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Aliénor d'Aquitaine

Aliénor d'Aquitaine ou Éléonore d'Aquitaine  (ou de Guyenne) est une reine de France, puis reine d'Angleterre, née vers 1122, morte en 1204. Elle était fille de Guillaume X, dernier duc d'Aquitaine, qui mourut à Compostelle le vendredi saint de l'an 1137. Avant de partir, ce prince avait légué ses Etats (Aquitaine, Poitou) à sa fille unique et l'avait fiancée à Louis, fils du roi de France, plus tard Louis VII . Elle  l'épousa, agée seulement de 15 ans, et lui apporta en dot le duché de Guyenne, avec la Gascogne, la Saintonge et le Poitou. L'Aquitaine jusqu'aux Pyrénées fut ainsi ajoutée aux domaines des Capétiens.
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Aliénor d'Aquitaine.
Aliénor d'Aquitaine en prière (détail d'une miniature du XIVe s.).
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Son goût pour les divertissements déplurent bientôt à Louis. Cela n'empêcha pas Aliénor de suivre le roi à la deuxième croisade, en 1147; la reine, pendant cette expédition, continua de donner à son mari des sujets de mécontentement; si la tradition d'après laquelle elle aurait été amoureuse de Saladin est une fable (Saladin avait alors treize ans), il paraît prouvé qu'elle eut des relations adultérines avec son oncle, Raymond Ier d'Antioche. Toutefois la question du divorce ne fut soulevée qu'en 1152. Un concile tenu à Beaugency sous la présidence de Samson, archevêque de Reims, prononça la dissolution du mariage sous prétexte de consanguinité (21 mars 1152).

La reine répudiée ne devait pas manquer de prétendants, étant la plus riche héritière de la chrétienté. Elle fit vite son choix. Six semaines après la dissolution de son mariage, Aliénor épousait Henri Plantagenet, comte d'Anjou et duc de Normandie, ensuite roi d'Angleterre sous le nom de Henri II (1154), et par là faisait passer les riches provinces de I'Aquitaine sous la domination de l'Angleterre. Aliénor avait des droits vagues sur le comté de Toulouse; Henri essaya de les faire valoir, et ils furent en effet virtuellement reconnus quand Raymond V fit hommage à Henri II et à ses fils aînés, à Limoges, en février 1173. 

Le mariage avec Henri II ne fut pas plus heureux que le premier : Aliénor, jalouse de plusieurs dames de la cour, fit assassiner l'une d'elles Rosemonde; en outre, elle jeta le trouble dans la famille royale, et souleva même les enfants contre leur père Henri. Elle fit attribuer à l'aîné, Richard, son héritage personnel dès 1170, et elle soutint ses fils contre leur père lors de la grande rébellion de 1173; toutefois le roi s'assura de sa personne avant qu'elle eût pu rejoindre les rebelles et il la maintint dans une sorte de demi-captivité à Salisbury ou à Winchester, laquelle dura seize ans. Il fut même question d'un nouveau divorce, mais ce projet n'eut pas de suites. A la mort de Henri II (6 juillet 1189), Aliénor se retrouva libre. 

Elle déploya alors beaucoup d'énergie pour assurer la tranquillité du règne de son fils, Richard Coeur de Lion, notamment contre les intrigues de son fils cadet, Jean sans Terre. Elle fut chargée du gouvernement pendant l'absence de Richard, lors de la troisième croisade. Pendant la captivité de celui-ci en Allemagne, c'est elle qui fut l'âme de la résistance nationale aux entreprises de Philippe de France. C'est elle qui leva la rançon de Coeur de Lion; c'est elle qui, en 1194, la porta à Mayence; c'est elle, enfin, qui obtint de Richard qu'il pardonnât les trahisons de son frère Jean.
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Aliénor d'Aquitaine.
Chinon, septembre 1200 : Aliénor à cheval, avec son fils Jean Sans Terre.
Fresque de la chapelle Sainte Radegonde, à Chinon.

A quatre-vingts ans, elle fit encore un voyage en Castille pour présider aux fiançailles de Blanche de Castille, sa petite-fille, avec le futur Louis VIII. Elle se retira ensuite au monastère de Fontevrault; mais elle fut chassée de cet asile pendant la guerre qui éclata en 1202 entre Jean sans Terre et Philippe-Auguste; assiégée dans Mirebeau, elle manqua de tomber entre les mains de Geoffroi de Lusignan et de son petit-fils, Arthur de Bretagne. Toutefois Jean sans Terre la secourut à temps; elle mourut deux ans plus tard. 

Aliénor d'Aquitaine fut enterrée à Fontevrault. De Louis VII elle avait eu deux filles : Marie, qui épousa Henri de Champagne; Alix, femme de Thibaut de Blois. De Henri II elle eut cinq fils et trois filles : Mathilde, femme de Henri de Saxe; Eléonore, reine de Castille; Jeanne, reine de Sicile, puis comtesse de Toulouse. On a fait d'elle, à tort, l'instigatrice de la rédaction les rôles d'Oléron, curieux texte de la jurisprudence maritime de l'époque. (Ch.-V. L.).



Mayvonne Miquel, Aliénor d'Aquitaine, la reine adultère (roman), Ramsay, 2006. - Au printemps 1152, l'énergique et sensuelle Aliénor est une riche héritière de vingt-huit ans. La dissolution de son mariage avec Louis VII vient d'être prononcée. Epouse insoumise, Aliénor s'était en effet éprise de son oncle lors de la deuxième croisade. Car Aliénor n'écoute que son coeur. Et, cette fois, elle est tombée sous le charme d'un séduisant rouquin de dix ans son cadet, Henri Plantagenêt. Il sera son " Lancelot ". Elle le rêve en éternel vainqueur prêt à tout pour conquérir la couronne d'Angleterre. Ses attentes ne seront pas déçues. Mais elle ignore qu'il lui faudra payer très cher les succès de son roi. Elle se heurte bientôt à la soif de pouvoir et au cynisme d'Henri, qui n'hésite pas à la trahir. 

De son côté, Aliénor ne sera pas en reste : elle soulève son duché contre le roi et bientôt ses fils contre leur père. Mais au cours d'un de ses voyages, malgré son déguisement de page, l'impétueuse Aliénor se fait arrêter. Henri la retiendra prisonnière dans un couvent pendant onze ans... Reine de France, puis du puissant royaume d'Angleterre qui s'étend d'Edimbourg à Bayonne, mère de dix enfants, dont cinq souverains, Aliénor d'Aquitaine forgea avec audace sa destinée. Inspiratrice de la Magna Carta, la première constitution au monde, voyageuse impénitente, elle fut sans nul doute une femme politique d'importance dans notre histoire. Un récit épique, qui témoigne aussi du comportement étonnamment libre et aventureux d'une femme hors du commun au Moyen Age. (couv).

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Dictionnaire biographique
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