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L'astrologie |
On donne le nom
d'astrologie à l'art divinatoire
fondé sur l'observation des astres et des phénomènes
célestes. On rencontre dans l'histoire ancienne de beaucoup de peuples
des traditions et des pratiques superstitieuses
dérivées de l'observation du ciel, mais c'est
aux Babyloniens qu'il faut certainement
rapporter la science astrologique constituée en corps de doctrines; par
eux, elle fut enseignée aux Grecs, au temps d'Alexandre,
et par les Grecs transmise aux Indiens
d'une part, aux Romains de l'autre. C'est
l'Antiquité
qui l'a léguée au Moyen âge;
la Renaissance,
loin de causer sa ruine, lui a donné une vie nouvelle comme à tout ce
qui venait de l'Antiquité, si bien que les pratiques de cette superstition
vivace se sont perpétuées plus ou moins obscurément dans toute l'Europe
occidentale jusqu'Ã nos jours.
Le nom d'astrologie n'a été opposé à celui d'astronomie que dans les premières années de notre ère. Auparavant, les auteurs de l'Antiquité comprenaient à la fois, sous les noms à peu près synonymes d'astrologie et d'astronomie, la divination sidérale à laquelle nous réservons le nom d'astrologie, et la science que nous nommons l'astronomie, ou plutôt les deux doctrines étaient pour eux confondues. S'ils voulaient désigner plus spécialement les méthodes divinatoires, ils se servaient des expressions d'art chaldéen (Ars, disciplina ou doctrina Chaldaeorum), art généthliaque (Genethliologia), apotelesmatique, astromancie, ou astromantique; les astrologues étaient communément désignés sous le nom de « mathématiciens ». Notions historiques C'est en Orient et particulièrement en Chaldée que la contemplation du ciel parît avoir produit, à une époque extrêmement lointaine, une astronomie théologique qui est devenue plus tard l'astrologie. Au dire de certains auteurs les Chaldéens appuyaient leurs théories sur une suite d'observations du ciel remontant à 473,000 ans, suivant les uns; suivant d'autres, à 1 million et 440,000 ans. Quoi qu'il en soit de ces chiffres fantastiques, qui sont l'ordinaire des supputations chronologiques de ces peuples, on a retrouvé à Ninive les fragments d'un grand traité d'astrologie compilé pour Sargon Ier et qui constituait le manuel des astrologues chaldéens au VIIe siècle avant notre ère. De la constatation de l'influence exercée sur la terre par le Soleil et la Lune, il était assez naturel d'induire que ces astres n'étaient pas les seuls qui dussent nous faire sentir leur action, et que, pour être moins sensibles, les influences des planètes, des toiles, des météores, des phénomènes célestes n'existaient pas moins; qu'elles devaient s'exercer sur les individus non moins que sur la terre elle-même, et qu'il était possible d'en tirer une doctrine et des méthodes de divination, tout aussi bien que de calculer les saisons, les phases de la lune, les positions des astres, et de prédire certains phénomènes célestes. L'éternel désir de surprendre les mystères de la destinée des humains trouva naturellement son compte à de pareilles idées. Entre les astres et les divinités s'opéra
une confusion naturelle, les prêtres furent les interprètes de la science;
ce furent eux qui, dans les temples devenus de véritables observatoires,
observèrent le mécanisme céleste, cherchèrent le mode de propagation
des influences sidérales, en établirent les lois et codifièrent les
méthodes et les procédés de la divination sidérale. Les prédictions
faites à Alexandre par les piètres chaldéens,
et qui furent réalisées, portèrent au comble leur renommée dans le
monde antique. L'un d'eux, Bérose, vint de Babylone
à Athènes où il fut accueilli avec enthousiasme,
et s'établit dans l'île de Cos où il fonda une école d'astrologie qui
séduisit les Grecs par l'appareil scientifique dont son enseignement était
entouré.
L'astrologie met en relation les astres et les parties du corps humain (planche des Très riches heures du Duc de Berry, vers 1410). Longtemps auparavant des traditions indigènes dont on retrouve la trace dans Homère et dans Hésiode, des notions astrologiques venues déjà de l'Orient et vulgarisées par Thalès, Pythagore, Démocrite et d'autres philosophes, avaient préparé les Grecs à accepter les principes de la doctrine chaldéenne. A l'époque même où Bérose l'importait en Grèce, les écrits de Manéthon de Sebennytos y répandaient les théories et les méthodes égyptiennes. Les doctrines astrologiques été introduites
en Grèce
vers la même époque; elles s'y sont mutuellement pénétrées et fondues,
et ont reçu dues Grecs une nouvelle élaboration. En Chaldée,
l'astrologie était restée le privilège mystérieux d'une caste; accueillie
en Grèce par les diverses écoles philosophiques, elle y subit épreuve
de la discussion, se perfectionna, s'humanisa et s'adapta aux idées religieuses.
Les astrologues, grecs ne tardèrent pas à apporter leur science en Italie.
Dès l'an 139 avant notre ère le préteur Cn. Cornelius Hispallus jugeait
opportun de les expulser de l'Italie. Mais la persécution eut son effet
habituel; les astrologues devenus des martyrs stimulèrent davantage la
curiosité publique et devinrent les confidents de tous les ambitieux.
Le « mathématicien » Théagène annonça à Octave
sa brillante destinée, Scribonius dressa l'horoscope
de Tibère; Néron, Vespasien,
Marc-Aurèle,
crurent aux Chaldéens. Septime Sévère
épousa, dit-on, Julia afin de devenir roi puisqu'un astrologue avait prédit
qu'elle épouserait un roi. Alexandre Sévère
fut lui-même un astrologue et créa des chaires d'astrologie. Un poète,
Manilius, exposa l'astrologie dans un poème
didactique.
Un astrologue et chiromancien qui à pignon sur rue, à Jaipur (Rajasthan, Inde). Photo : © Serge Jodra, 2011. Le christianisme, à son origine, fut l'adversaire de l'astrologie; quelques docteurs la combattirent comme portant atteinte à la liberté et à la Providence, mais la plupart, sans contester la réalité de ses résultats, y virent une inspiration du démon; d'autres s'efforcèrent d'en concilier les doctrines avec la foi, et de là naquirent d'innombrables hérésies astrologiques. Persécutée par les empereurs chrétiens, proscrite par les docteurs de l'Eglise, l'astrologie survécut cependant à la ruine du paganisme; mêlée à des vestiges des cultes orientaux, associée aux pratiques de la magie et de l'alchimie, la divination sidérale devint une science occulte, pratiquée obscurément, mais à laquelle nombre d'esprits curieux cherchèrent à se faire initier. Les Juifs et les Arabes furent alors les dépositaires des procédés de la divination, beaucoup d'adeptes se firent une industrie de l'art de dresser un horoscope. II serait curieux de rechercher comment a pu alors se perpétuer l'astrologie, quelles transformations elle subit, coin ment elle put, s'adapter aux idées de l'époque, mêlée aux rites magiques et à toutes les folies de la théurgie, dans quels mieux enfin elle put se propager. Tandis que les doctrines, sur lesquelles
l'Antiquité
nous a laissé tant de documents, ont été curieusement étudiées par
les historiens, les pratiques du Moyen âge
sur lesquelles il est plus difficile de recueillir des témoignages, dispersés
encore pour la plupart dans les manuscrits,
nous sont à peu près inconnues. Les historiens de l'astronomie,
préoccupés uniquement de la science pure, ont dédaigné comme puériles
des pratiques dont l'histoire n'intéresse guère que la psychologie. On
sait seulement que jamais on n'a cru plus naïvement à l'influence des
astres sur les hommes et les événements. Le principal poème
didactique du XIIIe siècle, l'Image
du monde, composé en 1245 par Gautier de
Metz, contient à ce sujet un chapitre entier intitulé : «
De la vertu du ciel et des étoiles ». Avec le XIVe
siècle, l'astrologie redevint en grand honneur, le théologien Pierre
d'Ailly, astronome de mérite, qui fut l'un des promoteurs de la réforme
du calendrier, composa de nombreux
traités astrologiques, et l'on a relevé (dans une thèse latine
présentée à la faculté catholique de Lille)
sa prédiction, fondée sur des calculs astrologiques, d'une révolution
due aux sectes pour l'année 1789. Ces coïncidences, qu'on ne saurait
s'étonner de rencontrer dans la masse des prophéties dues à tous les
procédés de divination, ont de tout temps
frappé les imaginations et contribué au maintien ou aux recrudescences
des superstitions.
Les rois et les princes de cette époque ne manquèrent pas de faire tirer les horoscopes de leur fils; presque tous entretenaient des astrologues qui étaient souvent aussi leurs médecins et qu'ils consultaient dans les occasions graves. Alphonse X de Castille était épris de cette science et la cultivait; Charles V fit venir d'Italie, entre autres astrologues, le père de Christine de Pisan, et Gerson écrivit un livre pour réfuter ses doctrines (Traité contre les astrologues). L'usage d'entretenir des astrologues et surtout de faire tirer des horoscopes se perpétua au XVe, au XVIe et jusqu'au XVIIe siècle. On sait que Catherine de Médicis et Charles IX eurent pour astrologue le célèbre Michel de Notre-Dame (Nostradamus) dont les centuries, sentences énigmatiques en vers, publiées à Lyon en 1555, avaient une vogue qu'elles n'ont pas encore tout à fait perdue. L'astronome Tycho Brahé avait tiré l'horoscope de l'empereur d'Allemagne, Rodolphe II, qui vécut entouré d'astrologues; à la naissance de Louis XIII, Henri IV fit tirer l'horoscope de son fils par le médecin Larivière; enfin, lorsque Anne d'Autriche accoucha de Louis XlV, l'astrologue Morin était présent pour dresser le thème de nativité, mais il était caché dans l'appartement et fit son oeuvre secrètement, ce qui déjà indique le progrès des idées. "Autrefois, dit Voltaire, les princes et les papes étaient très orgueilleux et très ignorants. II n' y avait d'étoiles que pour eux; le reste de l'univers était de la canaille dont les étoiles ne se mêlaient pas. "Au XVIIIe siècle encore les pratiques de l'astrologie étaient fort répandues; le comte de Boulainvilliers, qui s'en occupait, a laissé sur ce sujet plusieurs ouvrages demeurés manuscrits, et à la fin du siècle encore les encyclopédistes pouvaient écrire : " Quoique l'astrologie judiciaire ait été solidement combattue, elle règne encore et particulièrement en Italie."Doctrines et écoles On ne saurait attendre de nous que nous entrions dans de longs détails sur les principes et les méthodes mêmes de l'astrologie, ni que nous indiquions quelle part exacte revient dans l'élaboration de la doctrine à chacun des peuples qui ont contribué à la former. Il suffira d'indiquer brièvement quelles étaient les lignes de force de ce genre de divination. Nous avons dit que l'astrologie avait eu pour point de départ l'idée que tous les phénomènes du monde et de la vie étaient dans une étroite solidarité. Ce principe admis, il en résultait que, de l'observation et de l'étude du mécanisme céleste, on devait pouvoir déduire non seulement la connaissance de l'action des astres sur la terre, mais encore déterminer leur influence sur la vie de tous les êtres de la création. L'astrologie devenait ainsi l'application pratique de la science que nous nommons l'astronomie. L'étude de l'action des astres et des phénomènes célestes, sur la terre, sur les éléments et sur les phénomènes atmosphériques, fut l'astrologie naturelle. On lui doit de grandes découvertes, et c'est elle en somme qui est devenue la météorologie. L'étude de l'influence des astres sur la destinée des individus et sur les événements humains fut l'astrologie judiciaire. Plus mystérieuse que l'astrologie naturelle et toujours décevante, elle devait exercer un attrait plus vif sur l'esprit humain qu'elle dévoya et conduisit aux plus singulières aberrations. Pour déterminer l'influence sidérale sur la vie humaine, la doctrine chaldéenne imagina que les astres étaient doués de qualités spéciales et que chacun d'eux devait engendrer ses qualités ou leurs contraires, suivant que l'action était positive ou négative, sur les êtres qui en ressentaient l'effet. On admit de plus que le sens positif ou négatif dans lequel devait s'exercer I'effet d'un astre et l'intensité même de cet effet devaient varier suivant la position occupée par l'astre dans le ciel. Mais il va de soi qu'on ne saurait considérer un astre isolé, les astres voisins concourent à son effet ou le contrarient; il faut donc déterminer l'effet de la combinaison de plusieurs astres. Or il y a dans le ciel deux sortes d'astres, les étoiles fixes et les planètes errantes; de là une multiplicité infinie de combinaisons possibles. Tout d'abord on distingua, entre les étoiles
fixes, les constellations que parcourt
annuellement le soleil ; on les répartit artificiellement en douze groupes
qui furent les douze «maisons » du soleil, à chacune desquelles on donna
un nom et que l'on désigna par un signe :
Ce furent (de gauche à droite; si-dessus) en commençant par l'équinoxe du printemps : le Bélier, le Taureau, les Gémeaux, le Cancer, le Lion, la Vierge, la Balance, le Scorpion, le Centaure ou Sagittaire, le Capricorne, le Verseau, et les Poissons. Ainsi fut constitué le zodiaque, qui est resté dans notre calendrier. C'est le symbolisme zodiacal qui sert de base à toute l'astrologie; l'influence de chaque signe fut basée sur les qualités qui résultaient de l'identification de ce signe avec une divinité, de son sexe, de sa position, etc. Toutes les aptitudes, toutes les passions, tous les vices, toutes les qualités morales ou physiques furent ainsi réparties entre les constellations. Pour déterminer les influences concurrentes ou contraires des divers signes on tint compte de la variété des aspects, qui, suivant le nombre des côtés du polygone formés par les lignes dont on les rejoignait, furent dits trigone, quadrat ou sextil, ou encore diamétral, en opposition, ou en conjonction. Les aspects les plus favorables étaient les moins obliques, c.-à -d. ceux dont les angles du polygone étaient les moins ouverts; le trigone était donc supérieur à tous les autres. Nous n'insisterons pas sur les subdivisions dont furent l'objet les signes du zodiaque, non plus que sur la variété d'influence que pouvait produire son mouvement diurne. Le nombre des combinaisons et conséquemment des influences dans le champ des constellations zodiacales était assez limité, mais il se multipliait à l'infini lorsqu'on tenait compte de l'intervention des planètes, qui, animées de vitesses différentes, forment des groupes et des aspects infiniment variés. La doctrine des influences planétaires est l'oeuvre des Chaldéens. Divinisées ou symbolisées comme les constellations, elles entrèrent en concurrence avec elles pour produire sur l'humanité des actions combinées ou contrariées. Les planètes des astrologues sont : le Soleil, la Lune, Vénus, Mercure, Saturne, Jupiter et Mars. Leurs influences physiologiques et psychologiques furent longuement exposées par les astrologues, isolément d'abord, puis dans leur distribution au milieu des constellations et au cours des mouvements divers de la sphère céleste et des orbites planétaires. Il faudrait des volumes pour exposer, même sommairement, les rêveries, les chimères, les imaginations, les systèmes incompréhensibles produits sur ce thème par l'esprit humain. La théorie des influences une fois établie, il fallait déterminer comment elles pouvaient agir sur l'existence. Si cette action s'exerçait sans cesse à chaque moment de la vie, il n'y avait pas de divination possible, aussi admit-on dès l'origine sans conteste qu'il y avait dans la vie un moment précis où la destinée d'une personne était écrite, au ciel et fixée pour la vie. C'était le moment ou l'être humain prenait vie; mais était-ce l'instant de la naissance ou celui de la conception? matière à de longues controverses entre astrologues. Les déceptions des présages fondés Sur le moment de la naissance firent souvent adopter pour peint de départ la conception, mais alors l'incertitude augmenta, car la conception ne se pouvant calculer, et encore approximativement, que d'après la naissance, il fallait reconstituer l'état du ciel à un moment qui demeurait conjectural. Quoi qu'il en soit, pour présager d'après les règles de l'astrologie la destinée future d'un être humain, il fallait déterminer l'état du ciel à l'époque décisive. C'était ce que l'on nommait dresser le thème de nativité (ou de naissance). En voici les procédés les plus simples et les plus ordinaires. Les signes du zodiaque étant répartis dans leurs douze maisons sur une figure du genre de celle ci-dessus où le Bélier occupe le triangle qui forme la maison n° 1, en dressait une figure analogue pour y noter l'état du ciel au moment de la naissance. On y répartissait ensuite les constellations suivant la place qu'elles occupaient à ce moment, celle qui montait alors à l'horizon occupait le triangle n° 1, et recevait le nom d'ascendant. Cela fait, on déterminait les places respectives des planètes dans les constellations an même moment. Soit ici (ci-dessous), la balance étant l'ascendant et Saturne dans l'ascendant; on notait soigneusement que Vénus était avec le Bélier dans la maison n° 7, soit en aspect diamé tral ou en opposition, etc. Le thème de nativité ou l'horoscope une fois dressé, il fallait en déterminer le sens, c.-a-d. les présagée tirés de la combinaison des actions variées que l'on supposait exercées par les constellations et les planètes : la durée de la vie, les aptitudes, les qualités, les passions, les événements et les maladies. L'astrologie ne se bornait pas à , soulever le voile qui cachait aux non-initiés les mystères de la destinée humaine; par leur action supposée sur les diverses parties du corps, les combinaisons des constellations avec les planètes servaient à prévoir les maladies et conséquemment à faciliter leur guérison. Par leur influence sur les différentes contrées, elles servaient à prédire les révolutions et les guerres ; enfin leur mouvement dans l'espace servait à distinguer les jours propices des jours néfastes les jours égyptiaques, pendant lesquels on ne devait être ni saigné, ni purgé, ni entreprendre de voyage, ni manger de l'oie, etc., ont été tonus en grande considération pendant tout le Moyen âge et c'est une superstition dont ou retrouvé encore des survivances chez plus d'un de nos contemporains. On ne saurait énumérer les attaques et les discussions dont l'astrologie a été l'objet, surtout depuis son importation dans le monde grec, mais on doit constater que ces attaques ont longtemps porté, pour la plupart, sur les conséquences ou sur les procédés, et jamais sur la principe même, aussi difficile à réfuter qu'impossible à démontrer, comme tout ce qui relève d'une foi. On a reproché à l'astrologie de supprimer la liberté humaine et plus tard de ne tenir aucun compte de la Providence; on lui a reproché surtout la vanité de ses présages et les démentis qu'ils ne cessaient de recevoir. Comment aussi, lorsque, d'après l'observation des astres, on fait l'horoscope de l'enfant qui naît, tous les autres enfants qui viennent au monde dans le même moment ne naissent-ils, donc pas sons les mêmes influences célestes? la cependant quelle diversité dans la durée du leur vie, dans leur fortune, leur position sociale! Et lorsque, par suite, d'une famine, d'une peste, d'un tremblement de terre, d'une bataille, etc., plusieurs milliers de personnes perdent la vie eu même temps, les astrologues viendront-ils nous dire que toutes étaient nées sous les mêmes influences funestes? Et d'ailleurs, presque tous les événements n'ont-ils pas donné un éclatant démenti à leurs prédictions mensongères? Voici comment Shakespeare, dans sa pièce du Roi Lear se moque de l'astrologie : " Quoi! lorsque nous sommes malades ou dans l'infortune (ce qui vient souvent de notre mauvaise conduite), nous ferons coupables de nos souffrances le Soleil, la Lune et les étoiles! comme si nous étions méchants par nécessité; fous par un ordre du ciel; fripons, voleurs et traîtres par une prédominance des astres; buveurs, mensongers et adultères par une obéissance forcée à l'influence d'une planète, et comme si tous nos vices descendaient du ciel! Admirable invention d'un libertin de mettre ses penchants déréglés sur le compte d'une étoile! Mon père et ma mère furent unis sous le signe du Dragon, et je naquis sous la Grande Ourse; de sorte que je dois être rude et sans honte. Bah! j'aurais été ce que je suis, si même la plus petite étoile du firmament eût présidé à ma naissance."A tous leurs détracteurs les astrologues répondaient en opposant d'abord les présages fameux qui avaient reçu des événements une confirmation éclatante, mais surtout en alléguant l'imperfection des procédés, les chances d'erreurs, l'inexactitude des observations dont les conditions pouvaient être améliorées par des perfectionnements de méthode. C'est ainsi qu'on apprit à calculer les éclipses pour faire entrer en ligne de compte leur action qu'on avait d'abord négligée, qu'on apprit à tenir compte de la réfraction pour établir les thèmes de nativité sur les plans réels de l'horizon, que l'on détermina les positions de l'écliptique pour faciliter l'établissement des horoscopes diurnes, etc. Si bien que beaucoup de recherches de cette science vaine tournèrent finalement au progrès de la science véritable. L'astrologie ne peut plus aujourd'hui se revendiquer comme science au sens moderne du mot. C'est une croyance qu'il convient de ranger dans le domaine des phénomènes religieux. L'astrologie, comme les autres pratiques divinatoires, relève d'une vision du monde et d'un système de causalité que l'on peut respecter en tant que tels, mais en aucun cas rendre compatibles avec ceux sur lesquels reposent les sciences ordinaires. Mais si l'on considère la place que la divination sidérale a tenue dans les croyances du passé, l'influence qu'elle a exercée sur la civilisation, les relations qu'elle a eues avec les véritables recherches scientifiques, on reconnaîtra qu'elle demeure encore intéressante, comme tout qui touche l'histoire de l'intelligence humaine. (Y.). |
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