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La découverte du monde > Le ciel |
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Après
le Soleil,
la Lune
est assurément l'astre qui impose le plus sa présence dans le ciel de
la Terre.
Notre satellite a aussi quelque chose "en plus" : la complexité de ses
cycles (phases
et retard quotidien de ses levers et couchers,
notamment). Cela lui a donné une importance spéciale aussi bien dans
les mythologies que dans la plus ancienne astronomie.
Comme cela a été le cas pour tous les astres, à partir du XVIIe siècle, l'utilisation des premières lunettes, puis l'avènement de la mécanique newtonienne, une nouvelle manière de considérer la Lune s'est faite jour. La complexité de son mouvement n'en est devenue que plus évidente, et son étude a relevé désormais des nouveaux outils procurés par la mécanique céleste. Mais surtout, sa surface a désormais pu être étudiée en détail. Les premières cartes de la Lune ont été dessinées et avec elle est née la sélénographie, qui se poursuivra à partir du milieu du XIXe siècle grâce à photographie. Chemin faisant, les astronomes ont guetté à la surface de notre satellite des variations, réelles ou supposées. Cette questions s'est trouvée intimement liée avec celle de l'éventualité d'une activité géologique présente sur la Lune. En particulier, la question s'est posée de savoir si les cratères et les mers lunaires étaient d'origine volcanique ou s'il fallait invoquer d'autre causes. Si les astronomes ont finalement opté pour l'hypothèse météoritique, il leur aura fallu attendre l'exploration de la Lune à partir des années 1960, pour pouvoir fonder cette conclusion sur une argumentation solide. Dates clés :c. 640 av. J.-C. : Thalès reconnaît dans les phases lunaires une conséquence de la réflexion de la lumière solaire. |
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La
Lune avant le télescope
La Lune a joué un grand rôle dans toutes
les mythologies.
Ses cycles, souvent mis en relation avec l'idée de fécondité, ont été
partout suivis avec attention. A partir du VIIe
siècle avant notre ère, les philosophes ioniens
ont commencé à spéculer également sur la nature de cet astre. Est-ce
un corps igné ou terreux? Une parfaite sphère cristalline ou bien une
autre terre habitable? Ces questions seront discutées, sous diverses variantes,
jusqu'à l'apparition des premières lunettes astronomiques, au
XVIIe siècle.
Comme son étymologie l'indique, la sélénographie
est à la Lune, ce que la géographie est à la Terre. Les principes sont
les mêmes, mais les mesures, restées pendant très longtemps indirectes,
ont rendu ce terme synonyme avant tout de cartographie lunaire. L'observation
en 1609, par Galilée
et ses contemporains de la surface de la Lune à l'aide des premières
lunettes a mis en évidence la présence de montagnes associées aux régions
claires de notre satellite. Mais la question qui s'est posée aussitôt
a été de savoir si les régions sombres, à l'opposé, n'étaient pas
des mers. On a vite renoncé à cette idée. La nomenclature actuelle de
la Lune, dont les premiers jalons remontent aux cartes d'Hévélius
et de Riccioli, porte cependant encore la trace
de ces interrogations. A la suite de ces travaux fondateurs, il convient
de signaler les efforts cartographiques de Cassini,
Tobias Mayer, de Schroeter,
de Lohrmann, et de Schmidt,
et surtout de Beer et de Maedler
dont la carte, achevée en 1837, représente
le dernier grand achèvement de la sélénographie avant l'usage de la
photographie.
Les premières photographies de la Lune datent de 1840. Même si cette nouvelle technique ne parvient pas à rivaliser avec l'observation directe pour ce qui concerne la finesse des détails qui peuvent être déceler, elle apporte une certaine objectivité, qui permettra son utilisation pour réaliser de nouvelles cartes de notre satellite. L'Atlas photographique de la Lune, réalisé par Loewy et Puiseux entre 1894 et 1910 constitue sans doute le couronnement de cette approche. Mais la photographie a aussi d'autres avantages très tôt reconnus. Ainsi va-t-on l'utiliser pour des études photométriques, ou encore pour explorer les plages du spectre électromagnétique situées au-delà du domaine visible. Aujourd'hui, la photographie classique n'est plus guère utilisée par les astronomes. Elle a cependant connue un dernier moment de gloire, lors du programme d'exploration de notre satellite dans les années 1960, à l'occasion duquel on a pu prendre des clichés de la Lune "sur place".
Des variations observées sur la Lune? Des observateurs tels que William Herschel, Schroeter, Gruithuisen, Littrow, ont cru distinguer sur notre satellite des traces de constructions «faites de mains d'hommes». Kepler lui-même, dans le Songe, explique que les cratères lunaires sont trop régulièrement formés pour que la nature en soit responsable. Un examen plus attentif a évidemment chaque fois prouvé ensuite que ces constructions (remparts, tranchées, canaux et routes supposés) n'étaient pas artificiels, mais de formation purement naturelle. Reste que ces minutieuses observations, si mal interprétées, ont aussi mis au jour la possibilité de changements à la surface de la Lune, également appelées phénomènes lunaires transitoires (PlT). Des lumières épisodiques, des cratères qui changent de forme. Cela témoignait-il de l'existence d'une activité géologique actuelle sur notre satellite? Pouvait-on invoquer l'existence d'un volcanisme ou celui de séismes ravageurs sur la Lune? Personne n'y croit plus aujourd'hui. Mais les astronomes du passé avaient leurs raisons de penser autrement. L'origine des cratères et des mers Jusqu'au milieu du XXe siècle, les scientifiques ne reconnaissaient généralement pas que les cratères lunaires étaient le résultat d'impacts. Comme les cratères d'impact sont extrêmement rares sur Terre, les géologues ne s'attendaient pas à ce qu'ils soient la caractéristique principale de la géologie lunaire. Ils ont pensé que puisque les cratères que nous avons sur Terre sont volcaniques, les cratères lunaires doivent avoir une origine similaire. C'est seulement dans
les années 1890 que des géologues ont commencé à supposer que les cratères
lunaires étaient le résultat d'impacts météoritiques. Ils ont souligné
que les grands cratères lunaires - des cercles montagneux et circulaires
avec des sols généralement en dessous du niveau des plaines environnantes
- sont plus grands et ont des formes différentes des cratères volcaniques
connus sur Terre. Les cratères volcaniques terrestres sont plus petits
et plus profonds et se produisent presque toujours au sommet des montagnes
volcaniques. La seule alternative pour expliquer les cratères de la Lune
était l'effet d'un impact. Ce raisonnement a jeté les bases de la science
moderne de la géologie lunaire.
Cratères d'impacts sur la Lune. © Serge Jodra. Longtemps destination de voyages imaginaires, la Lune a commencée à être envisagée sérieusement comme un objectif accessible par quelques ingénieurs des premières décennies du XXe siècle engagés dans la mise au point des premiers moteurs de fusées (Robert Goddard, Robert Esnault-Pelterie, etc.). Mais il faudra attendre le lendemain de la seconde guerre mondiale, pour que la disponibilité de technologies développées à des fins militaires (principalement, les fusées V1 et V2 allemandes), ajoutée au contexte de la Guerre froide placent dès 1953 au rang de priorité les programmes d'accès à l'espace. Atteindre la Lune étant alors très vite perçu comme le signe d'une maîtrise technologique requise pour le lancement de missiles intercontinentaux, et le symbole le plus évident de la victoire de l'un ou de l'autre camp dans ce nouveau conflit, si fortement teinté de propagande. Les premiers tirs de fusées en direction de la Lune datent de 1958, et dès l'année suivante, les premières sondes automatiques parvenaient effectivement jusqu'à notre satellite. Rapidement, ces coups d'essais ont appelé l'émergence de programmes de vols habités, tant du côté soviétique qu'Américain. C'est donc pour l'essentiel pour préparer l'arrivée du premier homme sur la Lune que sera programmée la frénésie de lancement qui ne cessent de se succéder au cours de la décennie qui suit. lancement. Finalement, trois ans seulement après le premier alunissage en douceur d'une sonde soviétique, le premier équipage américain du programme Apollo pose le pied en 1969 sur la Mer de la Tranquillité Depuis, on serait
tenté de dire que toute l'affaire tient en une seule phrase : on a marché
sur la Lune et on en est revenu. Au total une soixantaine de voyages vers
la Lune auront eu lieu. Près de 400 kilogrammes ont de roches lunaires
auront été rapportées sur Terre pour y être étudiées. Seuls huit
voyages (tous appartenant au programme Apollo) auront été habités, dont
six alunissages, qui auront permis à douze humains de fouler le sol de
notre satellite. Pourtant, alors même que la Guerre Froide qui a justifié
tout cela n'apparaît plus que comme un spasme de notre histoire, les premiers
programmes d'exploration de la Lune ont modifié en profondeur la vision
que l'on peut avoir aujourd'hui du monde. Ils ont marqué un tournant non
seulement dans l'histoire des connaissances, mais dans l'histoire humaine.
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