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![]() | L'histoire de la puissance mongole commence seulement avec Témoudjin, surnommé plus tard Gengis Khan. Il était le fils de Yissougaï Bahadour, l'un des principaux chefs mongols, guerrier renommé, et qui, bien que vassal de l'empire toungouse des Kin (Jin), exerçait sa puissance dans la région au Sud-Est du Baïkal, dans les monts Bourcan Kaldoun, aujourd'hui Kenteï, d'où sortent les rivières Onon, qui avec l'Ingoda forme la Chilka, Keroulen qui se jette dans le Dalaï Nor, et Toula, tributaire de la Selenga par l'Orkhon. Les possessions dont Témoudjin allait se trouver l'héritier avaient pour voisins les Merkites, les Kéraïtes sur les bords de l'Orkhon et de la Toula, au Sud des Merkites, et les Naïmans bornés au Nord par les Kirghiz, à l'Est par les Kéraïtes, au Sud par les Ouïgours et à l'Ouest par les Kankalis. Les Naïmans étaient proches de l'empire des Kara Kitaï (Khitans noirs) qui occupait les deux versants des Tian-Chan et s'étendait au Sud jusqu'au Tibet![]() ![]() ![]() ![]() En peu d'années, Témoudjin agrandit prodigieusement ce faible héritage. S'étant fait proclamer en 1206 souverain de tous les Mongols (autrement dit Gengis Khan, ou puissant Khan), il conquit le pays des Ouïgours (1209) et la Chine septentrionale (1213); soumit la Corée (1219), la Transoxiane A la mort de Gengis, son immense puissance s'exerçait à l'Ouest, au delà de la mer Caspienne et de la mer Noire, jusqu'à la Bulgarie, la Serbie, la Hongrie et la Russie; à l'Est, jusqu'à la mer, y compris la Corée; au Sud, ses territoires étaient bornés par les débris de l'empire des Kin, le Tibet Les quatre premiers grands khans, Gengis (1206), et ses successeurs Ogotaï (1229), Couyouk (1246) et Mangou (1251), sont considérés comme les ancêtres de la dynastie chinoise des Youen, qui a eu pour véritable fondateur le cinquième grand khan Koubilaï, fils de Touli, petit-fils de Gengis et frère de Mangou (Mengou). Ils ne portent pas de noms de règne (nien-hao) et ont les noms de temple (miao-hao), de Tai-tsou, Tai-tsoung, Tin-tsoung, Hien-tsoung. Koubilaï eut lui-même comme noms de règne (nien-hao) Tchoung toung (1260) et Tche-youen (1264) et comme nom dynastique Chi-tsou. Dates clés : 1206 - Gengis Khan prend la tête des tribus mongoles. | |||
![]() | L'ascension de Témoudjin Cela a souvent été dit, le premier artisan de l'ascension de Témoudjin fut sa mère Ouloun Eke, apparentée à une grande famille des Kin; à la mort de son mari Yssougaï, le fils aîné d'Ouloun Eke et du chef de horde n'avait que treize ans; de ses quatre frères, le plus jeune, auquel revenait, d'après la coutume, le patrimoine paternel, n'avait que cinq ans. Ce fui donc la mère qui prit la régence; des 13 clans groupant environ 30 000 familles, les trois quarts firent défection dès l'enterrement de Yssougaï; elle rallia le reste. Elle épousa un personnage religieux très influent, Minglig Etchigué, père d'une sorte de saint, et mit ainsi l'influence spirituelle au service de son fils. A celui-ci, son père avait laissé deux puissantes alliances : par ses fiançailles avec Burte-Djouguine, du puissant clan Koungrad apparenté aux Turks orientaux et aux Mandchous occidentaux; et par l' « échange du serment » avec Marghouz Togroul, petit-fils du roi des Kéraïtes. Néanmoins, les débuts furent difficiles; sans doute, les épreuves du futur empereur ont été exagérées par les chroniqueurs bouddhistes Premiers combats. En 1193, chef incontesté du pays mongol, il commence à agir au dehors avec son ami Togroul, le Kéraïte; il se met à la solde de l'empereur Kin, y gagne le titre universitaire de daï-ming, qu'il continua de porter. Il échoue dans une attaque contre les Mandchous Solongo (1197), mais son lieutenant Moukhouli finit par reprendre l'avantage. Allié aux Kéraïtes, il écrase ses adversaires du Nord, les Mergued et les dissidents mongols. Cette guerre ou nous voyons paraître les grands lieutenants de Témoudjin, les futurs conquérants de la Chine Après une guerre menée en commun contre les Naïmans, les Mongols se brouillent avec les Kéraïtes; ceux-ci succombent et sont annexés (1203). La rnême année, Témoudjin prend le protectorat mongol (1203); les Turks du Sud du désert de Gobi, le long de la Grande Muraille, suivent cet exemple. Les dissidents font alors appel au grand royaume du Pé-lou, celui des Naïmans, où se réfugient Djamouka, le chef du clan djouirat, Tokta-Bégui, chef des Mergued, près du fils du roi Tayang, Guchlug (Koutchouloug), le troisième des implacables adversaires de Gengis Khan. La défaite des Naïmans fait passer sous l'autorité du chef mongol les Turks du Pé-Iou; la bureaucratie des Ouïgours se rallie au vainqueur. C'est alors que celui-ci convoque la fameuse assemblée de 1206 et relève le vieil empire turc. Après avoir juré d'observer le Yassak et la Toura, la loi et la coutume, il se fait reconnaître pour souverain absolu, Gengis khan, substituant ce titre neuf à celui un peu usé de khaqan. ![]() L'empire mongol en 1206 et les trois autres grandes entités politiques du moment en Asie orientale et centrale (Kara Kitaï, Kin et Chine des Song). La confédération gengiskhanide. « L'empire a été fondé à cheval mais ne peut se gouverner à cheval ».L'empereur dirige tout, prépare avec ses généraux les plans de campagne, puis s'en remet à eux de l'exécution. En 1217, il est maître de la Chine septentrionale. Il aborde alors la conquête de l'Occident. En reconstituant à son profit l'ancien empire turc, Gengis Khan se conférait des droits et une sorte d'autorité légitime sur tous les Turks partout il s'en trouvait, et c'est bien là la caractéristique de ces campagnes extraordinaires; les Mongols vont aussi loin qu'ont pénétré, au cours des siècles précédents, les Turks de toute provenance : partout où ils en trouvent, en Perse ![]() Sus à l'Occident. « La pitié est signe d'un caractère faible, seule la sévérité retient les hommes dans le devoir; un ennemi simplement vaincu n'est jamais réconcilié et déteste toujours son nouveau maître. »La férocité des combattants mongols est demeurée légendaire; la plupart des grandes cités de l'Iran ![]() ![]() ![]() ![]() ![]() ![]() ![]() ![]() ![]() Fin d'un règne. L'héritage de Gengis Le fondateur était un Mongol, mais dans ses armées la majorité des soldats étaient des Turks; son administration, ses fonctionnaires furent Turks; c'est du vieil empire des Hioung-nou et des Tou-Kioue, qu'il se réclame. Seulement, comme tous les peuples de l'Asie centrale, les conquérants subissent le prestige de la Chine, si riche, si peuplée, de civilisation si supérieure, avec une administration et une hiérarchie si bien réglées. C'est de ce côté que penchera la balance. Quand Gjengis Khan ne fut plus; tout de suite se dessina une rivalité entre les éléments turcs et chinois. En refusant d'aller à Karakoroum, les Mongols inclinent vers la Chine. L'empereur mort, qu'allait devenir l'empire? Il continua de grandir; la formidable impulsion donnée par Gengis ne s'arrêta pas de suite et le partage entre ses fils ne rompit pas sur-le-champ l'unité de l'empire mongol, chacun ne regardant sa part que comme une base d'opérations pour de nouvelles conquêtes. L'affaiblissement ne vint que lorsque la marche en avant fut suspendue et que chacun des héritiers se consolidant dans ses possessions subit rapidement l'influence des vaincus et devint un souverain quasi nationalisé en Chine On ignore si Gengis Khan avait laissé un testament et organisé sa succession politique. Voici comment elle fut réglée : Le plus jeune fils, l'Ot-djiguine, Touli, gardien de la maison, reçut le patrimoine héréditaire, conformément à la loi mongole; il gouverna le pays de l'Onon et de l'Orkhon, Mongols et Kéraïtes; auprès de lui demeurèrent les ministres avec les sceaux. Djoudji, le fils aîné, héritier politique désigné, était mort en 1223 à Seraï, sur le Volga; il était représenté par son fils Batou, le Débonnaire (Sain Khan), auquel Gengis avait confié le gouvernement du Kiptchak, de la steppe de la Caspienne au Dniepr. Djagataï, deuxième fils de l'empereur, avait été investi par lui du Turkestan Ogotaï, le troisième frère, insignifiant et ivrogne, se vit d'abord attribuer le pays que baigne l'Imil, mais dès 1229 un kouriltaï, tenu près de la source de la Keroulen, décida, conformément à des instructions verbales, authentiques ou supposées, de, Gengis, que le Khaqan, l'empereur suprême, serait Ogotaï. Sous son nom, on poursuivit la conquête de la Chine où les Kin reprenaient l'avantage. En août 1230, Ogotaï entra dans le Chan-si, tandis que Touli envahissait le Ho-nan. Ensemble ils assiégèrent Pieng-King, la capitale, dont Souboutaï s'empara en mai 1232. L'année précédente, une alliance avait été conclue avec l'empereur Song, Li-tsong, qui devait recevoir pour prix de son concours le Ho-nan. L'armée sino-mongole, commandée par Tatchar, s'empara de la dernière forteresse des Kin, Tsaï-tchéou, refuge de l'empereur Niukiasou (Aïtsong). Celui-ci se suicida et la mort de son cousin Tcheng-lin consomma la destruction de la dynastie des Kin. Désormais les Khagans Mongos étaient empereurs de Chine Ils ne se contentèrent pas de la région au Nord du Hoang-ho et le kouriltaï de 1235, tenu à Karakoroum par Ogotaï, décida une expédition contre les Song, une autre contre la Corée, dont le roi Va-tong, qui avait assassiné des officiers mongols, se soumit en 1241 ; une troisième contre l'Occident, dont la direction fut confiée. à Souboutaï et qui porta aux extrémités de l'Europe la terreur du nom mongol. Il est d'ailleurs remarquable que le règne de cet Ogotaï, personnellement médiocre, ait vu plusieurs des plus considérables entreprises mongoles l'achèvement de la ruine des Kin et de la soumission de l'Iran L'invasion mongole en Europe Le commandement de cette armée avait été confié par le khaqan à Batou, fils de Djoudji, sous le nom duquel Souboutaï dirigeait les opérations. Les Bulgares du Volga furent d'abord subjugués, leur capitale emportée par Souboutaï. Puis on se fit route à travers les forêts de Penza et les Mongols parurent devant Riazan Le Saint-Empire, absorbé par la querelle de Frédéric II et d'Innocent IV, s'était faiblement ému; nul ne secourut le roi de Hongrie, malgré ses supplications. De fait, les Mongols étaient au terme de leur chevauchée et trop éloignés de leur base d'opérations pour entamer la féodale Europe, toute hérissée de forteresses. Leurs bandes continuent de ravager effroyablement la plaine polonaise, brûlent de nouveau Cracovie Les fissures de l'empire. « Ainsi trois programmes : l'empire à Karakoroum ou à Almalik, dans la maison d'Ogotaï, avec un général pour ministre; l'empire à Bokhara ou en TurkestanLa vacance du trône fut longue : près de cinq années. On reconnut pour régente l'impératrice Tourakina en attendant qu'on tint le kouriltaï où serait désigné le khaqan. Djagataï était mort en 1241. Les autres princes les plus considérés étaient partis avec l'armée de l'Ouest, que Souboutaï avait menée jusqu'en Silésie ![]() Ce fut seulement en août 1246 que fut tenu au lac Geuka le kouriltaï qui élut Gouyouk, écartant décidément son frère aîné Chiramoun; Batou n'avait pas voulu y paraître. Le légat du pape Innocent III, Plan Carpin, assista aux magnifiques fêtes du couronnement, parmi tout un peuple de rois, de princes, d'ambassadeurs. Tourakina mourut deux mois après, et Gouyouk au printemps de 1248. Il avait continué la guerre de Chine contre les Song. La régence fut prise par Ogoul-Gaïmich, veuve de Gouyouk, mais Batou, son ennemi, convoqua le kouriltaï dans le Kiptchak; les descendants d'Ogotaï n'y vinrent pas et le trône passa à la lignée de Touli. Son fils Mangou fut élu; le 1er juillet 1251, l'élection fut régularisée dans un nouveau kouriltaï tenu à Karakoroum, en présence de Batou et clos par des fêtes d'une semaine. Une conspiration des partisans de la maison d'Ogotaï fut noyée dans le sang. L'impératrice Ogoui-Gaïmich et la mère de Chiramoun furent mises à mort; tous les princes descendants d'Ogotaï dépouillés de leurs apanages et exilés. Seul l'intrépide Kaïdou, élève de Souboutaï, résista et se fit attribuer le Pe-lou avec Almalik. Sous le règne de Mangou, les conquêtes continuèrent et l'influence chinoise devint tout à fait prépondérante. Batou meurt en 1256; les grands ministres de Djagataï et d'Ogotaï, Yelvadj et Yelou, les grands capitaines mongols ont disparu; la tradition mongole s'effaçait de plus en plus; la propagande bouddhiste gagnait du terrain. L'histoire militaire n'est pas finie. En 1253, Mangou envoya son frère Houlagou en Perse Mangou fut le dernier des empereurs mongols de la période de transition, qui de leur capitale turque de Karakoroum s'efforçaient de maintenir l'équilibre entre les éléments chinois et les éléments turco-mongols, entre le cour et l'administration et le parti militaire. C'était la seule manière de préserver l'unité de l'empire. Après Mangou, le parti chinois l'emporte et les khaqans mongols fondent une dynastie proprement chinoise, celle des Youen, jusqu'au jour où ils sont refoulés dans la steppe. Mais, de ce moment, les royaumes vassaux attribués aux descendants des autres fils de Gengis et du frère de Mangou se séparent; après avoir durant près d'un siècle encore reconnu la suzeraineté du Khaqan d'Orient, ils finissent par s'en détacher tout à fait pour suivre leur destinée particulière. A partir de maintenant, il nous faut donc retracer séparément l'histoire des Mongols de Chine
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