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Dynastie des
Qing
(Tsing). - La dynastie des
Qing est la dynastie mandchoue qui régna sur la Chine
de 1644 Ã 1912.
Choun-Tchi, premier empereur de la dynastie Qing, 1641-1661, acheva la conquête de la Chine en 1646 et 1647, permit aux Russes de commercer avec la Chine et aux missionnaires catholiques d'y propager le Christianisme. Son fils, Kang-Hi, 1661-1722, réprima une révolte des Mongols, et ajouta le Tibet et l'île de Formose (Taiwan) à ses États. Il apprécia les connaissances européennes, protégea les jésuites qui instruisaient ses sujets, autorisa, en 1692, le libre exercice de la religion chrétienne, cultiva lui-même les sciences, les lettres et la poésie, et composa un grand nombre d'ouvrages, dont plusieurs ont été traduits en français et en anglais. Son fils, Young-Tching, 1722-1735, proscrivit. le christianisme. Khian-Loung, fils et successeur d'Young-Tching (1735-1796), marcha, sous ce rapport, sur les traces de son père; grand prince d'ailleurs, il conquit la Tartarie (Sin-Kiang), recula les limites de son empire jusqu'à l'Inde, et mourut en 1799, après avoir abdiqué en 1796. Auteur lui-même de plusieurs ouvrages, il avait rassemblé une bibliothèque de 600 000 volumes. Kia-King, qui lui succéda, 1796-1820, n'imita son père que dans son hostilité contre le christianisme, et expulsa les chrétiens du territoire de la Chine en 1815. Son fils, Mian-Ning, surnommé Tao-Kouang, c'est-à -dire lumière de la raison (1820-1850), réprima en 1828 un soulèvement des Tartares musulmans dans la Petite-Boukharie, et en 1831 et 1832 une révolte des montagnards de l'Ouest de l'empire. L'événement le plus important de son règne fut la guerre suscitée par les Anglais pour maintenir à leur profit l'introduction très lucrative de l'opium en Chine. Commencée en 1839,
cette guerre, dite Guerre de l'opium, s'est terminée en 1842 par
le traité de Nankin, qui a eu pour effet la cession de l'île de Hong-kong
aux Anglais et l'ouverture aux Européens des cinq ports de Canton, Emoy,
Fou-tchéou, Ning-po, et Shanghaï. En 1844, un traité autorisa les Français
à pratiquer leur culte seulement dans les cinq ports ouverts au commerce
européen; mais les missionnaires catholiques continuèrent de pénétrer
dans l'intérieur de l'empire au péril de leur vie.
Une maison de thé dans le Shanghaï du début du XXe siècle. Sous l'empereur Hien-Foung,
parvenu au trône en 1850, un soulèvement, organisé par les sociétés
secrètes, sous le prétexte de renverser la domination mandchoue, s'est
propagé de la province de Kouang-si dans d'autres parties de l'empire,
et les rebelles, dont le chef s'est posé en prophète, portant partout
la dévastation, se sont emparés en 1853 de Nankin, dont ils ont fait
le point central de leurs opérations. En 1857, la France et l'Angleterre
recoururent à la guerre pour s'emparer de Canton. Les plénipotentiaires
de France et d'Angleterre firent alors à la cour de Pékin des ouvertures
qui ne furent pas accueillies, et les escadres des deux pays occupèrent
de vive force, en 1858, les forts de l'embouchure du Peï-ho. Un traité
conclu en juin 1858, à Tien-Tsin par les représentants de la France,
de l'Angleterre, de la Russie et des États-Unis,
stipula que la Chine serait ouverte au christianisme et au commerce étranger.
Ce traité assura à la Russie des avantages tout particuliers. Mais, lorsque
les plénipotentiaires de France et d'Angleterre partirent de Shanghaï
en 1859 pour se rendre à Pékin, où les, ratifications devaient être
échangées, les forts de l'embouchure du Peï-ho leur en interdirent l'entrée
à coups de canon, et les forcèrent de se retirer. La France et l'Angleterre
envoyèrent, d'un commun accord, une expédition en Chine pour y mener
une opération de représailles.
L'empereur Hien-Foung (Hien-Fong), mort en 1861, eut pour successeur son fils âgé de 7 ans, Tung-Shi (T'ong-tche), sous la régence du prince Kong. Les Français et les Anglais furent conduits à prendre parti en 1862 contre les rebelles, qui menaçaient Shanghaï, et le contre-amiral français Protet fut tué, en marchant contre eux, à l'assaut d'une petite place fortifiée. Dans cette même année 1862, une division navale anglo-française reprit la ville importante de Ningpo, dont les rebelles s'étaient emparés. Au Nord, la Chine avait dû céder aux Russes (1858, 1860) des territoires sur l'Amour-Oussouri et sur la côte, et leur ouvrir les villes de Kalgan, Ourga (auj. Oulan Bator), Kashgar; même, un instant, à la faveur de l'insurrection des musulmans de Kachgarie qui se constituèrent, de 1865 à 1877, en véritable État indépendant, la Russie occupa Kouldja et toute la vallée de l'Ili (1871); mais les Chinois, victorieux des rebelles, se firent rendre Kouldja (1881) : la Russie ne conservait qu'une petite partie de la vallée moyenne de l'Ili et une portion du bassin du bas Irtych Noir. Travail de l'opium (cuisson). L'impératrice Ts'eu-Hi, mère de l'empereur Tung-Shi, avait, à la mort de celui-ci, en 1875, fait monter sur le trône un enfant de trois ans, Kouang-Siu, cousin de l'empereur défunt. De 1882 à 1885, la Chine fut en guerre avec la France pour le Tonkin; par les traités de Tien-Tsin (11 mai 1884 et 4 avril 1885), elle dut renoncer à ses prétentions sur le Tonkin et ouvrir au commerce français les provinces limitrophes de ce pays. La frontière sino-française, entre le golfe du Tonkin et le Mékong, a été fixée par les conventions des 25 juin 1887 et 20 juin 1895. En 1894, les Anglais obtenaient également la délimitation de la frontière sino-birmane et des concessions commerciales dans le Yunnan; en 1896, sur leur demande, le Si-Kiang a été ouvert au commerce international. Impératrice ambitieuse, Ts'eu-Hi, à la majorité de Kouang-Siu (Kouang-Su), ne lui avait laissé exercer le pouvoir, en 1889, qu'en se réservant une certaine autorité. Le principal événement du règne de l'empereur Kouang-Siu fut la guerre sino-japonaise, déclarée par le Japon le 1er août 1894, à propos du royaume de Corée, convoité par les deux empires voisins. La rapide conquête de la Corée et d'une partie de la Mandchourie, la destruction de la flotte chinoise, la prise des arsenaux de Port-Arthur et de Weï-Haï-Weï, celle des îles Pescadores forcèrent la Chine à reconnaître, par le traité de Simonoseki (avril 1895), l'indépendance de la Corée et à céder Formose (3 millions d'habitants), les Pescadores et la péninsule du Liao-Toung; la Russie, la France et l'Allemagne ont, cependant, amené le Japon à se désintéresser de cette péninsule, moyennant une indemnité supplémentaire. Enfin la Chine était entamée aussi par la Russie, l'Allemagne, l'Angleterre et la France, qui se sont fait céder respectivement « à bail » : Port-Arthur et Talien-Wan (dans le Liou-Toung); Kiao-Tchéou (côte sud du Chan-Toung); Weï-Haï-Weï (côte nord du Chan-Toung); Kouang-Tchouan péninsule de Léi-Tchéou, en face Haï-Nan) [1897-1898]. Après la guerre sino-japonaise, Kouang-Siu se lança dans la politique des innovations. Il mécontenta ainsi l'impératrice et chercha à se soustraire à sa domination, mais celle-ci le contraignit à signer sa déchéance, le 22 septembre 1898, et prit la régence. L'impératrice, contre toute attente, continua elle-même à accorder des prérogatives aux étrangers, dissimulant ainsi sa véritable politique, et, bientôt, une révolution, qu'elle encourageait en sous-main, mit un temps d'arrêt dans les progrès des Européens. Ce fut l'une des nombreuses sociétés secrètes qui depuis longtemps prêchaient la haine de l'étranger, la secte des Boxers, qui provoqua un soulèvement, qui éclata en mai 1900.
La cour s'enfuit de Pékin et gagna le corps expéditionnaire des puissances continua la lutte contre les Boxers, pendant que les gouvernements entamaient des négociations avec le vice-roi Li-Hong Tchang et exigeaient le châtiment des coupables. Le protocole final fut signé le 7 septembre 1901. Le 7 janvier 1902, la cour rentra à Pékin. Des relations diplomatiques régulières furent reprises entre la Chine et l'Europe . D'autre part, les accords anglo-japonais (janvier 1902) et franco-russe (mars 1902) conclus à la suite de ces événements affirmaient la volonté des puissances contractantes de ne rien changer au statu quo en Extrême-Orient, bien qu'à la vérité la prépondérance de la Russie en Mandchourie tendît de plus en plus à s'affirmer. La cour du Céleste empire paraissait alors s'ouvrir davantage aux idées européennes. Sous l'influence du Japon notamment, le pays parut en voie de sortir de son inertie traditionnelle, laissant croire à l'avènement d'un équivalent de l'ère Meiji japonaise. L'impératrice Tseu-hi est morte le 15 novembre 1908. Un enfant de deux ans, P'ou-Yi, est placé sur le trône, tandis que le pouvoir réel échoit à celui qui avait été l'un des plus influents conseillers de l'impératrice et qui restait le chef de l'armée, Yuan Che-k'ai (Yuan Shikai), qui, en février 1911, part réprimer une révolte qui enflamme, dans le Sud, la ville de Wou-t'chang, y change de camp et dépose l'empereur. C'en est finit de la dynastie Qing. Les empereurs
de la dynastie Qing.
Choen-tche ou Choun-tchi (Shunzhi) (1644-1662), proclamé empereur par les Mandchous (Les Toungouses) qui venaient de s'emparer de Pékin, n'avait que sept ans; ce furent ses quatre oncles qui formèrent le conseil de régence et gouvernèrent sous la présidence du prince Tse-tching-oang. Ce prince parvint à soumettre assez facilement la plupart des provinces du Nord et du Centre, mais les provinces maritimes lui opposèrent une sérieuse résistance. Quand il mourut, en 1651, Choen-tche, déclaré majeur, prit en main les rênes du gouvernement et dut continuer la lutte sur mer contre les Chinois rebelles. Le pirate Tching-tching-kong, qui combattait pour le prince de Koueï, le dernier représentant de la famille des Ming, désolait de plus en plus les côtes et restait imprenable; cependant, le prince de Koueï ayant été fait prisonnier dans le Yun-nan par le fameux général Ou-san-koueï et peu après mis à mort, Tching-tching-kong cessa d'infester les côtes, se replia sur Formose (Taiwan), en chassa les Portugais, s'y établit en 1662 et y mourut. La politique de Choen-tche fut celle d'un sage; il laissa persister tous les anciens usages et n'apporta dans son vaste empire que deux modifications importantes : la première consista à placer à la tête de chacun des six ministères deux présidents au lieu d'un seul, l'un chinois, l'autre mandchou; la seconde fut de contraindre tous ses sujets à se raser le devant de la tête, à la manière tartare, et à porter les cheveux tressés en une longue natte pendante, en signe de soumission; ces deux usages se sont perpétués jusqu'au début du XXe siècle, mais le second ne s'implanta que difficilement, et beaucoup de Chinois préférèrent mourir plutôt que d'obéir à cet ordre. La plupart des souverains de l'Asie envoyèrent des ambassades à la cour de Choen-tche ; la Russie et la Hollande suivirent même cet exemple en 1656, mais les envoyés de ces deux puissances, ayant refusé de se conformer au cérémonial de la cour chinoise, ne furent pas reçus. On prétend que Choen-tche avait un goût très marqué pour les sciences et qu'il aurait placé à la tête du tribunal des mathématiques le P. Adam Schall, jésuite allemand, auquel on devrait l'établissement de l'astronomie européenne en Chine. Sur la fin de son règne, Choen-tche s'éprit de la femme d'un des grands de sa cour; quand elle mourut, il en conçut un si profond chagrin qu'il prit aussitôt l'habit des bonzes. Atteint de la petite vérole, il mourut, après quelques jours de maladie, à l'âge de vingt-quatre ans. |
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