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Dôme

Un dôme est la partie extérieure d'une voûte ou d'une coupole dont la  forme est hémisphérique, ovoïde, bulbeuse ou même à pans coupés, construite de bois, de pierre, de brique ou de fer, revêtue de matériaux divers et destinée à couvrir, ainsi qu'à accentuer, à l'extérieur, une partie importante d'un édifice. Venu du grec domos, dont les Latins ont fait le mot domus (homonyme de celui qui désigne la maison), avec la même signification, le mot italien duomo  joue de l'homonymie latine et n'a pas la même signification qu'en France : il sert à désigner la maison de Dieu (domus), l'église, que celle-ci porte ou ne porte pas de dôme; mais quand une ville italienne possède plusieurs églises, il duomo désigne l'église principale ou la cathédrale. En français, le mot dôme, même dans sa plus grande extension, ne s'applique qu'à l'édifice ou même à la partie d'édifice offrant à l'extérieur cette forme de construction spéciale. 
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Venise : dômes de la basilique Saint Marc.
Les dômes de la basilique Saint-Marc, à Venise.
© Photo : Serge Jodra, 2012.

Les dômes ont fourni de tout temps d'intéressants partis décoratifs aux architectes et aux sculpteurs : à Athènes, le monument de Lysicrates était orné, sur sa surface, de feuillages et surmonté d'un fleuron; à Rome, le dôme du Panthéon d'Agrippa était couvert de tables de bronze doré; l'Architectura numismatica de Donaldson montre des dômes romains divisés en zones avec caissons et fleurons, et, pour l'architecture musulmane, en Inde, en Iran et en Egypte, les dômes surhaussés et bulbeux des mosquées, des tombeaux ou des pavillons de plaisance, offrent une richesse décorative sculptée et peinte ou dorée comparable à celle employée à l'intérieur de ces mêmes édifices. 

Les dômes constituent un des caractères sinon distinctifs, du moins saillants de l'architecture byzantine. Ils sont excessivement rares dans les monuments français du Moyen âge et les quelques exemples qu'on en rencontre datent de la fin du XIe ou du XIIe siècle; il est même probable que les architectes du Moyen âge se sont inspirés du célèbre dôme de Sainte-Sophie de Constantinople. Un assez grand nombre d'églises' romanes possèdent des dômes, et un plus grand nombre des coupoles. Le dôme roman affecte souvent la forme d'une pyramide curviligne, ou même, comme à Saint-Front de Périgueux, la forme d'un oignon à fleur qui rappelle les dômes des mosquées de l'Orient. Le dôme peut être un comble à pans surbaissé ou carré; il peut affecter en outre la forme d'une demi-sphère, d'un demi-sphéroïde; son plan peut donc être carré, hexagonal, octogonal, circulaire ou elliptique. Il est rare de trouver des dômes dont l'intérieur ne soit pas disposé en coupole, mais celle-ci n'est pas toujours recouverte d'un dôme. 

Si, au Moyen âge, l'Occident couvrit ses dômes de moins d'ornements, on peut cependant citer les crosses végétales qui décorent le dôme du Baptistère de Pise et, pendant la Renaissance et depuis cette époque, la surface des dômes fut ornée naturellement de nombreuses lucarnes destinées à en assurer l'éclairage intérieur. Mais la plus riche décoration architecturale appliquée à la surface d'un dôme est celle du dôme de l'église des Invalides, à Paris , exécutée sous la direction de Crépinet, architecte. De larges bandes dorées s'élèvent depuis sa base jusqu'au lanternon qui le surmonte et servent de cadres à dix trophées d'armes s'enlevant sur fond noir. Au sommet de ces trophées ont été sculptés des casques qui, ouverts et évidés, forment autant de lucarnes dissimulées et donnant de l'air et du jour à l'intérieur de la charpente du dôme.

Exemples de dômes.
Il existe sur les différents monuments répartis sur la surface de l'Europe, une très grande quantité de dômes; nous parlerons de quelques-uns des plus renommés. Parmi les quatre-vingts églises de Milan, la plus célèbre est sans contredit la cathédrale, dont le dôme est, d'après les Milanais, la huitième merveille du monde. C'est en effet, après Saint-Pierre de Rome et la cathédrale de Séville, la plus grande église de l'Europe. Le dôme s'élève à 68 mètres, et l'extrémité de la tour qui le surmonte est à 110 mètres au-dessus du sol. La construction de cet édifice remonte à 1386; il fut fondé par Jean-Galéas Visconti, premier duc de Milan. L'architecte fut Marc de Campiglione, près de Lugano. Le dôme fut terminé à la fin du XVIe siècle, et la tour par les ordres de Napoléon, en 1805.
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Le dôme de la cathédrale de Florence conçu par Brunelleschi.
 Image : The World Factbook.

Le dôme de Saint-Pierre de Rome, qui s'élève à 94 mètres au-dessus du toit, atteint 123,40 m d'élévation jusqu'à l'oeil de la lanterne, et 132,50 m jusqu'au sommet de la croix. Il mesure 192 mètres de circonférence, et son diamètre, inférieur pourtant à celui du Panthéon d'Agrippa, a 42 mètres. Huit escaliers de 142 marches conduisent sur le toit; de cette hauteur, d'autres escaliers conduisent entre la double calotte de la coupole et du dôme. Un escalier en fer très étroit (par lequel il ne peut passer qu'une personne à la fois) conduit jusqu'à la boule de cuivre qui surmonte le faite de l'édifice. Cette boule, qui à cette hauteur paraît fort petite, peut néanmoins contenir seize personnes.

Un autre dôme colossal, quoique beaucoup moins élevé que celui de Saint-Pierre, c'est celui du Panthéon d'Agrippa. C'est le seul édifice de la Rome antique qui se soit conservé dans son intégrité. Ses murs, entièrement construits en briques, mesurent 6,70 m d'épaisseur; ils étaient revêtus de stucs et de marbres. La hauteur et le diamètre de la coupole sont à peu de chose près égaux . 43,50 m environ. L'oeil, au centre de la voûte, a 9 mètres de diamètre. Cette immense voûte est faite en blocage ; elle est divisée en caissons qui primitivement étaient ornées de plaques d'or. Le Panthéon d'Agrippa, la Rotunda, comme la nomment les Italiens, a été construit en 14  av. J.-C.

Un dôme encore très élevé, c'est celui de Santa-Maria dei Fiore (Sainte-Maie des Fleurs), de Florence. Il a été construit de 1421 à 1436 par Fillipo Brunelleschi; il mesure 91 mètres de hauteur, ou 107 avec sa lanterne. Il aurait, dit-on, servi de modèle à Michel-Ange, avec celui du Panthéon, pour la construction du dôme de Saint-Pierre.

Le dôme de Pise est sur plan elliptique; il s'élève au-dessus du point d'intersection des transepts à trois nefs et du vaisseau de l'église.

A côté de ce monument, citons le dôme conique du Baptistère, commencé en 1153 par Dioti Salvi, et achevé seulement après 1278. Ce bel édifice, tout entier de marbre blanc, a 30,50 m de diamètre, et son dôme atteint 55 mètres de hauteur.

Un autre dôme d'une grande élégance est celui de l'église des Invalides, à Paris; il a été érigé par Hardouin Mansart au commencement du XVIIe siècle.

Le dôme du Val-de-Grâce, bâti de 1645 à 1665 par François Mansart, oncle d'Hardouin Mansart, n'a que 19 mètres de diamètre, mais il a une très grande tournure, et a beaucoup plus d'élégance que celui du Panthéon de Paris. Ce dernier dôme mesure 83 mètres de hauteur.
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Dôme des Invalides, à Paris.
Dôme des Invalides, à Paris.

Enfin, mentionnons le dôme de Saint-Paul de Londres, construit par Christopher Wren, qui mesure 112 mètres de hauteur et dont le diamètre est de 46 mètres.

Les types de dômes.
On a donné des noms particuliers à plusieurs sortes de dômes, surtout suivant leur forme, leur construction ou leur décoration; mais, en dehors du dôme en cul-de-four, lequel est formé par une demi-coupole, et du dôme à pans coupés, qui s'élève sur un plan polygonal, il faut distinguer, parmi les dômes de forme sphérique, deux grandes divisions : les dômes surbaissés et les dômes surhaussés. 

Dôme surbaissé.
Le dôme surbaissé n'offre, comme surface apparente, qu'un segment en calotte et non la totalité d'une demi-sphère; ainsi, le dôme de l'église Sainte-Sophie, à Constantinople, et nombre d'autres dômes romains ou byzantins antérieurs ou postérieurs comme construction à cet édifice. 

Dôme surhaussé.
Le dôme surhaussé, au contraire, offre extérieurement une demi-sphère complète dont la surface se prolonge à la base, soit suivant un tambour vertical comme dans beaucoup de dômes de l'Occident (Saint-Pierre de Roule, des Invalides, à Paris, de Saint-Paul de Londres, etc.), soit suivant une courbe rentrante donnant au dôme une forme plus ou moins bulbeuse, forme très usitée dans l'architecture musulmane : ainsi le dôme de la mosquée Mesdjid, à Ispahan

De plus, ces dômes surhaussés sont fréquemment, dans l'architecture de l'Orient de l'Europe et de l'Asie, surmontés d'une pointe aiguë prise aux dépens de la courbe supérieure et raccordée avec cette courbe. Plusieurs mosquées ou tombeaux du Caire, de l'Iran et de l'Inde offrent cette variété de dôme qui se propagea en Occident, dans les provinces danubiennes et en Russie, et dont on trouve même des exemples dans les clochers bulbeux qui surmontent certaines églises et les beffrois des Flandres, des anciens Pays-Bas espagnols et des contrées du nord de l'Europe. 

Dôme tors.
Une autre variété de dôme élevé soit sur un plan circulaire, soit sur un plan polygonal, est le dôme tors, dont les arêtiers ou nervures ont la forme de spirales plus ou moins contournées. Ce dernier mode, peu monumental, n'est guère employé que dans des pavillons de petites dimensions; car, le dôme tors n'appartenant à aucun style, sa construction n'est soumise à aucune règle et ne relève que du caprice et de la fantaisie de l'architecte. L'église de la Curtea d'Argesu, en Valachie, montre plusieurs dômes tors.

Dôme à pans coupés. 
Ce dôme qui résulte du plan même, affectant une forme polygonale, que le dôme est destiné à couvrir, se trouva employé dès l'Antiquité romane, et le dôme de la salle dite de Minerva medica, à Rome, et celui d'une salle de la villa d'Hadrien, à Tivoli, en sont des exemples venus jusqu'à nous. Mais il est à remarquer que les premiers chrétiens, lorsqu'ils couvrirent de dômes des surfaces polygonales en plan, employèrent des dômes de forme hémisphérique en leur donnant pour supports, afin de racheter le passage du plan polygonal à la circonférence inscrite servant de base au dôme, des arcatures placées dans les angles du plan comme le furent toujours les pendentifs. L'architecture byzantine et l'architecture chrétienne du Moyen âge offrent plusieurs exemples de dômes à pans coupés, parmi lesquels, celui, octogonal, de la Madona del Popolo, à Rome, ou encore celui qui surmonte une partie de l'ancienne église palatine d'Aix-la-Chapelle construite par Charlemagne pour lui servir de sépulture.

Le dôme de l'église Sainte-Marie-des-Fleurs, à Florence, construit au XVe siècle, sous la direction de Brunnelleschi, est un exemple remarquable de dômes à pans coupés élevés sous la Renaissance italienne, et accuse bien, depuis le tambour octogonal percé d'oculi qui lui sert de base jusqu'aux pans de la couverture du lanternon qui le couronne, la forme polygonale de la croisée de cette église. A Paris, la chapelle hexagonale de l'ancien couvent des Petits-Augustins (aujourd'hui enclavée dans l'Ecole des beaux-arts où elle sert de musée aux oeuvres de Michel-Ange), l'église Saint-Paul Saint-Louis (ancienne église des Jésuites), rue Saint Antoine, et le Tribunal de commerce sont surmontés de ces dômes à pans coupés; mais on donne aussi le nom de dômes à de hautes couvertures courbes reposant sur un plan carré, comme les dômes de l'Ecole militaire et de plusieurs pavillons du Louvre à Paris et les dômes de l'hôtel de ville de Lyon. Dans ces dômes comme dans les dômes à pans coupés proprement dits, les arêtiers formant les divisions de leur surface ont souvent fourni à l'architecte d'heureux motifs décoratifs accusant la construction intérieure et se terminant, à leurs extrémités supérieure et inférieure, par des amortissements moulurés, sculptés et parfois dorés. (Ch. Lucas / E. Bosc).



Françoise Theillou, Jean-Pierre Delagarde, Paris, dômes sacrés du Grand Siècle, Editions du Patrimoine Centre des monuments nationaux, 2008. - A la suite du concile de Trente et de la Contre-Réforme, la France, après l'Italie, développe au XVIIe siècle une nouvelle architecture religieuse. Innovation la plus remarquable, un dôme coiffe ces églises destinées à réaffirmer la foi catholique en face du protestantisme. Il devient l'élément phare d'une élégante architecture baroque, spécifiquement française. Toute une série d'édifices fleurissent ainsi à Paris, toujours plus vastes et plus ambitieux à mesure que grandit le pouvoir royal, qui les magnifie. La Révolution s'empare plus tard de ces lieux, fascinée par leur forme antique qu'elle récupère à son profit tout en vandalisant leurs richesses. Le dôme perdure jusqu'à la veille de la seconde guerre mondiale. Etude d'une forme architecturale riche de significations, ce livre se lit comme un récit, et ses images révèlent des lieux souvent méconnus. (couv.).
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Dictionnaire Architecture, arts plastiques et arts divers
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