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Mytilène
et les autres localités de l'île de Lesbos
Mitilini (anc. Mételin) ou Mytilène, improprement Mitylène, est la ville principale de Lesbos. Elle compte aujourd'hui 27 000 habitants. De l'ancienne ville, on voit aujourd'hui les ruines près de la ville actuelle, fut fondée par les Eoliens.  Elle tomba sous la domination d'Athènes avec toute l'île, se souleva pendant la guerre du Péloponnèse, et fut reprise par les Athéniens. Elle prit part encore à la guerre sociale. Elle fut dévastée par les Romains pour avoir embrassé le parti de Mithridate, en 86 av. J. C., et fut rebâtie par Pompée.
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Photo de Mytilène.
Panorama de Mytilène.

 C'est au nord du cap Malée, sur la côte orientale de l'île que s'élevait Mytilène.

« C'est une forte ville, belle et grande, environnée d'un canal d'eau de mer, qui flue tout à l'entour, sur lequel il y a plusieurs ponts de pierre blanche et polie, tellement qu'on dirait à la voir que c'est une île et non pas une ville. » 
Longus ne parle dans ce passage que de l'ancienne ville, située en effet dans une petite île d'environ un mille de circuit, en face de la ville neuve, placée sur la côte même de Lesbos. Celle-ci s'étendait dans la plaine qui longe la mer et sur la colline qui s'élève au Sud. De là elle dominait un territoire des plus riches et des plus fertiles. Dans cette position Mytilène se trouvait avoir deux ports communiquant par un étroit canal et protégés en partie par l'île qu'occupaient les quartiers de la ville antique : le premier au Sud, petit et ouvert; le second au Nord, vaste, profond et défendu par une jetée. Il était malheureusement aussi ouvert au Nord-Est et battu ainsi par le vent qui venait des côtes d'Asie. Mais la ville elle-même souffrait encore bien plus de certains désavantages de sa situation, qui parfois rendaient le séjour de Mytilène désagréable. 
« Les vents du midi et du nord-ouest, dit Vitruve, y produisent différentes maladies; le vent du nord les guérit; mais alors il est impossible de rester sur les places ou dans les rues, tant le froid y est rigoureux! »
Néanmoins la grandeur de l'enceinte de Mytilène, la beauté de ses édifices, le nombre et l'opulence de ses habitants  l'ont toujours fait regarder comme la capitale de Lesbos. Elle comptait parmi ses monuments les plus splendides le Prytanée, et le théâtre, dont Pompée prit le modèle pour le reproduire à Rome.

Mytilène moderne : Mitilini ou Mételin.
L'île d'autrefois est maintenant réunie à la terre par un isthme, sur lequel est bâtie la ville, qui s'étend delà sur les deux côtés du rivage et jusqu'à la montagne. Un beau promontoire escarpé du côté de la mer au nord-ouest, et en pente douce vers la ville, sépare deux havres très commodes, mais toujours menacé d'ensablement. Le plus grand est dominé par un magnifique château fort, l'un des ouvrages les plus étendus et les plus parfaits qu'ait laissés le Bas-Empire ou la dominationdes Vénitiens. Il est défendu par deux rangs de murailles à créneaux, fort élevées, garnies de tours ouvertes du côte de l'intérieur; et tout l'espace qu'elles renferment est couvert de maisons, de cyprès, qui en rendent l'aspect des plus pittoresques. Il contenait autrefois cinq ou six cents janissaires, qui y étaient établis avec leurs familles. C'était une espèce de ville, et le nom de Castro est même souvent pris pour celui de Mételin. Dans les  guerres des Turcs avec les Grecs, on a eu l'idée d'élever autour de la ville des murailles à grands frais, et aux dépens des habitants; mais on ne peut donner à ce grossier ouvrage le nom de fortifications. 

Les rues de Mitilini sont étroites et pleines de charme, mais aucun monument remarquable, aucune image ne témoignent de sa grandeur antique. Les ruines même ont péri. Déjà du temps de Pococke et de Tournefort on n'y voyait que des tronçons de colonnes, la plupart de marbre blanc, quelques-unes gris cendré ou de granit, cannelées en lignes droites ou en spirales, un nombre incroyable de chapiteaux, de frises, de piédestaux, des fragments d'inscriptions plus ou moins mutilées. Rien de tout cela ne se retrouve maintenant. A peine rencontre-t-on encore quelques rares débris de colonnes et de chapiteaux, près du château fort; dans la ville, les ruines d'une église dédiée à saint Roch, bâtie avec les restes d'un temple d'Apollon; à l'entrée de l'église épiscopale, une chaise antique d'un seul bloc de marbre blanc, curieuse par son antiquité et son travail, qui porte cette inscription, citée par tous les voyageurs : chaise de Potamon, fils de Lesbonax; enfin, dans une mosquée, un marbre creusé, que la tradition donne comme le cercueil de Sapho. 

Les autres localités de Lesbos

Entre les montagnes, à un quelques kilomètres au Sud de Mitilini, près du village de Palfa, subsistent les ruines d'un aqueduc qui traversait la vallée , et dont les deux rangs inférieurs d'arcades, en marbre gris, sont surmontés d'un troisième rang en briques. Au nord, à une dizaine de kilomètres à peu près de la ville, une belle colonnade, dont les piédestaux sont debout encore, conduisait à des bains chauds, dont l'eau est beaucoup plus salée que celle de la mer.

Le chemin de Mytilène golfe de Gera  (ou d'Hiéro) est des plus pittoresques. Pendant un moment la route s'ouvre à travers de riches plantations d'oliviers, protégés à leur racine, selon la mode du pays, par de petites enceintes de pierres; des coteaux couverts de vignes, des bois, et de temps en temps s'offre la vue de la mer, qui pénètre dans les terres et forme de petites anses d'un gracieux aspect.

Erisso / Éresos.
Au Sud-Ouest, dans une région de montagnes sans végétation, on trouve Érisso, située aujourd'hui à près de dix kilomètres de la mer. C'est un bourg entouré de quelques champs d'orge ou de froment, de vignobles et de plantations d'oliviers. Depuis le bord de la mer jusqu'au penchant des collines au sud-est d'Érisso, on ne voit partout que ruines ou fragments de marbres antiques.

C'est là qu'était Éresos; il est facile encore de suivre la trace de ses murailles. A un quart d'heure de la mer se présentent les ruines d'une chapelle grecque, bâtie ellemême avec d'anciennes ruines.

« De quelque côté qu'on porte ses pas,on rencontre des chapiteaux et de vieux débris, des colonnes de marbre  blanc ou de granit encore debout. » (Michaud et Poujolat).
Près de là , du côté de la mer, s'élève une petite montagne de forme conique, baignée au Sud par les flots. A son sommet était construite l'ancienne citadelle d'Érésos. L'ancien port a disparu; la mer chaque jour se retire devant les sables amoncelés par les vents qui descendent des montagnes et par la petite rivière Callagra, qui à quelque distance de la baie va se perdre dans un étang couvert de roseaux.

Au nord d'Éresso se trouve un fort bon port, formé par de petites îles. L'entrée septentrionale en est basse et étroite, et les grands vaisseaux n'y peuvent pénétrer que du Sud. Entre la pointe méridionale et le port même s'élève un grand « et haut rocher, environné de « plusieurs autres à fleur d'eau (Dapper) ». Quand souffle le vent du nord, le vent renvoyé par cet obstacle rend l'abord très-difficile aux vaisseaux.

Toute cette côte, d'un aspect inculte et sombre, s'égaye en approchant vers le Nord. Les montagnes, noires et desséchées, se couvrent de verdure. Les vallées, jusque là sauvages, se garnissent d'arbres; la végétation reparaît, et devient de plus en plus riche et vigoureuse. Sur le bord de la mer, dans une petite plaine, ceinte de montagnes volcaniques, se trouve Pétra. C'est une petite bourgade près d'un port qui doit son nom à un gros rocher granitique isolé au milieu du village. 

Molivo / Méthymne.
En suivant la plaine au Nord on arrive à Molivo (Méthymne), bâtie au bord de la mer, sur le penchant d'une colline composée de rochers de basalte. Les maisons s'échelonnent en degrés pittoresques sur les flancs du coteau, qui, par une pente douce, s'abaisse vers le couchant, et forme à la pointe de l'île une espèce de plaine peu étendue, mais très fertile. 

C'est là, en face les deux villes de Polymédium et d'Assus, situées à une distance de soixante stades sur le continent asiatique, qu'était Méthymne, qui pendant quelque temps avait essayé de disputer le premier rang à Mytilène. Malheureusement les historiens anciens ne nous ont laissé absolument aucun détail ni sur sa grandeur ni sur ses monuments; les fondements des murailles au Sud de la montagne, des décombres d'une grosse tour, à quatre milles vers l'Est sur le rivage, et les ruines d'un bain, c'est là tout ce qui reste pour en attester l'emplacement. 

Sur le territoire de Méthymne s'élevait la ville de Napé, et non loin de là sans doute Arisba, une des six grandes villes que les Éoliens avaient fondée à Lesbos. Les Méthymnéens l'anéantirent, en réduisirent les habitants en esclavage, et s'emparèrent du territoire, qu'ils réunirent à celui de leur cité. 

Le cap sur lequel est Molivo forme, avec la petite pointe de terre qui est au Sud, une baie au Sud-Est, protégée contre les vents par une petite île. Au milieu de la ville s'élève un rocher inaccessible de tous côtés, excepté au nord, où les habitants avaient coutume de se réfugier avec tous leurs biens, quand ils étaient attaqués par les corsaires. 

La position de Molivo est une des plus belles de l'île. L'air pur dont on y jouit, l'admirable spectacle que présente la côte de l'Asie et les vastes contours du golfe Adramitti font de cette ville un des lieu de séjour les plus privilégiés. (L. Lacroix).

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Dictionnaire Villes et monuments
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