sanjaya est considéré comme le fondateur de la dynastie au début du VIIIe siècle. Son règne est connu par l'inscription de Canggal (732). La dynastie Sanjaya était hindouiste, particulièrement dédiée à Shiva. C'est sous cette dynastique qu'ont été construits plusieurs temples importants, dont le temple de Prambanan, dédié à la Trimurti (Shiva, Vishnu, Brahma). La dynastie Sanjaya, on l'a dit, a eu des périodes de rivalité et d'alliance avec la dynastie bouddhiste Sailendra. La tension et les conflits entre les deux dynasties ont marqué une grande partie de l'histoire de Java au VIIIe et IXe siècles.

Le premier royaume de Mataram a décliné au Xe siècle, probablement en raison de catastrophes naturelles et de conflits internes. Déjà, pendant cette période la capitale du Java central avait été déplacée dans le Java oriental en raison de l'activité volcanique. 

Le royaume est célèbre pour ses monuments architecturaux, notamment le temple de Borobudur (bouddhiste) et le temple de Prambanan (hindou). Mataram était un centre culturel et religieux important, avec une richesse de littérature et de sculptures.

• Borobudur, situé dans le centre de Java, est l'un des plus grands et des plus célèbres monuments bouddhistes au monde. Ce temple majestueux est une merveille architecturale et une importante destination de pèlerinage pour les bouddhistes. Le temple est particulièrement fréquenté lors des célébrations du Vesak, qui commémorent la naissance, l'illumination et la mort de Bouddha. Borobudur a été construit pendant la période de la dynastie Sailendra, probablement entre 750 et 850 de notre ère. La dynastie Sailendra a régné sur le centre de Java et a parrainé la construction de nombreux autres monuments bouddhistes. Le temple a été abandonné au XIVe siècle en raison de la conversion progressive de Java à l'islam. La végétation tropicale a envahi le site, et Borobudur est resté oublié pendant plusieurs siècles. En 1814, Borobudur a été redécouvert par Sir Thomas Stamford Raffles, le gouverneur britannique de Java, qui a entendu parler d'un grand monument enfoui dans la jungle. Les premières tentatives de restauration ont eu lieu au XIXe et au début du XXe siècle, mais les efforts sérieux de conservation ont commencé sous la direction des autorités coloniales néerlandaises. Dans les années 1970, une restauration majeure a été entreprise avec l'aide de l'Unesco, et en 1991, Borobudur a été inscrit au patrimoine mondial de cette institution.

Le temple mesure environ 123 mètres de chaque côté et s'élève à 35 mètres de hauteur. Il est construit sous forme de mandala géant, un diagramme symbolique représentant l'univers. Il se compose de neuf plateformes empilées, six carrées et trois circulaires, surmontées d'un dôme central. Les murs et les balustrades de Borobudur sont ornés de 2672 panneaux de bas-reliefs, représentant des scènes de la vie de Bouddha, des enseignements bouddhistes et des récits de Jatakas (les vies antérieures de Bouddha).  Il y a 504 statues de Bouddha sur le site. Les trois niveaux circulaires supérieurs comportent 72 stupas ajourés, chacun contenant une statue de Bouddha assis. Borobudur représente le chemin de l'illumination spirituelle. Les pèlerins montent les plateformes en suivant un chemin rituel qui symbolise le voyage vers l'éveil, passant de la vie terrestre (Kamadhatu) à la forme (Rupadhatu) et enfin au royaume sans forme (Arupadhatu). Le dôme central au sommet symbolise le Nirvana, l'état ultime de libération spirituelle dans le bouddhisme.

• Prambanan est un ensemble de temples hindous situé à environ 17 kilomètres au nord-est de Yogyakarta et près de la frontière entre les provinces de Java central et de Yogyakarta. Il a été construit vers  850 ap. JC. sous la dynastie Sanjaya du royaume de Mataram et a été dédié aux trois grandes divinités de l'hindouisme : Brahma (le Créateur), Vishnu (le Conservateur) et Shiva (le Destructeur). Son style est caractéristique de l'architecture hindoue javanaise, influencée par l'architecture indienne. Le complexe compte 240 temples de différentes tailles, disposés en un mandala géométrique. 

Les temples principaux sont le temple de Shiva (Loro Jonggrang), le temple de Brahma, et le temple de Vishnu. Le temple de Shiva, le plus grand, mesure 47 mètres de haut. Il contient une statue de Shiva Mahadeva et des sculptures détaillant des épisodes du Ramayana sur ses parois intérieures. Le temple de Brahma est aut de 33 m. Il abrite une statue de Brahma et des bas-reliefs représentant des scènes du Ramayana. Le temple de Vishnu, également haut de 33 m, contient une statue de Vishnu et des bas-reliefs illustrant des scènes du Mahabharata. On remarque aussi à proximité divers temples bouddhistes qui soulignent le syncrétisme religieux de la région : le Candi Lumbung et le Candi Bubrah sont deux  temples bouddhistes adjacents, et non loin de là le Candi Sewu, qui est un complexe bouddhiste. 

Des travaux de restauration ont commencé au XXe siècle, avec des efforts significatifs pour restaurer les temples à leur gloire d'origine après des siècles de délabrement et de tremblements de terre. Le site a été inscrit au patrimoine mondial de l'Unesco en 1991.

Royaume de Srivijaya.
Le royaume de Srivijaya a émergé au VIIe siècle dans la région de Palembang, sur l'île de Sumatra. C'était un empire maritime bouddhiste puissant. Il a étendu son influence sur les routes maritimes, contrôlant le commerce entre l'Inde et la Chine. Le royaume est devenu un centre majeur du commerce maritime, profitant de sa position stratégique sur le détroit de Malacca. Centre d'érudition bouddhiste, attirant des étudiants et des pèlerins de toute l'Asie, il a aussi été un pôle de diffusion du bouddhisme dans l'archipel. Le Srivijaya a commencé à décliner au XIe siècle en raison des attaques des Chola, un royaume du sud de l'Inde, et de la montée de nouveaux pouvoirs maritimes comme le Majapahit. Srivijaya a finalement été absorbé par l'empire Majapahit au XIVe siècle.

 Royaume de Kediri.
Le royaume de Kediri a été fondé en 1042, après la division du royaume de Mataram en deux par le roi Airlangga. Kediri occupait la partie orientale de Java. Ses capitales principales étaient Daha et Kediri. Ce royaume a prospéré grâce à l'agriculture et au commerce, avec des relations commerciales s'étendant jusqu'à l'Inde et la Chine. Le Kediri est connu pour son développement littéraire. De nombreux poèmes épiques (kalawin) en vieux javanais, tels que le Arjuna Wiwaha et le Smara Dahana, ont été composés pendant cette période. Il a été vaincu par Ken Arok, fondateur du royaume de Singhasari, en 1222. Le dernier roi de Kediri, Kertajaya, a été défait lors de la bataille de Ganter.

• L'Arjuna Wiwaha a été composé par Mpu Kanwa au début du XIe siècle, pendant le règne du roi Airlangga. Le poème raconte l'histoire de la quête d'Arjuna, un héros du Mahabharata, pour obtenir des armes divines. Il médite sur le mont Indrakila et résiste aux tentations de plusieurs nymphes. En récompense de sa dévotion, il reçoit des armes célestes du dieu Indra pour vaincre le démon Niwatakawaca.

• Le Smara Dahana, dû à Mpu Dharmaja a été écrit au XIIe siècle, pendant le règne du roi Jayabaya de Kediri. Il raconte l'histoire de la destruction du dieu de l'amour, Smara (ou Kama), par Shiva. Smara est incinéré par le feu de l'oeil frontal de Shiva lorsqu'il tente de perturber sa méditation en tirant une flèche d'amour.

Royaume de Singhasari.
Le Singhasari a été fondé par Ken Arok en 1222 après avoir renversé le Kediri. Le royaume était situé dans l'est de Java. Ken Arok a établi la dynastie Rajasa, qui a régné sur le royaume. Cet Etat a connu une expansion territoriale sous le règne de Kertanegara, qui a lancé des expéditions militaires pour étendre son influence à Bali, Bornéo et Sumatra. Le royaume a favorisé le syncrétisme religieux, combinant des éléments de l'hindouisme et du bouddhisme. Il a été envahi par le Gelang-gelang, une résurgence éphémère du Kediri, dirigée par Jayakatwang (Çri JayakatyÄ•ng), en 1292. Le roi Kertanegara a été tué, marquant la fin du royaume de Singhasari.

Empire de Majapahit. 
L'empire de Majapahit a été fondé en 1293 par Raden Wijaya, avec l'aide des Mongols qui avaient envahi Java pour punir Kertanegara de Singhasari. La capitale était Trowulan. 

Le Majapahit a atteint son apogée sous le règne de Hayam Wuruk et son premier ministre Gajah Mada. Il contrôlait alors une grande partie de l'archipel indonésien, (Sumatra, la Malaisie, Bornéo et Bali). Le Majapahit était un centre commercial important, facilitant le commerce maritime entre l'Inde et la Chine. Il a aussi connu des avancées culturelles et artistiques, notamment en architecture, sculpture, et littérature. Des oeuvres comme le Nagarakretagama et le Sutasoma ont été écrites pendant cette période.

• Le Nagarakretagama a été rédigé par Mpu Prapanca en 1365, pendant l'apogée de l'empire de Majapahit sous le règne du roi Hayam Wuruk. Ce texte est une description détaillée du royaume de Majapahit, ses structures politiques, sociales, et religieuses, ainsi que les voyages de l'auteur à travers le royaume. Il décrit également les cérémonies religieuses, les villes, les paysages et les coutumes. Tout cela en fait donc une une source précieuse d'information historique sur le Majapahit et son organisation.
• Le Sutasoma a été composé au XIVe siècle, par Mpu Tantular. Le poème raconte l'histoire du prince Sutasoma, qui renonce à son trône pour devenir moine bouddhiste. Il se signale par saa compassion et sa sagesse. Sutasoma est enlevé par un géant cannibale, mais grâce à sa vertu et à sa non-violence, il parvient à transformer le géant en un être bienveillant. Ce texte contient la célèbre phrase Bhinneka Tunggal Ika, qui signifie « Unité dans la diversité » et qui est devenue la devise nationale de l'Indonésie.
Après la mort de Hayam Wuruk en 1389, l'empire a commencé à décliner en raison de conflits internes et de la montée de nouveaux pouvoirs régionaux. La propagation de l'islam et la montée des royaumes musulmans ont également contribué au déclin de Majapahit. Il a finalement été supplanté par le royaume musulman de Demak au début du XVIe siècle, ce qui a marqué la fin de l'ère hindou-bouddhiste à Java.

L'implantation de l'Islam

A partir du XIIe siècle, des commerçants arabes et indiens introduisent l'islam en Indonésie. Se constituent alors  divers royaumes musulmans, à l'image des sultanats de Samudera Pasai et d'Aceh. Au XVe  siècle, l'islam commence à se propager dans tout l'archipel, influençant de nombreux royaumes hindouistes et bouddhistes, à l'mage du Mataram, islamisé au XVIe siècle.

Sultanat de Samudera Pasai. 
Le sultanat de Samudera Pasai a été fondé en 1267 dans le nord de Sumatra, près de la ville moderne de Lhokseumawe. Le premier sultan du Pasai était Malik al-Saleh, également connu sous le nom de Marah Silu. Le Pasai est considéré comme le premier royaume musulman de l'archipel et a joué un rôle crucial dans la diffusion de l'islam en Asie du Sud-Est. Le Pasai était également un centre d'apprentissage musulman, attirant des érudits et produisant des ouvrages littéraires et religieux en arabe et en malais. C'était un centre commercial prospère, attirant des marchands de l'Inde, de la Chine, du Moyen-Orient et de l'Asie du Sud-Est. Les principales exportations incluaient le poivre, le camphre, et d'autres épices. Mais le sultanat de Pasai a commencé à décliner au début du XVIe siècle en raison de la montée du Sultanat d'Aceh, qui a finalement conquis le Pasai en 1521. Les Portugais, en quête de contrôle des routes commerciales, ont également joué un rôle dans la chute du Pasai en attaquant et en affaiblissant ses structures de pouvoir.

Le sultanat d'Aceh.
Situé à l'extrémité nord de l'île de Sumatra le siltanat d'Aceh a été fondé au début du XVIe siècle par le sultan Ali Mughayat Syah et a prospéré jusqu'au XIXe siècle. Sa capitale était Banda Aceh. Il été la grand de l'Islam en Indonésie et a joué un rôle clé dans la propagation de l'Islam dans l'archipel indonésien. Ce sultanat a aussi été un centre de commerce majeur, notamment pour le poivre, les épices et d'autres marchandises. Son emplacement stratégique le rendait important pour le commerce maritime entre l'Asie du Sud-Est, l'Inde et le Moyen-Orient. L'Aceh entretenait des relations commerciales et diplomatiques avec l'Empire ottoman, l'Empire moghol et les puissances européennes comme le Portugal et les Pays-Bas. Sa puissance a diminué avec la montée du colonialisme néerlandais et les conflits internes.

Le Sultanat de Mataram (deuxième royaume de Mataram).
Le Sultanat de Mataram a émergé au XVIe siècle dans le centre de Java. Ce royaume musulman a été fondé par le sultan Sultan Sutawijaya (Panembahan Senopati).  Il a eu au cours de son histoire plusieurs capitales successives, dont Kota Gede, Plered, et Kartasura.

Le royaume, bien qu'il ait conservé une forte empreinte des traditions hindoues et bouddhistes préexistantes, ainsi que des croyances animistes javanaises, a favorisé la propagation de l'islam et le développement des arts et de la culture javanaises musulmanes. Cet Etat a joué un rôle crucial dans l'unification de Java sous l'islam. Son économie était principalement agricole. Une grande importance était accordée à la culture du riz.

Le Sultanat de Mataram a commencé à décliner au XVIIIe siècle en raison de conflits internes et de l'intervention néerlandaise. Il a combattu les forces coloniales néerlandaises, mais a finalement signé des traités qui ont diminué son pouvoir. Il a fini par se diviser en plusieurs principautés, dont le Yogyakarta et le Surakarta, qui sont devenues rapidement vassales des Pays-Bas. 

La période coloniale

Prétentions portugaises (XVIe siècle).
Les Portugais arrivent à Malacca en 1511, cherchant à contrôler le commerce des épices. Mais bien qu'ils aient établi quelques comptoirs, leur influence reste limitée par la résistance locale et la concurrence d'autres puissances européennes.

Domination néerlandaise (XVIIe - XXe siècle)
Fondée en 1602, la Vereenigde Oostindische Compagnie (VOC, Compagnie néerlandaise des Indes orientale) établit des comptoirs commerciaux et finit par contrôler de vastes territoires de l'archipel indonésien (à l'exception du Timor oriental, qui reste au Portugal). Batavia (aujourd'hui Jakarta) devient la capitale de la VOC en 1619. La Compagnie fait faillite en 1799, et ses possessions sont transférées à l'État néerlandais. Les Néerlandais étendent leur contrôle pendant le XIXe siècle, intégrant des régions comme Java, Sumatra, et Bornéo. Cette époque est celle de l'exploitation des ressources naturelles et de la mise en place de plantations.

Résistances et révoltes.
Plusieurs révoltes locales contre la domination néerlandaise, comme la guerre de Java (1825-1830) dirigée par le prince Diponegoro. Le début du XXe siècle, voit émerger des mouvements nationalistes, tels que Sarekat Islam (1912) et le Parti national indonésien (PNI) fondé par Sukarno en 1927.

L'occupation japonaise (1942-1945) et la marche vers l'indépendance (1945-1949).
Au cours de la Seconde Guerre mondiale, les forces japonaises envahissent et occupent l'Indonésie de 1942 à 1945. Les Japonais encouragent le nationalisme indonésien pour obtenir du soutien contre les Alliés. Le 17 août 1945, Sukarno et Mohammad Hatta proclament l'indépendance de l'Indonésie, peu après la capitulation japonaise. Un conflit armé éclate alors entre les forces indonésiennes et néerlandaises, ponctué par des négociations et des interventions internationales. En décembre 1949, les Pays-Bas finissent par reconnaître officiellement l'indépendance de l'Indonésie lors de la Conférence de la Table Ronde de La Haye.

L'Indonésie indépendante

L'Indonésie sous Sukarno (1945-1967).
Sukarno a été l'un des leaders du mouvement pour l'indépendance indonésienne contre les colons néerlandais et est devenu le premier président de l'Indonésie. Il tente d'abord de créer un équilibre entre les forces politiques du pays, notamment les nationalistes, les communistes (PKI), et l'armée. En 1959, Sukarno dissout le parlement et assume des pouvoirs quasi dictatoriaux, sous prétexte de maintenir l'unité dans un pays diversifié et fragmenté. Il donne à son régime autoritaire le nom démocratie guidée. L'économie sous Sukarno est marquée par des politiques nationalistes et protectionnistes. Il nationalise de nombreuses entreprises étrangères. Cependant, ces politiques conduisent à une mauvaise gestion économique, à l'inflation et à la stagnation économique.

L'Indonésie de Sukarno a été l'un des pays fondateurs du mouvement des Non-alignés (sous-entendu avec les Etats-Unis ou avec l'URSS). La conférence de Bandung (Bandoeng), qui s'est tenue du 18 au 24 avril 1955 en Indonésie, a réuni une trentaine de pays, dont la Chine, l'Inde et l'Egypte, et a consacré la revendication du rôle qu'entend désormais jouer dans la marche du monde les anciens pays colonisés. Sukarno a soutenu des mouvements anticolonialistes et a eu des relations tendues avec l'Occident, tout en se rapprochant, de fait, de l'Union soviétique et de la Chine. Cette dynamique de coopération intertionale n'a pas empêché des tensions et des conflits armés avec la Malaisie dans les années 1960. 

L'insurrection du 30 septembre 1965, un coup d'État raté attribué au PKI, conduit à une répression brutale contre les communistes. Suharto, un général de l'armée, va utiliser cette opportunité pour prendre le pouvoir, accusant Sukarno de faiblesse et d'alignement avec les communistes.

L'Indonésie sous Suharto (1967-1998).
Suharto a officiellement pris le pouvoir en 1967. Il instaure un régime autoritaire connu sous le nom de Nouvel Ordre (Orde Baru) et reçoit le soutien des États-Unis et d'autres pays occidentaux en raison de son anticommunisme. Suharto met en place un contrôle strict sur les médias et la société civile. Il centralise le pouvoir et supprime toute opposition politique. Le parti Golkar, émanation du régime, domine le paysage politique. 

Contrairement à Sukarno, Suharto ouvre l'économie indonésienne aux investissements étrangers et promeut des réformes de marché. Il modernise et industrialise le pays. Sous son régime, l'Indonésie connaît une croissance économique rapide, mais cette croissance est marquée par la corruption et le népotisme.

En 1975, l'Indonésie de Suharto annexe le Timor oriental, récemment parvenu à l'indépendance, déclenchant un long conflit. Après des années de guérilla contre l'occupation indonésienne (1975-1999), Timor oriental a obtenu son indépendance en 2002 à la suite d'un référendum supervisé par les Nations Unies.

Tout au long de sa présidence, Suharto maintiendra des relations étroites avec les pays occidentaux, en particulier les États-Unis, le Japon et les pays européens. Suharto fait aussi jouer à l'Indonésie un rôle actif dans l'ASEAN (Association des nations de l'Asie du Sud-Est), cherchant à promouvoir la stabilité régionale et la coopération économique. 

La crise financière asiatique de 1997-1998 a sévèrement touché l'économie indonésienne et a entraîné des troubles sociaux et des manifestations massives contre le régime de Suharto. En mai 1998, face à une pression insoutenable, Suharto démissionne, cédant le pouvoir à son vice-président B.J. Habibie.

Le chemin cahoteux de la démocratie.
Présidence de B. J. Habibie.
Le successeur de Suharto, B.J. Habibie, introduit des réformes démocratiques. En 1999, un référendum sous l'égide de l'ONU conduit à l'indépendance du Timor oriental. La même année les premières élections libres ont lieu depuis des décennies, marquant le début d'une nouvelle ère démocratique.

Présidence de Abdurrahman Wahid.
 Abdurrahman Wahid (1999-2001) poursuit les réformes démocratiques initiées par son prédécesseur B.J. Habibie. Sous sa présidence un etentative est faite pour décentraliser le pays et  réduire l'influence militaire. Wahid est évincé par le Parlement en 2001, remplacé par Megawati Sukarnoputri.

Présidence de Megawati Sukarnoputri.
 Megawati Sukarnoputri (2001-2004) continue de travailler à la stabilisation politique et des réformes économiques. Elle met l'accent sur la lutte contre le terrorisme après les attentats de Bali en 2002.

Présidence de Susilo Bambang Yudhoyono.
Susilo Bambang Yudhoyono (2004-2014)  est le premier président indonésien élu au suffrage direct. Il est réélu en 2009 pour un second mandat. Sous sa présidens ont été mises en oeuvre des réformes économiques et des efforts ont été faits pour attirer les investissements étrangers. On a aussi assisté à un renforcement de la lutte contre la corruption et le terrorisme.

Présidence de Joko Widodo.
Ancien gouverneur de Jakarta, Joko Widodo (2014-2019), également connu sous le nom de Jokowi met en place de programmes d'infrastructure ambitieux pour moderniser le pays. Il entreprend des réformes dans les secteurs de la santé, de l'éducation et de la bureaucratie. Sa politique étrangère axée sur le renforcement de l'influence régionale de l'Indonésie.

Réélu en 2019, Jokowi (2019-2024) continue de se concentrer sur les projets d'infrastructure et la modernisation économique. Lors de la pandémie de covid-19, des mesures sanitaires et économiques  sont prises pour atténuer les impacts de la crise. Sous son mandat des efforts sont faits pour lutter contre la déforestation, les incendies de forêt et les catastrophes naturelles. L'économie numérique et les énergies renouvelables sont promues.

Les élections du 14 février 2024 ont donné la victoire à Prabowo Subianto. Son investiture à la présidence doit avoir lieu le  20 octobre 2024.

Mouvements séparatistes et guerillas dans l'Indonésie contemporaine.
L'Indonésie contemporaine a été confrontée à plusieurs mouvements séparatistes et guérillas qui ont marqué son histoire post-indépendance. Ces mouvements ont généralement été motivés par des facteurs ethniques, religieux, économiques et politiques. Ils  ont été accompagnés de graves violations des droits humains (massacres, disparitions forcées, et déplacements de populations). En réponse à ces mouvements, l'Indonésie a aussi mis en place des réformes démocratiques et des lois sur l'autonomie régionale pour apaiser les tensions et répondre aux revendications locales.

Mouvement pour la Libération d'Aceh (GAM).
Le Mouvement pour la Libération d'Aceh (Gerakan Aceh Merdeka, GAM) a été fondé en 1976 par Hasan di Tiro. Le GAM revendiquait l'indépendance de la province d'Aceh, située à la pointe nord de Sumatra. Les principales raisons étaient les injustices économiques, le désir de préserver l'identité culturelle et la religion (Aceh étant majoritairement musulman), et la perception d'exploitation des ressources naturelles par le gouvernement central.

Le GAM a mené une guérilla contre le gouvernement indonésien pendant des décennies, entraînant des milliers de morts et des déplacements de population. Le gouvernement indonésien a réagi par des opérations militaires intensives, et Aceh a été placée sous loi martiale à plusieurs reprises.

En 2005, à la suite du tsunami de 2004 qui a ravagé Aceh, un accord de paix a été signé entre le GAM et le gouvernement indonésien à Helsinki, en Finlande. Le GAM a accepté de renoncer à ses revendications d'indépendance en échange d'une plus grande autonomie.

Mouvement pour la Papouasie Libre (OPM).
Le Mouvement pour la Papouasie Libre (Organisasi Papua Merdeka, OPM) a été formé dans les années 1960, revendiquant l'indépendance de la Papouasie occidentale, intégrée à l'Indonésie en 1969 après l'Acte de Libre Choix controversé. Les raisons incluent des revendications d'indépendance ethnique et culturelle, des allégations de violations des droits humains, et l'exploitation des ressources naturelles sans bénéfice pour les populations locales.

L'OPM a mené une guérilla sporadique contre les forces indonésiennes. Le conflit est marqué par des escarmouches, des attaques contre des infrastructures et des enlèvements. Le gouvernement indonésien a déployé des forces militaires importantes dans la région, accusées encore de violations des droits humains.

Les tensions restent élevées en Papouasie, avec des manifestations régulières pour l'indépendance et des rapports de violences continues. En 2001, une loi spéciale d'autonomie a été accordée à la Papouasie, mais elle n'a pas satisfait les aspirations des militants pour l'indépendance.

Mouvement de l'Indépendance des Moluques du Sud (RMS).
La République des Moluques du Sud (Republik Maluku Selatan, RMS) a été proclamée en 1950, après que l'Indonésie a obtenu son indépendance des Pays-Bas. Les Moluques du Sud souhaitaient former un État indépendant. Les raisons en étaient notamment des différences culturelles et historiques, ainsi que le désir de maintenir les liens avec les Néerlandais.

Les partisans de la RMS ont mené une rébellion armée contre le gouvernement indonésien, mais celle-ci a été rapidement écrasée. Les leaders de la RMS se sont exilés aux Pays-Bas, où ils ont continué à revendiquer l'indépendance.

Le mouvement RMS est aujourd'hui principalement actif en exil, avec des actions limitées en Indonésie. Les Moluques bénéficient d'une certaine autonomie régionale, mais les revendications d'indépendance persistent.

Mouvement islamiste à Poso (Sulawesi) .
Poso a été le théâtre de violents affrontements entre communautés chrétiennes et musulmanes dans les années 1990 et 2000, souvent exacerbés par des groupes extrémistes musulmans.

Persistence des défis.
Diversité ethnique et religieuse.
Les mouvements séparatistes et guérillas ont façonné la dynamique politique et sociale de l'Indonésie actuelle. Ils ont mis en lumière les défis de la gestion d'un archipel vaste et diversifié sur les plans ethnique, culturel et religieux. Des tensions ethniques et religieuses persistent dans certaines régions, notamment en Papouasie et dans les îles Moluques. 

Corruption et gouvernance.
La Commission pour l'éradication de la corruption (KPK) joue un rôle crucial dans la lutte contre la corruption, bien que des tensions existent entre la KPK et d'autres branches du gouvernement. Efforts continus sont faits pour renforcer l'indépendance et l'efficacité du système judiciaire.

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