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Les Ghaznévides
sont une dynastie de princes turkmènes,
ainsi nommée de la ville de Ghazna, qui fut sa capitale. Le véritable
fondateur de l'empire ghaznévide fut le sultan Mahmoud,
célèbre autant par sa cruauté et son avarice que par
ses conquêtes et son amour des lettres. Il était fils cadet
de Subuk-Tékin et petit-fils, par sa mère, d'AlpTékin,
qui, esclave affranchi des princes Samanides de Samarcande,
avait conquis pour leur compte, en 933,
Ghazna et le pays circonvoisin, alors entre les mains d'un roi hindou.
C'est en 997, après le meurtre
de son frère aîné Ismaël, successeur de Subak-Tekin
au gouvernement de la province, que Mahmoûd se déclara indépendant;
il s'allia aux principautés du Turkestan,
marcha contre son suzerain Mansoûr Il, le vainquit et, finalement,
le fit massacrer avec toute sa famille (999).
Enrichi des dépouilles des Samanides,
qui regnaient depuis 874 sur le Khoraçan
et la Transoxiane,
Mahmoud le Ghaznévide, à
la tête d'une armée puissante, battit successivement les radjahs
de Lahore,
de Bhawhalpour, du Moultân, de Gwalior, de Kanauj,
de Dihli, etc., et s'empara de leurs territoires et de leurs trésors.
On le voit bientôt après pousser ses conquêtes jusqu'à
l'Himalaya et jusqu'au Gange, soumettant tour à tour le Kashmir,
le Radjpoutana, le Goudjerat et le Pendjab, ravageant ces pays et saccageant
leurs riches sanctuaires. Les historiens orientaux rapportent qu'il ne
dirigea pas moins de quatorze expéditions dans l'Inde, de 1001
à 1028. Dans l'intervalle, il
annexa à son empire le Sistân, où régnait Khalaf,
dernier rejeton de la dynastie des Saffârides (1002);
le Ghardjistân, qui était aux Ghoûrides (1009);
enfin, l'Iraq-Adjemi, d'où fut chassé le Boûyide Madjd
ed-Daula (1029).
Entre-temps, Mahmoud
embellit sa capitale avec les trésors amassés dans ses expéditions;
il se fit décerner le titre de wali par le calife
de Bagdad;
il fit rédiger une orgueilleuse relation de ses conquêtes
et entretint à sa cour, à Balkh
ou à Ghazna, une pléiade de savants et de poètes parmi
lesquels étaient Biroûni et Firdousi.
L'empire ghaznévide s'étendait, à sa mort, des plaines
du Gange aux grèves de la Caspienne. Mahmoûd n'eut pas de
successeurs capables de conserver ce vaste empire. Ses fils et ses généraux
se disputèrent son héritage en des guerres civiles sans fin.
Les efforts de Ahmîd Ier
furent impuissants à arrêter une invasion turcomane conduite
par le Seldjoukide Toghrul-Beg; après la bataille de Zendekhân,
gagnée par celui-ci (1038),
la puissance des Ghaznévides se trouva à jamais ébranlée.
En 1105, Masoûd III dut transporter
le siège de ses Etats à Lahore. Un demi-siècle plus
tard (1152), Alâ ed-Dîn
Djihânsouz, quatrième sultan de la dynastie des Ghoûrides,
s'emparait de Ghazna, et, dès 1173,
les Ghaznévides étaient réduits à leurs possessions
de l'Inde. Ils s'y maintinrent à grand-peine jusqu'en 1187,
date à laquelle cette dynastie, peu à peu supplantée
par celle des Ghoûrides, s'éteignit, misérablement
à Lahore en la personne de Khosrau II Tâdj ed-Daula. (Paul
Ravaisse).
Voici
la série des six premiers émirs de Ghazna, vassaux des Samanides,
et des seize sultans indépendants : Alp Tékin (933),
Ishâq (963),
Balka Tékin (965),
Pirey (972),
Subuk-Tékin el-Ghâzi (977),
Ismâïl (998)
; Soultân Mahmoûd (998),
Mohammed (1030),
Masoûd ler (1030),
Mohammed (rét. 1040),
Maudoûd (1041),
Masoûd II (1048),
Aboû'l-Hasan Ali (1048),
Abd er-Râchid (1051);
Toghrul (1052),
Faroukhzâd (1052),
Ibrâhîm (1059);
à Lahore : Masoûd III (1099),
Chirzâd (1114),
Arslân (1115),
Behrâm (1118),
Khosrau Ier (1149),
Khosrau II (1160-1187).
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