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Le tatouage
consiste à imprimer dans la peau du corps, d'une façon indélébile,
des ornements, des signes distinctifs, des emblèmes .
Suivant les procédés employés, on distingue :
1° le tatouage par piqûre;
2° le tatouage par scarification ;
3° le tatouage par cicatrices;
4° le tatouage par ulcération, brûlures
et bourgeonnements;
5° le tatouage sous-épidermnique;
6° le tatouage mixte.
Le tatouage par piqûre est le plus connu,
le plus répandu : c'est, pourrait-on dire, le véritable tatouage, celui
dont l'usage a pu seul se conserver jusqu'Ã nos jours. Il permet seul
d'ailleurs l'application de dessins ou de figures d'un caractère vraiment
décoratif. Il consiste, en effet, dans l'introduction de particules colorantes
dans le derme, qui est, à cet égard, d'une tolérance
illimitée, à l'aide de petites piqûres multipliées à volonté. Les
particules colorantes sont empruntées au charbon pulvérisé, aux sucs
rouges de certaines plantes ,
à l'indigo, à l'encre de Chine .
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Tatouage
maori.
Tamati
Waka Nene, chef de guerre de la tribu des Ngati-Hoa, 1890.
Les instruments dont on se sert sont l'aiguille
en Europe ,
et, ailleurs, les arêtes de poissons, les esquilles d'os, les épines
végétales, etc. Dans les sociétés traditionnelles, les parties les
plus souvent tatouées sont la figure, les bras. Mais chaque peuple se
couvrant peu ou pas a son genre d'ornementation, ou un dessin particulier
appliqué en un endroit toujours le même. Ainsi chez les Aïnous les femmes
seules sont tatouées, et elles le sont uniquement sur les lèvres autour
de la bouche et sur le dos des mains. Et ce tatouage sur les lèvres les
distingue de tous les autres peuples. Les femmes kabyles qui ornent souvent
le visage de leurs enfants ne portent elles-mêmes généralement qu'une
petite croix étoilée sur le front.
Dans les sociétés contemporaines, le
tatouage, s'est d'abord répandu chez les matelots, les soldats, les ouvriers,
les prisonniers. Aujourd'hui, ce n'est plus - ou très marginalement -
un moyen de distinguer les appartenances à tel ou tel groupe et les rangs,
de constater des alliances contractées, de rappeler le souvenir d'événements
mémorables. Le tatouage, apprivoisé avec nom familier de tatoo
(son nom anglais), est devenu comme un accessoire de mode, bien
qu'il soit indélébile et partant problématique. Il revêt en tout cas
un caractère plus libre, plus en rapport avec un esthétique - ou des
facteurs psychologiques divers - de l'individu qu'avec une véritable détermination
culturelle collective, et toutes les parties du corps sont susceptibles
de recevoir un tatouage.
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Tatouage
magua.
Sa
Ga Yeath Qua Pieth Ton, roi des Magua (indiens mohawks), 1710.
Des peuples se sont rendus presque célèbres
par la profusion et la complication des lignes décoratives dont ils se
couvraient tout le corps. Ce sont les Polynésiens (Marquisiens, Samoans,
Néo-Zélandais). En Polynésie, les Marquisiens avaient des tatouages
particuliers pour les esclaves, les guerriers, les veuves, les faits de
guerre notables. Et ces derniers, véritables décorations, se transmettaient
comme des titres de noblesse. Au Japon ,
les porteurs et conducteurs de voiturettes, les plongeurs avaient toute
la peau couverte de dessins linéaires et de figures tatoués. Et partout
où l'habitude des tatouages compliqués et plus ou moins douloureux existait,
ils n'étaient imposés que successivement, comme les épreuves de l'initiation
à la vie complète. Ces usages se sont déjà altérés au contact des
Européens et sont tombés en désuétude. |
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