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Littérature anglaise
La littérature anglaise au Moyen âge
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Le Moyen Âge
 XVIe s.  XVIIe s Le XVIIIe s. Le XIXe s.
La littérature anglo-saxonne.
Quand les missionnaires chrétiens eurent apporté l'usage de la langue latine et l'art d'en tracer les caractères, les Bardes, poètes primitifs des sociétés celtiques et teutoniques, se rangèrent sous leur discipline; de toutes parts s'élevèrent de saintes retraites, dont les habitants composèrent une foule de livres, et qui, par leurs efforts autant que par leurs exemples, propagèrent l'instruction.

Ce premier âge de la littérature anglo-saxonne vit naître des traités historiques, théologiques, politiques même, et de pieuses et poétiques légendes. Le plus ancien écrivain de la Grande-Bretagne est Saint Gildas, missionnaire chrétien de la fin du Ve siècle, descendant de ces familles bretonnes qui avaient échappé à l'invasion germanique en se réfugiant dans les montagnes de la Cumbrie, où s'était conservée la langue nationale et où le christianisme avait pénétré dès l'an 340 : il est auteur d'une curieuse Histoire des Bretons, écrite en latin.

D'autres auteurs s'essayèrent à écrire dans la langue vulgaire : mais ces compositions, qui n'étaient peut-être pas sans mérite sous le rapport de la naïveté du style ou de l'originalité de la pensée, furent dédaignées par les érudits d'alors, qui, regardant le latin comme seul digne d'être employé pour les oeuvres de l'esprit, se mirent peu en peine de recueillir les fragments de la poésie anglo-saxonne. Toutefois, Bède le Vénérable nous a transmis quelques-uns de ces fragments, et même certains détails sur l'un des écrivains fidèles à la langue maternelle, Caedmon, bouvier-poète, qui fut moine au couvent de Whitby. Caedmon composa nombre de poèmes bibliques, et des traités religieux, dont plusieurs ont été conservés. Son poème intitulé la Chute de l'homme offre quelques rapports avec l'oeuvre bien postérieure de Milton, et divers passages pourraient faire penser que le poète anglo-saxon du VIe siècle n'a pas été tout à fait inconnu de l'auteur du Paradis perdu

Au milieu de noms obscurs, tels que ceux de Ceolfrid et d'Adhelm, abbé de Malmesbury, il faut accorder une place particulière à Bède le Vénérable (672-735), par qui l'on connaît ces échantillons de la poésie anglo-saxonne, embrassa toutes les sciences de son temps. II a laissé une foule d'écrits sur l'histoire, une traduction des livres saints, des commentaires, des biographies curieuses à consulter, des traités religieux, et une histoire ecclésiastique des Anglo-Saxons. Les auteurs qui vinrent après lui sont peu connus et n'ont, pour la plupart, écrit qu'en latin; le temps où ils ont vécu serait également obscur, si le nom d'Alfred le Grand, roi de Wessex, n'y eût jeté un vif éclat. Osburge, mère d'Alfred, qui faisait ses délices de la lecture des poètes saxons, excita en lui une noble émulation : poète distingué dans la langue nationale, il étudia encore le latin, et chercha à s'instruire par les voyages, et par la conversation des savants qu'il appelait à sa cour. Il traduisit en anglo-saxon l'Epitome de Paul Orose, l'Histoire ecclésiastique de Bède, la Lettre pastorale du pape Grégoire le Grand pour l'instruction du clergé, et le livre De la Consolation de Boèce. II composa aussi, dit-on, une foule de contes et de légendes en vers, des allégories ou des apologues à l'imitation d'Esope, et, voulant que tout homme libre sût lire et écrire, fonda de nombreuses écoles.

Après Alfred, un archevêque de Canterbury, Alfric, traduisit en anglo-saxon les sept premiers livres de la Bible. On a de lui un recueil d'homélies, quelques traités religieux, et une grammaire latine.

Dans la liste des illustrations anglo-saxonnes on doit faire entrer Winfried ou Saint Boniface, apôtre de la Germanie. Il étudia les lettres sacrées et profanes dans les monastères d'Exeter et de Melseeble, et, au milieu des agitations d'une vie employée aux travaux de l'apostolat et aux affaires de l'Église il ne perdit aucun des goûts littéraires de sa jeunesse. Il avait enseigné avec honneur la grammaire, l'éloquence et l'art des vers; du fond de la Germanie, il s'informait de l'état et des progrès des écoles dont il avait vu commencer la prospérité dans son pays natal, et se faisait transcrire quelques-uns des écrits de Bède. Il  associa à ses travaux sa parente Lioba, qui, devenue plus tard abbesse de Bischoffsheim, enseigna la prosodie latine aux filles des Germains. C'est peut-être à elle qu'il adressa son poème des Vertus, petit ouvrage d'environ 200 vers, dans lequel il met successivement en scène la Charité, la Foi, l'Espérance, la Justice, la Vérité, la Miséricorde, la Patience, la Paix, l'Humilité et la Chasteté, rien que du beau monde.

Cynwulf, évêque de Winchester, Wulfstan, archevêque d'York, et quelques autres écrivains ecclésiastiques, continuent la liste des noms littéraires anglo-saxons jusqu'à la conquête normande. Rappelons enfin que Charlemagne puisa dans les bibliothèques des Anglo-Saxons, et qu'il fit venir à sa cour le célèbre Alcuin (La littérature latine au Moyen âge). La langue anglo-saxonne, un peu altérée déjà par le latin des missionnaires et par le danois qu'avaient apporté les pirates du bord, survécut à l'invasion de Guillaume le Conquérant : tandis que les hautes classes de la nation, les vainqueurs, et ceux qui s'étaient ralliés à leur cause, donnaient la préférence au normand (français), le peuple resta fidèle à la langue nationale.
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Manuscrit d'une chronique anglo-saxonne.
Page d'une Chronique anglo-saxonne.
(Manuscrit du XIe s.).

La fusion des deux groupes, qui fut le résultat du temps, amena plus tard celle des langues, et l'anglais moderne sortit du mélange de l'anglo-saxon et du français. Mais, depuis la conquête normande, l'anglo-saxon disparut presque entièrement des oeuvres littéraires; nul auteur distingué ne s'en servit. Les Chroniques anglo-saxonnes n'ont pas été composées dans la langue primitive, mais par une série d'auteurs, qui, bien après le règne d'Alfred et jusqu'au règne de Henri II, écrivirent soit en latin, soit en anglo-saxon corrompu.  Un certain nombre de mots anglo-saxons ne se sont pas perpétués dans l'anglais : Turner dit que, dans trois pages de l'Orose du roi Alfred, il a trouvé 78 mots tombés en désuétude, sur un total de 548, et, dans trois pages du Bède du même prince, 230 sur 969.

Ce n'est qu'au XIIIe siècle qu'on voit apparaître les premières lueurs de la littérature anglaise proprement dite, qu'avait précédée celle des Anglo-Saxons
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Pendant ce temps en Irlande...

La littérature irlandaise comprend deux classes distinctes de compositions, les vieux chants des bardes païens que nous a conservés la tradition, et les oeuvres chrétiennes des anciens moines. Quelques chants irlandais remontent très probablement aux VIIe et VIe siècles; on les trouve réunis dans l'important ouvrage publié par O'Connor sous le titre de Rerum hibernicarum scriptores veteres, 4 vol. in-4°. 

Du Ve au VIIIe siècle, période pendant laquelle les pays du continent tombèrent dans la barbarie, la tradition des lettres latines et grecques se conserva en Irlande : il y eut à Hy, Lismore, Bangor, Clonfert, Clonard, Armagh, etc., des écoles où l'on allait étudier de toutes les régions voisines. 

Les maîtres irlandais se répandirent à leur tour sur le continent à partir du Ve siècle : parmi eux on distingue,  d'abord le moine Columb, que l'Irlande, la France austrasienne, la Germaine et les régions conquises par les Anglo-Saxons, connurent sous le nom de St Colomban. II puisa une instruction solide et variée au monastère de Bangor, et conserva, toute sa vie, un pieux amour pour la poésie. Il est peut-être l'auteur d'un éloge de la vie monastique, écrit en vers rimés par assonances seulement, et qui fut longtemps populaire à Bangor. Lorsqu'après 60 ans d'apostolat il était arraché de son monastère de Luxeuil et exilé en Germanie, il se consolait encore de l'injustice des hommes par le culte des Muses : nous avons une épître en vers dans laquelle il compare les joies du monde aux vains trésors qui font périr avec eux les empires. 

Après Saint Colomban, on peut citer Saint Gall, son disciple; Saint Roding, fondateur de Beaulieu en Argonne; Saint Furcy, fondateur de Lagny; Saint Livin, qui prêcha la foi chrétienne aux Gantois. Puis vinrent, au VIIIe siècle, Saint Virgile, qui fut évêque de Salzbourg, et ses compagnons de prédication en Bavière, Saint Declan et Saint Alto; Dobdan, dit le Grec, évêque de Chiemsée; les grammairiens Colchus ou Coelchu le Sage, Cruindmelus et Malrachanus. 

Au IXe, Clément, qui fut appelé à la cour de Charlemagne; le moine Dicuil, auteur du De mensura orbis terrae, publié par Walckenaër en 1807; Claude, qui a laissé des gloses sur presque tous les livres de la Bible; Dungal, chargé par Charlemagne d'instruire la jeunesse de Pavie; Mannon et Jean Scot Erigène, qui vinrent en France à l'époque de Charles le Chauve, etc.

Les débuts de la littérature en langue anglaise.
La Chronique rimée du moine Robert de Glocester, dépourvue d'art et d'originalité, indique néanmoins l'époque où la langue anglaise commença à se former. Elle n'est écrite ni en saxon, ni en français, mais en anglais. En même temps, les ménestrels de la Grande-Bretagne traduisaient et imitaient les Trouvères. La poésie ne prit cependant un véritable essor que sous le règne d'Édouard III. Les Visions de Guillaume au sujet de Pierre le Laboureur (Piers Ploughman), ouvrage qu'on appelle ordinairement à tort, les Visions de Pierre le Laboureur, datent de 1362. C'est la première oeuvre poétique de quelque étendue et de quelque importance que nous rencontrions dans l'histoire de la littérature anglaise. Elle fut composée par un prêtre séculier, Robert Langland, qui se proposa de faire la satire' allégorique des moeurs du clergé et de la société laïque de son temps. Mais le plus grand écrivain du XIVe siècle, en Angleterre, fut Chaucer, qu'on appelait dans le style de l'ancienne critique, le Père de la poésie britannique. II imita, dans ses premières oeuvres, la forme allégorique du Roman de la Rose. Puis, apès un voyage en Italie, il s'inspira des Italiens et particulièrement de Boccace. Son grand poème, les Contes de Canterbury, qui renferme des portraits si vigoureusement tracés des moeurs contemporaines, et où il prend tous les tons, depuis le plus familier jusqu'au sublime, est composé sur le modèle des Contes de Boccace. Chaucer a conservé le rang le plus élevé dans la littérature anglaise : la critique moderne le met sur la même ligne que Spenser et Shakespeare. A côté de son nom on cite quelquefois celui du poète Gower, qui a laissé un poème intitulé : Confessio amantis.

A cette période appartient John Wicklilfe, professeur de théologie à Oxford, l'un des premiers fondateurs de la prose anglaise.

Deuxième période (de 1400 à 1558). 
On a comparé l'apparition de Chaucer dans l'histoire de la littérature anglaise à celle d'une belle journée de printemps qui devance prématurément toutes les autres, et après laquelle reviennent le froid et les brouillards. Après lui, en effet, on ne rencontre pendant longtemps que des écrivains de second ordre.

Dans la poésie, c'est Lydgate, qui fait l'histoire de Thèbes et celle de la destruction de Troie; c'est surtout le comte de Surrey, soldat, voyageur et poète, qui imite le rythme et la mélodie de la poésie italienne, et qui, dans ses poésies amoureuses, prend Pétrarque pour modèle. Surrey a pour rival de gloire sir Thomas Wyatt, dont les chansons et les sonnets, malgré des traces d'affectation, ne manquent ni de grâce ni de fraîcheur. Les règnes les plus stériles de cette période sont ceux d'Edouard IV, de Richard III et de Henri VII. La poésie se réveillera sous Henri VIII, et jettera plus d'éclat que dans tout le XVe siècle.

Le principal prosateur, au XVe siècle, est sir John Fortescue, qui a écrit un traité politique sur la Différence entre une monarchie absolue et une monarchie limitée, ouvrage destiné à prouver la supériorité de l'Angleterre sur la France. (AM).
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... et en Ecosse

On a conservé des poésies en langue gaélique, dont il n'est pas possible de fixer la date, mais qui sont assurément antérieures au XIe siècle. A cette époque, la multiplication des couvents fit naître une littérature latine, composée surtout de Chroniques, d'Annales, d'Histoires ecclésiastiqes.

Dès la fin du XIIIe siècle, la langue anglaise devint d'un usage général dans les Basses-Terres, et Thomas d'Erceldone s'en servit pour composer un poème intitulé Sir Tristam, dont il ne reste que des copies assez modernes. C'est également en anglo-écossais que John Barbour écrivit, au siècle suivant, en vers héroïques, les Aventures de Robert Bruce, qui sont un poème épique aussi bien qu'une histoire, quoique l'auteur ait donné à son oeuvre le titre modeste de roman (romance). 

Au XVe siècle, la littérature écossaise atteignit son apogée : outre le roi Jacques Ier, à qui le malheur inspira de gracieuses compositions, on peut citer, parmi les poètes originaux et vraiment remarquables, Robert Henryson, qui compose des fables morales, W. Dunbar, Georges Douglas, David Lindsay, et surtout Henri l'Aveugle, ménestrel errant, auquel on doit une Chroniquerimée, inspirée sans doute par celle de Barbour, les Aventures de sir William  Wallace. Le premier des prosateurs du même siècle fut André de Wyntown, auteur d'une Chronique d'Écosse qui, selon l'usage du temps, remonte à l'origine du monde, et que Macpherson publiera en 1795. 

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