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Les premiers ouvrages de sculpture
chez les Romains furent des statues des dieux,
faites de bois et d'argile par des artistes
étrusques. On éleva, dit-on, une statue
de bronze à Horatius Coclès, une
statue équestre à Clélie;
ces oeuvres étaient sans doute d'un travail fort médiocre.
A partir des Guerres puniques ,
les Romains enlevèrent des pays vaincus une quantité prodigieuse
de statues, et ces spoliations les dispensèrent sans doute de toute
étude, puisque l'histoire de l'art n'a
pas enregistré le nom d'un seul grand sculpteur romain. Les statues
arrachées aux vaincus ne serviront d'abord qu'à orner les
triomphes ;
puis on en remplit les places, les monuments publics, et les maisons des
particuliers.
Quelques chiffres peuvent donner une idée
de la quantité d'ouvrages qui s'accumulèrent à Rome
: 280 statues de bronze et 230 de marbre
embellirent le triomphe de Marcus Fulvius sur les Étoliens;
l'abbé Barthélemy a établi que le nombre des statues
et statuettes exhumées du sol de Rome dépasse 70 000. Le
nom de Verrès rappelle à l'esprit le moyen le plus habituel
aux Romains pour acquérir les chefs-d'oeuvre
de l'art. Depuis le temps de César, les
sculpteurs grecs affluèrent
à Rome : parmi eux on cite Pasitèle, Colotès, Stephanus,
Arcésilas, Posis, Ménélas, Décius, Damasippe.
L'Athénien Diogène fit les statues qui décoraient
le fronton du Panthéon
d'Agrippa. Le Gaulois Zénodore exécuta
la statue colossale de Néron. Une oeuvre
très importante de sculpture est la colonne Trajane ,
dont les bas-reliefs ne contiennent pas
moins de 2 500 figures humaines, outre les chevaux, les trophées
et les machines de guerre.
Le buste célèbre d'Antinoüs
date du règne d'Hadrien. II est certain
que, jusqu'à l'époque de ce prince, il y eut de beaux ouvrages
: cependant il y a décadence par rapport à l'art de la Grèce
indépendante, en ce que l'idéal n'est plus la base de la
conception et de l'exécution; le souffle intérieur, la poésie
de l'inspiration ont disparu; les statues se rapprochent de plus en plus
du portrait, et le style vise à la
perfection du poli, au raffinement. La sculpture
possède toujours la beauté harmonieuse de la forme, mais
la sève native lui manque. Il faut remarquer que les artistes, adroits
et élégants imitateurs de tous les styles, se sont exercés
aussi bien sur les divinités égyptiennes que sur les dieux
de la Grèce et de Rome :
ils ont préparé de cette façon beaucoup d'erreurs
aux antiquaires et, plus tard aux archéologues, qui peuvent rapporter
certaines statues à un âge plus reculé que celui auquel
elles appartiennent. Après Hadrien, la sculpture fit une chute rapide
et profonde : quand on construisit l'arc
de Constantin, les ouvriers étaient
si peu habiles, qu'on fut contraint, pour l'orner, d'enlever des sculptures
à l'arc de Trajan. Déjà Caligula
avait donné l'exemple de faire décapiter une foule de statues,
pour leur donner sa propre image : les empereurs
des derniers siècles multiplièrent aussi leurs portraits;
on fit des bustes sans tête, afin de les changer à volonté.
(B.). |
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