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La
Rome antique
La ville fondée par Romulus,
d'après le mythe de la fondation de Rome ,
la Roma quadrata des premiers âges, ne comprenait que la seule
colline du Palatin .
Les fondateurs de la ville - des habitants du Latium ,
vers 600 av. J.-C -, avaient pris soin, selon les rites étrusques ,
que sa cité eût la forme d'un rectangle exactement orienté; au
centre se trouvait la petite fosse carrée (mundus), où chacun
des nouveaux habitants alla jeter une poignée de terre apportée de sa
ville natale.
Deux lignes d'enceinte entouraient la Roma
quadrata : l'une (pomerium) marquait la frontière religieuse
du sol romain, elle contournait le pied du Palatin; l'autre, de proportions
beaucoup plus restreintes, était le mur de défense en gros blocs de tuf
superposés, qui protégeait la cité naissante contre les attaques de
l'ennemi; située à mi-côte, la muraille suivait le contour même du
Palatin; trois portes y donnaient accès : la porte Romana, vers le fleuve;
la porte Mugonia, vers la campagne, et une troisième dont on ignore le
nom. A l'époque impériale ,
on conservait au sommet du Palatin ou sur ses flancs quelques vestiges
de la Rome primitive : l'autel élevé au-dessus
du mundus, la cabane attribuée au berger Faustulus,
la grotte du Lupercal, où, selon le mythe des origines, la louve nourricière
s'était, réfugiée, etc. De nos jours, les seuls débris retrouvés de
la Roma quadrata sont un certain nombre de fragments du mur de fortification,
les soubassements de deux édifices rectangulaires et quelques tombes.
A la Roma quadrata succéda la Rome
du Septimonium, ainsi nommée à cause du nombre des collines qui
la composaient. Pour compléter les fortifications du Palatin ,
on dut construire un nouveau mur de défense qui embrassa tout, l'ensemble
des sept collines. Il n'en reste pas de traces. Cette seconde phase de
l'histoire de la ville est mal connue.
La Rome des Quatre régions, au
contraire, a duré très longtemps, depuis le règne légendaire de Servius
Tullius jusqu'au principat d'Auguste, soit
cinq siècles et demi environ, et, il en existe encore des ruines. C'est,
en effet, Ã Servius Tullius qu'on attribuait, avec la division du territoire
urbain en quatre régions, la construction d'une enceinte plus vaste que
celle du Septimonium. Servius Tullius recula le pomerium supposément tracé
par Romulus et y fit rentrer la plupart des
quartiers successivement ajoutés au Palatin .
Les quatre régions entre lesquelles ce vaste territoire était partagé
portaient chacune le nom d'un des anciens centres habités (Suburane, Esquiline,
Colline, Palatine). Cependant, le Capitole ,
l'Aventin ,
les marais du Vélabre, une partie du Forum ,
du Quirinal ,
de l'Esquilin ,
restaient encore en dehors des limites de ce nouveau pomerium; Servius
Tullius les enferma dans un mur de défense, long de 12 kilomètres, percé
de seize portes et dont on a découvert de
nombreux fragments.
Divers monuments de la Rome républicaine
et impériale
remontaient, disait-on, à l'époque royale. Le plus ancien pont jeté
sur le Tibre (pons Sublicius), construit entièrement en bois, serait
l'oeuvre du roi Ancus Martius. Les Tarquins
passent aussi pour avoir entrepris de grands travaux d'utilité publique,
imités de ceux qui existaient en Etrurie ;
au sommet du Capitole, ils fondèrent un grand temple dédié à la triade
divine de Jupiter ,
Junon ,
Minerve ,
nouveaux venus dans la cité et désormais ses protecteurs; la vallée
qui s'étendait entre le Palatin
et l'Aventin
devint un vaste cirque à gradins de pierre (circus maximus); des
égouts desséchèrent les quartiers bas et humides, sans cesse inondés
par le Tibre; la Cloaca maxima
remplit encore le rôle salutaire que les Tarquins lui avaient assigné.
La plaine du Forum
devint le centre de la vie religieuse, commerciale et politique.
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Débouché
de la Cloaca Maxima.
Rome
républicaine.
Sous la république ,
Rome ne dépassa pas le mur de Servius, et le pomerium ne fut pas déplacé
avant Sylla. La ville eut beaucoup à souffrir
de l'invasion gauloise en 390 av. J.-C. Il
fallut procéder à une reconstruction presque totale de la cité. Elle
fut conduite hâtivement et sans aucun plan d'ensemble; mais, au cours
des siècles suivants, les conquêtes extérieures, l'afflux des richesses
et des oeuvres d'art enlevées à l'Orient, la pénétration des moeurs
et des idées de la Grèce
donnèrent aux Romains le goût du luxe et
de la beauté.
L'influence hellénique supplanta l'influence
étrusque .
On fit venir des artistes et des ouvriers étrangers. Les édifices destinés
aux délibérations du sénat ou des citoyens, à la justice, aux grands
services de l'Etat, furent reconstruits avec éclat. Les maisons particulières
elles-mêmes prirent un aspect tout différent de celui qu'elles avaient
auparavant; les riches patriciens s'enorgueillissaient des vastes proportions
qu'ils leur donnaient.
A la fin de la république ,
Rome est une ville remarquable; ses différents quartiers ont une physionomie
bien arrêtée. Le Palatin ,
qui fut le berceau de Rome, est maintenant un centre religieux et aristocratique.
Aux abords des vieux monuments, se dressent les temples de Jupiter vainqueur ,
de la Victoire ,
de Cybèle .
Sur le pourtour de la colline ont été bâties des maisons d'habitation,
propriétés d'illustres personnages (Catilina,
l'orateur Hortensius, l'orateur Marc
Antoine, Cicéron). Le Forum
est toujours, et de plus en plus, le point où viennent converger toutes
les affaires civiles et politiques de la cité. Des temples l'entourent:
celui de Saturne ,
où est déposé le trésor public, celui de Castor
et de Pollux ,
celui de la Concorde ,
etc.
Le Forum est dominé par le Tabularium ,
où l'on garde, au Capitole ,
les archives de l'Etat. Le premier arc de
triomphe
y est bâti en 191 par Q. Fabius, vainqueur des
Allobroges; sur les côtés s'élèvent, à partir du IIe
siècle, des monuments appelés d'un mot grec, basiliques,
et destinés à rendre la justice (basiliques Porcia, due Ã
Caton,
Aemilia, Sempronia, Opimia). Le Forum
est aussi un marché, mais pour les objets de luxe; d'autres marchés ont
été créés sur divers points de la cité : Forum piscatorium (poissonnerie),
cupedinis (pour les comestibles), holitorium (pour les légumes), suarium
et boarium (pour les porcs et les boeufs), etc. Sur le Capitole, outre
le Tabularium, se trouvent, d'un côté, la citadelle
et le temple de Juno Moneta, avec l'atelier monétaire de Rome; de l'autre,
auprès du grand temple de Junon ,
Jupiter
et Minerve ,
ceux de la Félicité, de Vénus Erycine ,
etc., de nombreux autels, des statues
de divinités, de Romains
célèbres, etc.
Le Quirinal ,
où les Sabins avaient eu jadis eux aussi
leur Capitole (Capitolium vetus), renferme encore quelques autres
temples : ceux de Quirinus ,
de Semo Sancus ,
anciennes divinités sabines; mais la majeure partie de la colline et du
Viminal
qui lui fait suite est couverte de riches maisons et de villas. Une portion
de l'Esquilin ,
celle qui est en dehors du pomerium, a été convertie en jardins et en
cimetières. L'Aventin ,
jadis domaine public, est devenu le centre de résidence de la plèbe,
groupée autour des temples de Cérès ,
où les édiles plébéiens avaient leurs archives.
Au delà du mur de Servius, sur la rive gauche du Tibre, la vaste plaine
du Champ de Mars servait aux exercices
militaires et aux réunions des citoyens pour la levée des légions ;
il était l'asile des divinités étrangères qu'on ne pouvait accueillir
à l'intérieur du pomerium, et renfermait des lieux de spectacle ou de
promenade (théâtre et portique de Pompée,
cirque
Flaminius). L'île Tibérine contenait le temple d'Esculape .
Quatre aqueducs
fournissaient à la ville une eau abondante, amenée de la Sabine
et des monts Albains. Rome, enfin, avait deux ports : les Navalia, port
militaire, avec les arsenaux; l'Emporium, port de commerce, avec de vastes
entrepôts et greniers (horrea), au pied de l'Aventin .
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Rome
antique.
Rome
impériale.
Le règne d'Auguste
marque une époque décisive dans l'histoire de la topographie de Rome.
Le pomerium avait été agrandi par Sylla et par
César,
et se confondait désormais avec le tracé du mur de Servius, sauf sur
l'Aventin, qui restait en dehors. Auguste n'y toucha pas, mais on supprima
la division du sol urbain en quatre régions, et l'on créa à la place
quatorze régions, divisées en deux cent soixante-cinq quartiers. Chacune
des quatorze régions d'Auguste, désignée par un numéro d'ordre et,
plus tard, par un nom spécial, eut à sa tête un magistrat tiré au sort
parmi les préteurs, les édiles et les tribuns. Chaque quartier fut administré
par un collège de quatre magistri. Le chiffre de la population
de Rome paraît avoir varié alors entre 800 000 et 2 millions d'habitants.
-
Auguste, dans
son testament, se vante d'avoir rebâti en marbre la ville de briques que
lui avait léguée la république. En réalité, mais suivant l'exemple
de César, il restaura à grands frais beaucoup
de temples et de monuments publics; il en fit élever encore un grand nombre;
il invita les principaux personnages de l'Etat à contribuer, comme lui,
par leurs constructions et leurs libéralités, aux embellissements de
la cité. Plusieurs de ses temples furent relevés; le temple de César
divinisé fut ajouté aux rostres nouveaux que le dictateur avait fondés,
du côté de l'est, et la basilique Julia,
commencée par lui au sud, en regard de la basilique Aemilia, fut achevée.
César avait créé, au nord du Capitole, un forum qui portait son nom,
pour servir à l'exercice de la justice, avec un temple de Venus Genitrix en
son centre; Auguste le termina et créa, lui aussi, son forum, avec un
temple de Mars Ultor .
Il établit au Palatin
la demeure des empereurs. Auprès de
la maison d'Auguste, on voyait un grand temple d'Apollon ,
avec un portique et une bibliothèque, et
un temple de Vesta .
Le Champ de Mars
s'orne d'édifices magnifiques : le théâtre
de Marcellus
et le portique d'Octavie ;
puis le Panthéon
et les thermes
voisins; enfin, le temple d'Isis
et de Sérapis ,
l'autel de la Paix, érigé pour Auguste Ã
son retour de Gaule ,
en l'an 13 av. J.-C., et le mausolée destiné par l'empereur à abriter
ses cendres avec celles de tous les membres de sa famille.
-
L'Arc
de Titus, Ã Rome.
Pendant les trois premiers siècles de
l'empire, Rome continua à se développer, à s'enrichir de monuments.
La ville cependant fut à plusieurs reprises éprouvée par de violents
incendies qui exigèrent de coûteuses réfections. De ces catastrophes,
les plus fameuses sont l'incendie de 64 sous Néron,
celui de 80 sous Titus, celui de 191 sous Commode,
celui de 283 sous Carin. Néron,
l'auteur de la fameuse Maison d'or qui s'étendait du Palatin
à l'Esquilin
et renfermait à la fois des palais, des jardins, des bois, des rivières;
Vespasien,
Septime-Sévère,
Dioclétien,
s'efforcèrent de faire oublier aux Romains,
à force de fondations et de largesses, les incendies qui les avaient désolés.
Le Palatin surtout profita de cette fièvre de bâtir qui possédait la
plupart des princes (palais de Tibère, de Caligula,
des Flaviens, stade palatin, etc.). Au Forum ,
il faut mentionner les arcs de triomphe
de Titus et de Septime-Sévère, les temples de Vespasien, d'Antonin et
Faustine ,
de Vénus et de Rome, oeuvre d'Hadrien; le Templum
Sacrae Urbis, qui date de Vespasien; la Curie de Dioclétien, où siégeait
le sénat; de nombreuses statues et monuments commémoratifs. Vespasien
voulut avoir, comme César et Auguste, son Forum ou Forum de la Paix, au
nord du Forum romain. Le Forum de Nerva remplit
l'intervalle entre ceux d'Auguste et de Vespasien. Le Forum de Trajan,
avec sa bibliothèque et la haute colonne
où ce prince a raconté en bas-reliefs la guerre des Daces,
occupe la dépression creusée alors de main d'homme entre le Capitole
et le Quirinal
pour relier le Champ de Mars
aux régions les plus anciennes et centrales de la ville. L'amphithéâtre
flavien ou Colisée ,
bâti par Vespasien entre le Palatin ,
le Coelius
et l'Esquilin ,
unique au monde par l'ampleur de ses proportions, le cirque
de Néron et le mausolée d'Hadrien, maintenant
le château Saint-Ange ,
étaient aussi parmi les édifices les plus importants de l'époque impériale.
Au IIIe
siècle, sous la menace des invasions barbares, Aurélien,
en 271, donna à Rome un mur de défense plus efficace que le vieux mur
de Servius : la muraille qu'il fit élever, et qui subsiste en grande partie,
plusieurs fois remaniée et restaurée, avait près de 19 kilomètres de
développement; le Vatican n'y était pas inclus. On y avait ouvert dix-sept
portes. C'était un ouvrage très solide, d'une valeur militaire incontestable.
Il consacra l'achèvement de la croissance de Rome.
-
Intérieur
du Colisée. - Il pouvait contenir environ cinquante mille spectateurs,
répartis
sur le podium, réservé à l'empereur et aux grands personnages, et deux
étages
de gradins. Le mur était précédé en haut d'une colonnade et, entre
les
colonnes, se trouvaient encore des sièges. Le Colisée servit aux plaisirs
des
Romains jusqu'au VIe siècle environ.
La décadence se produisit bien vite, dès
le début du IVe siècle. La fondation
d'une autre capitale à Constantinople
porta un coup fatal à la vieille capitale du monde romain .
Constantin
avait encore doté Rome d'un arc de triomphe ,
d'une basilique
sur la voie Sacrée, au delà du temple de Romulus, fils de
Maxence.
Ses successeurs l'abandonnèrent et n'y vinrent plus qu'en passant. Ammien
Marcellin nous dit l'admiration stupéfaite qu'éprouva Constance
à la visiter en 357. Puis le flux montant des invasions atteignit l'Italie .
En 410 les Goths d'Alaric,
en 455 les Vandales de Genséric
causèrent dans la ville d'irrémédiables ravages. Théodoric,
au VIe siècle, résida à Rome et lui
rendit momentanément quelque éclat. Le plus récent en date des monuments
de la Rome ancienne est la colonne érigée
en 608 sur le Forum
en l'honneur de l'empereur byzantin Phocas.
La Rome médiévale
et moderne.
La disparition de l'empire d'Occident
marque pour la ville même de Rome le commencement d'une longue période
de décadence. Pendant près de deux siècles, elle fut disputée entre
les Byzantins et les Barbares, prise par
Bélisaire
en 536, reprise par Totila en 546) et, jusqu'en 552, alternativement en
possession des deux partis. Finalement, elle était remplacée par Ravenne
comme capitale de l'Italie byzantine. Elle ne devait retrouver un nouvel
élément de splendeur que dans la papauté, dont elle continua d'être
le siège, et qui, sous les règnes Léon le Grand et de Grégoire
le Grand, la relevent définitivement de ses ruines, y construisant
de nouvelles
églises, de nouveaux couvents.
Bientôt, elle allait devenir la capitale
des Etats de l'Eglise ,
constitués par les donations de Pépin au
milieu du VIIIe siècle. Mais la Rome antique
fut considérée comme une immense carrière, où Charlemagne
faisait prendre des
colonnes et des sculptures
pour Aix-la-Chapelle; les marbres
les plus précieux étaient convertis en chaux ou réduits à de vils usages.
Sous les faibles successeurs de Charlemagne,
l'autorité des papes dans Rome fut plus d'une fois méconnue ou anéantie
par des partis puissants. Au Xe siècle
domina la famille Marozie, qui disposa de la papauté , jusqu'à ce qu'Othon
I vint rétablir l'ordre en comprimant les factions, 962. Cependant Rome
ne cessa de s'agiter sous Othon II et III, et plus encore sous Henri
lI. le mal était au comble, quand Henri III
le répara violemment en faisant plier Rome sous la loi des empereurs et
lui imposant des papes de son choix. La tranquillité régna dès lors
sur le siège apostolique; mais bientôt les papes eurent à défendre
contre les empereurs le pouvoir de l'Église .
Rome fut avec Milan l'âme des résistances.
Cependant, les papes, tout en combattant la domination des empereurs, virent
souvent leur propre autorité ébranlée dans Rome : tantôt des troupes
impériales, tantôt des familles puissantes ou des démagogues les expulsaient
ou les réduisaient à fuir.
-
Rome
médiévale. Cliquez sur la carte pour l'agrandir.
L'empereur Henri
IV, après trois sièges (1081, 1082 et 1083), prit Rome et en chassa
Grégoire
VII (1084). Pendant les querelles d'Innocent
Il et d'Anaclet II (1140, etc.),
Arnaud de Brescia
établit à Rome la république et un sénat, et la ville ne se soumit
qu'en 1149; Grégoire IX s'enfuit devant Frédéric
Il marchant sur Rome (1241); en 1281, les nobles, maîtres à Rome, refusèrent
d'y recevoir le pape Martin IV; en 1309, Clément
V, pour s'assurer la protection de la France ,
transporta le siège pontifical à Avignon;
en 1347, profitant de l'absence des papes, Rome rétablit la république
(1347); mais cet état de choses ne dura qu'un instant. Les papes pourtant
ne redevinrent pas aussitôt maîtres de Rome : ce n'est qu'en 1377 qu'eut
lieu leur retour, préparé dès 1364 par le légat Albornoz.
Même après leur retour, les grandes familles, notamment les Colonnaet
les Ursins, dominèrent plus qu'eux dans Rome jusqu'au XVIe
siècle. La fin du grand schisme commença le rétablissement de leur pouvoir;
Alexandre
VI, Jules II, et les deux papes
Médicis
(Léon X et Clément VII, 1492-1534) le consolidèrent.
Dans l'intervalle, Rome fut presque prise d'assaut par Charles
VIII allant à la conquête de Naples
(1495), et elle le fut réellement par le connétable de Bourbon
en 1527.
Quand la domination des Espagnols
en Italie y eut enfin rétabli l'ordre, Rome prit une autre face. DéjÃ
les papes Jules Il et Léon X l'avaient embellie; leurs successeurs, et
surtout Sixte-Quint, marchèrent sur leurs traces. Elle devint plus que
jamais le rendez-vous des pèlerins, des voyageurs, des artistes et des
savants.
La fin du XVIIIe
siècle et le XIXe siècle ont été pour
la ville une période d'agitation et de brusques changements. En 1797,
à la suite de l'assassinat de l'ambassadeur français, le général Duphot,
les soldats du Directoire pénètrent dans la ville, abolissent le gouvernement
pontifical et constituent la République romaine (1798), qui ne dura
qu'un an. La paix de Lunéville
(1801) la rendit à Pie VII, mais en 1808 Napoléon
réunit à l'empire français Rome avec la plus grande partie de l'État
ecclésiastique
(le reste fut annexé au royauyme d'Italie );
il la déclara seconde ville de l'empire, en fit le chef-lieu du département
du Tibre, et lui donna un préfet français; quand un fils lui fut né
en 1811, il le proclama Roi de Rome. Les événements de 1814 ramenèrent
les papes à Rome. Par les traités de Vienne, les Etats pontificaux sont
de nouveau constitués et, sous le gouvernement autoritaire de Grégoire
XVI, les partis libéraux ou révolutionnaires sont réduits à l'impuissance.
Après la mort de Grégoire XVI, Pie
IX essaya en vain de donner satisfaction aux partis avancés;
son ministre Rossi sera assassiné sans Rome même, et bientôt le pape,
débordé par le mouvement révolutionnaire de 1848, dut s'enfuir à Gaète,
tandis que la république était proclamée dans sa capitale.
Il fallut l'intervention d'un corps français,
qui vint mettre siège devant Rome et emporta la ville le 2 juin 1849,
pour restaurer le pouvoir pontifical. Encore celui-ci ne maintint-il que
grâce à la présence permanente d'une division d'occupation française.
Après les événements de 1860, les Italiens aspirèrent à faire de Rome
la capitale du nouveau royaume; par la convention du 15 septembre 1864,
conclue avec Napoléon III, la capitale fut
fixée à Florence. Au lendemain des premiers
désastres de la guerre franco-allemande de 1870, le roi d'Italie ,
Victor-Emmanuel
II, profita des revers de la France
pour occuper Rome. Dès le 22 septembre 1870, ses troupes pénétraient
dans la ville, et le roi ne tardait pas à s'installer de sa personne au
Quirinal ,
tandis que la loi des garanties laissait au souverain pontife son palais
du Vatican et Saint-Pierre de Rome .
Les deux pouvoirs ont, depuis cette date, vécu côte à côte, sans conflits
violents, mais, dans un premier temps, s'ignorant officiellement l'un l'autre,
puis, après la signature des accords de Latran entre Mussolini
et le pape pape Pie XI, en 1929, qui créèrent l'Etat de la Cité du Vatican ,
comme ceux de deux Etats distincts.
-
Rome
en 1900. Cliquez sur la carte pour l'agrandir.
La Rome actuelle.
Après 1870, Rome a subi de nouvelles
et parfois profondes transformations. Au centre, elle a gardé son lacis
de petites rues étroites, aux maisons vieillottes, ses nombreuses et vastes
places bordées de palais et plantées d'obélisques : la place Saint-Pierre,
avec sa colonnade
grandiose du Bernin; les places du Peuple, du
Capitole, du Quirinal, de Venise, d'Espagne, Navone, Barberini. Les quartiers
au Sud, Palatin ,
Aventin ,
Coelio ,
Testaccio, ont toujours leurs grandes ruines de l'Antiquité ,
leurs vicoli herbeux, leurs caves à vin creusées dans le tuf,
leurs villas princières aux parcs immenses. De même, dans la cité Léonine
(Vatican), le Transtévère a conservé son aspect pittoresque, ses ruelles
grouillantes. Mais les quartiers du Nord et de l'Ouest, du Pincio, du Viminal,
de l'Esquilin ,
du Quirinal surtout, devenu le quartier du gouvernement italien, ont fort
embelli. Aux trois rues, Corso, via di Ripetta, via del Babuino, qui, rayonnant
de la place du Peuple vers le centre de Rome, constituaient les grandes
artères de la cité pontificale, sont venues s'ajouter de larges voies,
et çà et là s'étendent des places nouvelles, comme la place Victor-Emmanuel.
Entre le Tibre et le Vatican, dans les Prati di Castello, s'étend tout
un quartier né à la fin du XIXe siècle
avec rues tirées au cordeau et grandes places bordées de maisons à plusieurs
étages.
Les terrasses fleuries du Pincio, avec
leur vue sur la cité du Vatican, et, tout à côté, l'admirable parc
de la villa Borghèse ,
sont restés une des promenade favorite des Romains. Plusieurs Etats étrangers
ont fondé à Rome des établissements pour leurs jeunes nationaux : Ecole
française d'archéologie, au palais Farnèse ;
Académie de France, à la villa Médicis ;
Institut allemand de correspondance archéologique; Académie espagnole
des beaux-arts, etc. Enfin, Rome possède une douzaine de bibliothèques,
dont la plus célèbre est la bibliothèque Vaticane. Citons encore la
bibliothèque de la Minerve, et la bibliothèque Victor-Emmanuel, riche
en imprimés. (A19).
L'Exposition universelle
de 1911 marque une étape importante dans la mutation que connaît Rome
depuis 1970. Pendant la Première Guerre mondiale,
la ville reste à l'écart des combats, mais elle subit les conséquences
économiques et sociales du conflit. Les années 1920 sont marquées par
l'ascension de Benito Mussolini et l'établissement du régime fasciste.
Des interventions urbanistiques majeures ont eu lieu, notamment le percement
de la Via dei Fori Imperiali reliant le Colisée à la Piazza Venezia,
mettant en valeur les vestiges de la Rome antique. Le quartier de l'EUR,
conçu pour l'Exposition universelle de 1942, bien que jamais réalisée
à cause de la guerre, constitue un exemple d'architecture monumentale
fasciste encore visible aujourd'hui.
Pendant la Seconde
Guerre mondiale, Rome est occupée par les Allemands après l'armistice
de 1943, puis libérée par les Alliés en 1944. Après la guerre, la ville
connaît une période de reconstruction et de modernisation. Elle devient
un symbole du redressement italien avec l'organisation des Jeux
olympiques de 1960, qui accélèrent le développement des infrastructures
sportives et des transports. Les Jeux ont entraîné, par exemple, la construction
du Palazzetto dello Sport et le Stadio Olimpico, qui s'intègrent dans
le paysage urbain sans rompre avec le passé.
Les années 1970
et 1980 sont marquées par des tensions sociales et politiques, notamment
la montée du terrorisme et de la criminalité. Depuis la fin du XXe
siècle, d'importants projets architecturaux contemporains sont par ailleurs
venus enrichir le patrimoine romain, Ã l'image de l'Auditorium Parco della
Musica conçu par Renzo Piano, du MAXXI (Musée national des arts du XXIe
siècle) signé par Zaha Hadid, ou encore du Nuvola, centre de congrès
moderne inauguré en 2016.
Dans les années
1990 et 2000, la ville modernise ses infrastructures, tout en mettant en
valeur son patrimoine historique. L'essor du tourisme, le développement
de nouveaux quartiers et l'accueil d'événements internationaux renforcent
son statut de métropole mondiale. Malgré des défis persistants liés
à la circulation, à la pollution et à la gestion du patrimoine, Rome
demeure un centre culturel, politique et économique incontournable en
Italie et en Europe. La ville, classée au patrimoine mondial de l'Unesco,
poursuit aujourd'hui un équilibre délicat entre préservation de son
passé et adaptation aux exigences de la modernité. |
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