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Dans
le temps même où la civilisation égyptienne
commençait à se développer sur les bords du Nil, une civilisation différente
naissait non loin de là , dans la vallée de l'Euphrate.
Depuis le Paléolithique
supérieur, c'est seulement dans l'Afrique du nord et dans l'Asie
antérieure méridionale que les conditions physiques permettaient à l'humain
de progresser rapidement. Des traces de l'industrie paléolithique se rencontrent
sur le plateau de Lybie, dans le Levant; l'humain établi dans ces régions
y acquit peu à peu l'usage du feu, de la parure, du vêtement; il apprit
à tailler la pierre, puis à la polir, enfin à fabriquer des vases de
terre et des armes métalliques.
Mais les conditions climatiques se modifièrent,
les hauteurs se desséchèrent, les vallées des grands fleuves se formèrent,
et l'humain eut à sa disposition des ressources plus abondantes et plus
variées. Alors les habitants du plateau de Lybie descendent vers le Nil.
Dans le Levant, d'aucuns demeurent dans les parties les plus habitables,
d'autres s'en vont peut-être vers l'Égypte, d'autres enfin suivent la
vallée de l'Euphrate, vont se fixer dans la plaine d'alluvions formée
aux dépens du golfe Persique, et se rencontrent là avec des gens d'une
autre origine, les Sumériens, venus on ne sait d'où par les pentes occidentales
du plateau d'Iran; de leur collaboration naît, au quatrième millénaire,
la civilisation suméro-akkadienne, plus
tard appelée babylonienne.
En Syrie et dans le reste du Levant, la
vie continue; des villes se bâtissent; des relations s'établissent tant
avec l'Égypte qu'avec la Babylonie. Au
XXIXe siècle avant l'ère chrétienne,
le sémite Sargon, roi d'Agadé (Akkad), est le
souverain d'un grand empire qui atteint à l'ouest le Taurus et le Liban,
au nord les monts d'Arménie, et englobe à l'est la région de Suse,
où s'est développée une autre civilisation, celle des Élamites,
qui s'est épanouie à côté de celle des Sumériens.
Quatre siècles plus tard, les rois sumériens
d'Ur ont un pouvoir non moins considérable. A cette époque apparaît
dans l'histoire la ville d'Assur, qui deviendra au second millénaire la
capitale d'une puissance rivale et souvent victorieuse de la Babylonie.
Le mouvement de migration qui, Ã l'aurore des temps historiques, avait
amené des sémites des profondeures de l'Arabie à la Syrie, puis en Babylonie,
n'avait probablement jamais cessé; les habitants de la Syrie, appelés
Amorrites, c'est-Ã -dire occidentaux,
par les Suméro-akkadiens, avaient fondé des royaumes le long de l'Euphrate
et, par des infiltrations plus ou moins pacifiques, s'étaient répandus
vers le golfe Persique. Amorrites et Elamites causèrent la ruine de l'empire
d'Ur et se partagèrent ses dépouilles; d'autres Amorrites s'établirent
ensuite à Babylone, reconstituèrent l'empire
à leur profit et firent de leur ville, pour deux mille ans, la véritable
capitale de l'Orient.
Leur oeuvre faillit être ruinée par un
peuple nouveau, les Hittites, qui apparaissent
à la fin du troisième millénaire sur le plateau d'Asie
Mineure. Les Hittites subissent l'influence des civilisations babylonienne
et égyptienne; au XIVe siècle, ils conquièrent
la partie septentrionale de la Syrie, mais ils y sont ensuite confinés
par la poussée des peuples de la côte égéenne, et, rejetés vers l'Orient
par l'arrivée des Doriens, ils disparaissent
peu à peu. Ils ont comme voisins, en Mésopotamie,
les Mitanniens, population indo-européenne mal connue, dont l'influence
se substitue en Assyrie à celle des Sumériens,
alors qu'en Babylonie la population sumérienne a été remplacée par
des sémites nomades qui se sont infiltrés le long du désert et ont gagné
peu à peu, par les bords du golfe Persique, les basses vallées de l'Elam,
alors que Babylone elle-même est tombée sous la domination des Kassites,
descendus du Zagros et fixés dans cette ville pour près de six siècles.
Les migrations des Peuples de la mer amènent
sur la côte méridionale de Syrie les Philistins,
vers le temps où un groupe d'Hébreux,
sortis d'Égypte et entrés en Canaan, commencent à former un peuple,
et les marins de la côte septentrionale de Syrie, recueillant l'héritage
de la thalassocratie crétoise, fondent des colonies dans tout le bassin
de la Méditerranée et au delà des colonnes d'Hercule (détroit de Gibraltar).
L'Assyrie s'est affranchie de la suzeraineté
babylonienne et de l'emprise mitannienne; elle commence cette politique
de conquêtes qui, au premier millénaire, en fait la maîtresse de l'Orient
asiatique. Au VIIe siècle, à peine a-t-elle
atteint son apogée, qu'elle disparaît, ruinée par des Indo-Européens,
les Mèdes, qui, depuis deux ou trois siècles,
étaient cantonnés dans la région du lac d'Ourmia. Son empire est divisé
entre les Mèdes et les Babyloniens. Moins d'un siècle plus tard, les
Perses, venus en Iran en même temps
que les Mèdes et installés plus au sud vers l'Élam, mettent fin à ce
partage, s'imposent à toute l'Asie et s'emparent de l'Égypte. Ils dominent
pendant deux siècles, jusqu'au jour où ils sont eux-mêmes vaincus par
Alexandre le Grand qui étend sa puissance
sur tout l'Orient et fonde un empire
grec.
Dans l'Orient asiatique, les peuples qui
ont joué le rôle le plus important sont, en Mésopotamie, les Babyloniens
et les Assyriens; sur le plateau d'Anatolie, les Hittites; en Syrie, les
Phéniciens et les Hébreux.
(HGP). |
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