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Histoire de la Grèce antique
La conquête romaine de la Grèce
Les Romains paraissent à l'horizon au IIIe siècle. Ils profitent des querelles qui divisent alors les Grecs pour assujettir l'illyrie grecque (229 av. J. C.). Ils défont ensuite les Grecs à Cynoscéphales, en l'an 197, et, par dérision, proclamèrent à Corinthe en l'an 196,  la Grèce indépendante. En fait, il la livrent surtout à ses divisions. La ligue étolienne est dissoute en 189, par les Romains, contre lesquels elle avait appelé en Grèce. Antiochus le Grand, roi de Syrie.  Le royaume de Macédoine est vaincu à la bataille de Pydna en 168 av. J.-C, l'Epire est romaine en 147. Les Achéens, ayant pris les armes contre les Romains, furent battus à Scarphée et à Leucopétra. Les Romains finissent par soumettre la Grèce. La prise de Corinthe par le consul Mummius (146) consomma l'asservissement des Grecs. Tout leur territoire  fut réduit en province romaine cette même année, sous le nom d'Achaïe.
L'entrée en scène des Romains se fait avec leur terrible répression des pirates illyriens. Celle-ci est accueillie avec joie (229). Corfou, Epidamne, Apollonie se placent sous leur protection; Corinthe les admet aux jeux Isthmiques, Athènes aux mystères d'Eleusis. Les divisions de la Grèce allaient la précipiter dans la servitude. Les plus graves étaient les guerres de classes, l'antagonisme des pauvres et des riches, l'exaspération du peuple contre la ploutocratie. En faisant souhaiter aux capitalistes le protectorat étranger, garantie de leur sécurité, ces luttes sociales faisaient de la Grèce la proie de l'étranger. Les jalousies et les querelles de cité à cité hâtèrent le dénouement. En face de la ligue achéenne, Sparte reprit l'offensive, revendiquant son hégémonie traditionnelle. Son roi, Cléomène, annexa l'Arcadieoccidentale (Tégée, Mantinée, Orchomène). Vainqueur des Achéens à Mégalopolis (327) et à Dyme (224), il s'empara d'Argos, Phlionte, Corinthe, Pellène. Aratus, aux abois, appela le roi de Macédoine. Antigone Doson avait repris la Thessalie septentrionale et pris en Carie des gages contre l'Égypte; par la restitution de cette conquête, il obtint la neutralité au moment décisif. Une ligue ou symmachie fut conclue, où les Achéens, Béotiens, Phocidiens, Thessaliens, Épirotes, Acarnanes traitaient sur le pied d'égalité avec la Macédoine, qui n'avait que le commandement des forces militaires de la ligue. Antigone et les confédérés rasèrent Mantinée et écrasèrent à Sellasie l'armée spartiate (221). Des garnisons macédoniennes occupèrent, dans le Péloponnèse, l'Acrocorinthe et Orchomène. Sauf l'Étolie et l'Attique, la ligue embrassait toute la Grèce.

C'était une solution : elle respectait plus que celle imposée après Chéronée l'autonomie des cités grecques et réalisait leur union avec l'étranger. Mais Antigone mourut l'année suivante, et son successeur, Philippe V, jeune homme de dix-sept ans, n'avait pas son autorité. Les brigandages des Étoliens déchaînèrent une guerre générale où les Eléens et les Spartiates prirent parti contre la ligue : Philippe vainquit les Étoliens; on sentait le besoin de s'unir au moment où la deuxième guerre punique décidait du sort des riverains de la Méditerranée. Le congrès de Naupacte reconnut au roi de Macédoine le protectorat de tous les Hellènes (217). La Crète y accéda vers 216. La Macédoine était en effet, leur boulevard contre les Barbares du Nord, aussi bien que contre les deux États de l'Ouest : Carthage et Rome. Mais elle était aussi épuisée, plus dépeuplée encore que la Grèce, et elle fut incapable de sauvegarder le semblant d'indépendance qu'elle lui accordait. La mollesse et les hésitations de Philippe ne lui laissèrent que les inconvénients de son alliance avec Hannibal contre Rome (215); il s'aliéna les Grecs par son despotisme brutal. La diplomatie romaine fit le reste.

Les adversaires traditionnels de la Macédoine reprirent les armes : Étoliens, Éléens, Laconiens, assistés par les vaisseaux de Rome et de Pergame. Les atrocités commises par ces alliés au sac d'Anticyre, d'Égine, d'Oréos, de Dyme (210-208), firent voir le danger aux Hellènes. Mais les Barbares d'llyrie, de Dardanie, de Thrace protégeaient les Macédoniens. Ils ne reprirent le dessus qu'en 207, au moment de la deuxième crise défavorable pour les Romains de la guerre punique. La réorganisation militaire des Achéens par Philopoemen venait trop tard. Elle servit, du moins, à débarrasser le Péloponèse du belliqueux tyran de Sparte, Machanidas, vaincu et tué à la bataille de Mantinée (207). Les Étoliens, endettés et décimés par cette longue guerre, traitèrent avec Philippe, au mépris de leur pacte avec les Romains. Ceux-ci traitèrent à leur tour pour eux et leurs alliés, Athènes, Sparte, la Messénie et l'Élide; du côté de la Macédoine figuraient l'Épire, la Thessalie, l'Acarnanie, la Béotie et l'Achaïe (204). La guerre continua dans le Péloponnèse entre la ligue achéenne et Sparte, où le tyran Nabis venait de mettre fin à l'oligarchie dorienne, et dans la mer Égée, dont Philippe essayait d'annexer les villes et les côtes asiatiques. A défaut des Égyptiens impuissants et des Étoliens découragés, les Rhodiens et Pergame le combattirent. Ils lui reprirent les Cyclades et décidèrent les Athéniens, les plus fidèles alliés de Reine, à lui déclarer la guerre. Les Romains prenaient la même décision et se posaient, à l'instar des rois d'Égypte, en champions des libertés helléniques.

Cette guerre, décisive pour l'avenir de Rome et sa situation vis-à-vis des États grecs et grécisés de l'Orient, ne fut pas très difficile. L'habile diplomatie des Romains isola Philippe. Les Achéens refusèrent de prendre parti pour lui, et ses sauvages destructions en Attique le déconsidérèrent. L'Étolie, l'Élide, la Messénie se prononcèrent pour Rome; Philippe ne pouvait compter, outre la Thessalie, l'Eubée, la Phocide et la Locride qu'il possédait, que sur l'Épire, l'Acarnanie et la Béotie. Quand Flamininus vint hiverner en Phocide, la ligue achéenne entra dans l'alliance romaine (198). Les Béotiens durent l'imiter après la prise de Thèbes; cependant ils restèrent ennemis acharnés de Rome pendant cent ans, encore. La bataille de Cynoscéphales mit définitivement fin au protectorat macédonien. Ce fut la condition de la paix imposée à Philippe. La Macédoine fut ramenée à ses anciennes frontières, au Nord de l'Olympe, et sa marine supprimée. Aux jeux Isthmiques de 196, Flamininus proclama la décision du Sénat qui déclarait entièrement libres et indépendantes toutes les tribus qui étaient restées sous la dépendance de la Macédoine : Corinthiens, Phocidiens, Locriens, Eubéens, Thessaliens, Magnètes, Phthiotes (Dolopes) et Perrhèbes. C'était la contre-épreuve du traité d'Antalcidas, mais imposé par des voisins autrement redoutables. L'enthousiasme fut pourtant général, sauf dans les Etats militaires dont les Romains n'avaient nul intérêt à favoriser la croissance. La Thessalie fut partagée en quatre républiques autonomes (Magnètes, Perrhèbes, Dolopes et Thessaliens); la ligue étolienne reportée jusqu'à l'Othrys; la ligue achéenne reçut les places du Péloponnèse, enlevées au roi. Le tyran Nabis, passionnément soutenu par les Hilotes et les pauvres qu'il avait appelés à la propriété, opposa à Flamininus une résistance désespérée. On ne lui laissa que la région de Sparte; la Laconie fut divisée entre lui et les Eleuthérolaconiens ; mais on laissa subsister, à côté des Achéens, leur irréconciliable adversaire. En 194, les Romains évacuèrent la Grèce. Ils renonçaient pour le moment à affranchir les Grecs d'Asie, que venait de conquérir le roi de Syrie. Mais la Grèce européenne semblait libre. A n'en croire que les mots, elle se retrouvait dans la même situation qu'au lendemain de Mantinée.

Ce n'étaient que des apparences. Le protectorat romain n'était pas assis sur l'occupation de Démétriade, Chalcis et Corinthe, parce que le philhellène Flamininus en avait obtenu l'évacuation. Mais il n'était pas moins réel et vigilant que le protectorat macédonien, et, comme celui-ci, condamné à des interventions réitérées et à des luttes dont l'issue fatale était l'annexion. Les peuplades grecques n'avaient plus les qualités indispensables pour se gouverner elles-mêmes. Celles qu'on venait d'affranchir s'en montrèrent particulièrement incapables. Après les ravages de la période des Diadoques, le calme relatif du milieu du IIIe siècle avait restauré quelque bien-être; mais, depuis 228, les guerres, les brigandages incessants avaient consommé la ruine économique des Etats helléniques. Les débauches des Béotiens sont restées légendaires; bien que l'adoucissement des moeurs inspirât une horreur croissante du sang, les partis s'exterminaient systématiquement; le respect pour les sanctuaires s'effaçait. Les guerres se faisaient, en grande partie, à l'aide de mercenaires, et ce métier lucratif était une des causes les plus efficaces de l'abaissement moral. La corruption était universelle. Les tribunaux ne fonctionnaient presque plus. En Thessalie, l'aristocratie

« donnait les spectacles d'un désordre semblable à celui des plus beaux temps de l'anarchie polonaise ou magyare; aucune journée de vote, aucune assemblée publique, en général, aucune réunion politique ne se passait sans tumulte, sans scènes violentes de l'espèce la plus dangereuse. » (Hertzberg). 
Quelle considération pouvaient avoir les Romains pour un ambassadeur comme ce Dinocrate de Messénie qui s'enivra et dansa en habits féminins la veille du débat avec Flamininus? Les gouvernements aristocratiques ou plutôt timocratiques (censitaires) organisés par les Romains, dont !a politique constante fut de tendre la main aux riches et de les amener à leur parti, avaient à lutter contre la démocratie. Les hostilités d'un pays à l'autre n'étaient pas moins vives : les Etoliens, à qui on avait refusé la Thessalie et qui se croyaient sacrifiés aux Achéens, rêvaient vengeance et négociaient avec Antiochus, le roi de Syrie. Au contraire, les Achéens et leur homme d'Etat Philopoemen acceptaient le protectorat romain. Nabis, qui continuait de troubler le Péloponèse, fut assassiné par ses amis les Étoliens, et Sparte entra dans la ligue achéenne. La coalition des Etoliens et d'Antiochus contre Rome ne trouva guère de partisans qu'en Béotie. Les Achéens et le roi de Macédoine prêtèrent le concours le plus zélé aux Romains. La petite armée syrienne fut tenue en échec par les Thessaliens (192), puis détruite aux Thermopyles par Acilius Glabrio (191). Les Etoliens prolongèrent la lutte avec opiniâtreté contre les forces unies des Macédoniens et des Romains pendant deux années. Réduits à leur ancien pays (plus la Locride Ozole et la haute vallée du Sperchios), ils furent assujettis a la suzeraineté romaine; l'île de Cephallénie fut annexée par las Romains. Les villes grecques d'Asie Mineure avaient été affranchies après la défaite d'Antiochus et déclarées libres (Lampsaque, Dardanos, Ilion, Phocée, Cumes, Smyrne, Erythrées, Clazomène, Chios, Colophon, Milet, etc.). Les alliés des Romains, Philippe et les Achéens, s'agrandirent. Le roi de Macédoine reprit les villes grecques de la côte de Thrace, Lemnos, Thasos, une grande partie de la Thessalie, la Dolopie et la suzeraineté sur l'Athamanie. Les Achéens annexèrent l'Elide et la Messénie, réunissant ainsi tout le Péloponnèse dans leur confédération. 

Cela ne faisait pas le compte des Romains. Ils intervinrent contre leurs alliés. Philippe dut renoncer à ses acquisitions au Sud de l'Olympe et sur la côte de Thrace (184). Zante fut enlevée aux Achéens; ils avaient profité d'un soulèvement des Spartiates pour assouvir leur haine et la rancune des oligarques doriens exilés par Machanidas et Nabis. Le Sénat romain évoqua l'affaire et rendit à Sparte une semi-indépendance (184). L'oligarchie messénienne ne pouvant tolérer la démocratie modérée des Achéens se soulève à son tour et fait périr Philopoemen. Elle fut durement punie par Lycortas, et l'unité péloponnésienne rétablie; mais cette crise avait gâté les rapports entre le Sénat romain et le parti patriote du Péloponnèse. Les protecteurs trouvaient très insolente la prétention de Philopoemen et de Lycortas de régler eux-mêmes leurs affaires et de prendre au sérieux la liberté octroyée aux Grecs en suivant une politique indépendante. Les philhellènes comme les Scipions et Flamininus perdaient de leur influence; on avait annexé l'archipel cephallénique et on voulait préciser le protectorat, imposer la volonté du maître, sans se laisser arrêter par des ambitions et des scrupules de politique cantonale. La ligne de conduite des Romains fut partout de favoriser les partis aristocratiques; elle fut ainsi menée à s'ingérer dans les affaires intérieures de chaque cité. 

La démocratie socialiste ou communiste aussi bien que celle qui était simplement politique fut combattue. La fraction oligarchique se mit corps et âme au service des Romains. afin de gagner leur appui par son dévouement sans bornes et d'acquérir un pouvoir absolu sur ses concitoyens. Le chef de ce parti romain fut Callicrate, qui s'efforça d'anéantir toute velléité d'action indépendante dans la ligue achéenne. En Etolie, Lyciscos et Thoas, jadis promoteurs de la guerre syrienne, jouèrent le même rôle. En Thessalie, dans toute la Grèce du Nord, le prolétariat soutenait contre les capitalistes une lutte marquée de part et d'autre par des massacres atroces. En Béotie dominait la démocratie hostile à Rome. Le parti démocratique qui s'identifiait avec le parti national se rapprocha de Persée, le nouveau roi de Macédoine. On sentait combien cette hégémonie était plus douce que celle des Romains. Persée se posa en défenseur des pauvres, reprenant l'attitude de Cléomène et de Nabis. Les cités grecques d'Asie inclinaient vers lui : Byzance et même Rhodes. Mais quand éclata la guerre, les ennemis de Rome tremblèrent; Etoliens. Thessaliens, Béotiens se prononcèrent contre lui. Même après les échecs des Romains en Thes salie et malgré leurs violentes, les sympathies pour Persée restèrent platoniques. Seuls les Epirotes passèrent au parti macédonien. Quand la bataille de Pydna eut mis au tombeau l'État macédonien qui disparut pour toujours (168), les Grecs furent durement traités. Le pillage méthodique des 70 bourgs de l'Epire, la vente de leurs 150 000 habitants, jetèrent la terreur. Le parti national fut livré à une véritable inquisition. 

« Tous les hommes,notables, soit qu'ils fussent compromis par les papiers que les Romains avaient pris à Persée ou dénoncés par les chefs du parti romain comme dangereux adversaires de Rome, devaient être enlevés de chez eux et conduits à Rome pour y être interrogés. Ce programme fut exécuté de la façon la plus complète; les recherches et les poursuites s'étendirent jusqu'aux des les plus lointaines, entre autres Cos. » (A19).
Thessaliens, Perrhèbes, Etoliens, Acarnanes, virent ainsi déporter leurs meilleurs patriotes dont beaucoup furent mis à mort. Les Achéens auxquels on reprochait leur neutralité furent également frappés. Callicrate dressa une liste de mille notables qui furent conduits en Italie et internés dans des villes d'Etrurie. En tête figurait Polybe, fils de Lycortas. Seuls les Athéniens, invariablement fidèles à Rome, gagnèrent quelque chose; on leur donna Haliarte, Délos et Lemnos.

L'altitude des Romains vis-à-vis de la Grèce n'était plus celle du bienveillant Flamininus et des Scipions; l'homme le plus influent était alors Caton, plein de mépris et d'hostilité pour la corruption grecque. Il était tout à fait opposé à la politique de conquête, sentant le danger que créait à l'État romain l'annexion de pays de moeurs si différentes. Mais l'état de choses créé par les vainqueurs n'était pas stable; leur parti n'avait pas de racines; la brutalité avec laquelle ils avaient supprimé toute autonomie était incompatible avec une politique de simple protectorat. Une révolte contre cette oppression était inévitable et devait aboutir à l'annexion formelle. Lorsqu'au bout de dix-sept années, on permit aux exilés achéens survivants de rentrer chez eux, la crise finale approchait. L'habitude du célibat avait éteint un grand nombre de familles; les propriétés se réunissaient en vastes latifundia. L'exploitation des grands pâturages par des esclaves devint la règle.
« En bien des endroits, les masses de prolétaires exaspérés n'attendaient qu'une occasion pour se soulever: on voyait chez eux cette aveugle animosité, ces prétentions exagérées, cette sourde haine du pauvre contre les riches, telle qu'elle se manifeste partout où la grande propriété se trouve opposée au point de vue patronal, politique et social, à un prolétariat affamé, sans espoir et écrasé de dettes. » (A19).
Le prudent Polybe, prévoyant la catastrophe, s'empressa de repartir. Un minime incident fit éclater l'orage. Accusé de corruption, le stratège de la ligue Benne; Diaegos, détourna l'attention sur une querelle avec Sparte. Un dernier soulèvement de la Macédoine décidait les Romains à la réduire en province. Ils voulurent en finir avec les questions péloponnésiennes. Ils déclarèrent que Sparte, Corinthe, Argos, Orchomène d'Arcadie, Héraclée sur l'Oeta cessaient de faire partie de la ligue. Celle-ci ne pouvait contresigner son arrêt de mort. Le parti démocratique, dirigé par Diaeos et Critolaos, rompit ouvertement avec Rome. Les dettes furent suspendues et les prolétaires renforcèrent le parti de la guerre. La diète de Corinthe la vota. Critolaos fut battu et tué à Scarphée par Metellus (147). Diaeos continua la guerre, armant jusqu'aux esclaves. La dernière bataille eut lieu à Leucopetra dans l'isthme de Corinthe entre 14 600 Achéens et les 30 000 hommes de Mumnius. L'infanterie achéenne se fit tuer bravement. Corinthe fut saccagée et détruite (146). Les villes ennemies de Rome furent démantelées, plusieurs pillées, les principaux patriotes mis à mort, la population désarmée. Dix commissaires sénatoriaux vinrent statuer sur le sort de la Grèce. Toutes les confédérations, même cantonales, furent dissoutes; les communes complètement isolées les unes des autres; les constitutions démocratiques furent abolies; le pouvoir fut partout remis à une oligarchie de censitaires; la Corinthie, une grande partie de la Béotie, de l'Eubée, devinrent domaine de l'État romain; la Grèce devint tributaire, tous les Hellènes étant astreints à payer un tribut annuel à Rome. Polybe fut chargé de veiller à l'établissement des nouvelles constitutions. Les temples et surtout Olympie et Delphes, auxquels les vainqueurs firent des présents, et les classes riches acceptèrent volontiers le nouvel ordre de choses. On permit même bientôt le rétablissement nominal des confédérations. Les cités auxquelles en laissait une liberté théorique furent placées sous l'autorité du gouverneur de Macédoine. La Grèce était réduite en province romaine.

Les Grecs d'Italie avaient été incorporés plus tôt. La conquête romaine les préserva de la conquête carthaginoise ou samnite, car ils n'avaient plus guère que le choix d'un maître. En Sicile, l'État syracusain avait réalisé une sorte d'unité et restait seul, avec Messine, depuis que les Carthaginois avaient détruit Sélinonte et Agrigente. En Italie, Tarente conserva seule son importance jusqu'au jour où elle s'engagea dans un duel inégal contre Rome. Elle succomba en 272. Soixante ans plus tard, Syracuse eut le même sort.  Les Grecs d'Asie suivirent la destinée du royaume de Pergame et de Rhodes. (A.-M. Berthelot).

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