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Les ménestrels
Le nom de ménestrels ou ménétriers (du bas latin ministerialis, homme au service d'un autre) paraît avoir remplacé celui de Bardes vers le VIIIe siècle de notre ère. On a prétendu même le faire dériver d'un certain Ménestrel ou Minstrel, maître de chapelle de Pépin le Bref. Les ménestrels marchaient, comme les anciens  chantres gaulois, à la tête des armées, et donnaient le  signal en entonnant un chant guerrier. Ainsi faisait encore Taillefer au premier rang de l'armée de Guillaume  le Conquérant avant la bataille d'Hastings, en 1066. Berdic, qui hérita de son talent, reçut de Guillaume trois  paroisses dans le comté de Glocester. Plus tard, on appela Ménestrels les musiciens qui composèrent des chants  pour les poésies des Troubadours et des Trouvères, ou qui  accompagnèrent de quelque instrument tandis que le  poète chantait. Il y en eut, tels que Rutebeuf, qui furent  à la fois poètes et musiciens, et alors on leur donnait  plutôt le nom de chanterres. Parmi les ménestrels, Jean  Bretel et Jean Bodel, tous deux d'Arras, acquirent une  grande célébrité au XIIIe siècle; Vynot le Bourguignon  composa de gais refrains, qui se chantaient dans les rues et sur les places publiques. Les musiciens ambulants se mêlèrent aussi de représenter des miracles. 

En 1330, il se forma à Paris, sous le nom de Ménestrandie une corporation qui prit pour patrons Saintt Julien et Saint Cenest, et dont le chef reçut le titre de roi des Ménétriers. Cette corporation fonda, dès l'année 1331, un hôpital pour les musiciens pauvres. Elle comprenait des chanteurs, des joueurs d'instruments, et même des baladins et des faiseurs de tours. En 1307, les musiciens, se séparant de ces derniers, se reconstituèrent, et leurs nouveaux règlements furent approuvés par Charles VI, le  24 avril 1407: ils répudièrent le nom de ménétriers, destiné à ne plus désigner dans la  suite que les pauvres joueurs de violon qui font danser les villageois, et prirent celui de joueurs d'instruments, tant hauts comme bas; leur chef fut appelé roi des violons. En octobre 1658, Louis XIV décida qu'on ne pourrait être admis à la maîtrise qu'après quatre années d'apprentissage; que les  élèves qui prétendraient à la maîtrise payeraient 60 livres au roi des violons, et 10 livres aux maîtres de la confrérie de Saint-Julien; que les maîtres seraient soumis à une redevance annuelle de 30 sous envers la confrérie, et à l'obligation de payer un droit pour chacun de leurs élèves au roi des violons; que les maîtres seuls auraient le droit "de jouer aux cabarets, chambres garnies et autres lieux." 

Une sentence de police, du 10 juin 1693, obligea les organistes et les maîtres de clavecin à payer un droit au roi des violons : mais ils en appelèrent, et le Parlement leur donna gain de cause, par arrêt du 7 mai 1695. La confrérie de Saint-Julien paya 22 000 livres, en 1707, pour obtenir des lettres patentes du roi qui soumettaient à sa juridiction les maîtres de clavecin, de viole, de théorbe, de luth, de guitare et de flûte; mais ces lettres furent révoquées la même année. En 1747, la querelle avec les organistes se ralluma; un arrêt définitif du Parlement, en date du 30 mai 1750, débouta de ses prétentions le roi des violons. Guignon abdiqua cette charge en 1773, et elle fut supprimée par édit royal. La confrérie subsista encore jusqu'en 1789. (B. ).

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Dictionnaire biographique
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