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Io

Le mythe primitif d'lo  (personnage de la mythologie grecque) a pris naissance et s'est développé en Argolide. Parfois Io passe pour la fille de Peiren ou d'Iasos; la légende classique la fait naître d'Inachos, le fleuve principal de l'Argolide. A Argos, on la regardait, sous le nom de Callithoé ou Callithya, comme la première prêtresse de la grande déesse nationale, Héra; on célébrait en son honneur des fêtes de caractère triste, et même il arrivait qu'on l'identifiât à la Lune, à laquelle on donnait parfois son nom.
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Figino : Io et Zeus.
Io et Zeus, par Ambrogio Figino.

Voici le résumé des aventures tragiques que prêtait la légende à la fille d'Inachos. Zeus s'éprit de la prêtresse de son épouse divine, et Io s'abandonna à son amour. Héra, jalouse, épia les amants, les surprit, et Zeus pour sauver Io la métamorphosa en une génisse blanche. Héra exigea de son époux qu'il lui donnât cette génisse, et, Zeus y consentant, la déesse confia sa rivale au berger Argus, qui, pour mieux la garder, l'attacha avec des rameaux coupés à l'olivier sacré de Mycènes. Mais Zeus ne se déclarait pas vaincu; il confia à Hermès la mission de dérober Io à son gardien tyrannique. Hermès, ayant en vain employé la ruse, eut recours à la force; il tua Argus, à coups d'épée ou de pierre, ou, suivant d'autres, lui coupa la tête, après l'avoir endormi en jouant de la flûte. On sait comment Héra fixa sur la queue du paon, son oiseau favori, les cent yeux d'Argus. Io était donc libre; mais la rancune d'Héra ne tarda pas à la rendre plus malheureuse encore; la déesse attacha aux flancs de la génisse un taon impitoyable dont la piqûre l'affolait; pour échapper à son ennemi intime, Io s'enfuit à travers le monde. 

Ses voyages errants ont été maintes fois racontés, mais on conçoit facilement que chaque poète les ait dirigés à sa guise; on sait même qu'Eschyle, dans les Suppliantes et dans Prométhée, a fait singulièrement varier l'itinéraire. Dans le premier drame, Io franchit le Bosphore, la Thrace, traverse la Phrygie, la Mysie, la Lydie, la Cilicie, va chez les Phéniciens, et arrive en Egypte; dans le second, Io traverse le pays des Scythes et des Chalybes, arrive au Caucase, où elle trouve le Titan enchaîné, puis elle gagne la contrée des Amazones, traverse le Bosphore Cimmérien, se retrouve en Asie, parcourt les régions merveilleuses des Gorgones et des Grées, des Arimaspes, et arrive en Ethiopie. C'est là qu'elle retrouve le repos, avec sa première forme, grâce aux caresses calmantes de Zeus.

Les Anciens attachaient une grande importance à ce dernier point du mythe, car ils y voyaient un lien intéressant entre leur religion et la religion égyptienne. Ils racontaient d'ailleurs que de Zeus et d'Io réunis en Egypte était né Epaphous (ce mot signifie toucher). Epaphos passait pour avoir fondé Memphis, et on l'identifiait avec Apis; mais il avait couru bien des périls, toujours du fait d'Héra. Celle-ci avait enjoint aux Curètes de la débarrasser de l'enfant; ils l'enlevèrent en Syrie, à Byblos, où Io, qui s'était mise à sa recherche, le retrouva. Ils revinrent ensemble en Egypte, où Io épousa le roi Télégonos, et où elle se confondit avec la déesse Isis. Il est bon de rappeler que le voyage en Syrie a sans doute été imaginé pour expliquer qu'en Phénicie, Astarté, qu'on représentait parfois avec des cornes, fut confondue avec Io. 

On a cherché d'assez nombreuses explications au mythe d'Io. Suivant les uns, Io est tout simplement la Lune, qui se tient dans le ciel au milieu des étoiles; le ciel étoilé n'est autre chose qu'Argus; la lutte d'Hermès et d'Argus, c'est la lutte des nuages obscurs et du crépuscule contre la lumière de la nuit. D'autres veulent qu'lo, la violette, représente les teintes purpurines dont se pare le ciel au soleil levant comme au soleil couchant, tandis qu'Argus est le dieu de la lumière brillante. Argus garde Io, tandis qu'Hermès, dieu du crépuscule, la fait disparaître. G. Hermann ne voyait dans le mythe d'Io qu'une allusion aux crues du Nil; pour Buttmann, Io était une personnification du peuple ionien. Ce sont là deux interprétations fort discutables. Il nous semble que les voyages d'Io doivent surtout donner l'idée de l'identifier à la Lune, et la forme même d'animal cornu, qui lui est donnée, corrobore cette opinion. Le mythe d'Io s'est transporté hors d'Argos, surtout dans les colonies de cette ville; elle prit en particulier de la consistance en Eubée et à Byzance. (P. Paris).

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Dictionnaire Religions, mythes, symboles
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