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Brahmâ est un dieu hindou. Son nom est écrit avec une orthographe très variée, par les auteurs tant hindous qu'européens; ainsi on trouve : Brama, Bramma, Brahman, Bruma, Brouma, Bourmah, Birmah, Birm, Brehm, etc. Les monuments représentent Brahma avec 4 têtes, tenant dans ses 4 mains la chaîne qui soutient les mondes, le livre de la loi, le poinçon à écrire, le feu du sacrifice : ses têtes sont ornées de lotus; il est couché dans des feuilles de lotus. On sait qu'à la tête du panthéon indien plane la Trimourti, une triade suprême, inférieure à l'Etre suprême (Brahm ou Brahmâ suprême (parabrahman)), à laquelle celui-ci a remis le soin et le gouvernement du monde; cette triade est composée de Brahmâ, le dieu créateur, 1re personne de la Trimourti, la 1re émanation de Brahma, Vishnou, le pouvoir conservateur, et Çiva (Shiva), le pouvoir destructeur et régénérateur. Ici nous n'avons à nous occuper que du premier. Brahma et (à droite) Vishnou. Linteau du XIe s.(Karnataka). Photo : © Serge Jodra, 2011. Lorsque l'Etre souverain résolut de produire tous les êtres de sa substance divine, il créa d'abord l'eau par sa pensée, et y déposa un germe qui devint un oeuf brillant comme l'or; ce fut dans cet oeuf que se développa Brahmâ, couché sur une fleur de lotus; cet être merveilleux, promenant autour de lui les yeux de ses quatre têtes, n'aperçut qu'une incommensurable étendue d'eau enveloppée de ténèbres épaisses. Saisi d'étonnement, il s'absorbait dans la contemplation de lui-même, lorsqu'une voix, résonnant dans l'immensité, lui dit à l'oreille : Brahmâ; adresse les prières à l'Eternel. Brahmâ obéit, et aussitôt la divinité lui apparaît sous une forme humaine avec mille têtes. Le futur créateur passa alors une année divine (c'est-à-dire un trillion, 576 billions et 8 millions d'années) à adorer Dieu, à contempler ses perfections et ses formes, dans lesquelles il voyait toutes les variétés infinies du monde terrestre comme ensevelies dans un profond sommeil. Au bout de ce laps de temps, revêtu du pouvoir suprême, il procéda à la création. Il commença par diviser l'oeuf en deux parts, dont il forma le ciel et la terre, entre lesquels il plaça le vide ou l'atmosphère, c'est ce que l'on appelle les trois mondes. Ou bien, suivant une autre division, il créa les sept swargas ou cieux, les sept patalas ou enfers, et au milieu des uns et des autres il plaça la Terre. Mais ce Brahman s'étant plaint à son créateur du souci et de la terreur que lui occasionnaient les bêtes sauvages dont les forêts étaient remplies, et qui l'empêchaient de se livrer à ses oeuvres de dévotion, Brahmâ tira de son bras droit un second fils, nommé Kshatriya, et lui donna une femme tirée de son bras gauche. Mais pendant que ce dernier veillait jour et nuit a la sûreté de son frère, il ne pouvait se procurer de la nourriture; le dieu leur donna donc un frère, qu'il produisit de sa cuisse droite, et le maria à une femme qui prit naissance de sa cuisse gauche; ce troisième fils s'appelle Vaisya, qui eut en partage l'agriculture et le commerce. Enfin, pour servir les trois premiers, Brahmâ créa de son pied droit Soudra, chargé de remplir, avec sa femme, tirée du pied gauche du dieu, toutes les fonctions de la domesticité. Quant à l'aîné, comme il était né sans avoir de compagne, Brahmâ lui donna une femme prise de la classe des daityas ou démons. Telle est l'origine prétendue des quatre classes qui subsistent encore en Inde. Malgré son rôle de créateur, Brahmâ n'est cependant pas l'objet d'un culte spécial de la part des Hindous. L'Inde est couverte de temples élevés à Vishnou et à Shiva, mais on n'en voit pas un seul érigé à Brahmâ. Les Hindous ne sont pas d'accord sur la cause de cette espèce de proscription : les uns l'attribuent à l'union incestueuse de ce dieu avec Sarasvatî, sa fille; les autres à la malédiction que lança contre lui un saint pénitent accueilli par lui avec irrévérence; d'autres enfin à l'orgueil qui le porta à se considérer comme le plus excellent des êtres, ce qui lui attira la disgrâce du Tout-Puissant, qui le précipita, avec son paradis, au-dessous des régions infernales. Pour mériter son pardon, Brahmâ fit une rigoureuse pénitence d'un million d'années, pendant lesquelles il se tint sur une seule jambe; mais le Très-Haut l'obligea, pour rentrer en grâce, de passer par quatre régénérations ou incarnations sur la terre, une fois dans chacun des quatre âges. Brahma, par Pierre Sonnerat (1782). Dans le Satya-Youga ou premier âge, il se régénéra dans le corps d'un corbeau, et acquit une grande célébrité sous cette forme, non seulement comme auteur du Markandeya-Purana, mais encore par les lumières et l'expérience qu'il dut à son immense longévité; car ayant été le témoin de tous les événements des trois premiers âges, il fut seul capable de décider laquelle des trois guerres avait eu le plus d'importance, et avait donné lieu à de plus grands exploits. Ce fut dans le Trita-Youga ou second âge qu'il s'incarna dans la tribu des Chandalas, la dernière de la caste des Soudras. Sous le nom de Valmiki, il mena d'abord une vie désordonnée, jusqu'à s'associer à des brigands; mais après douze ans de mortifications et de pénitence, il reçut des lumières surnaturelles, à l'aide desquelles il s'occupa à diriger les humains et à les éclairer sur leurs devoirs. Il composa le fameux poème épique appelé Ramayâna, et est regardé comme l'inventeur du distique héroïque des Indiens, connu sous le nom de Sloka. Dans le Dwapara-Youga ou troisième âge, Brahmâ se régénéra en Vyasa-Déva; et sous cette forme il fut l'auteur des autres livres sacrés des Hindous, tels que le Mahabharata, les Puranas le Védanta, etc. Toutefois il y a des Indiens qui regardent Vyasa-Déva et Valmiki comme des incarnations de Vishnou. Enfin, dans le Kali-Youga ou quatrième âge, il naquit sous la forme d'un brahmane nommé Kalidasa, poète distingué, qui vivait à la cour de Vikramaditya, roi d'Ayodhya, Nous avons vu plus haut que Brahmâ a quatre têtes; il paraît même qu'autrefois il en eut une cinquième; mais cette dernière lui fut coupée par Shiva, indigné de la conduite plus que légère de son confrère en divinité. Telles sont en abrégé les principales actions de Brahmâ, qui paraît assez peu respecté par une certaine classe d'Indiens, sans doute en haine de la domination qu'exercent sur eux les brahmane, en se targuant de leur extraction de la bouche du dieu. Remarquons, en terminant, l'analogie de nom entre Brahmâ et Abraham (en hébreu Abrham). Ce dernier épousa sa nièce, nommée Sara, c'est-à-dire madame, et le dévata hindou se maria à sa fille, appelée Sarasvatî, c'est-à-dire, mot à mot, madame Sara. (A. Bertrand). |
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