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La
troisième période intermédiaire
La XXIe
dynastie.
A partir de 1070
av. J.-C, il s'opère un grand changement
une Égypte nouvelle s'élève sur les ruines de la vieille Égypte des
rois thébains.
« Le centre
de gravité, observe Maspéro, qui, après la
chute du premier empire, était descendu au Sud, vers Thèbes ,
par la conquête de la Nubie
et le développement de la puissance égyptienne dans le Soudan, remonta
peu à peu vers le Nord et oscilla quelque temps entre les différentes
villes du Delta. Tanis ,
Bubaste ,
Saïs
se disputèrent le pouvoir avec des chances à peu près égales et l'exercèrent
tour à tour, sans jamais approcher de la splendeur de Thèbes ni produire
aucune dynastie comparable aux dynasties des rois thébains. »
Les grands prêtres
d'Amon
jugèrent prudent de ne pas contester la suzeraineté des rois tanites
moyennant une reconnaissance de leurs droits. C'est ainsi qu'ils restèrent
en possession du grand fief de Thèbes, comprenant alors toute la Haute
et une partie de la Moyenne-Égypte. De même ils recherchèrent la main
des princesses de la nouvelle maison royale, mêlant ainsi par des unions
calculées en vue de leur prestige le sang des parvenus de Tanis au sang
des Ramsès déchus ( Nouvel
Empire). On vit le grand prêtre Pinedjem Ier
(1013-1009)
petit-fils d'Hrihor et de la reine Nodjemit (ancienne maison royale de
Thèbes ),
épouser la princesse Makarâ, fille de Psioukhannout Ier
de Tanis (Psousennès), et son petit-fils Pinedjem II s'enorgueillir du
titre de fils de Psioukhannout bien que, d'un autre lit, il n'eût pas
une seule goutte de sang tanite. On vit pareillement Pinodjem Ier
joindre à son titre sacerdotal le titre consenti de roi, et le roi Psioukhannout,
son beau-frère et son suzerain, s'intituler comme lui premier prophète
d'Amon. Tout cela ne dénote-t-il pas une parfaite entente entre les deux
familles qui s'étaient élevées sur les débris de l'antique maison des
Ramessides? Pendant les cent cinquante ans environ que régnèrent les
sept rois tanites, l'Égypte conserva une apparence de force.
Les temps étaient
trop récents où ses armées conquérantes parcouraient les chemins de
l'Asie. Le roi d'Israël, Salomon ,
et
le roi des Iduméens, Hadad, se ménageaient
l'amitié du pharaon - peut-être Psioukhannout ll (959-945)
- en épousant ses filles. Le Delta devenait
de plus le grand marché où s'approvisionnaient par l'entremise des Phéniciens
les peuples de l'Asie occidentale et de l'archipel. Une certaine activité
régnait sur les chantiers de constructions : pendant que les grands prêtres
d'Amon faisaient des efforts pour arrêter leur vieille capitale sur la
rapide pente de la décadence, les rois de Tanis concentraient les leurs
sur la nouvelle et mettaient la dernière main à l'exécution des plans
de Ramsès II.
En ce renouvelant,
l'Égypte des rois du Nord restait pourtant plus que jamais ce qu'elle
avait toujours été, c'est-à -dire un pays politiquement travaillé par
des forces contraires s'équilibrant plus ou moins et se remplaçant l'une
par l'autre dans un rapide jeu de bascule. Une famille est à peine usée
qu'une autre est toute prête à recueillir sa succession. Quelle circonstance
provoqua la chute des Tanites? Nous l'ignorons. Toujours est-il qu'une
famille libyenne ,
fixée depuis plus d'un siècle à Bubastis
après avoir vu grandir de génération en génération son influence avec
l'importance chaque jour croissante des colonies libyennes, se trouva prête
à recueillir l'héritage des Tanites. Déjà , du vivant de Psousennès
Il. Sheshonq (Chéchanq), alors généralissime, préparait les voies Ã
son ambition en plaçant son fils Aoupouti sur le siège pontifical d'Amon .
C'était faire preuve d'une grande prévoyance. Les pharaons de sa famille
l'imitèrent et purent maintenir intacte leur hégémonie au Sud de l'Égypte
en déléguant un de leurs fils à la suprême dignité sacerdotale jusqu'alors
héréditaire. Ils ne firent guère en cela que revenir à la coutume royale
qui donnait en apanage au prince héritier le gouvernement du pays de Koush.
Au reste, à l'époque où nous sommes, le pays de Koush relevait directement
du gouvernement sacerdotal de Thèbes. Les Bubastites étaient trop préoccupés
d'atténuer le souvenir de leur origine étrangère pour dédaigner la
formalité du mariage avec des princesses de sang ramsesside.
La XXIIe
dynastie.
Comme tous les fondateurs
de dynasties, Sheshonq Ier (945-924)déploya
la plus grande activité. Il intervint dans les affaires de Judée, pilla
Jérusalem
et envahit le royaume du Nord.
« La comparaison
de sa liste (gravée à Karnak )
avec celle de Thoutmôsis III, notait
Maspéro, montre combien était profond l'affaiblissement
de l'Égypte, même victorieuse, sous la XXIIe dynastie. Il n'est plus
question ni de Gargamish, ni de Qodshou (Qadesh),
ni de Damas, ni des villes du Naharanna. Magidi est le point le plus septentrional
où Sheshonq soit parvenu. »
Sa suzeraineté sur
la Palestine ne dura qu'autant que lui. Ses successeurs eurent trop Ã
faire à l'intérieur pour se donner le luxe d'envoyer des armées au dehors.
Une féodalité nouvelle avait progressivement remplacé l'ancienne. Quoique
issue de la famille royale, qui s'était égrenée sur tout le pays, absorbant
les petits gouvernements comme elle avait absorbé le grand, cette féodalité
n'était ni moins ambitieuse n moins turbulente que la première, et l'Égypte
n'eut pendant tout le règne des Bubastites qu'une ombre de stabilité.
Du moins ces princes en profitèrent-ils pour laisser par des monuments
le souvenir de leur règne. Bubastis ,
Tanis
et Memphis en eurent la meilleure part; Thèbes
ne fut pas complètement oubliée. Une cour immense ornée d'un double
portique
vint s'ajouter en avant des constructions grandioses de Seti
Ier
et de Ramsès II ( Nouvel
Empire).
C'est au temps des
Bubastites que fut prise la singulière précaution à laquelle nous sommes
redevables de l'importante trouvaille de Deir el-Bahari. Le danger que
courant alors les momies
royales ( Religion égyptienne )
exposées, dans le relâchement général de l'autorité, aux convoitises
du petit personnel des nécropoles, inspira la pensée de les retirer de
leurs tombes et de les déposer dans une chapelle attenante à la tombe
d'Aménophis Ier
où l'on pouvait concentrer la surveillance. Pour plus de commodité, le
grand prêtre Aoupouti les fit, après un certain temps, transporter dans
son tombeau de famille, où Maspero les a retrouvées
en 1881, entassées pêle-mêle avec celles des grands prêtres. Au nombre
de ces momies se trouvaient celles du roi Sqenenrâ III de la XVIIedynastie
(Deuxième période intermédiaire Moyen
Empire); des rois Ahmosis ler, Aménophis
Ier, Thoutmôsis
II, Thoutmôsis III, Seti
Ier,
Ramsès
Ier,
Ramsès
II, Ramsès III, des reines Nofertari,
Aahhotep ( Nouvel
Empire), Nodjemit, Makarâ et Isimkheb, les grands prêtres Hrihor
et Pinedjem III (Troisième période intermédiaire).
Les XXIIIe
et XXIVe dynasties.
A la faveur des
désordres qui troublèrent les règnes des derniers Bubastites, une maison
de Tanis était arrivée à prendre assez d'importance pour imposer, Ã
la mort de Sheshonq IV, sa suzeraineté sur les petites principautés,
suzeraineté (qui correspond à la XXIIIe
dynastie (827-712))
d'ailleurs précaire et qui ne paraît pas avoir duré plus d'un demi-siècle.
La XXIVe
dynastie, qui vient ensuite, n'eut pas une plus brillante fortune. Ce n'était,
à vrai dire, qu'une première tentative des princes saïtes qui n'aspiraient
qu'à avoir leur siècle de puissance et de grandeur comme les Tanites
et les Bubastites. Mais l'audace sans frein de Tafnekht compromit en partie
le succès de son entreprise. Après s'être emparé par la force de toute
la région occidentale du Delta, il remontait le cours du Nil, quand il
se heurta, au Nord d'Abydos ,
à la flotte du roi nubien
Piankhi-Miamoun, venu au secours des petits souverains locaux. L'assistance
de Piankhi n'était pas absolument désintéressée. On se rappelle que
les Bubastites avaient dépossédé les grands prêtres d'Amon
pour constituer un apanage à l'un de leurs fils. Exilés de Thèbes ,
les descendants des Hrihor et des Pinedjem s'étaient retirés dans la
partie la plus méridionale de leur ancien royaume, entre la deuxième
et la quatrième cataracte où la civilisation égyptienne n'avait cessé
de pénétrer depuis les rois de la XIIe
dynastie (Moyen Empire). C'est ainsi que
le roi-prêtre Piankhi attendait depuis près de vingt ans dans Napata ,
sa capitale, une occasion d'intervenir en Égypte et de reconquérir le
domaine de ses pères. L'appel des princes le trouva prêt. De victoires
en victoires Piankhi (futur fondateur de ce qui allait être la XXVe
dynastie) arriva jusqu'Ã Memphis, dont il
s'empara par surprise, se fit reconnaître roi - son épouse Amnéritis,
devenant vice-reine et bientôt régente, - par les prêtres d'Héliopolis ,
les princes de Bubastis
disposés à tout accepter par la crainte des représailles, enfin par
tous les petits souverains du Delta. Tafnekht capitula comme les autres
et dut s'estimer très heureux de conserver sa petite principauté saïte;
mais son fils et successeur Bocchoris (717-712)
expia bien plus cruellement les erreurs de son ambition.
La XXVe
dynastie (dynastie nubienne).
Après une guerre
malheureuse, Bocchoris tomba aux mains de Shabaka
(Sabacon), roi de Nubie ,
et fut brûlé vif dans Saïs ,
sa capitale. Sa défaite et sa mort livrèrent l'Égypte entière aux Nubiens.
Que Sabacon (712-698)
ait réalisé le type du bon souverain oriental; qu'il ait été, comme
le veut la tradition, le législateur modèle, cela n'a rien d'invraisemblable;
toujours est-il que c'est de son règne qu'il faut dater l'événement
le plus fécond en conséquences néfastes pour l'Égypte, l'entrée de
ce pays dans la ligue des États de la Palestine et de la Syrie contre
les Assyriens. Battu à Raphia par le roi Sargon,
Sabacon, qui n'avait dû son salut qu'à la fuite, trouva sans doute, en
rentrant sur les bords du Nil, que sa malheureuse intervention avait singulièrement
compromis ses droits suzerains. Un prêtre saïte, Stephinatès, s'était
proclamé roi des deux pays : mais il fut à son tour dépossédé par
Taharqa, roi de Nubie, qui reprit à son compte le duel avec l'Assyrie.
Taharqa (690-664)
joua de malheur. Battu par Assaraddon, il s'enfuit jusqu'Ã Napata ,
abandonnant Memphis et Thèbes ,
qui furent pillés par l'ennemi. C'est ici que les chronologistes font
commencer d'ordinaire la Basse Époque proprement dite.
La
période Saïte
Ce que perdaient
les Nubiens
devait profiter aux Saïtes, leurs adversaires. Neko Ier,
(Nechao), le second successeur de Stephinatès, fut investi en 672
chef de la ligne des princes par Assaraddon qui l'appuya d'un corps d'occupation.
Trois ans après, Taharqa, à la fausse nouvelle de la mort du roi de Ninive,
leva une armée et reprit Memphis sur les
garnisaires d'Assaraddon; mais, battu et poursuivi par Assurbanipal,
son successeur, il dut s'enfuir de Thèbes ,
son refuge, et provoqua ainsi la seconde entrée des soldats assyriens
dans la ville d'Amon .
La troisième campagne de Taharqa fut favorisée par les petits princes,
y compris Neko de Saïs ,
qui avait finit par reconnattre que le Nubien était pour le moins aussi
dangereux que le Ninivïte. Assurbanipal eut le bon esprit de ne pas s'en
formaliser. Après une nouvelle victoire, il remit en liberté ses otages
et replaça généreusement Neko sur son trône .
Neko ne devait pas
en jouir longtemps. En 664,
Ourdamani, beau-fils et successeur de Taharqa, s'empara de lui et le mit
à mort, mais il fut défait à son tour par l'armée d'Assurbanipal, mis
en fuite et poursuivi jusqu'à Thèbes qui vit, pour la troisième fois,
les bataillons ninivites. Assurbanipal rétablit les princes avec le corps
d'occupation mais donna cette fois la préséance à Paqrour, prince de
Pisoupti. Après une nouvelle et dernière invasion nubienne
conduite par l'ultime représentant de la dynastie nubienne,Tonouatamon,
successeur d'Ourdamani, et qui bouleversa l'organisation d'Assurbanipal,
le Saïte Psammétique I (664-610),
fils de Neko (Néchao I), entre en scène et achève ce que le Nubien avait
commencé. Aidé de bandes ioniennes
et cariennes ,
il bat les princes confédérés à Momemphis et dépouille Paqrour de
ses droits suzerains. Son mariage avec la princesse Shapenap, mère de
Sabacon, vint donner à son usurpation le vernis de la légitimité auxquels
les Égyptiens étaient si attachés.
Sous cette XXVIe
dynastie inaugurée par Neko (Néchao) et portée au faîte par ses successeurs,
le déclin de l'Égypte s'illumina d'un magnifique rayonnement. Animés
d'un grand sens politique, les princes de Saïs ,
qu'une énergie patiente et tenace avait enfin rendus maîtres de toute
l'Égypte rendirent aux travaux publics une impulsion qu'on ne peut comparer
qu'à celle des grands pharaons thébains. Ils réparèrent et agrandirent
les temples, patronnèrent les arts, firent éclore notamment cette brillante
école de sculpteurs sur roche dure et de fondeurs qui prirent pour modèles
les oeuvres des vieux artistes memphites, et parfois les imitèrent si
bien que les modernes s'y sont trompés. Ils ne se préoccupèrent pas
moins des grands travaux utilitaires (reprise de l'exploitation des carrières
de Tourah, de la vallée d'Hammâmat
et d'Assouan ;
réfection du canal des deux mers, ensablé depuis près de trois siècles)
et rompirent avec l'orgueilleux traditionnsme sacerdotal pour étendre
expérimentalement leurs connaissances.
Une politique
hellénophile.
Rien de plus caractéristique
à ce point de vue que ce plausible périple complet de l'Afrique exécuté
par les matelots phéniciens de la flotte par ordre de Neko II vers 600
avant notre ère ( La
découverte de l'Afrique). Mais, à coup sûr, l'acte le plus hardi
de la politique suite fut de rompre avec le préjugé national contre les
étrangers. Sans doute, depuis les guerres du Nouvel
Empire, ce préjugé s'était singulièrement atténué envers les
populations de l'Asie, mais, comme l'observe Maspero,
il était resté entier à l'égard des Grecs. Ce sont précisément les
Grecs, et les Grecs de toute origine, de l'Asie Mineure et des îles, de
l'Hellade ou de Cyrène ,
qui furent non seulement l'objet de la plus grande tolérance, mais purent
encore se vanter d'avoir joui d'un meilleur traitement que les indigènes
eux-mêmes.
Pour se faire une
petite idée de la situation des Grecs en Égypte au temps des Saïtes,
il suffit de se représenter celle des colons français sous le règne
de Méhémet-Ali. Psammétique
II (595-589)
leur accorda une première concession sur les territoires riverains du
bras pélusiaque (Ioniens et Cariens) et du bras bolbitique (Milésiens)
et les incorpora avec la haute paye dans sa garde du corps, ce qui provoqua
la fameuse sécession des 40 000 automoles. Nechao
II (610-595)
et Apriès (Ouahabrâ)
(589-570)
leur confirmèrent ces différents privilèges. Enfin, Amasis
(570-526),
qui avait été porté au pouvoir par le parti nationaliste, ne tut pas
plus tôt roi, qu'il renchérit sur la politique hellénophile de ses prédécesseurs.
Il épousa une femme grecque de Cyrène ,
Ladiké. Aucune cité grecque ne fit en vain appel à sa générosité.
Il transféra dans la capitale de l'empire, à Memphis,
la colonie des riverains de la Pélusiagae; puis, comme de nouveaux colons,
attirés par le bon renom de son hospitalité, affluaient de divers points
de la Grèce, il leur concéda sur les bords de la Canopique ( Canope)
un territoire où ils bâtirent la ville entièrement grecque de Naucratis
(actuellement En-Nabireh). Sous son règne, les Grecs, qui jouissaient
d'un régime analogue à celui des Capitulations,
ne tardèrent pas à se sentir les coudées franches. Malgré le préjugé
populaire des indigènes, ils voyageaient dans tout le pays et fondèrent
de nouveaux établissements dans quelques villes (par ex. Abydos )
et dans la grande oasis d'Ammon .
Les guerres extérieures.
Les Saïtes étaient
trop ambitieux pour ne pas prendre part aux guerres qui suivirent l'effondrement
de Ninive et qui provoquèrent celui de Babylone.
Psammétique II s'était borné à conquérir le pays des Philistins;
Neko II, plus hardi, poussa jusqu'Ã l'Euphrate et fier de sa facile victoire
sur le roi de Judée, Josias, envoya pompeusement sa cuirasse au temple
d'Apollon
Didyméen. Mais, trois ans plus tard, il éprouva l'inconstance de la fortune
quand, battu par Nabuchodonosor sur le théâtre de son ancienne victoire
et poursuivi jusqu'à Péluse, il dut se soumettre pour arrêter le Babylonien
à sa frontière. Il ne fut vengé que trente ans après. La flotte d'Apriès,
montée par des équipages grecs, battit les galères phéniciennes de
Nabuchodonosor devant Sidon ,
victoire qui valut à l'Égypte la possession de la Syrie. Sous Amasis,
Babylone passe du rôle d'adversaire à celui d'alliée. C'est qu'il s'agit
de se défendre contre Cyrus,
l'ennemi commun. La défaite désastreuse de Crésus
se produisit assez tôt pour arrêter Amasis dans
ses projets aventureux (546).
Mais vingt ans plus tard, son successeur, Psammétique
III (526-525)
ne put arrêter Cambyse II victorieux, qui le
déposa et le remplaça par le satrape Aryandès
(525).
La
fin de l'Égypte pharaonique
La première domination
perse (XXVIIe dynastie).
La politique de
Cambyse
II (525-522),
assez conciliante au début, ne tarda pas à tourner à la plus terrible
des persécutions. Son successeur, Darius Ier
(521-486),
s'efforça vainement d'en atténuer le souvenir. Il eut beau se faire le
continuateur de l'oeuvre des rois saïtes, reprendre leur vaste programme
en vue de développer la prospérité industrielle et commerciale de l'Égypte
devenue le principal entrepôt du trafic de la mer Rouge et de l'Océan
Indien avec la Méditerranée, il ne réussit pas à étouffer chez elle
les regrets de son indépendance. Pendant les quatre-vingts ans que dura
la domination perse
jusqu'Ã la victoire en 404
d'Amyrtée, (représentant unique de ce que Manéthon
appelle la XXVIIIe dynastie), les satrapes
de Darius, de Xerxès
(486-466)
et d'Artaxerxès (465-424)
s'épuisèrent à réprimer d'incessantes révoltes que soutenaient les
armes et les vaisseaux d'Athènes. Le Saïte
Kabbisha et le libyen Inaros furent, avec Amyrtée,
les héros de ces luttes où la fortune de l'Égypte passa par des alternatives
de victoire (Papremis, Memphis) et de défaite (Prosopitis).
La XXIXe
et la XXXe dynasties
Des mains d'Amyrtée,
le sceptre de la pays délivré passa à celles de Noferit ou Néphéritès
Ier (399-393)
de Mendès ,
fondateur de la XXIXe dynastie. Sparte
venait de sortir victorieuse et puissante de la guerre du Peloponnèse;
Noferit rechercha son alliance, mais la plus sûre garantie que l'Égypte
ait eu de sa liberté, sous les rois mendésiens, ce furent les difficultés
que créa au grand roi la révolte de la province d'Asie Mineure et de
Chypre .
On le vit bien quand, après la paix d'Antalcidas,
Artaxerxès
envoya contre la Syrie et l'Égypte Pharnabaze à la tête d'une armée
formidable.
A la faveur des troubles
suscités par les compétitions des petits princes héréditaires, une
famille de Sebennytos s'était emparée du pouvoir, inaugurant la XXXe
dynastie;
Nectanèbo Ier
(380-343)
et l'un de ses successeurs, Taho ou Teos (365-360),
se préparèrent à recevoir le choc. Bien mieux, Taho résolut d'ouvrir
les hostilités en marchant sur la Syrie au-devant de l'armée perse .
Il avait avec lui les meilleurs généraux de la Grèce, Chabrias
d'Athènes, et le vieux capitaine spartiate
Agésilas. Mais toutes les combinaisons qu'il adopta pour assurer ses chances
se retournèrent contre lui. En prenant le commandement supérieur des
troupes, il dut laisser à Memphis un régent
qui, bien loin de lui conserver son trône, le lui fit perdre à la première
occasion au profit de son propre fils, Nectanebo II. En rentrant de Syrie,
où il combattait sous Taho, le nouveau pharaon eut d'abord à réprimer
une révolte fomentée par un prince de Mendès .
II triompha de ce premier obstacle. La fortune lui sourit aussi dans la
première rencontre qu'il eut aux portes de l'Égypte avec l'armée d'Artaxerxès
III Okhos. Mais il fut moins heureux dans la seconde.
La seconde domination
perse (343-332).
Les mercenaires
du grand roi vinrent, cette fois, à bout de ses mercenaires. Lacratès
s'empara de Péluse ,
Mentor de Bubaste ,
et Nectanebo Il (360-343),
éperdu, prit, comme tous les rois fugitifs, le chemin de la Nubie .
Il fut le dernier véritable pharaon. Sans doute d'autres après lui prendront
ce titre, y compris Alexandre. Mais avec
lui prit fin l'indépendance de l'Égypte. (Georges Bénédite). |
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