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Tamerlan
(altération de Timour-Leng, ou mieux, suivant la prononciation
turque, Timur-Lenc, c. à d. Timur le boiteux, ainsi appelé
parce qu'une blessure l'avait rendu boiteux) est le fondateur du second
empire mongol. Né à Kech (ou Kesch) près de Samarcande
vers 1336, mort à Otrar en 1405, il était, disait-il, apparenté de très
loin avec la dynastie des Mongols, descendants de Gengis-Khan,
et prétendait également avoir pour ancêtre Alakauva, la vierge qui fut
rendue miraculeusement enceinte par la lumière.
Son père, Taragaï, était le chef de
la tribu turque de Baroulas et gouvernait la province de Kesch. L'émir
Timour resta de bonne heure orphelin, et fut dépouillé par ses voisins
de presque tout ce qu'il possédait, mais il devint, à la mort de son
oncle, Séif-Eddin, chef d'une tribu tartare
et prince de Kech. Touglouk-Timour, prince de Kachgar, s'étant déclaré
souverain du Djagataï (La Horde
d'or et le Djagataï),
Tamerlan s'attira ses bonnes grâces et se fit donner le gouvernement de
la Transoxiane, puis il abandonna le parti de Touglouk pour embrasser celui
de son beau-frère, Hoseïn, qui voulut un peu plus tard le faire assassiner.
La mort de sa femme lui ayant rendu la liberté Timour attaqua Hoseïn,
le battit (1366) et s'empara de Balkh (1369); cette même année, il fut
proclamé souverain de tout le Djagataï.
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Tamerlan
(ca.
1336-1405).
Son règne se passa presque tout entier
en guerres; en 1376, il alla secourir le khan Toktamisch contre Ourouss-khan,
souverain d'une partie de la Russie du Sud-Est; puis il conquit successivement
le Khoraçan
(1380) avec Hérat, les provinces qui se trouvent au-dessous de la Caspienne
avec Tauris, Kars, Tiflis et Van; le royaume des Mozafférides
avec Ispahan et Chiraz (1387). II passa près de trois ans (1388-1391)
à soumettre son ancien allié le khan du Keptchak, Toghtamisch, pendant
que son armée s'emparait de la Kachgarie; puis il s'empara du Mazendéran,
de l'Irak avec Bagdad (1393) et soumit toute
la Mésopotamie.
Après avoir définitivement ruiné la
puissance de Toghtamisch, Timour fit saccager la Pologne et la Russie
par son petit-fils Mohammed et, en 1398, il entreprit la conquête de l'Inde
(1398-1399), puis se trouva entraîné dans une guerre contre Bajazet Ier
(Beyazid), sultan des Ottomans, et contre
le sultan mamelouk du Caire, Féredj. Alep et Damas furent; pillées en
1400 et 1401, et le sultan Bajazet fut complètement vaincu à Ancyre
(Ankara) (juin 1402) et fait prisonnier,
la prise de Smyrne termina la campagne et l'empereur de Constantinople
s'engagea à lui payer un tribut Timour était rentré à Samarcande en
1404 et, presque immédiatement, il entreprit la conquête de la Chine,
mais il mourut à Otrar dans le Khokand
(1405); ses fils ramenèrent son corps à Samarcande. Ses vastes États
furent partagés entre son fils Shah Rokh, et ses nombreux petits-fils
ou arrière-petits-fils.
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Tamerlan,
par Gérôme.
Cet homme extraordinaire avait des connaissances
assez étendues, et fut le protecteur des sciences; mais d'après Ibn Arabshah,
toutes ces conquêtes auraient été accompagnées de massacres épouvantables.
Il aurait fait égorger à Delhi 100 000 prisonniers,
et aurait élevé à Bagdad une pyramide formée
de 90 000 têtes humaines, il aurait aussi fait écraser par sa cavalerie,
en Inde,
1000 enfants envoyés pour le fléchir. La critique moderne se refuse Ã
admettre entièrement les accusations de cet historien.
Le peintre-sculpteur, J.-L.
Gérome a exposé au Salon de 1898 une statuette de Tamerlan. Le conquérant
est assis sur une selle d'or, les poings sur les cuisses. Sa tête a un
teint de cuivre vert. Le cheval, la tête en avant, les dents découvertes,
a les pieds arrêtés sur des têtes coupées. (NLI). |
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