 |
Géminus
ou Géminos. - Auteur grec du milieu du Ier
siècle avant notre ère. On ignore le lieu de sa naissance
(Rhodes a été indiqué à tort) et celui où
il vécut (les probabilités pour Rome sont très insuffisamment
établies).
On a de lui une Introduction aux Phénomènes,
publiée avec une traduction latine par Hilderic (Altorf ,
1590), réimprimée à Leyde (1603, in-8°), puis
par Petau dans son Uranologion (Paris,
1630), avec une traduction française par Halma
dans sa Chronologie de Ptolémée
(Paris, 1819). C'est un traité de cosmographie très intéressant
au point de vue historique. Geminus avait composé également
une Exégèse abrégée des Météorologiques
de Posidonius, citée par Simplicius
d'après Alexandre
d'Aphrodisie, et un ouvrage considérable, la Théorie
des Mathématiques, comprenant
au moins six livres, et dont des fragments nous ont été conservés
par Pappus, par Eutocius,
et surtout par Proclus, dans son commentaire
sur Euclide. C'est de cette source et non pas
directement des Histoires géométriques d'Eudème
que sont dérivés la plupart des renseignements que nous possédons
sur les premiers mathématiciens grecs.
Dans son Isagogé ou
Introduction
aux Phénomènes, l'auteur commence par la description
du zodiaque, divisé en douze parties,
appelées dodécatémories, toutes égales en grandeur,
et il insiste sur la définition exacte du mot signe,zodiôn,
qui signifie, à proprement parler, petit animal.
"Ce
mot, dit-il, a deux acceptions : l'une, par laquelle il signifie la dodécatémorie,
qui est un intervalle fixe entre les étoiles
ou des points; l'autre, par laquelle il signifie un groupe d'étoiles
(constellation ),
réunies suivant des ressemblances de figures d'animaux."
Il fait, en même temps, très
bien ressortir la distribution des astres sur différents plans qui
peuvent être séparés entre eux par de grands espaces.
"Il
ne faut pas, dit-il, s'imaginer que tous les astres occupent une même
surface, mais bien que les uns sont supérieurs et les autres inférieurs;
car, notre vue s'étendant toujours à une distance égale,
est incapable de saisir aucune différence de hauteur."
Il ne sera pas sans intérêt de
faire connaître ici l'explication que Géminus donne de l'inégalité
des séjours du Soleil
dans les différents signes du zodiaque, pourquoi le Soleil met 94
1/2 jours à parcourir le quadrant ou le quart de cercle depuis le
Bélier
jusqu'au Cancer
(depuis l'équinoxe
du printemps jusqu'au solstice
d'été), tandis qu'il n'emploie que 88 1/8 jours à
parcourir le quart de cercle, depuis les Serres (Balance )
jusqu'au Capricorne
(depuis l'équinoxe d'automne jusqu'au solstice d'hiver). L'auteur
rappelle d'abord, comme un principe indiscutable, que le mouvement propre
du Soleil est, comme celui de la Lune
et des planètes ,
uniforme et circulaire. Géminus nous apprend
ici que ce sont les Pythagoriciens qui les
premiers ont enseigné ce principe, qui
devait pendant si longtemps entraver les progrès de l'astronomie
:
Ils
n'ont pas admis, dit-il, dans les corps célestes et éternels
un désordre qui les ferait aller tantôt plus vite, tantôt
plus lentement. On n'approuverait pas une semblables irrégularité
dans la démarche d'un homme réglé et de bon sens.
Il y a dans la vie bien des cas où il faut accélérer
ou ralentir ses pas; mais il n'y en a aucun dans la nature incorruptible
des astres.
|
|
|
Or, les quarts
de cercle du zodiaque
étant égaux, pourquoi le Soleil le parcourt-il en temps inégaux?
C'est parce que, répond Géminus, le Soleil se meut dans un
plan situé au-dessous de celui du zodiaque, et que le centre du
cercle solaire ne coïncide pas avec le centre du cercle zodiacal;
puis il évalue à 1 degré l'écart entre ces
deux centres.
"C'est,
dit-il, à cause de cet écart, que le cercle solaire se divise
en quadrants d'arcs inégaux. Le plus grand arc est celui du quadrant
qui commence au premier degré du Bélier et finit avec le
trentième degré des Gémeaux .
Le plus petit s'étend depuis le premier degré de la Balance
jusqu'à la fin du trentième degré du Sagittaire .
Voilà pourquoi le Soleil, par son mouvement uniforme dans son orbite
propre, parcourt des arcs inégaux dans des temps inégaux,
le plus grand dans le plus de temps, le plus petit dans le moins de temps.
Or, quand il parcourt le plus grand cercle du zodiaque depuis l'équinoxe
du printemps
jusqu'au solstice
d'été ;
et en parcourant le plus petit arc de son orbite, il parcourt le quart
de cercle du zodiaque depuis l'équinoxe d'automne
jusqu'au solstice d'hiver .
Donc, puisque les arcs inégaux de l'orbite solaire correspondent
à des arcs égaux du zodiaque, il faut nécessairement
que les temps écoulés depuis les solstices jusqu'aux équinoxes
soient inégaux, le plus grand depuis l'équinoxe du printemps
jusqu'au solstice d'été, le plus petit depuis l'équinoxe
d'automne jusqu'au solstice d'hiver. Le mouvement du Soleil est donc toujours
uniforme; mais, à cause de l'excentricité[1]de
l'orbite solaire, cet astre parcourt les quarts de cercle du zodiaque en
des temps inégaux."
On voit qu'il ne s'agissait dans cette explication
- l'humain n'est jamais embarrassé pour expliquer quoi que ce soit
- que d'une simple question de perspective : c'était une affaire
d'optique. Et cela était admis par tous les astronomes jusqu'à
Kepler. |
[1]
N'oublions
pas que pour Géminus, comme pour les Anciens en général,
l'excentricité
était la non-coïncidence ou la non circularité du cercle
solaire avec le cercle zodiacal, que le premier était, d'une certaine
quantité, situé au-dessous du second. |