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Les Mongols

Les Mongols forment une population assez bien caractérisée au point de vue anthropologique aussi bien qu'au point de vue linguistique (Les langues Altaïques). La Mongolie actuelle, où vivent la majorité d'entre eux, ne représente qu'un faible partie de l'espace sur lequel ils ont étdendu leur hégémonie dans le passé, essentiellement à partir du XIIIe siècle, quand l'identité mongole s'est constituée sous la férule de Gengis Khan. Après la mort de celui-ci, son empire laissé à ses fils s'est fractionné en plusieurs Etats (khanats) , tels celui d'Houlagou en Iran ou ceux été du Kiptchak (plus connu sous le nom de Horde d'or) et celui du Djagataï, sans oublier la dysnastie mongole qui a régné sur la Chine avec Koubilaï. Ces Etats ont disparu dès le XIVe siècle. La dynastie Yuan de Koubilaï s'est effacée en 1368.

Il y a encore eu l'empire éphémère fondé par Tamerlan. Mais il n'était mongol que nominalement, et reposait essentiellement sur des populations et des forces turques. Amplifiant d'ailleurs une circonstance déjà ancienne. En effet, Les hordes réunies en un faisceau par Gengis-Khan et menées par ses successeurs immédiats à la conquête d'un des plus vastes empires du monde, déjà ne se composaient qu'en partie de Mongols. D'autres peuples nomades, et surtout les Turks, en formaient plus de moitié. Les Mongols proprement dit se sont généralement repliés ensuite sur leurs terre d'origine, au Sud du lac Baïkal, et se sont trouvés ainsi répartis dans divers Etats qui se sont progressivement partagé l'Asie centrale. Quelques tribus mongoles, les Hézâreh, qui ont adopté une langue iranienne, se sont ainsi trouvées enclavées en Afghanistan, la plupart se sont retrouvés sous la coupe de la Russie et surtout de la Chine. La Russie, engagée dans sa grande entreprise de colonisation de la Sibérie (La découverte de la Sibérie), intensifiée à partir du règne de Pierre le Grand dès la fin du XVIIesiècle. La Chine, lancée pour sa part,  dans une politique d'annexion de l'espace mongol dès 1686 et achevée en 1757, date de la destruction de l'empire Dzoungar, qui est le dernier empire mongol.

Jusqu'en 1911-12, la plupart des Mongols (ceux de Mongolie extérieure au Nord, et de Mongolie intérieure) se sont trouvé sous administration chinoise. La chute de la dysnastie mandchoue des Qing a été pour ceux du Nord l'occasion de gagner une apparence d'autonomie, qui est s'est en fait traduite par une mise sous tutelle de la Russie. Ce protectorat prend fin en 1919, lorsqu'à l'issue de la révolution soviétique,  les Chinois récupèrent ce territoire. En 1921, cependant, un gouvernement provisoire, soutenu par l'Union soviétique, se forme en Mongolie et proclame (11 juillet) l'indépendance du pays. La Mongolie extérieure s'institue ainsi officiellement un Etat, tout en restant fortement inféodée à  l'URSS, dont elle adopte en 1924 le système politique. Une nouvelle constitution (basée sur étnonnant mélange de principe hérités de l'époque soviétique et d'autres venus d'Allemagne et des États-Unis...) a été adopté en 1992, un an après la disparition de l'Union soviétique, qui a aussi marqué la fin de la tutelle politique et économique de puissant voisin.

Dates clés :
1196 - Gengis Khan prend la tête des tribus mongoles. Il fonde un empire qui va de l'Europe au pacifique. 

1251- Batou dirige la Horde d'Or.

1251-1265 - Houlagou conquiert la Perse.

1260-1294 - Koubilaï conquiert la Chine.

1360 - 1405 - Tamerlan tente de ressusciter l'empire de Gengis Khan. Puis déclin définitif de la puissance mongole.

1757 - Disparition de dernier khanat mongol en Dzoungarie.

1912 - Emancipation de la tutelle chinoise, protectorat russe.

1924 - Proclamation de la République populaire de Mongolie.

1992 - Instauration en Mongolie d'une démocratie pluraliste.

Les nombreuses tribus mongoles sont habituellement regroupées selon des critères qui tiennent à la fois à la géographie et à l'histoire. Ceux que l'on range dans le groupe des Mongols orientaux, se distribuent essentiellement dans l'état actuel de Mongolie (ex Mongolie extérieure) et en Mongolie intérieure (qui reste une province chinoise). Sous la domination Chinoise, cet ensemble était administré en districts (aïmaks), eux-mêmes subdivisés en tribus proprement dites ou bannières (Khouchouns). La mongolie intérieure comptait 21 districts et 49 bannières (auxquelles on ajoutait diverses tribus non-mongoles). La Mongolie du Nord rassemblait 5 districts et 86 bannières, où prédominaient ceux qui restent la population majoritaire en Mongolie, les Khalkas. On ditingue par ailleurs les Mongols occidentaux ou Kalmouk et les Bouriates, qui vivent principalement en Russie et les Hézâreh d'Afghanistan. La répartition est donc la suivante :
Les Mongols orientaux habitent la Mongolie (Mongolie proprement dite et Mongolie inférieure chinoise) où ils se subdivisent en Khalkhas (prédominants au Nord) et en Mongols méridionaux, qui comprennent une foule de tribus ou bannières : Tchakhars, Toumèts, Ordos, Ourots, Sounits, Kharchins, Kechiktens, etc., plus on moins mélangés aux Chinois. 
Les Mongols occidentaux ou Kalmouks habitent la Dzoungarie, l'Ala-chan, le Nord du Tibet, le Kouldja et les steppes de basse Volga; ils se divisent en Durbetes, en Torgotes, en Tchoros ou Dzoungares et en Khochotes. 

Les Bouriates de la Transbaïkalie se rapprochent des Khalkhas, au nord desquels ils sont établis.

Les Hézaréhs ou Hazara et les Aïmaks, descendants des guerriers mongols, forment des îlots au milieu de la population iranienne des montagnes du Turkestan afghan (aujourd'hui, centre de l'Afghanistan). Ils ont connu des mélanges avec les Tadjiks, les Djemchides, etc. 
Pour l'essentiel, les Mongols sont de religion  lamaïste, excepté les Hézaréhs devenus musulmans et certains Kalmouks et Bouriates qui ont souvent conservé la religion mongole traditionnelle. 
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Photo d'une procession de Mongols à Kiakhta.
Procession mongole à Kiakhta, au début du XXe siècle.

Les Mongols orientaux.

Les Khalkhas. 
Les Khalkhas, actuellement 75% de la population en Mongolie, comprennent les 86 tribus mongoles qui habitent le Nord du désert et qui demeurèrent  longtemps indépendantes. Le nom de Khalkha semble apparenté au nom de la rivière K'alka qui se jette dans le lac Bouyour (Nord-Est de la Mongolie). Ce nom n'est évidemment pas si ancien que celui de Tchakars, et il est probable qu'il ne fut employé qu'à partir du règne de Dayan Khan, à l'époque où les Mongols se partagèrent en six grandes confédérations, qui sous l'administration chinois ont survécu sous la forme de cinq districts :

Khalkhas occidentaux de Djassaktou Khan. Cette division des Mongols comprenait 4 sections, dont les chefs furent Achikaï-Tarkhan Khountaidji, Noyantaï Khatan Batour, Daldan-Koundoulen et Odkan-Noyan, nom de l'aîné, des second, quatrième et septième fils de Geressandsa Djélair Khungtaidji, fils de Dayan Khan, l'un des sept Bolods. Achikaï eut deux fils, Bouyandara et Toumendara-Taitching qui devinrent chacun les chefs d'une fraction importante des Khalkhas occidentaux. Bouyandara succéda à Achikaï et fut l'ancêtre des souverains dont le titre dynastique est Djassaktou Khan; quant à Toumendara, il mena la partie des Khalkhas dont il était le chef dans les environs du lac Oubsa et de la rivière Kemtshik où il fonda la dynastie des Altan Khan, les Sototoï Tsar des historiens russes.
Khalkhas orientaux de la division intérieure. Khalkhas septentrionaux de Touchyetou Khan. Cette division des Khalkhas comprend les tribus qui avaient pour chefs, Unougho-Waidsang-Noyan et Amin-Doural, les troisième et cinquième fils de Geressandsa, fils de Dayan Khan. Unougho-Waidsang-Noyan s'établit sur la Toula et fut l'ancêtre des Touchyetou Khan. Il eut cinq fils dont l'aîné, Abataï, reçut du Dalaï-Lama un diplôme d'investiture lui accordant le titre de Khan qui, encore à cette époque, était la propriété exclusive du souverain de tous les Mongols.

Khalkhas occidentaux de la division intérieure. Le second fils d'Unougho-Waidsang-Noyan, Abuogho-Mergen-Noyan eut un fils, Rakholi, dont l'un des fils, Bondar, se révolta en 1653 contre son suzerain, le Tuochyetou Khan Gombo ainsi que contre ses propres frères; il se soumit à l'empereur mandchou, qui lui donna le titre de Djassak-Khochoi-Tarkhan-Tchin-Wang, et le fit prince des gens qui l'avaient suivi. Il se fixa sur la rivière Targour.

Khalkhas du centre, de Saïn-Noyan. Unougho-Waid-Sang-Noyan eut, comme on l'a vu, cinq fils dont les deux premiers furent Tumengken et Baraï; c'est de ces deux personnages que descendent les princes des Khalkhas du centre qui forment 24 bannières; Tumengken fut leur chef suprême. Il protégea les Lamas jaunes au lieu des Lamas rouges, et le Dalaï-Lama lui donna le titre de Saïn-Noyan (bon prince) qui devint le nom de la dynastie.
Khalkhas orientaux de Tsetsen Khan. Le cinquième fils de Geressandsa-Djelaïr-Khungtaidji, Amin-Doural, surnommé Moro-Bouïma, s'établit avec son peuple sur les rives du Keroulen et prit le titre de Tsetsen Khan. Cette division des Khalkhas dépend du khan des Tchakars, qui forment le principal district de Mongolie intérieure.
Les Tchakars et les 49 bannières.
Les Tchakars (dont le nom vient d'un district qui se trouve au nord de la Grande Muraille, du lac Chandou Col à la frontière des Toumeds) sont divisés en 8 bannières. Les autres districts comprennent le reste des 49 bannières, c'est-à-dire les tribus mongoles du Sud et de l'Est qui se sont soumises aux Mandchous (Toungouses) dans la première moitié du XVIIe siècle. Elles ont été réparties en 6 sections, appelées Toumen, héritières des six corps d'armées instaurées à l'époque des Gengiskhanides.
Les 6 toumen comportaient à l'origine deux divisions : Le Djaghoun ghar ou « aile gauche » et le Baraghoun ghar « aile droite ». L'aile droite était commandée par le Khan en personne, l'aile gauche par son frère ou son fils. Les Toumens de la gauche étaient composés des Ordous, des Toumeds, des Kharadjins, tribus qui appartiennent à la division Khortchin. 
Cette division comprend les Khortchin propres, les Arou-Khortchin, les Dourbeds, les Khorlos, les Djelaids, les Dourben Keukeds, les Maominggans et les Ourads. Les princes de cette confédération se disent issus de Djoudji Kassar, frère de Djengis Khan. Les Ongnignods sont le dernier vestige de l'empire sur lequel régna Temoudjin Outsouken, le plus jeune des frères de Gengis Khan. Les Abaghas sont les vassaux des Tchakars; on y compte encore les Abaghanars.
Parmi les autres tribus, on siganlera les suivantes  : Khotchids ou Khaotchits, Sounids, Oudjoumoutdjins, Aokhans, Dsarods ou Djaragouts, Barins ou Bagharins, Kechiktens, et  Naïmans. Ces derniers méritent une mentions particulière :
Les Naïmans -  Cette tribu forme une seule bannière de la ligue Tchao ouda; les terres qui lui sont assignées, situées au Sud du Sira mouren, à Est du confluent de ce fleuve avec le Lohan pira, sont à 700 li au Nord-Est de Hi fong tcheou, l'une des passes orientales de La Grande Muraille; elles ont une étendue de 95 li de l'Est à l'Ouest et 220 du Nord au Sud. Le djassak, ou chef de cette tribu, porte héréditairement, dans la hiérarchie mandchoue, le titre de kuin oang (prince de deuxième rang) de Tarkhan, décerné par l'empereur Tai Tzong pour services rendus (1628-36); le privilège d'hérédité perpétuelle a été accordé à cette maison en 1784; son chef a épousé une fille d'empereur en 1847. Le nom de Naïman a été donné par Osen weid,jing noin, troisième successeur de Thourou bolod, descendant de Gengis Khan à la seizième génération, à la tribu qu'il commandait et dont le commandement est resté dans sa famille. Ce nom est mentionné par les auteurs, chinois à propos de l'émigration de Ye liu Ta chi et des Khitan qui le suivirent au Turkestan, en fuyant les conquérants Niu tchen (1120-24); Ye liu Ta chi traversa alors le territoire des Naïman, situé dans la haute vallée de l'Iénisséï. Ce peuple étendit rapidement sa domination et fut, pendant le reste du XIIe siècle, voisin des Ouïgour, des Khitan de l'Ouest (Si liao) et des Kholie qui habitaient la rive droite de la Selenga. Son khan, Pou lou yu, vainquit les Kholie, alliés de Témoudjin, sur les bords de la Toula; en 1204, Thai yang khan, successeur de Pou lou yu, fut vaincu et tué par les mongols qui décernèrent alors à leur chef le titre de Gengis Khan (1206). Kiu tchou liu, fils de Thai yang, s'enfuit vers le Sud-Ouest, détrôna Tchi lou kou, empereur des Si liao, et régna à sa place; mais il fut bientôt attaqué par les Mongols, et les Naïman se fondirent dans la nation victorieuse.


Les Kalmouks (Mongols occidentaux)

Les Kalmouks ou Kalmyk sont une population  habitant par groupes isolés dans la Dzoungarie (Djoungarie), dans certaines régions de la Mongolie et du Tibet, ainsi que dans le Sud-Est de la Russie. Par leur type physique et par leur langue, les Kalmouks se distinguent si peu des Mongols proprement dits, qu'on les appelle aussi Mongols occidentaux. Le nombre total des Kalmouk pourrait s'élever à 1 million d'individus environ.

Anciennement, les auteurs européens les connaissaient sous le terme d'Eleuthes, qui est la transcription, par les missionnaires français du XVIIIe siècle, de Wei-la-te ou O-lou-te, nom chinois du mongol Oïrats. Les Kalmouk, Euleuthes ou Oïrats, comme on voudra, donc, sont célèbres dans l'histoire par la résistance qu'ils opposèrent aux empereurs de la dynastie Qing (Mandchous) au pouvoir en Chine. Sous le règne de l'empereur Kangxi (Kang-hi), un chef tchoros, l'Erdeni Bahadur Kong Taichi, fortement établi au Nord des Tien-chan, avait essayé de reconstituer l'aile gauche mongole (Dzoungares); son fils Galdan, qui lui succéda, vers 1665, prit le titre de khan des Dzoungares, et menaça les tribus mongoles plus rapprochées de la Chine, en particulier les Khalkhas, au Sud du désert de Gobi. Craignant une invasion qui aurait pu suivre la défaite de ces derniers, Kangxi, occupé à combattre les dernières traces de la rébellion de Ou San-Kouei, à chasser Koxinga de Formose et à réduire la province de Canton, en un mot, à pacifier son empire, évita de déclarer la guerre aux Oïrats, qui ne cachaient pas leur intention de s'avancer jusqu'au Kou-Kou-nor. Libre enfin, Kangxi se dirigea au secours des Khalkhas, qui venaient d'être attaqués par les Oïrats. Ceux-ci, victorieux, avaient rassemblé une grande armée sur les bords de l'Orkhon. 


Femme kalmouk.

Une première campagne, terminée en 1690, n'amena aucun résultat sérieux; les Kalmouk recommencèrent en 1696, et Galdan, défait, mourut la même année. Toutefois la conquête définitive du pays des Kalmouk, ne fut terminée que sous le règne du petit-fils de Kangxi, Kien-loung. En 1753, à la suite de troubles dans le pays Tian-Chan, Kien-loung mit à la tête de ce peuple Amoursana, qui se révolta en 1755, son concurrent, Dawadji, ayant été épargné par l'empereur. Amoursana fut obligé de s'enfuir jusqu'en Sibérie, où il mourut, et tout son pays fut annexé à la Chine. L'empereur Kien-loung célébra en vers, qui furent gravés sur la pierre (1757), la conquête du pays des Kalmouk.

Les anciens Kalmouk formaient quatre grandes tribus, les Dourben-Ouirad, autrement dit les «quatre confédérés », auquels les auteurs anciens ont donné des noms différents. D'après Ssanang-Stetsen, il s'agissait des Kerguds (c.-à-d. des Kéraïtes ou Torgouts), des Khoït (les Tchoros),  des Elighoud (les Kochotes), et des Baghatoud (les Soungars et les Derbeds). Suivant Pallas, les « quatre confédérés » étaient les Oelets (Kochotes), les Khoït, les Toumouts et les Barga-Bouriats. On a aussi vu dans les Dourben-Ouirat : les Soungars, les Derbeds, Torgouts et les Kochotes... 

Quoi qu'il en soit, les fragments de ces tribus sont aujourd'hui dispersés un peu au hasard des guerres et des migrations sur l'immense espace qui s'étend de la Sibérie à Lhassa et du lac Koukou-nor aux bords de la Volga et du Don. Cependant trois groupes compacts se dessinent encore : les Kalmouks de la Volga (dans la région d'Astrakhan) et du Don (dans la région de Stavropol); les « Torgotes » de la Dzoungarie et leurs voisins les Derbètes de la Mongolie occidentale, entre l'Altaï et le Tianchan; enfin les «-Euleuts-» du pays de l'Alachan (Mongolie méridionale) et de la province du Koukou-nor, ainsi que des régions avoisinantes du Tibet. On trouve aussi des groupes isolés de Kalmouks dans le Turkestan oriental, dans la région de Semirietchensk (Turkestan), dans le Zaïdam (premier gradin du plateau du Tibet) et même au voisinage de Lhassa.  En dehors de leurs voyages annuels à travers les territoires délimités que possède chaque tribu ou bannière (khochoun ou oulous), les Kalmouks ont exécuté de nombreuses migrations en masse, dont l'histoire n'a enregistré que quelques-unes postérieures au XVe siècle

Les Kéraïtes ou Torgouts.
Les Kéraïtes (Torgotes, Tourgoutes, etc.), aujourd'hui installés dans le Targabataï, habitaient à l'origine près des sources de l'Amour; les Khitans les refoulèrent à l'Ouest et ils occupèrent la région comprise entre le haut cours de l'Orkhon et le sommet de la grande boucle que fait vers le Nord le Hoang ho; la région qui se trouve en dehors et en dedans de cette boucle est le pays des Ordos ; c'est le Tenduc de Marco Polo, le Tozan d'Odoric de Pordenone. A la fin du XIIe siècle, le roi des Kéraïtes s'appelait Touli, d'après les historiens chinois, et Togroul, d'après les Persans. Marco Polo lui donne le nom de Unc Cham  (Unc Cham est une déformation orthographique de Wang khan (wang est le mot chinois qui signifie roi), et ont trouve aussi : Ong Khan ou Ouang Khan ) et l'identifie avec le célèbre Prêtre Jean qui joue un si grand rôle dans les récits des voyageurs du Moyen âge en Asie.

Par une singularité digne de remarque, les Kéraïtes étaient chrétiens. Assemani, citant l'historien chrétien Aboulfaradje, dit qu'en l'an 1007, le patriarche de Bagdad reçut une lettre d'Ebed-Yechou, métropolitain de Merv, dans le Khorassan, qui racontait la conversion miraculeuse du roi des Chériths (Kéraïtes); ce roi, disait-il, l'avait invité à se rendre auprès de lui ou à lui envoyer un prêtre qui pût lui conférer le baptême et assurait que 200 000 individus étaient prêts à suivre son exemple. C'est le christianisme des Kéraïtes qui a donné naissance aux légendes relatives au prêtre Jean, le grand souverain chrétien supposé régner sur l'Asie orientale. La nièce du khan khéraïte Touli, Sorhahtani, qui épousa le fils de Gengis Khan et fut la mère de Koubilaï Khan, était certainement chrétienne, car nous apprenons par les historiens chinois que son image fut placée après sa mort dans le « temple de la croix » (che tse se), dans le Kan-sou (Palladius, Traces of christ. in Mongolia and China in the 13th century, Chinese Recorder, vol. VI, p. 104). 
Touli, s'étant vu déposséder par son oncle Gourkhan, vint chercher refuge auprès du khan mongol Yissougai; grâce à son appui, il reprit le pouvoir dans son pays plusieurs années plus tard, il dut fuir de nouveau devant une rébellion et comme Yissougai était mort, c'est à son fils, Témoutchin (qui devait être plus tard Gengis Khan), qu'il demanda secours; c'est par lui qu'il fut restauré une seconde fois sur son trône (1196 après J.-C.). Témoutchin et Touli furent pendant quelque temps de fidèles alliés et dirigèrent des expéditions victorieuses contre la tribu des Naïmans. En 1202, cependant, le fils de Touli projeta de tuer Temoutchin; ses intentions furent découvertes et la guerre éclata entre les Kéraïtes et les fidèles de Gengis. En 1203, Touli fut battu près des monts Tchetcher-Ondour, entre les rivières Toula et Keroulen; il  fut obligé de chercher un refuge chez des Naïman pas complètement aménésiques qui le massacrèrent. Gengis Khan réunit ses possessions à l'empire qu'il se créait.  A partir de ce moment, la tribu kéraïte se fondit dans l'identité mongole et perdit toute importance. 

Les princes de la tribu continuèrent cependant à se dirent  les descendants de Kai-wang ou Ki-wang, frère de Ouank Khan; mais ce prétendu nom propre n'est autre chose qu'un titre chinois qui signifie le grand prince, et il est probable que ce personnage n'est autre qu'Ilka-Seugun. Les Torgotes ont quitté leur pays, la Dzoungarie, en 1616, et se portèrent vers les steppes kirghiz et le Turkestan occidental. Ils arrivèrent en 1656 sur les bords de la Volga. Au siècle suivant, en 1771, ils s'enfuirent de la Russie et ayant accompli le fameux exode, tant de fois décrit par les auteurs européens et chinois, revinrent dans leur pays d'origine, la Dzoungarie.

Les Tchoros et les Derbeds. 
Les Tchoros sont les Kalmouk de l'Ili et les Dorbet ceux de l'Irtych. Ces deux tribus, semble-t-il, n'en formaient qu'une au départ. Celle-ci se divisa entre deux frères nommés Ongozo et Ongorkoï. Parmi les ancêtres de ces deux personnages se trouvait un prince nommé Oulinda Boudoun Taidji, qui fut appelé Tchoros, surnom qui, suivant l'habitude des Mongols, passa à tous ses descendants jusqu'à la scission du groupe. Toutefois, ce nom ne s'applique pas seulement aux Soungars (Djoungars ou, en Chinois  Djun-ga-rh, c'est-à-dire ceux de l'aile gauche) et aux Kalmouks, descendants d'Ongozo et de Ongorkhoï, mais aussi aux Khoït.  Le premier prince des Tchoros fut Oulinda Boudoun; suivant les traditions kalmoukes auxquelles il ne faut pas trop se fier d'ailleurs, le père d'Oulinda Boudoun qui se nommait Yoboghou vivait trois générations avant Gengis Khan. Les Tchoros n'ont occupé le pays auquel ils donnèrent leur nom qu'après mainte pérégrination à travers la Mongolie occidentale. Seuls parmi les tribus kalmouk ils ont réussi à fonder un Etat  assez puissant, qui dura près d'un siècle et qui avait atteint l'apogée de sa gloire sous le khan Goldan; celui-ci conquit même le Turkestan oriental en 1678, mais sa puissance se heurta  rapidement à l'avancée des armées chinoises quelques années plus tard.  Il sera finalement conquis en 1759 par l'empereur chinois Kien-loung.  A partir de cette date, le Tchoros, ont été fortement mélangés aux Chinois du fait un afflux important de Chinois, venus du Chen-si et du Kan-sou.

Les Khochotes.
La tribu des Khochotes émigra de son territoire primitif, l'Ala-chon et le Koukou-nor, vers la Dzoungarie au milieu du XVe siècle et s'avanca  jusque dans la haute vallée de l'Irtych; puis une partie de cette tribu entra au service du Dalaï-Lamaet s'établit dans le Tibet méridional. On les rencontre ainsi principalement  dans la région du Koukou-nor. Ils sont gouvernés par une famille qui prétend descendre de Djoudji-Kassar, frère de Gengis Khan. L'histoire réelle de cette grande tribu ne commence qu'avec un prince nommé Khana-Noyan-Khongor. Les Tibétains les appellent Sokpa et les Chinois Olot.

Les Bouriates 

Les Bouriates habitent  la région d'Irkoutsk et du lac Baïkal; ils sont venus du Sud à la fin du XVIIe siècle , époque à laquelle ils ont été soumis par les Russes et ont adopté un mode de vie sédentaire dans les vallées de la Selenga, de l'Onon, de l'Ouda.  Ils sont divisés en un certain nombre de groupes qui ont chacun un nom particulier (Bargout, Khori, Tounkis, Olkhonout, etc.). Leur nombre est évalué à 250 000.  Ils s'appellent eux-mêmes Hunns, c.-à d. les hommes par excellence. 
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Photo d'une réunion de Bouriates.
Un groupe de Bouriates, vers 1920.

Les traditions des Bouriates rapportent qu'ils sont parents des Ouirats, et qu'Ouirat et Bouriat étaient deux frères qui se séparèrent après une querelle. On les appelle aussi Barga-Bouriats. Cela a fait dire qu'ils sont probablement les mêmes que les Bargouts dont parle Rachid-ed-Dîn.  A l'époque de Gengis Khan, ces tribus étaient connues sous le nom deToumats (Toumeds), et elles s'insurgèrent contre lui quand il alla faire la campagne de Chine.
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Les Sien-Pi en leur royaume

Les Sien-Pi (ou Hsien-Pei, ou encore Xianbei) sont un Peuple de l'Asie orientale qui pourraient être les ancêtres des Bouriates. Selon les auteurs chinois, cette population était une branche des Toung hou « barbares orientaux-». Certains auteurs rattachaient les Sien-Pi à la famille Toungouse ou Mandchoue, mais l'opinion de Klaproth il s'agissait plutôt d'un peuple différent. Quoi qu'il en soit, il deviendra au XIIIe siècle l'une des fondations de l'empire mongol, ce qui le range dans la catégorie, il est vrai assez floue, des proto-Mongols. Les écrivains chinois mentionnent ce peuple vers l'an 41 de notre ère comme habitant vers les monts Sien-pi (dans la Mandchourie) d'où ils reçurent leur nom. Un de leurs chefs, In-Khiou-fen, ayant aidé l'empereur de Chine dans la défaite des Ou-houan, fut gratifié par ce souverain, en 54, du titre de wang « roi ». Les Sien-pi à cette époque protégeaient les frontières du Nord de la Chine, le long des provinces de Liao-toung, du Pe-tchi-li, etc. contre les barbares du Nord, aussi ils recevaient des subsides des Chinois. Than-chi-hoai, à qui on attribuait une naissance miraculeuse, s'était fait remarquer dès l'âge de quatorze ans par son courage contre des voleurs. Il devint un guerrier célèbre et se rendit maître de l'ancien territoire des  Hioung-nou, il vainquit au Nord les Ting-lin; peuple de la Sibérie méridionale, à l'Est, il s'empara du pays de Fou-gu, à l'Ouest de celui des Ou-sun et fonda un vaste empire qui avait 1400 lieues d'étendue. II mourut en 181 de notre ère, à l'âge de quarante-cinq ans. 

La puissance des Sien-pi diminua sous ses successeurs; le troisième Pou-tou-ken se rendit en 224 tributaire des Chinois. Il fut tué ensuite par Kho-pi-neng, chef d'une petite horde des Sien-pi, prince brave et honnête. Il gagna peu à peu les autres chefs d'hordes, soumit tous les pays depuis Yun-tchong à l'Est jusqu'au delà de la rivière Liao-choui, en 235 il fut tué par les Chinois. A la mort de son successeur, son empire fut démembré. Les Sien-pi n'eurent plus que des chefs d'hordes dont quelques-uns sont mentionnés par les historiens chinois pour leurs exploits. A l'époque des seize royaumes qui s'étaient fondés dans le Nord de la Chine sous la dynastie des Tsin, la famille Mou-ioung des Sien-pi établit plusieurs de ces principautés : celle des premiers Yen dans le Nord-Est de la Chine, de 281à 370; les Yen occidentaux dans le Chensi, de 385 à 394; les Yen méridionaux, de 397 à 410, et les Yen postérieurs dans la province de Pe-tchi-li et dans le Liao-toung, de 384 à 408.

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Les Hezâreh

C'est aussi aux Mongols occidentaux que se rattachent les Hezârèh ou Hazaras (les Mille), dont le nom se réfère aux Hezârèh proprement dits aux quatre Ouïmaq ou Aïmaq (ce qui signifie ici tribus), qui font pâturer leurs troupeaux en Afghanistan. Ces populations qui totaliseraient environ un million d'habitants (les deux-tiers étant des Hezâreh proprement dits) vivent dans la partie montagneuse du pays qui s'étend entre Kaboul et Hérat, dont le Nord-est occupé par les Ouzbeks et le Sud par les Dourânî et les Ghildjaï. Les Hezârèh occupent plus particulièrement le Nord de cette région, les vallées du Kouh-i-Bâbâ et du Siyâh Koûh; les Ouïmaq vivent surtout dans les montagnes qui entourent le bassin d'Hérat, le versant turkmène du Paropamisus et au Sud des Hezârèh les montagnes du Ghour, jusque vers Ghazna et Kandahâr. Une région très peu connue des anciens voyageurs. Dans le passé, la route des caravanes, qui allaient de Kaboul à Hérat, faisait un grand détour par Farah et Kandahar pour éviter ces tribus pillardes.

Alors que les Hezârèh ont généralement abandonné leur langue originaire pour parler persan, les Ouïmaq se servent toujours de leur dialecte mongol. Il y a peu encore, la plupart des Ouïmaq vivaient  en hordes, abrités par des tentes de peaux environnant une tour où le chef habitait. Les Hezârèh, plus sédentaires, ont de petites maisons basses groupées en villages, dominés par l'éternelle tour tatare, où l'on se réfugie en cas d'attaque. Les uns et les autres sont connus pour être d'excellents cavaliers et également très hospitaliers, en tout cas au jugement de certains voyageurs qui affirmaient que certaines tribus ont longtemps conservé la coutume où l'hôte cède sa femme à l'étranger qu'il reçoit. Quoiqu'il en soit, les femmes hezâreh ont traditionnellement eu une grande part dans toutes les activités. Elles s'occupent activement de la culture des champs, assistent aux conseils et montent à cheval... 

Le gouvernement traditionnel de ces tribus est exercé par des chefs qui portent les noms de khân, sultân, ikhtiyâr, veli, mîr, mehter et terkhân; le passé (peut-être pas si lointain) les a vu souvent en guerre les uns contre les autres. A la fin du XIXe siècle cela pouvait être encore aussi ligués contre leur suzerain, l'émir de Kaboul, pour lui refuser l'impôt. Au point de vue religieux, les Hezârèh sont séparés des Ouïmaq jusqu'à professer pour eux une haine profonde; les premiers sont musulmans chiites alors que les Ouïmaq sont sunnites... Malgré ces grandes différences de langage, de religion et de moeurs, les Hezârèh et les Ouïmaq ont même origine.

Les Hezârèh sont venus dans le pays à la suite de Gengis Khan et de Timour. Aboûl-Fazl prétend, dans l'Aïni ekberi, qu'ils faisaient partie de l'armée de Mangou-Khân envoyée dans ces régions pour y soutenir Houlagou-Khân. Le nom de hezârèh (mille) s'explique par ce fait que la monarchie mogole était féodale. Les terres étaient divisées en toûman, qui devaient fournir chacune 40 000 hommes et en hezârèh, qui devaient en fournir 4 000. Par la suite, le mot hezârèh désigna le régiment de 4 000 hommes lui-même. Ce serait donc quelques-uns de ces régiments mogols qui se seraient fixés dans le pays. Hezârèh ont connu une émigrent massive vers l'Inde où ils travaillent souvent comme terrassiers et puisatiers. (E. Blochet / Arthur Guy / Henri Cordier / J. Deniker /  Ed. CH. / L. L. / M.C.).



En librairie. - Collectif, Mongolie : Pasteurs, guerriers, empereurs, Actes Sud (Beaux Livres), 2003. - Collectif, Histoire secrète des Mongols (Chronique mongole du XIIIe siècle), Gallimard, 1994. - D. Dashbaldan, Chefs d'oeuvres mongols, Findakly, 1995. 

Simon Roger, Voyage au pays des Kalmouks (Kalmoukie, Russie, début du XXIe s.); Cartouche, 2009.
2915842450

Pour les plus jeunes : Evelyne Brisou-Pellen, Prisonnière des Mongols, Rageot (11/13 ans), 2000. - Laure de Cazenove, Treize contes de l'empire mongol, Père Castor (Album), 2001.

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