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La découverte du monde > Le ciel / L'Antiquité > le Croissant fertile > la Mésopotamie |
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Ce qu'il est convenu d'appeler l'astronomie babylonienne (et que l'on désignait autrefois sous le nom d'astronomie chaldéenne) correspond aux connaissances astronomiques positives acquises non seulement dans l'ancienne Babylonie, mais dans toute la Mésopotamie (Babylonie, Sumer, Assyrie). Elle s'inscrit essentiellement dans une démarche religieuse et divinatoire (astrologique). Comme pour toutes les autres astronomies archaïques, il ne s'agit pas tant de connaître les astres que pour eux-mêmes, et de faire des spéculations sur leur nature, mais d'en élucider les cycles, et de tirer des régularités ainsi mises en lumière, des éléments susceptibles d'alimenter des prédictions. La science des Babyloniens - réelle ou supposée - était célèbre dans l'Antiquité; on leur attribue une influence sur les doctrines de Pythagore. Démocrite surtout, comme plus tard Aristote, semble y avoir puisé quelques idées. Diodore (II, 31) parle assez longuement de leurs doctrines philosophiques et cosmogoniques. Les Babyloniens croyaient entre autres à l'éternité du monde. Ils doivent aussi avoir eu des connaissances spéciales dans les sciences naturelles, en zoologie, en botanique et en médecine. Mais c'est surtout en astrologie et en astronomie que les Babyloniens ont été célèbres. Nous connaissons dans les inscriptions cunéiformes quelques noms d'astrologues cités comme auteurs de certaines prédictions astronomiques, mais ils ne paraissent pas avoir joui d'une grande renommée. Strabon cite parmi les savants babyloniens connus en Grèce : Cidénas, Naburianus et Sudinus, puis Séleucus de Séleucie. Ce dernier admettait comme Aristarque de Samos la révolution annuelle de la Terre autour du Soleil. On cite aussi Bérose, qui selon Pline (VII, 50), fixa par des calculs astrologiques la vie humaine à 116 ans. Le principal mérite des Babyloniens est d'avoir établi les fondements d'une astronomie scientifique. Si ces études furent déterminées surtout par des motivations astrologiques, il ne faut pas oublier que dans des époques près rapprochées de nous, Tycho Brahé et le grand Képler durent s'occuper d'astrologie et vivre en établissant des horoscopes. Les Babyloniens se sont consacrés aux observations astronomiques plus que tout autre peuple ancien, et ils avaient fabriqué et perfectionné des instruments pour observer les angles et pour mesurer le temps. Ils se servaient pendant le jour du gnomon dont l'invention leur est attribuée par Hérodote et la nuit d'horloges à eau ou de clepsydres. Ils avaient la division du jour en 12 parties et en 24 heures pour la nuit et le jour. L'origine de l'astronomie babylonienne. "Mais, ajoute Cicéron qui nous a transmis ce chiffre, ces hommes sont ou vains ou ignorants, ou insensés; ils mentent éffrontément sans craindre le jugement de la postérité" (De Divinatione, I).Suivant Diodore, les Babyloniens prétendaient faire remonter leurs observations astronomiques à 473.000 ans avant l'expédition d'Alexandre. Jamblique donne aux observations des Assyriens une période d'une longueur indéterminée. "Les Assyriens ont non seulement observé, dit-il, les astres pendant 72.000 ans, comme l'affirme Hipparque, mais ils ont encore conservé la mémoire des périodes et des révolutions entières des sept planètes." (Commentaire de Proclus sur le Timée de Platon, liv. XXIII).Dans le passage qui vient d'être cité, les planètes sont désignées sous le nom de souverains du monde, parce qu'on leur attribuait, d'après les doctrines astrologiques, le gouvernement du monde. Les planètes étaient supposées régner, chacune à son tour. La planète régnante s'appelait maîtresse du temps (Firmicus Maternus, lib. VI, cap. XXXIII-XI). Mais Jamblique ne nous dit pas combien les Assyriens avaient observé de ces périodes, ni même de quel nombre d'années chacune se composait. Le lever du Soleil. - Le dieu Shamash apparaît au-dessus des montagnes de l'Est, tandis que deux de ses serviteurs ouvrent les lourdes portes de l'Orient, dont le grincement est symbolisé par les deux lions qui les surmontent. Un adorateur apporte au dieu un chevreau. (Cylindre assyrien; Louvre). Ces diverses prétentions à une si haute antiquité sont évidemment exagérées. En voici d'autres qui le sont beaucoup moins, et qui se rapprochent davantage de la vérité. "J'ai ouï dire, raconte Simplicius, que les Egyptiens possédaient, par écrit, des observations astronomiques qui n'avaient pas moins de 2000 ans de date, et que les Babyloniens en avaient depuis un plus grand nombre d'années." (Commentar., in Aristot. de caelo, lib. II).Simplicius, disciple de Damascius et d'Ammonius, vivait vers l'an 550 de notre ère. Cela place les observations astronomiques des Egyptiens et des Babyloniens à environ 3800 ans. Suivant Callisthène, disciple d'Aristote, qui avait accompagné Alexandre dans son expédition en Asie, trouva à Babylone des observations inscrites sur des briques (tablettes), et les fit, sur l'invitation de son maître, passer en Grèce. les plus anciennes étaient, comme l'affirme Simplicius dans son Commentaire sur Aristote, de 1903 ans antérieures à la mort d'Alexandre (324 av. J.-C.). On a mis en doute l'authenticité de l'envoi de Callisthène, en s'appuyant notamment sur le témoignage de Bérose. Cet historien de la Chaldée était contemporain d'Alexandre et avait enseigné l'astronomie dans l'île de Cos. Selon Pline, Bérose, dit positivement que les observations astronomiques conservées à Babylone sur des briques cuites ne remontent qu'à 490 ans. Le témoignage de Bérose est conforté par celui d'Epigène, qui fait également remonter les observations des Babyloniens à la première année du règne de Nabonassar. Les astronomes grecs et Hipparque, par ailleurs, ne connaissaient pas d'observations astronomiques antérieures à l'ère de Nabonassar. Si Ptolémée en avait eu à sa disposition, il s'en serait servi. Ainsi, l'éclipse de Lune la plus ancienne que rapporte Ptolémée est du premier mois de la vingt-sixième année du règne de Nabonassar. Cette éclipse de Lune, avait été faite à Babylone, le 29 du mois égyptien thoth, qui coïncide avec le 19 mars de l'an 721 av. J.-C. L'éclipse commença une heure après le lever de la Lune, et fut totale. La seconde éclipse lunaire dont l'observation a été transmise par les Babyloniens, arriva l'année suivante, dans la nuit du 8 au 9 mars de l'an 720 avant notre ère. Tablette babylonienne sur laquelle sont consignées des observations de Saturne (650/651 av. J.-C). Et si l'on s'en tient aux données de la seule archéologie, les plus anciens témoignages connus d'une astronomie en Mésopotamie remontent à l'époque de la dynastie d'Hammurabi, entre 1800 et 1400 av. J.-C. (élaboration d'un calendrier luni-solaire, reconnaissance de l'identité de Vénus, étoile du soir et étoile du matin). Pendant les empires kassite et assyrien (jusqu'en 900 av J.-C.), l'arithmétique commence à être appliquée à la mesure des jours, et l'on mit en rapport les levers et couchers des constellations avec les positions du Soleil à son lever et à son coucher (c'est la base de la définition des signes du zodiaque). Pendant le second empire assyrien, de 900 à 670 av. J.-C, on utilise les passages d'étoiles au méridien pour définir les heures de la nuit, les moments des éclipses sont consignées (à partir de 748 av. J.-C), et des catalogues d'étoiles sont constitués. Au cours de la période néo-babylonienne et pendant la domination perse (jusqu'en 330 av. J.-C, et à la conquête par Alexandre), se développe l'astronomie à laquelle se réfèrent les Grecs (connaissance des positions lunaires et des planètes, cycle du saros, etc.). La structure du cosmos. Les astres suivent dans le ciel des voies toutes tracées, étant habités et conduits par des dieux intelligents ou étant ces dieux eux-mêmes. La plupart tournent sous l'oeil de Bel, qui les contemple et les gouverne du haut du pôle, ou font partie des bandes aquatiques du dieu Êa, qui trône au sud sur la mer. Mais, dans le nombre, il en est qui suivent « la voie par rapport à Anu », le Père universel, placé au pôle de l'écliptique, et qui sont chargés d'offices importants. Ce sont - outre les deux grands flambeaux, le dieu Sin et le dieu Shamash - les cinq planètes ou astres « interprètes », ainsi appelés parce que, n'étant pas comme les autres assujettis à une place fixe et à une marche régulière, ils « annoncent les événements futurs et interprètent aux hommes les desseins bienveillants des dieux ». Ces astres privilégiés sont conduits, la planète Dapinu (Jupiter) par Marduk, la planète Dilbat (Vénus) par la déesse Ishtar, la planète Kaimanu (Saturne) par Ninib, la planète Bibbu (Mars) par Nergal et la planète Moustabarru-Moutanu (Mercure) par Nabu. Pour aller plus loin dans l'exposé de la cosmographie chaldéenne, il nous faut emprunter le secours suspect des auteurs grecs, de Diodore surtout, un guide dont les assyriologues ont tardé à récuser la compétence, préférant s'évertuer à, retrouver dans les inscriptions cunéiformes la confirmation de ce que lui ont dit les « Chaldéens » de son temps, c'est-à-dire des astrologues cosmopolites, des Grecs faisant métier de Chaldéens. « Ayant observé, dit-il, les astres pendant un nombre énorme d'années, ils en connaissent plus exactement que tous les autres hommes le cours et les influences et prédisent sûrement bien des choses de l'avenir. La doctrine qui est, selon eux, la plus importante, concerne les mouvements des cinq astres que nous nommons plannètes et qu'eux appellent interprêtes. Parmi ces astres, ils regardent comme le plus significatif celui qui fournit les augures les plus nombreux et les plus importants, la planète désignée par les Grecs sous le nom de Cronos, et qu'a cause de cela, ils appellent Hélios (Soleil). Quant aux autres, elles sont nommées chez eux, comme chez nos astrologues, Mars, Vénus, Mercure et Jupiter. La lune se meut, ajoutent les Chaldéens, au-dessous de tous les autres astres; elle est la plus voisine de la terre, en raison de sa pesanteur; elle exécute sa révolution dans le plus court espace de temps, non pas par la vitesse de son mouvement, mais parce que le cercle qu'elle parcourt est très petit. Sa lumière est empruntée, et ses éclipses proviennent de l'ombre de la terre, comme l'enseignent aussi les Grecs. Quant aux éclipses de soleil, ils ne savent en donner que des explications très faibles et très vagues; ils n'osent ni les prédire, ni en déterminer les époques.Au temps de Bérose, nous le savons par des témoignages exprès, les Mésopotamiens enseignaient encore que la Lune, demeure du grand dieu Sin, était une boule ayant une moitié brillante, l'autre obscure, et expliquaient ainsi les phases et les éclipses. Deux siècles plus tard, ils avaient donc la prétention d'avoir su de temps immémorial ce que les Grecs avaient découvert. Ce que Diodore ajoute sur la forme « naviculaire et creuse » de la terre paraît authentique, et aussi le demi-aveu d'ignorance que font ses Mésopotamiens au sujet de la prévision des éclipses de soleil. Ils n'osaient se contentaient de les observer et de les enregistrer. Les cycles astronomiques. Les éclipses de Lune. Les heures. La semaine. Nous devons à un passage de Dion Cassius (liv. XXXVI) le renseignement sur l'ordre des jours de la semaine qu'il attribue à tort aux Egyptiens, ordre qui se retrouve également dans un texte cunéiforme. La première heure du jour de Saturne ou du samedi était consacrée à cette planète. La 25e ou la 1re du jour suivant tombait sur le soleil auquel fut dédié la journée entière, la 49e appartenait à la Lune, la 73e à Mars, la 97e à Mercure, la 121e à Jupiter, la 145e, à Vénus et la 169e ou la 1re de la semaine nouvelle retournait à Saturne. Une autre école classait les planètes d'après leur éloignement apparent de la Terre : Lune, Soleil, Mercure, Vénus, Mars, Jupiter, Saturne. A chacune de ces planètes était consacrée une couleur spéciale et les idées alchimistes du Moyen âge sur la distribution des métaux se trouvent déjà dans les groupes cunéiformes qui expriment le fer par l'idéogramme indiquant Mars et le plomb par celui qui désigne Saturne. L'année. C'est ainsi qu'on constate des jours de jeûne et d'abstinence chez les Assyro-Babyloniens comme chez les Juifs, de même qu'il y avait des jours de fêtes et de réjouissances appelés, dans les textes « jour du coeur, jour de joie » ou même sabbatum, « sabbat ». En habiles astronomes qu'ils étaient, les Mésopotamiens s'étaient de bonne heure aperçu que leur année de trois cent soixante jours ne correspondait pas avec l'année vraie; aussi, ils ajoutaient tous les six ans, à la lin de l'année, un treizième mois de trente jours, analogue au veadar des Juifs; ils appelaient ce mois complémentaire maqru sa addari « incident à Adar. » Comme cette intercalation ne suffisait pas encore, on ajoutait, à des intervalles beaucoup plus éloignés, un second mois d'Ulul et même un second mois de Nisan. Les Assyro-Babyloniens connaissaient l'année solaire de trois cent soixante cinq jours un quart, et ils en faisaient usage dans les calculs astronomiques. Mais leur année ordinaire, religieuse et civile, était une année lunaire, composée de douze mois, alternativement pleins et caves, c'est-à-dire de trente et de vingt-neuf jours. L'année commençait au mois de Nisan (mars-avril, c'est-à-dire au printemps, comme dans la plus grande partie du monde chrétien, au Moyen âge: elle se terminait par le mois d'Adar (février-mars). Les douze mois. |
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