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Amerigo Vespucci

Améric Vespuce ou Amerigo Vespucci. - Navigateur qui s'illustra comme géographe et comme pilote (mais jamais comme chef d'expédition) au service de l'Espagne et du Portugal (Les Grandes découvertes). Il est né le 9 mars 1451 à Florence, et est mort à Séville le 22 février 1512 (ou, selon une version moins probable, quoique répandue chez certains auteurs un peu anciens, dans l'île de Terceira, en 1516). Il était fils d'un notaire de Florence et il fut élevé par un de ses oncles, Giorgio-Antonio Vespucci, religieux dominicain qui enseignait la grammaire et la littérature dans la noblesse florentine. Les études littéraires eurent peu de charme pour lui-: il s'adonnait au contraire avec passion aux mathématiques, à l'astronomie, à la cosmographie et à la physique, autant de sciences d'ailleurs prisées parmi les jeunes nobles de Florence, souvent destinés au commerce, et qui devaient être versés dans toutes les matières en rapport avec la navigation. Ses frères ayant échoué dans divers essais d'établissements commerciaux, Amerigo Vespucci se rendit en 1490 en Espagne pour tenter la fortune et il se mit au service d'un riche armateur et banquier de Séville. C'est là sans doute, qu'en 1493, il connut Christophe Colomb se préparant à entreprendre son second voyage, et avec lequel il ne cessa jamais d'avoir les rapports les plus amicaux. Les succès de Colomb réveillèrent l'émulation d'Amerigo, qui résolut d'abandonner les intérêts immédiats de son commerce, pour aller reconnaître un monde dont l'Europe venait d'apprendre l'existence.

 Si l'on suit les dates données par l'abbé Bandini (Vita e Lettere di Amerigo Vespucci, 1745), c'est le 10 mai 1497 (deux ans plus tard selon les sources espagnoles), qu'il commença son premier voyage, et partit de Cadix avec cinq vaisseaux, sous les ordres d'Alonzo de Ojeda. Cette petite flotte se dirigea vers les îles Fortunées, et,  faisant voile à l'Ouest, parvint jusqu'au continent américain, après trente-sept jours de navigation; elle visita le golfe de Parias, l'île de Ste-Marguerite, et côtoya la terre ferme, dans un espace de plus de 400 lieues des côtes du Honduras et du Yucatan, jusqu'au delta du Mississippi, puis jusqu'au littoral  de la Floride. Amerigo Vespucci alla jusqu'au golfe du Saint-Laurent et revint de là en Europe. Après un voyage de treize mois, elle revint en Espagne, et mouilla à Cadix, le 15 octobre 1498. Amerigo Vespucci, qui, par ses connaissances, avait beaucoup contribué au succès de l'expédition, fut très bien reçu à la cour de Séville. Au mois de mai 1499, toujours selon Bandini, il repartit de Cadix avec l'expédition de Diego de Lepe pour le Cap Vert, passa en vue des îles Canaries, et, quarante-quatre jours après son départ d'Espagne, aborda à une terre inconnue, située sous la zone torride. Cette contrée était la continuation de celle découverte dans son premier voyage. 

Après quelques courses le long de la côte, il revint à l'île espagnole de Santo-Domingo, où Ojeda eut des démêlés avec les Européens, qui, six ans auparavant, y étaient venus avec Christophe Colomb. La flotte se dirigea ensuite au Nord et découvrit plusieurs îles, dont Amerigo Vespucci fait monter le nombre à plus de mille, calcul que son biographe se contente d'appeler une exagération poétique. L'amiral Ojeda voulait continuer sa route; mais les plaintes de  l'équipage le forcèrent à revenir en Europe. Au retour de la flotte, Ferdinand et Isabelle, à qui Amerigo Vespucci présenta plusieurs productions du Nouveau-Monde lui firent l'accueil le plus flatteur. Lorsqu'on apprit à Florence les découvertes auxquelles avait participé Amerigo Vespucci, la république fit des réjouissances en son honneur. Ses voyages lui avaient apporté un grand prestige, mais il n'en avait retiré aucune fortune, ce qui explique qu'il ait abandonné le service de l'Espagne pour celui du Portugal, cédant aux promesses du roi Emmanuel.
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Amerigo Vespucci.
Amerigo Vespucci.

Amerigo Vespucci partit de Lisbonne, le 10 mai 1501, avec trois vaisseaux portugais. Il arriva au cap St-Augustin, et côtoya presque tout le Brésil, atteignant même la Patagonie. Assailli par les tempêtes, il fut obligé de revenir au Portugal, où il arriva le 7 décembre 1502. Emmanuel, satisfait de ce voyage, voulut qu'Amerigo Vespucci participa à un autre voyage, et le navigateur florentin s'embarqua, pour la quatrième fois, le 10 mai 1505, sur une flotte de six vaisseaux, avec le projet de trouver, par l'Occident, un nouveau chemin pour gagner Malacca et l'Asie. C'est déjà le projet du tour du monde, exécuté plus tard par Magellan. Mais cette expédition ne fut pas heureuse. Après avoir perdu  un vaisseau et couru les plus grands dangers, la flotte portugaise fut forcée de relâcher la baie de Tous-les-Saints au Brésil, et ne tarda pas à retourner en Europe. Ces troisième et quatrième voyages semblent coïncider avec celui de Cabral en 1501 au Brésil, et avec celui de Nicolas Cohelo de 1503 à 1504. 

Amerigo Vespucci ne demeura pas au Portugal. On sait ainsi qu'il se maria en Espagne en 1505 avec une veuve, dame Maria Carezo. Dès lors la fortune sembla lui sourire.  Après la mort de Christophe Colomb, la cour de Séville l'aurait rappelé à son service. Aurait-il alors fait en 1505 ou en 1507 un cinquième voyage? Quelques-uns de ses biographes l'affirment. Pendant ce voyage, affirme Bandini, les Indes occidentales auraient commencé à porter le nom du navigateur florentin, et non celui de Colomb. 

"Ainsi, a dit Raynal, le premier instant où l'Amérique fut connue du reste de la Terre est marqué par une injustice." 
Amerigo Vespucci, selon les mêmes sources, aurait vécu assez longtemps pour jouir de cette gloire usurpée, et pour revoir plusieurs fois le vaste continent qui portait son nom. Tout cela n'est qu'une simple hypothèse, qu'aucun document historique ne vient concrètement étayer. Ce qui n'est pas douteux, c'est qu'il devint bien en 1508 piloto mayor et qu'il fut chargé comme tel d'une véritable surveillance des services maritimes sur les côtes d'Espagne.  Il mourut en 1516, étant retourné au service du Portugal. Emmanuel, pour honorer sa mémoire, fit suspendre les restes de son vaisseau dans la cathédrale de Lisbonne, et Florence combla d'honneurs sa famille. Sa destinée fut donc beaucoup plus heureuse que celle de Christophe Colomb.

Malgré les doutes qui ont été élevés quelquefois sur les explorations d'Amerigo Vespucci, les recherches de Humboldt, de Varnhagen et de d'Avezac ne permettent plus d'en contester l'authenticité. Les dates seules sont encore incertaines. On a repris ici, pour ces deux premiers voyages, celles données par Bandini, mais les auteurs espagnols, comme on l'a dit plus haut, reculent de deux ans les époques de ces deux voyages, et placent le premier en 1499, au lieu de 1497. Si on admet, comme le fait Varnhagen,  les dates de Bandini, le navigateur florentin a touché le continent américain en même temps que Sébastien Cabot et avant Christophe Colomb, qui n'avait découvert encore que les Antilles. 

On l'a accusé d'avoir volé à Colomb l'honneur de donner son nom au continent. On sait aujourd'hui qu'Amerigo Vespucci est complètement innocent du reproche qu'on lui adressait. Il a laissé des relations d'ailleurs assez indigestes de ses quatre voyages et des lettres qui ne sont pas d'un très haut intérêt. Une partie de son journal de voyage fut publiée à Saint-Dié sous le titre de Cosmographiae introductio, par un Allemand, Martin Waldseemüller, qui avait, selon la coutume des érudits de la Renaissance, traduit son nom sous une forme gréco-latine et se faisait appeler Hylacomylus. Comme on n'avait encore que de vagues notions sur les terres nouvellement découvertes, cet obscur éditeur, pour augmenter la valeur de l'ouvrage qu'il publiait, proposa de donner le nom d'Amérique aux contrées qu'Amerigo Vespucci avait le premier fait connaître. En tout cas, Amerigo Vespucci ne fut pas consulté, et ne sut peut-être même pas, avant de mourir, quoi qu'en dise Bandini, l'usage qu'on avait fait de son nom. Quant à Christophe Colomb, il était mort en 1506, un an avant la publication de la Cosmographiae introductio. Il n'avait donc pas pu protester. 

On s'est longtemps demandé pourquoi la postérité avait consacré cette nouvelle ingratitude à l'égard de Christophe Colomb, dont on ne fera d'ailleurs le grand héros qu'il est aujourd'hui qu'au XIXe siècle. Peut-être une part de l'explication tient-elle à la différence de caractères des deux navigateurs; Colomb, ombrageux, accusait hautement les envieux, et se fit beaucoup d'ennemis à la cour des Rois catholiques; Vespucci, modeste est paisible, savait tout au contraire s'attirer les bonnes grâces des puissants auxquels il ne faisait pas d'ombre. On a aussi dit que le nom de l'Amérique ne devait en fait rien au prénom de Vespucci. Selon les publications officielles du gouvernement de Nicaragua, les travaux de Thomas Belt et de Jules Marcou, au XIXe siècle, ce nom serait simplement d'origine américaine...
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Amerigo Vespucci
Amerigo Vespucci.
(D'après une fresque de Ghirlandajo, à Florence).

Le mot Amérique serait un mot indien qui aurait désigné les plus hautes terres du Nicaragua. Dans ces plateaux, on a jadis recueilli l'or en abondance. Quand Colomb, lors de son quatrième voyage, demandait aux Indiens d'où venait l'or de leurs ustensiles et de leurs parures, ils auraient montré les hautes terres en répétant le mot : Amérique, Amérique. Le nom d'Amérique serait donc venu d'abord pour les compagnons de Colomb, puis pour tous les aventuriers, navigateurs et commerçants le synonyme d'Eldorado ou pays de l'or. Comme d'ailleurs il aurait désigné la partie centrale du continent, on lui aurait donné facilement une extension plus grande et on l'aurait appliqué au continent tout entier. Quand donc, plus tard, on connut la proposition d'Hylacomylus, l'obscur libraire de Saint-Dié, qui faisait dériver Amérique du prénom de Vespucci (dont les défenseurs de cette thèse expliquent d'ailleurs qu'il se prénommait plutôt Albéric, et non pas Amerigo ou même Aymeric), personne n'aurait songé à protester contre une appellation, qui, tout en ayant une origine différente, aurait été déjà à peu près généralement acceptée. Cela ressemble à une jolie légende, et nous ne nous prononcerons pas sur ce qu'elle pourrait receler d'historique. (M. D. / H. Vast).



En bibliothèque. - Amerigo Vespucci avait rédigé en italien un journal de ses premiers voyages, qui fut publié à Vicence, en 1507 et traduit en français en 1516, puis en latin, en 1532; cette relation lui donna dans toute l'Europe une si grande célébrité que son nom resta attaché au nouveau continent. On a aussi de lui des Lettres, qui ont été rassemblées et publiées avec sa Vie par l'abbé Bandini, Florence, 1745. Le P. Canovai a publié en 1817, à Florence, ses voyages et ses lettres, avec un Éloge, couronné par académie de Florence. Ces lettres, adressées à Pietro Soderini et à Laurent de Médicis annoncent de hautes connaissances en navigation.

Alexandre de Humboldt, Géographie du nouveau continent. - Vicomte de Santarem a publié en 1842 des Recherches historiques sur la découverte du nouveau monde, et notamment sur les prétendues découvertes d'Americ Vespuce. - V. Varnhagen, Vespucci, son caractère, ses écrits, sa vie et ses navigations; Lima, pet. in-fol.- D'Avezac, les Voyages d'Améric Vespuce au compte de l'Espagne; Paris, 1858, in-8. - Thomas Belt,  The naturalist in Nicaragua; Londres, 1873, 8 vol. - Jules Marcou, Bulletin de la Société de géogr. de Paris, 1875. - Publications officielles du gouvernement de Nicaragua.

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