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Palais du Vatican, à Rome. - Ce palais, situé dans la Cité du Vatican sur une éminence qui, comme son nom l'indique, était jadis un lieu où les oracles se rendaient est voisin de Saint-Pierre, a un extérieur dépourvu de symétrie, à cause des différentes époques où ses bâtiments ont été construits; il a une immense étendue. Une partie de ce palais est habitée par le pape; les parties ouvertes au public comprennent entre autres merveilles : les Stanze, peintes à fresque par Raphaël; les Loggie, décorées par lui et ses élèves; la chapelle Sixtine, avec le fameux Jugement dernier et les peintures décoratives de Michel-Ange; le musée de peinture ne comptant que des chefs-d'oeuvre et notamment la Transfiguration de Raphaël et le musée des antiques d'une richesse inouïe et où l'on admire les originaux du Laocoon, de l'Antinoüs et de l'Apollon du Belvédère. - La façade de la basilique Saint-Pierre*. A droite au premier plan, une des fontaines dues au Bernin. L'histoire du palais. Le Vatican vu du café de la Promenade, par Agostino Tofanelli, 1833. Le tour du propriétaire. Vue du Vatican, de la place Saint-Pierre, à Rome. Les archives du Vatican sont, comme on se le figure aisément, parmi les plus riches du monde. Rome étant le centre où aboutit durant tant de siècles la diplomatie du monde entier, elles sont aussi d'une grande variété. Elles occupent vingt-cinq pièces et comprennent les Registres des papes, les brefs depuis Innocent III, la Correspondance avec les nonces et les cours étrangères. Longtemps interdites aux investigations des chercheurs, les Archives du Vatican leur sont ouvertes depuis plus d'un siècle, grâce à une mesure libérale du pape Léon XIII. Il en est de même de la Bibliothèque, qui, moins fermée que les Archives, demeura cependant jusqu'à nos jours difficilement accessible, gardée qu'elle était par des savants trop jaloux. Composée de plusieurs fonds importants que nous ne pouvons énumérer ici, elle possède environ 26 000 manuscrits, dont 4000 en grec, 19000 en latin et 2000 en langues orientales. Les livres et manuscrits sont dissimulés dans des armoires basses, de sorte que le lecteur et l'écrivain ne s'y sentent pas comme ailleurs épouvantés à l'aspect des ouvrages qu'ils ne liront jamais ou saisis par le sentiment de la vanité de leur propre travail à la vue de la multitude des livres composés avant les leurs. Au premier rang de ces manuscrits, il convient de citer le fameux Virgile orné de miniatures, le palimpseste de la République de Cicéron, Dante, Térence, etc.. Les Musées. La galerie de peinture se distingue moins par le nombre que par la valeur des oeuvres qui y sont exposées. Beaucoup figuraient antérieurement dans diverses églises d'où elles furent enlevées par les Français. Rendues en 1815, Pie VII les garda au Vatican. Parmi toutes ces toiles excellentes, nous citerons, en particulier : la Communion de saint Jérôme, du Dominiquin; la Vierge de Foligno, par Raphael; la Transfiguration, également de Raphaël; une Résurrection du Pérugin, ainsi que la Vierge sur un trône, par le même; une belle Mise au tombeau, du Caravage. La galerie des Arazzi est ainsi nommée de tapisseries exécutées d'après les cartons de Raphaël (actuellement au South Kensington de Londres) à Bruxelles, et non à Arras, d'où ce genre de travail est originaire. Ces tapisseries représentent des sujets tirés du Nouveau Testament. Elles sont fort endommagées, ce dont il ne faut pas s'étonner étant données les vicissitudes qu'elles traversèrent. Destinées à orner les murs de la chapelle Sixtine, elles y figurèrent en effet aux jours de fête. Leur première dégradation date du siège de Rome par les impériaux en 1527; emportées par les vainqueurs, elles furent rendues à Jules III en 1553. Puis les Français s'en emparèrent en 1798. Un juif de Gênes les acheta pour les revendre à Pie VII en 1808. Plusieurs de ces tapisseries sont dues surtout à des élèves de Raphaël. La galerie des Cartes tire son nom des cartes peintes à fresque sous Grégoire XII, en 1580, par Antoine Dante, et qui décorent ses murs, Mais de toutes les collections que renferme le Vatican, les plus importantes sont les galeries d'antiques, les plus vastes du monde. Une première collection, réunie par Jules II, Léon X, Clément VII et Paul III, fut en grande partie dispersée par Pie V. Le noyau, des galeries actuelles a été constitué par Clément XIV. Pie VI, Pie VII, Grégoire XVI les développèrent. Le plafond d'un des musées du Vatican. *Source : The World Factbook. Le musée égyptien se compose de neuf salles. Indépendamment des originaux égyptiens, un assez grand nombre de statues sont d'imitation romaine et proviennent de la villa d'Hadrien, près de Tivoli. Une salle d'antiquités assyriennes est surtout remarquable par une série de bas-reliefs provenant des palais de Sennachérib. Le musée étrusque (Museo Etrusco Gregoriano) est important par le nombre et la valeur des objets exposés. Malheureusement, fondé en 1736 par le pape Grégoire XVI, il date surtout d'une époque où les fouilles, destinées à découvrir des objets d'art, n'avaient pas le caractère scientifique qu'elles ont revêtu depuis. Bien entendu, une foule de vases considérés alors comme de fabrication étrusque sont en réalité d'importation grecque. Ces antiquités ont été découvertes, de 1828 à 1836, à Vulci, à Chiusi, à Tos canella, etc. La série des terres cuites est particulièrement intéressante. Ce sont des plaques votives à relief, des sarcophages avec le buste des personnages en grandeur naturelle, des urnes cinéraires, des fragments de décoration architectonique, et surtout des bustes d'une vie intense, que l'on peut rapprocher de pièces analogues au musée étrusque de Florence et à la villa du pape Jules, à Rome. Le musée possède également des urnes cinéraires en albâtre, d'autres en pierre, en forme de maison. Quatre salles sont remplies par les vases, à figures noires et à figures rouges, par d'autres plus anciens encore et d'autres plus récents provenant de l'Italie méridionale, par des coupes estampées du genre dit d'Arezzo. Les bronzes, miroirs, armes, ustensiles de toutes sortes, sont également nombreux. Parmi les figures en bronze, on remarque un Guerrier avec une inscription ombrienne, le célèbre groupe de l'Enfant à l'oiseau, une statuette d'enfant avec la Bulla et une inscription étrusque. Quelques vitrines renferment des objets en or, en argent, des anneaux, des pierres gravées. Enfin, les murs sont en partie couverts de copies exécutées d'après les peintures funéraires des tombes de Corneto et de Vulci. De toutes les sections antiques, la plus riche est celle de la sculpture. Les originaux grecs y sont très rares, mais il y a beaucoup de copies excellentes; la sculpture gréco-romaine y peut être étudiée d'une manière plus complète que partout ailleurs, et l'art d'un caractère proprement romain y est aussi largement représenté. On distingue trois musées de sculpture antique : le musée Pio-Clementino, le musée-Chiaramonli et le Braccio Nuovo. |
Le premier, musée Pio-Clementino, qui est le plus considérable, n'occupe pas moins de onze salles et galeries, dont plusieurs sont fort vastes : la salle à croix grecque, qui tire son nom de sa forme, et où l'on voit deux sarcophages en porphyre, dont l'un renfermait le corps de Constantia, fille de Constantin le Grand, et dont l'autre avait été destiné par le pape Anastase IV à recevoir ses cendres; la salle du Bige, ainsi nommée du magnifique char à deux chevaux que l'on y admire, mais dont une partie seule est antique; là ,se trouvent aussi deux célèbres statues de Discoboles, dont l'une d'après un original en bronze de Myron; la galerie des Candélabres, avec beaucoup de grands vases antiques en marbres précieux; la salle Ronde, dont les sculptures les plus belles sont la fameuse Junon Barberini, et le Jupiter d'Otricoli, d'une expression pleine de force et de mansuétude, la plus grandiose image que l'on connaisse de lui; la salle des Muses, à coupole, ornée de seize colonnes, qui possède le groupe des Neuf muses, avec Apollon Musagète, d'après un original de Praxitèle, et des hermès de philosophes, ainsi qu'un buste de Sophocle portant un reste d'inscription grecque qui a servi à identifier les portraits de ce poète; la salle des Animaux, où divers groupes sont mêlés à des figures d'animaux de toutes sortes; dans la galerie des Statues se trouvent la belle copie d'une oeuvre de style archaïque, Pénélope endormie, d'un type plusieurs fois reproduit, un Apollon Sauroctone d'après Praxitèle, Ariane endormie, les Candélabres Barbarini, provenant de la villa d'Hadrien, d'une grande élégance, ornés de bas-reliefs; la salle des Bustes, tant d'empereurs romains que de dieux et de héros grecs; le cabinet des Masques, dont le sol est couvert d'une belle mosaïque ornée de masques; la cour du Belvédère, dont les encoignures ont été transformées en 1775 en petites pièces où sont isolées plusieurs statues et groupes célèbres; le Laocoon provenant des thermes de Titus, très admiré de Michel-Ange, oeuvre alexandrine d'Agésandre et de ses deux fils Polydore et Athénodore, de Rhodes; l'Apollon du Belvédère, trop admiré jadis, trop décrié aujourd'hui, dont le modelé un peu mou a été certainement affaibli encore par des polissages et nettoyages exagérés; l'Antinoüs ou plutôt Mercure, très bonne copie d'un original grec en bronze de l'école de Lysippe; un torse d'Hercule, connue sous le nom de Torse du Belvédère, signé de l'Athénien Apollonios, fils de Nestor, monument important de l'art gréco-romain, plein de vie et surtout de science dans la représentation du nu; enfin le Méléagre, qui paraît être la réplique d'une statue de Scopas ou de son école ; nous mentionnerons aussi le sarcophage de L. Cornelius Scipion Barbatus, aïeul de Scipion l'Africain, dont l'inscription en vers saturniens est un document précieux pour l'histoire de la langue latine. Le musée Chiaramonti contient un grand nombre de sarcophages appartenant à diverses époques et utiles pour l'étude de la sculpture romaine sous l'Empire, une statue colossale de Tibère, un bas-relief attique des Trois Grâces, un bas-relief béotien représentant un cavalier, une Pénélope en haut-relief, dans la même pose que le Pénélope du musée Pio-Clementino, mais d'un travail supérieur, original attique du Ve siècle, etc. Enfin le Braccio Nuovo possède d'importantes mosaïques, l'Apoxyoménos, copie d'une oeuvre très caractéristique de l'école de Lysippe, une Amazone blessée, après Polyclète, la statue colossale du Nil, un Doryphore, d'après Polyclète, beaucoup d'autres statues, des bustes en grand nombre, portraits de personnages grecs, d'empereurs romains, etc. (André Baudrillart). |
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