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Justinien II

Justinien II, empereur byzantin, né en 669, mort en décembre 711. A l'âge de seize ans, il succéda à son père Constantin IV Pogonat (685). Son règne se divise en deux parties : de son avènement à sa déposition (685-695); de son rétablissement à sa mort (705-711). Quand il monta sur le trône, la situation de l'Empire, à l'égard des Arabes, était des plus avantageuses. Le calife de Damas payait un tribut annuel à l'empereur; Justinien, pour un motif futile, rompit le traité. Les Arabes envahissent l'Asie Mineure; l'empereur est battu à Césarée (692). Les villes d'Asie Mineure, le Nord de l'Afrique avec Carthage tomberont bientôt entre leurs mains. Au Nord, Justinien fit la guerre aux Bulgares (688). D'abord victorieux, il fut battu au retour dans un défilé du Rhodope. Plus tard, il devait s'allier aux Bulgares et leur laisser soumettre les populations slaves du Nord de l'Empire. 

Au point de vue religieux, Justinien rompit la bonne entente qui avait été rétablie, entre l'Empire et la papauté, du vivant de Constantin IV. Pour faire pièce au sixième concile de Constantinople, il convoqua le concile in trullo ou Quinisexte, parce qu'il avait la prétention de combler le cinquième et le sixième. Présidé par l'empereur, le concile confirma à ce dernier la direction de l'Eglise et, entre autres articles, en adopta un qui autorisait le mariage des prêtres. Le pape Sergius refusa de souscrire au concile. Justinien irrité médita de le faire enlever par le protospathaire Zacharie. Sergius fut défendu par les milices de la Pentapole; Zacharie, pour n'être pas tué, fut obligé de se mettre sous la protection du pape, qui le cacha sous son lit (692). Justinien ne put pas se venger de l'affront subi par son envoyé; il allait bientôt en effet être précipité du trône. 

A l'intérieur, il avait accablé ses sujets d'emprunts forcés et appliqué les expédients fiscaux d'Etienne, chef des eunuques, et du grand logothète Théodore. Le peuple et l'aristocratie, soutenus par le patriarche Callinicos, murmurèrent; l'empereur ordonna de faire périr les principaux des mécontents. Une révolution éclata, le patries Léontius se mit à la tête du mouvement. Justinien est fait prisonnier; on lui coupe le nez et on l'exile en Chersonèse. Léontius est proclamé empereur (695). Trois ans après la flotte d'Afrique se révolte et remplace Léontius par son amiral Tibère. Au su de l'événement Justinien s'enfuit de Kherson, s'allie au khan des Bulgares, Tervel, et lui donne le titre de césar. Avec une armée que lui fournit le khan, il entre à Constantinople, fait décapiter Léontins et.Tibère, empaler leurs partisans et crever les yeux au patriarche (705). Dès lors Justinien, sorte de fou furieux, passe ses six dernières années de règne à tirer ven geance de ses ennemis. En Italie, il châttie cruellement les Ravennates : un grand nombre d'habitants sont mis à mort, l'archevêque a les yeux crevés. Contre Kherson, où il avait été relégué, il envoya successivement deux flottes afin de détruire la ville et passer les habitants au fil de l'épée. La première expédition s'empara de Kherson et y fit un grand massacre; mais au retour une tempête survint, qui détruisit la phis grande partie de la flotte. 

Justinien prépara une deuxième expédition, qu'il confia au patrice Mauros. Celui-ci ne put entrer à Kherson; il fit cause commune avec les habitants qui proclament Philippique Bardane empereur. Justinien, réfugié à Sinope, est tué par un de ses amis, Elias. Son fils, Tibère, tombé aux mains de Philippique à Constantinople, est aussi mis à mort. Le règne de Justinien II fut un des plus funestes de la période anarchique, qui va de la mort d'Héraclius à l'avènement de Léon III (641-717). Avec lui la cruauté et l'incohérence sont installées sur le trône. (Beaulieu).

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Dictionnaire biographique
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